Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras - Lecteurs.com
Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras - Lecteurs.com Voyages et Aventures du Capitaine Hatteras - Lecteurs.com
Personne n’eût pu connaître sa pensée. Elle ne se trahissaitpas au-dehors. Son fidèle Duk demeurait près de lui, bravant àses côtés une température tombée à trente-deux degrés audessousde zéro ( 36° centigrades).Bell, étendu sur la glace, ne faisait aucun mouvement ; ilsemblait inanimé ; son insensibilité pouvait lui coûter la vie ; ilrisquait de se faire geler tout d’un bloc.Johnson le secoua vigoureusement, le frotta de neige, et parvintnon sans peine à le tirer de sa torpeur.– Allons, Bell, du courage ! lui dit-il ; ne te laisse pas abattre ;relève-toi ; nous avons à causer ensemble de la situation, et ilnous faut un abri ! As-tu donc oublié comment se fait une maisonde neige ? Viens m’aider, Bell ! Voilà un iceberg qui ne demandequ’à se laisser creuser ! Travaillons ! Cela nous redonnerace qui ne doit pas manquer ici, du courage et du cœur !Bell, un peu remis à ces paroles, se laissa diriger par le vieuxmarin.– Pendant ce temps, reprit celui-ci, monsieur Clawbonnyprendra la peine d’aller jusqu’au traîneau et le ramènera avecles chiens.– Je suis prêt à partir, répondit le docteur ; dans une heure,je serai de retour.– L’accompagnez-vous, capitaine ? ajouta Johnson en se dirigeantvers Hatteras.Celui-ci, quoique plongé dans ses réflexions, avait entendu laproposition du maître d’équipage, car il lui répondit d’une voixdouce :– Non, mon ami, si le docteur veut bien se charger de cesoin… Il faut qu’avant la fin de la journée une résolution soitprise, et j’ai besoin d’être seul pour réfléchir. Allez. Faites ceque vous jugerez convenable pour le présent. Je songe àl’avenir.Johnson revint vers le docteur.– C’est singulier, lui dit-il, le capitaine semble avoir oubliétoute colère ; jamais sa voix ne m’a paru si affable.– Bien ! répondit le docteur ; il a repris son sang-froid.Croyez-moi, Johnson, cet homme-là est capable de noussauver !232
Ces paroles dites, le docteur s’encapuchonna de son mieux,et, le bâton ferré à la main, il reprit le chemin du traîneau, aumilieu de cette brume que la lune rendait presque lumineuse.Johnson et Bell se mirent immédiatement à l’ouvrage ; levieux marin excitait par ses paroles le charpentier, qui travaillaiten silence ; il n’y avait pas à bâtir, mais à creuser seulementun grand bloc ; la glace, très dure, rendait pénible l’emploidu couteau ; mais, en revanche, cette dureté assurait la soliditéde la demeure ; bientôt Johnson et Bell purent travailler àcouvert dans leur cavité, rejetant au-dehors ce qu’ils enlevaientà la masse compacte.Hatteras marchait de temps en temps, et s’arrêtait court ;évidemment, il ne voulait pas aller jusqu’à l’emplacement deson malheureux brick.Ainsi qu’il l’avait promis, le docteur fut bientôt de retour ; ilramenait Altamont étendu sur le traîneau et enveloppé des plisde la tente ; les chiens Groënlandais, maigris, épuisés, affamés,tiraient à peine, et rongeaient leurs courroies ; il était tempsque toute cette troupe, bêtes et gens, prît nourriture et repos.Pendant que la maison se creusait plus profondément, le docteur,en furetant de côté et d’autre, eut le bonheur de trouverun petit poêle que l’explosion avait à peu près respecté et dontle tuyau déformé put être redressé facilement ; le docteur l’apportad’un air triomphant. Au bout de trois heures, la maisonde glace était logeable ; on y installa le poêle ; on le bourraavec les éclats de bois ; il ronfla bientôt, et répandit une bienfaisantechaleur.L’Américain fut introduit dans la demeure et couché au fondsur les couvertures ; les quatre Anglais prirent place au feu.Les dernières provisions du traîneau, un peu de biscuit et duthé brûlant, vinrent les réconforter tant bien que mal. Hatterasne parlait pas, chacun respecta son silence.Quand ce repas fut terminé, le docteur fit signe à Johnson dele suivre au-dehors.– Maintenant, lui dit-il, nous allons faire l’inventaire de ce quinous reste. Il faut que nous connaissions exactement l’état denos richesses ; elles sont répandues çà et là ; il s’agit de lesrassembler ; la neige peut tomber d’un moment à l’autre, et ilnous serait impossible de retrouver ensuite la moindre épavedu navire.233
- Page 182 and 183: produire la chaleur de lui-même ?
