N°22 : Unités de restauration et production ... - FOOD MAGAZINE
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mise à niveau structurelle. La première<br />
<strong>de</strong>s contraintes est la dépendance<br />
aux aléas climatiques. Il est temps <strong>de</strong><br />
dégager la <strong>production</strong> agricole <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
contrainte majeure. Cela passera par<br />
l’adoption d’une politique volontariste<br />
en matière d’irrigation, notamment en<br />
initiant les agriculteurs aux best practices<br />
en matière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’eau.<br />
L’autre grand chantier concerne l’organisation<br />
<strong>de</strong>s agriculteurs à travers la<br />
mise en place <strong>de</strong> structures <strong>de</strong> représentation<br />
fortes <strong>et</strong> éclairées. La même chose<br />
pourrait être dite pour la partie collecte/<br />
stockage/commercialisation. Dans ce<br />
sens, il faut renforcer les coopératives<br />
agissant sur ce terrain pour leur perm<strong>et</strong>tre<br />
une certaine pérennité. Aujourd’hui<br />
plusieurs <strong>de</strong> ces coopératives connaissent<br />
<strong>de</strong>s difficultés financières <strong>et</strong> sont à <strong>de</strong>ux<br />
doigts d’éclater.<br />
Au niveau <strong>de</strong> l’industrie minotière, l’on<br />
assiste à une surcapacité <strong>de</strong> l’offre ce<br />
qui empêche une juste rémunération<br />
<strong>de</strong> la <strong>production</strong> <strong>de</strong>s minoteries ; une<br />
surcapacité conjuguée à une répartition<br />
régionale disproportionnée avec une très<br />
forte concentration au niveau du Grand<br />
Casablanca.<br />
Le système actuel <strong>de</strong> compensation,<br />
notamment en ce qui concerne la farine<br />
nationale <strong>de</strong> blé tendre, constitue aussi<br />
l’une <strong>de</strong>s contraintes empêchant l’épanouissement<br />
<strong>de</strong> la filière. Il est nécessaire,<br />
à mon avis, <strong>de</strong> revoir ce dispositif<br />
<strong>et</strong> réviser aussi le fonctionnement <strong>et</strong> la<br />
mission <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong> ses institutions,<br />
l’ONICL en l’occurrence.<br />
Au niveau <strong>de</strong> l’aval, il faut que la<br />
<strong>de</strong>uxième transformation ainsi que la<br />
boulangerie industrielle <strong>et</strong> pâtisserie<br />
puissent s’approvisionner en quantités<br />
suffisantes <strong>et</strong> en qualités adéquates,<br />
répondant à leurs normes spécifiques.<br />
Cela ne peut s’effectuer qu’à travers une<br />
mise à niveau globale <strong>de</strong> toute la filière<br />
céréalière. C’est l’une <strong>de</strong>s ambitions du<br />
plan Maroc Vert.<br />
Est-ce que le plan Maroc Vert<br />
répond à vos attentes ?<br />
Il est certain que le plan Maroc Vert<br />
répond à nos attentes <strong>de</strong> façon globale<br />
d’autant plus que nous avons été associés<br />
<strong>de</strong> très près à son élaboration. Cela dit, il<br />
faudrait à mon avis attendre la déclinaison<br />
en plans d’actions pour pouvoir formuler<br />
un avis plus précis. Aujourd’hui,<br />
il y a <strong>de</strong>s commissions mixtes (adminis-<br />
tration <strong>et</strong> professionnels) qui travaillent<br />
en vue <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s plans d’actions<br />
reflétant les besoins du secteur.<br />
Mis à part la dynamique qu’il<br />
a créée, est-ce qu’on peut dire<br />
alors que le plan Maroc Vert n’est<br />
pas encore mis en œuvre ?<br />
Cela dépend <strong>de</strong>s secteurs. Pour l’olive<br />
par exemple, les objectifs du plan Maroc<br />
Vert ont été même dépassés. Pour<br />
d’autres secteurs, c’est encore le démarrage.<br />
Mais, le plus important à mon avis,<br />
c’est la mise en place <strong>de</strong>s structures <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> l’appareil législatif adéquat pour la<br />
