Ill. 5 : Le tunnel <strong>de</strong> la Roche Percée a voie romaine, mais aucune autre trouvaillen’est venue corroborer l’antidonné lieu à maintes représentationsspectaculaires. Cette vue <strong>de</strong> 1840 <strong>du</strong>e à quité <strong>du</strong> passage. Enfin, on raconteWelter, tirée <strong>de</strong> l’ouvrage intitulé que la gorge était jadis gardée par un« Album neuchâtelois », est une véritableserpent monstrueux, la Vuivra, quimise en scène <strong>du</strong> paysage, où la routesemait la désolation dans la région,joue le premier rôle.jusqu’à ce que le vaillant Sulpy Reymondle terrasse. Depuis 1838, le tunnel<strong>de</strong> la Roche Percée à Saint-Sulpice, qui a remplacé laséculaire route <strong>de</strong> la Chaîne <strong>de</strong>venue trop ar<strong>du</strong>e pour <strong>de</strong>svéhicules <strong>de</strong> plus en plus lourds, s’offre aux représentationsles plus romantiques (ill. 5).Le Locle et La Chaux-<strong>de</strong>-Fonds,nouvelles centralitésLa « route <strong>de</strong> France par Morteau » et la « route <strong>de</strong> Bâle parle ci-<strong>de</strong>vant Ergué » complètent la liste <strong>de</strong>s cinq gran<strong>de</strong>sroutes seigneuriales <strong>de</strong> la principauté. Elles témoignenttoutes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> relations très anciennes, d’une part avecBesançon et la Franche-Comté, à une époque où les relationstransjuranes étaient beaucoup plus intenses, d’autrepart avec l’Evêché <strong>de</strong> Bâle, avec lequel Neuchâtel a toujoursentretenu <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> proche voisinage, parfoisconflictuelles. Elles appartiennent toutes <strong>de</strong>ux à cette catégorie<strong>de</strong> voies progressivement déclassées, au fur et àmesure <strong>de</strong> la réorientation <strong>du</strong> réseau neuchâtelois vers leplateau suisse. Surtout, elles ont été détrônées par lamontée en puissance <strong>de</strong>s villes <strong>du</strong> Locle et <strong>de</strong> La Chaux<strong>de</strong>-Fonds,et la construction <strong>de</strong>s routes <strong>de</strong>s Montagnes.La colonisation <strong>de</strong>s Montagnes <strong>de</strong> Valangin s’estéten<strong>du</strong>e sur plusieurs siècles, avec <strong>de</strong>s ralentissements et<strong>de</strong>s accélérations, <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> l’an 1100 jusque vers lafin <strong>du</strong> XVI e siècle. Au XVII e siècle, l’artisanat permet d’occuper une population en forte augmentation. <strong>Les</strong> armuriers,fabricants <strong>de</strong> pen<strong>du</strong>les puis <strong>de</strong> montres, maîtresd’état divers, meuniers installant les moulins souterrains<strong>du</strong> Col-<strong>de</strong>s-Roches assurent la prospérité <strong>de</strong> l’endroit. La<strong>de</strong>ntellerie, très importante, est bientôt relayée par l’horlogerieet ses branches annexes, qui font la fortune <strong>du</strong>Locle et qui sont in<strong>du</strong>strialisées à la fin <strong>du</strong> XIX e siècle. Larégion <strong>de</strong> La Chaux-<strong>de</strong>-Fonds, pour sa part, est coloniséeplus tardivement, <strong>de</strong> façon saisonnière dès le milieu <strong>du</strong>XIV e siècle, <strong>de</strong> façon permanente au siècle suivant. Lehameau se développe au carrefour <strong>de</strong> <strong>chemins</strong> toujoursplus fréquentés par le trafic entre Neuchâtel, la Franche-Comté et l’Evêché <strong>de</strong> Bâle. La guerre <strong>de</strong> Trente Ans(1618–1648) aurait, semble-t-il, favorisé la croissance <strong>de</strong>la localité qui bénéficie d’une position géographique propiceau commerce. La Chaux-<strong>de</strong>-Fonds