- Page 184 and 185: qu’une action insensible sur les
- Page 186 and 187: Chapitre 27LES GRANDS FROIDS DE NO
- Page 188 and 189: - Il y a quelque chose au-dessus du
- Page 190 and 191: - Il le faut, reprit doucement le d
- Page 192 and 193: terminé, il releva la tête avec s
- Page 194 and 195: Toutes les chances se réunissaient
- Page 196 and 197: dont leur méchanceté est capable
- Page 198 and 199: Chapitre 29À TRAVERS LES CHAMPS DE
- Page 200 and 201: fut l’affaire d’une heure et de
- Page 202 and 203: pied, et je suis tombé dans un tro
- Page 204 and 205: fortes, car les échos s’en empar
- Page 206 and 207: En ce moment, les aboiements de Duk
- Page 208 and 209: Chapitre 30LE CAIRNLa durée de ce
- Page 210 and 211: devint nécessaire de décharger en
- Page 212 and 213: Le soir, on s’arrêta au pied d
- Page 214 and 215: Chapitre 31LA MORT DE SIMPSONLe voy
- Page 216 and 217: suffocation véritable. Les Esquima
- Page 218 and 219: pensée de Bell à cet égard. Bell
- Page 220 and 221: Chapitre 32LE RETOUR AU FORWARDLe v
- Page 222 and 223: - Qu’est-ce que cela veut dire ?
- Page 224 and 225: Les trois voyageurs donnèrent, sou
- Page 226 and 227: seuls, sous le quatre-vingtième de
- Page 228 and 229: Chapitre 1L’INVENTAIRE DU DOCTEUR
- Page 230 and 231: - Qui croirait, monsieur Clawbonny,
- Page 234 and 235: - Ne perdons pas de temps alors, r
- Page 236 and 237: Chapitre 2LES PREMIÈRES PAROLES D
- Page 238 and 239: - Ce fut vers le 24 ou le 25 janvie
- Page 240 and 241: - Voyons, Bell, dit le docteur, que
- Page 242 and 243: - Qu’espérez-vous ? répondit Jo
- Page 244 and 245: L’Américain l’arrêta du geste
- Page 246 and 247: Hatteras voulut savoir de l’Amér
- Page 248 and 249: L’obscurité se taisait déjà ;
- Page 250 and 251: de campagne tout attelée, et enfin
- Page 252 and 253: quelques lièvres blancs et des ren
- Page 254 and 255: Le docteur, pour plus de sûreté,
- Page 256 and 257: Ce dernier repas, pris le dimanche
- Page 258 and 259: - Il nous guette ! pensa-t-il : il
- Page 260 and 261: tout le mercure s’était réfugi
- Page 262 and 263: Chapitre 5LE PHOQUE ET L’OURSHatt
- Page 264 and 265: - Hurrah ! Hatteras ! hurrah ! fit
- Page 266 and 267: - Quoi ? vous croyez ?…- Pourquoi
- Page 268 and 269: - Il le dit ! oui, mais j’ai cru
- Page 270 and 271: Chapitre 6LE « PORPOISE »Le 24 ma
- Page 272 and 273: le thermomètre placé à l’exté
- Page 274 and 275: - Eh bien, mes amis, il faut d’ab
- Page 276 and 277: vaste poêle. Banquettes, chaises,
- Page 278 and 279: en organisant ce système de défen
- Page 280 and 281: l’obéissance de l’Américain,
Personne n’eût pu connaître sa pensée. Elle ne se trahissaitpas au-dehors. Son fidèle Duk demeurait près de lui, bravant àses côtés une température tombée à trente-deux degrés audessousde zéro ( 36° centigrades).Bell, éten<strong>du</strong> sur la glace, ne faisait aucun mouvement ; ilsemblait inanimé ; son insensibilité pouvait lui coûter la vie ; ilrisquait de se faire geler tout d’un bloc.Johnson le secoua vigoureusement, le frotta de neige, <strong>et</strong> parvintnon sans peine à le tirer de sa torpeur.– Allons, Bell, <strong>du</strong> courage ! lui dit-il ; ne te laisse pas abattre ;relève-toi ; nous avons à causer ensemble de la situation, <strong>et</strong> ilnous faut un abri ! As-tu donc oublié <strong>com</strong>ment se fait une maisonde neige ? Viens m’aider, Bell ! Voilà un iceberg qui ne demandequ’à se laisser creuser ! Travaillons ! Cela nous redonnerace qui ne doit pas manquer ici, <strong>du</strong> courage <strong>et</strong> <strong>du</strong> cœur !Bell, un peu remis à ces paroles, se laissa diriger par le vieuxmarin.– Pendant ce temps, reprit celui-ci, monsieur Clawbonnyprendra la peine d’aller jusqu’au traîneau <strong>et</strong> le ramènera avecles chiens.– Je suis prêt à partir, répondit le docteur ; dans une heure,je serai de r<strong>et</strong>our.– L’ac<strong>com</strong>pagnez-vous, capitaine ? ajouta Johnson en se dirigeantvers <strong>Hatteras</strong>.Celui-ci, quoique plongé dans ses réflexions, avait enten<strong>du</strong> laproposition <strong>du</strong> maître d’équipage, car il lui répondit d’une voixdouce :– Non, mon ami, si le docteur veut bien se charger de cesoin… Il faut qu’avant la fin de la journée une résolution soitprise, <strong>et</strong> j’ai besoin d’être seul pour réfléchir. Allez. Faites ceque vous jugerez convenable pour le présent. Je songe àl’avenir.Johnson revint vers le docteur.– C’est singulier, lui dit-il, le capitaine semble avoir oubliétoute colère ; jamais sa voix ne m’a paru si affable.– Bien ! répondit le docteur ; il a repris son sang-froid.Croyez-moi, Johnson, c<strong>et</strong> homme-là est capable de noussauver !232