12.07.2015 Views

Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurEncadré 2 : Un cas de plein emploi <strong>en</strong> Guinée, dû à la production traditionnelle d’<strong>huile</strong> de palme<strong>Le</strong>s textes cités ci-dessous devrai<strong>en</strong>t donner à réfléchir aux institutions qui fourniss<strong>en</strong>t des fonds et desconseils techniques aux pays africains dans le but de « réduire la pauvreté ». Elles y trouverai<strong>en</strong>t des idéessur ce qu’il faut et sur ce qu’il ne faut pas sout<strong>en</strong>ir dans le secteur du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>, si vraim<strong>en</strong>t ellessouhait<strong>en</strong>t atténuer la pauvreté et non l’accroître.« Sur une production de régimes de près de 45 000 t par an, l’<strong>huile</strong>rie de Diécké ne parvi<strong>en</strong>t à traiter que15 700 t. Pour le reste, la Soguipah [Société guiné<strong>en</strong>ne du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>] a été obligée de recourir à lafilière de transformation artisanale. Pour absorber les récoltes des plantations familiales, il a fallu créerhuit c<strong>en</strong>tres de pressage employant au total 1392 personnes. Trois autres c<strong>en</strong>tres employant 2000personnes trait<strong>en</strong>t l’excéd<strong>en</strong>t de production des plantations industrielles que l’usine ne peut absorber.Sans jeu de mot, on peut dire que ces c<strong>en</strong>tres artisanaux tourn<strong>en</strong>t « à plein régime ». Situés au bord decours d’eau, ils reçoiv<strong>en</strong>t des tonnes de noix de palme déversées par les camions de la Soguipah. <strong>Le</strong>svillageois comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t par égrapper les régimes, avant de faire bouillir les noix. Celles-ci sont <strong>en</strong>suiteversées dans des fosses tapissées de pierres et de bois. C’est là qu’on les écrase à coups de pilons. Lapulpe obt<strong>en</strong>ue est lavée, puis pressée à la main. Vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite les opérations de cuisson, de décantationet de filtrage. Il faut trois à cinq jours pour obt<strong>en</strong>ir l’<strong>huile</strong> rouge à partir des noix de palme."Officiellem<strong>en</strong>t, indique un cadre de la Soguipah, nous employons 1500 salariés agricoles (pour lesplantations et l’usine), mais avec l’extraction artisanale de l’<strong>huile</strong>, personne ne peut détermineraujourd’hui avec précision le nombre de g<strong>en</strong>s dont la vie est liée à notre société." Aujourd’hui, cetteactivité est si attrayante que certaines femmes ont quitté des régions situées à des c<strong>en</strong>taines de kilomètrespour v<strong>en</strong>ir extraire l’<strong>huile</strong>. "Actuellem<strong>en</strong>t, avoue une ‘extractrice’, je gagne plus que mon mari. Jesouhaite que cela dure pour que nous puissions <strong>en</strong>fin avoir un toit à nous."L’extraction artisanale de l’<strong>huile</strong> de palme mobilise tous les bras valides de la région forestière. A telpoint que, selon un ag<strong>en</strong>t de la Soguipah, "il n’y a plus personne pour s’occuper des <strong>en</strong>fants : tout lemonde est obnubilé par les profits de l’extraction". La transformation artisanale a créé une situation deplein-emploi tout à fait inédite dans cette région. Mais pour les responsables de l’<strong>huile</strong>rie, la solutionartisanale n’est qu’un pis-aller. La solution a déjà été trouvée, avec la construction d’une nouvelle <strong>huile</strong>ried’une capacité de 10 t/heure (quatre fois plus que l’installation actuelle). Cette unité, dont le montage adébuté le 20 février dernier, est financée par la Banque europé<strong>en</strong>ne d’investissem<strong>en</strong>t. Elle pourra traiter<strong>en</strong>viron 55 000 t/an. Sa mise <strong>en</strong> service permettra donc immédiatem<strong>en</strong>t de transformer la totalité de laproduction de la Soguipah et des plantations familiales. Ce qui se traduira par un arrêt brutal del’extraction artisanale. Du coup, les intérêts de milliers de personnes seront compromis. <strong>Le</strong>s femmeshabituées à manipuler des millions devront désormais se tourner vers d’autres activités, certainem<strong>en</strong>tmoins rémunératrices. »Effets négatifs sur la société et l’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>tLa production traditionnelle d’<strong>huile</strong> de palme se fait tantôt à partir de palmeraies naturelles, tantôt à partirde <strong>palmier</strong>s préservés ou plantés parmi d’autres cultures dans des parcelles familiales de subsistance oude rapport. <strong>Le</strong> cas de la Côte d’Ivoire <strong>en</strong> est un exemple : « <strong>Le</strong>s exploitations familiales qui produis<strong>en</strong>tdes fruits de <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> ont presque toutes des cultures et des activités diversifiées et sont adaptées àla double logique de sécurisation et de stabilisation du rev<strong>en</strong>u, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> diversifiant les possibilitésde commerce. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>quêtes <strong>en</strong> Côte d’Ivoire ont révélé des systèmes agricoles diversifiés quicompr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> et/ou hévéa, café et cacao, ainsi que des cultures alim<strong>en</strong>taires, y compris lescultures de r<strong>en</strong>te, le tout sur la même ferme. <strong>Le</strong>s agriculteurs familiaux qui cultiv<strong>en</strong>t le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> nesont donc (presque) jamais les producteurs d’une culture unique ».7

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!