N’guessan et Yao-Kouame .………………… J. Appl. Biosci. 2010. Commercialisation et usages de Lippia multiflorafermés. Ces sachets sont alors livrés en gros auxgrandes surfaces, où ils sont vendus à 410 F.CFA auxconsommateurs (figure 9). Dans les marchés forains eten bordure des rues de certains quartiers, les feuillessont conditionnées de façon artisanale dans dessachets d’environ 50g puis exposés sur des tables ouvendus de façon ambulante par des jeunes filles au prixde 50 F.CFA le sachet (figure 8). Tout comme lesacheteurs de Bouaké, nos objectifs n’ont pu êtreatteints car nous nous sommes heurtés à unediscrétion et une fermeté totale de la part dumanufacturier. Néanmoins, à Bouaké, des informationsobtenues auprès de la population villageoise indiquentque les sacs de feuilles fraîches sont négociés, auprèsdes jeunes filles et jeunes garçons par les acheteursexportateurs, à un prix variant de 2500 à 4.000 F.CFAen fonction des saisons, du lieu d’approvisionnementou de la demande.Figure 8 (gauche) : Sachets de feuilles sèches en vente chez une détaillante.Figure 9 (droit) : Sachets de feuilles sertis (20g) dans un rayon d’un hypermarché à Abidjan.Conservation des feuilles : Les résultats obtenusrévèlent qu’il n’existe pas un mode de conservationpréconisé en dehors de la conservation des sacs et dessachets de feuilles sèches à l’abri de l’humidité. Car,une fois récoltées dans la savane, les feuilles fraîchessont préalablement séchées au soleil, puisconditionnées dans des sacs.Consommation : Dans les années 1990, les feuillessèches de L.multiflora étaient utilisées presqueexclusivement dans certaines familles musulmanes, quiaccordaient une valeur nutritionnelle et médicinaleimportante aux feuilles de cette plante. Pendant cettepériode, peu de commerçants, environ 15 % de l’effectifactuel, s’adonnaient à la vente des feuilles sèches deL. multiflora, qui était alors l’affaire de quelquesfemmes âgées. Aujourd’hui, on assiste à unengouement et à une multiplication du nombre depoints de vente dans le district d’Abidjan et à l’intérieurde la Côte d’Ivoire. De façon générale, lesconsommateurs sont de tous âges, sans distinction declasse sociale ni de groupe ethnique. Mais, c’estsurtout pendant les mois de jeûnes musulman etchrétien que la consommation de la boisson chaudedes feuilles de L. multiflora est la plus prisée.Intérêts et usages des feuilles du thé de savane :L’exploitation des informations collectées révéler quepour 99 % des personnes enquêté(e)s, la tisane oul’infusion des feuilles est utilisée comme thé, ou sousforme de boisson chaude, au petit déjeuner, et sert àtraiter le paludisme. De plus, pour 80 % des personnesenquêtées, la tisane des feuilles sert à lutter contre laconstipation et l’hémorroïde, facilite la digestion, etpermet une bonne relaxation. La consommation desfeuilles aide également à lutter contre certainesaffections comme l’hypertension, la toux, la fatiguegénérale, l’ulcère, les maux de tête et les douleursarticulaires. Les informations issues de l’enquêteindiquent également que le thé, ou l’infusion desfeuilles, nettoie la foi, et sert à stimuler l’excrétionurinaire ou à réguler le taux de sel dans le sang,notamment chez les femmes enceintes.1750
N’guessan et Yao-Kouame .………………… J. Appl. Biosci. 