se développejusqu’à <strong>de</strong>venir un bourg in<strong>du</strong>striel et commerçant quidépend <strong>du</strong> trafic commercial pour son approvisionnementet pour l’écoulement <strong>de</strong> sa pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> montres,pen<strong>du</strong>les et <strong>de</strong>ntelles.De nouvelles priorités...Au XVIII e siècle, tant Le Locle que La Chaux-<strong>de</strong>-Fondsont acquis une importance économique et développé uneambition à la hauteur <strong>de</strong> leur prospérité économique.Celle-ci ne se tra<strong>du</strong>it pas dans le réseau routier, et les<strong>de</strong>ux villes ne sont reliées à la capitale et aux régionsvoisines que par <strong>de</strong> méchants <strong>chemins</strong>, indignes d’elles.Elles revendiquent avec toujours plus <strong>de</strong> fermeté uneamélioration <strong>de</strong>s communications dans les Montagnes. Sile Conseil d’Etat se montre finalement prêt à améliorer lescommunications entre les Montagnes et le Littoral, il refuseen revanche à plusieurs reprises d’établir <strong>de</strong> nouvellesrelations avec la France. Celles-ci pourraient eneffet détourner le commerce <strong>de</strong> transit <strong>du</strong> Val-<strong>de</strong>-Traverset surtout favoriser l’entrée <strong>de</strong>s vins français. Le poids <strong>de</strong>sintérêts économiques <strong>de</strong>s propriétaires <strong>de</strong> vignes <strong>du</strong> Littoral,parmi lesquels on compte beaucoup <strong>de</strong> membres <strong>du</strong>Conseil d’Etat, pèse longtemps très lourd dans la politique<strong>de</strong>s transports neuchâteloise.Sous le premier régime prussien, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s serontmenées pour améliorer les liaisons avec Le Locle et avecLa Chaux-<strong>de</strong>-Fonds, mais n’aboutissent pas. <strong>Les</strong> quelquesinterventions <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié <strong>du</strong> XVIII e siècle sonteffectuées dans le but d’encourager le commerce <strong>du</strong> Littoral,notamment l’exportation <strong>de</strong> vin : on ouvre uneroute entre Neuchâtel et Lignières, on améliore la route<strong>de</strong>s Bugnenets vers l’Evêché <strong>de</strong> Bâle, notamment entreNeuchâtel et Valangin.12Canton <strong>de</strong> Neuchâtel
...pour une politique routière mo<strong>de</strong>rneIl faudra attendre le régime Berthier pour que le problème<strong>de</strong>s liaisons avec les Montagnes <strong>de</strong>vienne la prioritéd’une politique routière dynamique, dans la meilleure tradition<strong>de</strong>s Ponts et Chaussées français. A la volonté stratégiques’ajoutent <strong>de</strong>s considérations économiques. Legouverneur <strong>Les</strong>pérut a constaté que l’absence <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>sroutes pour relier Le Locle et La Chaux-<strong>de</strong>-Fonds à Neuchâtelprésente <strong>de</strong> nombreux inconvénients : « Une mesure<strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre valant 15 sols au chef-lieu coûtele double après son transport aux Montagnes dont leshabitants, loin d’acheter le vin <strong>du</strong> Vignoble, le font venir<strong>de</strong> France. » La décision <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>ux nouvellesroutes, celle <strong>de</strong> la Vue-<strong>de</strong>s-Alpes et celle <strong>de</strong> La Tourne,marque un tournant dans l’histoire routière <strong>de</strong> Neuchâtel.Cette redistribution <strong>de</strong>s cartes à l’échelle <strong>de</strong> la principautésignale le déclin <strong>de</strong> l’itinéraire <strong>du</strong> Val-<strong>de</strong>-Travers, prépondérant<strong>du</strong>rant