<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> Burundi<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurLa culture du <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> est principalem<strong>en</strong>t pratiquée dans la partie sud de la plaine de l’Imbo, <strong>en</strong>particulier dans les communes de Rumonge et Nyanza-Lac, ou il y a actuellem<strong>en</strong>t 9.700 hectares depalmeraie sélectionnée (variété « T<strong>en</strong>era ») auxquels vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’ajouter <strong>en</strong>viron 3.000 hectares depalmeraie naturelle de variété « Dura ». 45Au niveau de l’extraction de l’<strong>huile</strong>, on distingue trois catégories de dispositifs :1) les unités artisanales (UATH) au nombre de 900 <strong>en</strong>viron et qui trait<strong>en</strong>t plus de 85% des régimesproduits au Burundi ;2) les unités de type semi-industriel de RUPO (Rural Palm Oil) à Rumonge et COGEMIMI (Compagniede Gérance de la Mini-<strong>huile</strong>rie de Minago) à Minago qui trait<strong>en</strong>t moins de 5% de la production derégimes ;3) l’<strong>huile</strong>rie industrielle « Huilerie de Palme du Burundi » dont une partie de sa production estconsommée <strong>en</strong> l’état par la population et partie raffinée pour être commercialisée dans les c<strong>en</strong>tresurbains. 46<strong>Le</strong> Burundi, qui importe aujourd’hui de l’<strong>huile</strong> de palme d’Asie du Sud-Est, est <strong>en</strong> train d’implém<strong>en</strong>terune stratégie pour dev<strong>en</strong>ir « totalem<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dant de l’extérieur pour l’approvisionnem<strong>en</strong>t de sonmarché intérieur <strong>en</strong> <strong>huile</strong> végétale et peut-être à terme pour la fourniture de biocarburant ». 47En ce s<strong>en</strong>s, la Stratégie Agricole Nationale 2008-2015 a pour but à atteindre l’autosuffisance <strong>en</strong> <strong>huile</strong>svégétales à l’horizon 2015 à travers « la relance de la Filière Palmier à <strong>huile</strong> ». Cette relance implique le «rajeunissem<strong>en</strong>t » de 3.500 ha et l’ext<strong>en</strong>sion des plantations sur 4.000 ha <strong>en</strong> 5ans. 48Il est important de noter que les grandes plantations industrielles de <strong>palmier</strong> situées à Rumonge ontconduit à de graves conflits <strong>en</strong>tre les propriétaires passés et prés<strong>en</strong>ts de la terre où ils ont été plantées.<strong>Le</strong>s différ<strong>en</strong>tes guerres civiles qui ont jalonné l’histoire du Burundi depuis l’indép<strong>en</strong>dance de ce pays ontgénéré de nombreux conflits de propriétés foncières. Des terres appart<strong>en</strong>ant à des réfugiés ont <strong>en</strong> effet étédistribuées à des personnes qui sont restées au Burundi, pour la plupart des proches du pouvoir et qui sesont appropriés de nombreux hectares de terres avec la bénédiction de l’Etat. Quand les réfugiés r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>tau pays, ils trouv<strong>en</strong>t leurs bi<strong>en</strong>s spoliés. 49<strong>Le</strong> problème des terres est <strong>en</strong>core plus préoccupant dans presque toutes les provinces burundaisesfrontalières avec la Tanzanie : Makamba, Rutana, Ruyigi, Cankuzo. Toutefois, c’est à Rumonge, unelocalité extrêmem<strong>en</strong>t fertile pour la culture de <strong>palmier</strong>s à <strong>huile</strong>, dans la province de Bururi, qu’il est s<strong>en</strong>tiavec le plus d’acuité. Selon les informations recueillies sur place, après le départ <strong>en</strong> exil d’une partie deshabitants locaux, nombre de leurs bi<strong>en</strong>s ont changé de propriétaires. Cette redistribution des terres a étéeffectuée par l’Etat qui parfois distribuait aux nouveaux acquéreurs des titres de propriété . Ceci s’est faitsur la base de lois que certains ont contestées et qualifiées d’injustes parce que violant les droitsfondam<strong>en</strong>taux. 5045 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc46 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc47 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc48 http://www.minagri.bi/IMG/doc/Strategie_Agricole_Nationale_2008-2015.doc49 http://www.ldgl.org/spip.php?article155750 http://www.ldgl.org/spip.php?article155721
