12.07.2015 Views

Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

Le palmier à huile en Afrique - World Rainforest Movement

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurDans ce contexte compliqué, il est difficile de compr<strong>en</strong>dre l’ information suivante diffusée par laprésid<strong>en</strong>ce de la République le 30 juillet 2010 et informant que l’Union Europé<strong>en</strong>ne (“ Premier part<strong>en</strong>aireau développem<strong>en</strong>t du Burundi ») « continue à sout<strong>en</strong>ir … le projet d’exploitation du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong>Commune Rumonge ». 56L’<strong>huile</strong> de palme au CamerounAu Cameroun, le <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> fait depuis longtemps l’objet d’une exploitation traditionnelle par lespopulations forestières sous la forme de palmeraies spontanées. <strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> était utilisé pourl’alim<strong>en</strong>tation (<strong>huile</strong> de palme, vin et alcool de palme) ainsi que dans la pharmacopée traditionnelle(savons fabriqués à partir d’<strong>huile</strong> de palme et de palmiste, pommades à base d’<strong>huile</strong> de palmiste).<strong>Le</strong>s plantations industrielles ont débuté vers 1907 sous la colonisation allemande, <strong>en</strong> premier lieu dans larégion d’Édéa où se situe la Société des Palmeraies de la Ferme Suisse (SPFS), dont les premièresplantations dat<strong>en</strong>t de 1910. Comme l’écrit l’histori<strong>en</strong> camerounais F. Etoga Eily (1971) : « <strong>Le</strong> souti<strong>en</strong>moral et matériel qu’apportait le gouvernem<strong>en</strong>t [au système des plantations] lui donna assez vite uneallure officielle et militaire, au point que tout, hommes et choses, était subordonné au développem<strong>en</strong>t desgrandes plantations. […] un fait apparaissait clair et indiscutable, c’est que les plantations formai<strong>en</strong>tl’ossature de l’économie du Territoire, et l’Administration ne pouvait ri<strong>en</strong> leur refuser ».Dès 1919, le pays est occupé par les Anglais et les Français. Dans la zone ouest occupée par le Grande-Bretagne, les anci<strong>en</strong>nes plantations allemandes sont v<strong>en</strong>dues aux <strong>en</strong>chères. Quatre d’<strong>en</strong>tre elles sontreprises <strong>en</strong> 1929 par le groupe Unilever, qui obti<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t une concession de 10 000 ha pour lacréation de la Pamol Plantations Limited (Pamol) dont le but est la culture du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong>. <strong>Le</strong>s autresplantations allemandes chang<strong>en</strong>t plusieurs fois de statut avant d’être regroupées <strong>en</strong> 1946–1947 au sein dela fameuse Cameroon Developm<strong>en</strong>t Corporation (CDC), le plus grand complexe agro-industriel du payset grand producteur d’<strong>huile</strong> de palme (Konings, 1986).Dans la partie française, les anci<strong>en</strong>nes plantations allemandes sont rachetées par des sociétés privées.C’est le cas par exemple de la plantation de Dizangué, reprise <strong>en</strong> 1959 par le groupe Rivaud (TerresRouges). Cette plantation apparti<strong>en</strong>t aujourd’hui la SAFACAM (Société Africaine Forestière et Agricoledu Cameroun), une filiale du groupe Bolloré.Comme au temps de l’occupation allemande, les travailleurs volontaires sont <strong>en</strong> nombre insuffisant et lesFrançais rétabliss<strong>en</strong>t le travail forcé dans les plantations privées. <strong>Le</strong> syndicalise français G. Donnatécrivait dans les années 1940 que les plantations de la société Terres Rouges « occupai<strong>en</strong>t un très grandterritoire <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t clôturé, avec des gardes armés et même une geôle. <strong>Le</strong>s travailleurs vivai<strong>en</strong>t dans desbaraquem<strong>en</strong>ts ; ils étai<strong>en</strong>t prisonniers et beaucoup d’<strong>en</strong>tre eux ne revoyai<strong>en</strong>t jamais leur village. [<strong>Le</strong> chefde région] Monsieur Tine nous expliqua comm<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t recrutés ces pauvres bougres. Il recevait unordre de service du gouvernem<strong>en</strong>t le priant de fournir un nombre déterminé de travailleurs. […] <strong>Le</strong> chefde subdivision […] convoquait un certain nombre de chefs de village et les chargeait de désigner, chacun,un conting<strong>en</strong>t d’hommes valides. Il n’est pas besoin de préciser les critères servant au choix, il suffit desavoir que les chefs pouvai<strong>en</strong>t par préfér<strong>en</strong>ce choisir n’importe qui. Au jour dit, les malheureux étai<strong>en</strong>trassemblés. On les reliait les uns aux autres par une corde attachée au cou et <strong>en</strong>cadrée par des milici<strong>en</strong>sarmés, la file lam<strong>en</strong>table gagnait […] le lieu de leur déportation. <strong>Le</strong>s cris, les pleurs des femmes saluai<strong>en</strong>tleur départ : il y avait si peu de chances de revoir ces hommes au village ! » (Agir Ici & Survie, 2000).56 http://www.presid<strong>en</strong>ce.bi/spip.php?article65223

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!