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Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

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<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurprostituées travaill<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce dans les camps des travailleurs ou s’y r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les joursde paye.Certains promoteurs des plantations industrielles ont affirmé que la prés<strong>en</strong>ce dans les camps des épouseset des <strong>en</strong>fants des ouvriers est la preuve des bonnes conditions de vie dans la plantation. Ce g<strong>en</strong>red’assertion est simplem<strong>en</strong>t absurde. On assiste au contraire fréquemm<strong>en</strong>t à une situation desurpeuplem<strong>en</strong>t dans ces camps et les conditions y sont loin d’être <strong>en</strong>viables, comme nous le verrons cidessouspour la SOCAPALM.<strong>Le</strong> cas de la SOCAPALMAu Cameroun, le groupe géant français Bolloré contrôle d’imm<strong>en</strong>ses plantations de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, soitdirectem<strong>en</strong>t via la SAFACAM (qui exploite 8400 hectares), soit indirectem<strong>en</strong>t via la Socfinal (gérant 31000 hectares) que Bolloré partage avec la famille belge alliée des Fabri. Bolloré déti<strong>en</strong>t près de 40% desparts de Socfinal dont l’une des filiales gère la SOCAPALM. Privatisée <strong>en</strong> 2000, cette dernière est lepremier producteur national d’<strong>huile</strong> de palme : propriétaire de cinq plantations et de quatre <strong>huile</strong>ries, ellereprés<strong>en</strong>te 42% du marché d’<strong>huile</strong> brute et 24% du marché d’oléine (<strong>huile</strong> raffinée).La SOCAPALM est source de problèmes sociaux et écologiques importants (Deltombe, 2009). Laplantation (à l’époque étatique) a confisqué sans comp<strong>en</strong>sation des terres appart<strong>en</strong>ant coutumièrem<strong>en</strong>taux populations locales – bagyeli et bantoues – et son expansion est actuellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> marche, au prix desécosystèmes adjac<strong>en</strong>ts dont dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t ces mêmes populations. <strong>Le</strong>ur mode de vie traditionnel est doncdev<strong>en</strong>u difficile et aucune alternative viable n’est facilitée (Gerber, 2008). La SOCAPALM fait v<strong>en</strong>ir sesouvriers d’autres régions du Cameroun et les loge dans des campem<strong>en</strong>ts situés dans la plantation. <strong>Le</strong>sconditions de vie et de travail y sont exécrables (Ricq & Gerber, 2010) : baraquem<strong>en</strong>ts et latrinescollectives insalubres, manque d’accès régulier à l’eau et à l’électricité, travaux pour la pluparttemporaires et à des salaires extrêmem<strong>en</strong>t bas, etc. Des c<strong>en</strong>taines d’ouvriers sous-traités travaill<strong>en</strong>t sixjours par semaine et parfois de 6 à 18h, sans couverture sociale et sans protection adéquate, pour <strong>en</strong>viron1.6 euro par jour – et ce, seulem<strong>en</strong>t quand les sous-traitants n’oubli<strong>en</strong>t pas de les payer. Face à cela,grèves et protestations se sont multipliées (Pigeaud, 2008). En outre, les produits agrochimiques utilisésdans la monoculture et les rejets de son usine à Ki<strong>en</strong>ké pollu<strong>en</strong>t massivem<strong>en</strong>t les cours d’eau avoisinants.Un nombre important de vigiles de la SOCAPALM empêche les villageois d’utiliser les ressources de laplantation. Cette situation a débouché <strong>en</strong> 2003 sur un grave accrochage <strong>en</strong>tre vigiles et villageois (aucours duquel des jambes et des bras ont été tranchés à la machette). En représailles, l’armée, v<strong>en</strong>ueépauler les vigiles, a raflé tous les villageois r<strong>en</strong>contrés et les a maint<strong>en</strong>us <strong>en</strong> dét<strong>en</strong>tion sans jugem<strong>en</strong>tp<strong>en</strong>dant deux semaines.Après la diffusion sur l’ant<strong>en</strong>ne de France Inter de deux émissions prés<strong>en</strong>tant une perspective critique surla SOCAPALM, le groupe Bolloré a récemm<strong>en</strong>t lancé deux poursuites à l’<strong>en</strong>contre de Radio France. Lapremière <strong>en</strong>quête, réalisée par le journaliste B. Collombat (2009), portait sur plusieurs secteurs d’activitédu groupe Bolloré au Cameroun. <strong>Le</strong> volet sur la SOCAPALM n’a pas été jugé diffamatoire par leTribunal de Grande Instance de Paris. L’autre, une interview accordée par la photographe I. A. Ricq(Manzoni, 2009 ; Ricq, 2009), ne donnera finalem<strong>en</strong>t pas lieu à un jugem<strong>en</strong>t, le groupe Bolloré ayantretiré sa plainte deux semaines avant la date d’audi<strong>en</strong>ce prévue. Bolloré a probablem<strong>en</strong>t estimé que lavictoire était par trop incertaine et qu’il s’exposait ainsi au grave risque que ses agissem<strong>en</strong>ts au Camerounsoi<strong>en</strong>t révélés publiquem<strong>en</strong>t.Il est intéressant de noter que le thème des impacts sociaux et écologiques des plantations industrielles estde plus <strong>en</strong> plus verrouillé comme le souligne le dernier rapport de Reporters Sans Frontières (RSF, 2010).Par ailleurs, étant donné l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t national et international dont bénéficie l’exploitation du <strong>palmier</strong>à <strong>huile</strong>, les monocultures industrielles vont continuer de s’ét<strong>en</strong>dre avec comme corollaire l’aggravationdes impacts sociaux et écologiques m<strong>en</strong>tionnés. <strong>Le</strong> marché naissant des agro-carburants pourra <strong>en</strong> outre26

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