<strong>Le</strong> <strong>palmier</strong> à <strong>huile</strong> <strong>en</strong> <strong>Afrique</strong> : le passé, le prés<strong>en</strong>t et le futurC’est <strong>en</strong> fait la Société Régionale de Développem<strong>en</strong>t (SRD) de Rumonge qui, au nom de l’Etat, a pris lespropriétés de particuliers et les a aménagées pour planter une nouvelle variété de <strong>palmier</strong>s. Au cours decette opération, la Société les a redistribuées <strong>en</strong> donnant à chaque bénéficiaire un hectare pour les uns, etquatre hectares pour les autres. 51Des rapatriés, des femmes <strong>en</strong> majorité, déclar<strong>en</strong>t que depuis leur retour au pays, on ne leur a pas remis lesterres pour cultiver. « Toute la palmeraie qui longe le lac Tanganyika, elle occupe l’<strong>en</strong>droit où setrouvai<strong>en</strong>t nos champs quand nous quittions le pays. On nous dit que ceux qui exploit<strong>en</strong>t actuellem<strong>en</strong>t cesplantations dispos<strong>en</strong>t de docum<strong>en</strong>ts officiels délivrés par l’Etat, les désignant comme nouveauxpropriétaires. Même les voisins qui se sont accaparés de nos bi<strong>en</strong>s ne veul<strong>en</strong>t pas nous les remettre. On nesait pas à quel saint se vouer, car même si l’administration locale semble nous compr<strong>en</strong>dre, le tribunal derésid<strong>en</strong>ce d’ici r<strong>en</strong>d des jugem<strong>en</strong>ts subjectifs. Il donne toujours raison à ceux qui exploit<strong>en</strong>t nos bi<strong>en</strong>s “,s’indigne Feruzi Mukorumbone, r<strong>en</strong>tré au pays <strong>en</strong> 2006 et désigné représ<strong>en</strong>tant des rapatriés, installésprès de la ville de Rumonge. 52En août 2009, le manque de solutions par l’État conduit à des affrontem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre allophones et anci<strong>en</strong>sréfugiés r<strong>en</strong>trés d’exil. <strong>Le</strong>s anci<strong>en</strong>s réfugies avai<strong>en</strong>t érigé des maisonnettes dans leurs anci<strong>en</strong>nespropriétés. Ces affrontem<strong>en</strong>ts ont fait, selon l’administration, des blessés tandis que trois maisons ont étéinc<strong>en</strong>diées et des briques détruites. Dans la zone de Kigw<strong>en</strong>a, un autre propriétaire a am<strong>en</strong>é des policierspour déloger des rapatriés qui s’étai<strong>en</strong>t installés dans leur anci<strong>en</strong>ne propriété. Au cours des échauffourées,deux personnes ont été blessées tandis que les autres ont pris refuge au c<strong>en</strong>tre de la commune, pourdemander protection. Selon les observateurs, il est difficile pour quelqu’un qui r<strong>en</strong>tre au pays d’att<strong>en</strong>dredes procédures administratives, qui parfois dur<strong>en</strong>t très longtemps, alors qu’il voit sa terre occupée pard’autres. 53<strong>Le</strong>s rapatriés ne sont pas les seuls à avoir des problèmes et ceux qui sont restés ont égalem<strong>en</strong>t étéimpactés par la plantation de <strong>palmier</strong>s.La Société régionale de développem<strong>en</strong>t de Rumonge (SRDR) décida <strong>en</strong> 1982 de remplacer les plantationsexistantes par une nouvelle espèce de <strong>palmier</strong>. Au préalable, elle avait rec<strong>en</strong>sé tous les propriétaires de<strong>palmier</strong>s <strong>en</strong> comptant le nombre de pieds appart<strong>en</strong>ant à chacun, puis procéda à leur destruction. Ellepromis aux propriétaires de leur verser une indemnisation d’un peu plus de 9000 francs par pied, puis deleur restituer leur terrain avec les nouvelles plantations, lorsque celles-ci serai<strong>en</strong>t stabilisées. Mais aumom<strong>en</strong>t de cette restitution, plusieurs injustices fur<strong>en</strong>t commises. D’une part, la SRDR, qui avait replanté135 pieds de <strong>palmier</strong> par hectare, restitua l’équival<strong>en</strong>t d’un hectare pour 125 à 150 pieds rec<strong>en</strong>sésauparavant. En conséqu<strong>en</strong>ce, les anci<strong>en</strong>s propriétaires ne reçur<strong>en</strong>t qu’une partie des superficiesréquisitionnées par la SRDR, car celle-ci ne tint compte que des seuls <strong>palmier</strong>s, alors que les propriétésd’origine compr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t aussi des bananiers, des caféiers et des cultures vivrières. Parfois même, ilsétai<strong>en</strong>t obligés d’accepter une plantation ailleurs que sur leur anci<strong>en</strong>ne propriété. D’autre part, despersonnes qui n’avai<strong>en</strong>t pas de <strong>palmier</strong>s au mom<strong>en</strong>t du rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t comme des cadres de la SRDR et desofficiers supérieurs de l’armée reçur<strong>en</strong>t des plantations. 54Enfin, depuis 1994, la SRD de Rumonge, dev<strong>en</strong>ue l’Office de l’<strong>huile</strong> de palme (OHP), demande auxbénéficiaires des nouvelles plantations de <strong>palmier</strong> de lui rembourser les frais <strong>en</strong>gagés pour l’acquisitiondes plants <strong>en</strong> Côte d’Ivoire, le transport et la main d’oeuvre à concurr<strong>en</strong>ce de 160.000 francs par hap<strong>en</strong>dant 4 ans. Bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, les anci<strong>en</strong>s propriétaires refus<strong>en</strong>t de payer, arguant qu’ils ont déjà été spoliésde leur terre et que c’est eux, au contraire qui sont créanciers de l’<strong>en</strong>treprise. 5551 http://www.ldgl.org/spip.php?article155752 http://www.ldgl.org/spip.php?article155753 http://www.omac-afrique.org/article.php3?id_article=112054 http://www.grandslacs.net/doc/2821.pdf55 http://www.grandslacs.net/doc/2821.pdf22