tout l’Ancien Régime et définit lesgran<strong>de</strong>s lignes <strong>du</strong> réseau routier actuel.Délicieusement vertigineuseLa nouvelle route <strong>de</strong> La Tourne établie entre 1807 et 1813reprend en partie le tracé <strong>de</strong> l’ancien chemin <strong>de</strong> Morteau,en l’améliorant considérablement et, surtout, en l’infléchissant<strong>du</strong>rablement en direction <strong>du</strong> Locle. On étudieplusieurs tracés, pour finalement adopter un parcours quiévite La Sagne et passe par <strong>Les</strong> Ponts et <strong>Les</strong> Joux <strong>de</strong> laville <strong>de</strong> Neuchâtel, avec la possibilité d’un embranchementen direction <strong>de</strong> Morteau. En 1812, Depping, un Allemand<strong>de</strong> Westphalie qui se rend <strong>de</strong> Neuchâtel au Locleen char à banc, ne cache pas son admiration <strong>de</strong>vantl’œuvre accomplie : « Après avoir longé quelques forêts <strong>de</strong>pins, nous vîmes en face <strong>de</strong> nous un rocher très escarpé,élevé d’environ huit cents pieds. Dans une heure, me ditle cocher, nous serons auprès <strong>de</strong> ces pins, sur la cime. Jecrus qu’il plaisantait ; cependant, en approchant, on découvraitun chemin qui montait en zig-zag, <strong>du</strong> vallon auhaut <strong>du</strong> rocher. C’est un <strong>de</strong>s plus beaux ouvrages qu’onait fait dans ce genre pendant le <strong>de</strong>rnier siècle, et il estétonnant qu’une province aussi petiteque celle <strong>de</strong> Neuchâtel ait pu constamment adaptée au trafic et doncIll. 6 : La route <strong>de</strong> la Vue-<strong>de</strong>s-Alpes a étél’exécuter. [...] <strong>Les</strong> <strong>de</strong>rniers travaux considérablement mo<strong>de</strong>rnisée <strong>de</strong>puis sasont <strong>de</strong> 1810. Le chemin est large et création. Certains <strong>de</strong> ses tronçons sontparfaitement uni. D’un côté il estmême complètement nouveaux, telle lagran<strong>de</strong> boucle qui amène jusqu’au col.bordé par le roc que l’on a tailléCela a permis <strong>de</strong> préserver <strong>de</strong>s segmentscomme un mur, et <strong>de</strong> l’autre par unanciens comme cette magnifique allée.précipice qui <strong>de</strong>vient plus effroyableà mesure que l’on monte. Des tiges<strong>de</strong> pins s’y élancent <strong>de</strong> diverses hauteurs. Pour en diminuerle danger, on a posé sur le bord <strong>du</strong> chemin, à <strong>de</strong> petitesdistances, <strong>de</strong> grosses pierres ; mais cette précautionne me semble pas suffisante ; avec <strong>de</strong>s chevaux fringanson courrait encore <strong>de</strong> grands risques dans cette montée ;puisque la pierre abondait, il aurait fallu en faire un murà hauteur d’appui. »Un engagement collectifEntre Neuchâtel et La Chaux-<strong>de</strong>-Fonds, le chemin a étéamélioré jusqu’à Valangin, grâce à la réfection <strong>de</strong> la route<strong>de</strong> l’Evêché <strong>de</strong> Bâle. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Valangin, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s ontété entreprises, <strong>de</strong>s plans et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vis établis, mais leprojet tourne court en 1805, quand le gouvernement estimene pas avoir les moyens d’assumerfinancièrement ces travaux etse contente <strong>de</strong> réparations. En 1806,Ill. 7 : Depuis 1809, c’est par une belleroute carrossable que l’on arrive à LaChaux-<strong>de</strong>-Fonds. La gravure <strong>de</strong> JoachimWirz, <strong>de</strong> 1825, illustre bien le caractèretrès urbain <strong>de</strong> la localité. Dans : Muséeneuchâtelois 1897.Canton <strong>de</strong> Neuchâtel 13