2010. Commercialisation et usages de Lippia multifloraDISCUSSIONL’<strong>org</strong>anisation de la filière feuilles sèches deL.multiflora en Côte d’ivoire présente pratiquement lesmêmes caractéristiques que celle de la filière rotin dansle district d’Abidjan (Irié & Kouakou, 2004). Comme lerotin, L. multiflora ne bénéficie jusqu’à ce jour, d’aucunsystème d’aménagement et de conservation. Cetteressource demeure toujours une plante de cueillette, àaccès libre, et les populations du milieu rural des zonesde savane, notamment celles du peuple Baoulé, ne luiaccordent pas toute l’importance nécessaire à saprotection.Cela se justifie d’une part, à l’insouciance dela survie de cette plante et, d’autre part, à l’inexistencede lois coutumières ou administratives réglementant larécolte des feuilles de L. multiflora. D’ailleurs, cespopulations ont souvent recours à divers produitsvégétaux autres que les feuilles du thé de savane pouraméliorer leur quotidien. C’est pourquoi, ils n’hésitentpas à indiquer dans leur environnement immédiat, leszones de prédilection de cette plante aux collecteurs ouacheteurs venus d’ailleurs pour s’approvisionner. Etpourtant, cette plante sauvage génère des ressourcesfinancières importantes et non négligeables au niveaudes acteurs de la filière.Malheureusement, la distribution desbénéfices est très déséquilibrée ; les collecteursvillageois et urbains recevant les plus faibles gains.Cette faible rémunération des acteurs à la base de lafilière, en relation avec la négligence ou l’insouciancedes populations vis-à-vis de L. multiflora, ainsi quel’absence de lois réglementant sa récolte, ont un impactnégatif, qui constitue, dans certains cas, un dangerpour la survie de l’espèce. Cela est exprimé par desrécoltes abusives et irrationnelles des feuilles deL.multiflora dans les zones de savane, comme c’est lecas pour le rotin (Irié & Kouakou, 2004).La commercialisation des feuilles sèches de L.multiflora en Côte d’Ivoire est caractérisée par unedistribution inégale des commerçants, sur l’ensembledes quatre zones d’études. Le marché d’Abidjanapparaît le plus approvisionné en feuilles sèches de L.REMERCIEMENTSLes auteurs remercient Kouakou Dadie Jean Baptiste,Kouakou Kouassi Sylvain et Kouakou Apkole Mino,Etudiants de l’Institut Privée d’Agriculture Tropicale(INPRAT- Miadzin Adzopé), pour leur contributionmultiflora. Cela serait lié à la forte présence deconsommateurs à Abidjan, facilitant l’écoulement duproduit, par rapport aux communes de Bouaké, de Divoet de Gagnoa.S’agissant des acheteurs grossistes, leurprédominance dans la commune de Bouaké estfavorisée par la proximité et la facilitéd’approvisionnement du produit à cause de lavégétation de type savanicole de la région, où poussentspontanément et naturellement L. multiflora comme l’asignalé Yao-Kouamé et al. (2009). Au niveaualimentaire, la forte demande des feuilles de L.multiflora pendant la période de jeûn musulman sejustifie par les informations issues de l’enquête, quirévèle que la boisson chaude des feuilles du thé desavane, mélangée au jus du citron, permet d’éviter lafaim et de tenir pendant la journée de travail, mais,surtout, donne l’appétit au moment de la rupture dujeûn.Conformément aux études de Abena et al.,(1998) ; Kanko et al., (2004a) ; Kanko et al., (2004b),les informations issues de l’enquête indiquent que lesfeuilles de L. multiflora servent à la consommation sousforme de thé et surtout de boisson chaude au petitdéjeuner. Les données de l’enquête ont égalementconfirmé les propriétés anti-paludéens et antimalariquesdes feuilles de L. multiflora, comme l’ontindiqué les résultats de Benoît et al. (1996) et de Eyoget al. (2000).Par ailleurs, en dehors de la faculté decombattre l’hypertension, signalé par Etou-Ossibi(2005), de lutter contre la toux, de décontracter lesmuscles, et de son caractère laxatif (Mwangui et al.,1991 ; Abena et al., 1998), d’autres affections commel’hémorroïde, l’ulcère, le ballonnement de ventre, ledérèglement du taux de sel dans le sang, notamment,chez les femmes enceintes, et les difficultés urinaires,sont aussi traités à la suite de la consommation desfeuilles de L. multiflora comme l’indiquent lesinformations issues de l’enquête.significative à la réalisation de ce travail. Nosremerciements vont également à l’endroit de M. BekeDaniel pour sa participation à l’établissement duschéma méthodologique.1751