réalisation <strong>de</strong> l’agrégation. C’est aussi<br />
la réussite <strong>de</strong> la reconversion <strong>de</strong>s terres<br />
non adaptées pour la céréaliculture. Il<br />
s’agit également <strong>de</strong> revoir les capacités<br />
<strong>de</strong> stockage, les politiques, systèmes <strong>et</strong><br />
canaux <strong>de</strong> commercialisation, d’éliminer<br />
les multiples nœuds intermédiaires parasites<br />
qui s’accaparent la valeur ajoutée<br />
au détriment du p<strong>et</strong>it agriculteur-producteur,<br />
<strong>et</strong>c. Le plus important aussi est<br />
<strong>de</strong> faire adhérer tout le mon<strong>de</strong> au proj<strong>et</strong>.<br />
C’est un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> long terme <strong>et</strong> qui ne<br />
doit surtout pas dépendre <strong>de</strong>s personnes<br />
ou <strong>de</strong>s équipes gouvernementales. La<br />
R&D est enfin un vol<strong>et</strong> d’une importance<br />
première. Comment faire en sorte qu’un<br />
terrain irrigué puisse donner le rendu<br />
théorique qu’il est censé donner ?<br />
Comment éviter que sur <strong>de</strong>ux terrains<br />
mitoyens, on ait une <strong>production</strong> qui varie<br />
du simple au double ? C’est cela le côté<br />
concr<strong>et</strong> auquel doivent s’attaquer les<br />
plans d’actions en question.<br />
Comment est reçue l’idée <strong>de</strong><br />
l’agrégation au niveau <strong>de</strong> la<br />
filière céréalière ?<br />
L’agrégation est un modèle autour duquel<br />
tous les opérateurs sont mobilisés,<br />
mais au niveau <strong>de</strong> la filière céréalière,<br />
sa réalisation va être très difficile parce<br />
que la <strong>production</strong> y est très aléatoire,<br />
contrairement à d’autres produits comme<br />
la b<strong>et</strong>terave ou le lait par exemple. Le<br />
grand défi pour le plan Maroc Vert<br />
aujourd’hui est justement <strong>de</strong> réussir c<strong>et</strong>te<br />
expérience au niveau <strong>de</strong> la céréaliculture.<br />
Si elle est menée jusqu’au bout, avec<br />
succès, elle pourra servir <strong>de</strong> modèle pour<br />
le reste <strong>de</strong>s composantes agricoles parce<br />
que, occupant plus <strong>de</strong> 75% <strong>de</strong>s surfaces<br />
utiles, les céréales constituent la première<br />
culture du pays. Je suis convaincu<br />
qu’il est tout à fait possible <strong>de</strong> relever ce<br />
défi <strong>et</strong> <strong>de</strong> réussir c<strong>et</strong>te expérience. Cela<br />
nécessite néanmoins une forte implication<br />
<strong>de</strong> tous les acteurs. J’ai envie <strong>de</strong><br />
m<strong>et</strong>tre l’accent plus particulièrement sur<br />
le rôle que peuvent jouer les minotiers<br />
étant les <strong>de</strong>stinataires finaux <strong>de</strong> la <strong>production</strong><br />
agricole, mais aussi l’amont <strong>de</strong><br />
l’industrie <strong>de</strong> transformation. Ils sont <strong>de</strong><br />
ce fait le maillon central <strong>de</strong> la chaîne.<br />
Quelles sont les conditions<br />
nécessaires à sa réussite ?<br />
L’équilibre entre l’agrégateur <strong>et</strong> l’agrégé<br />
est la condition sine qua none <strong>de</strong>vant<br />
gager la réussite <strong>de</strong> l’agrégation. Aussi,<br />
l’expérience montre que l’agrégation<br />
réussit lorsque l’agrégateur est le<br />
<strong>de</strong>stinataire final <strong>de</strong> la <strong>production</strong>. Cela<br />
lui perm<strong>et</strong> en fait <strong>de</strong> sécuriser l’approvisionnement,<br />
<strong>de</strong> garantir une certaine<br />
traçabilité <strong>et</strong> une certaine qualité en<br />
conséquence.<br />
L’agrégé trouve son intérêt dans l’agrégation<br />
dans le sens où il a un ach<strong>et</strong>eur<br />
garanti, à un prix garanti. Cela lui évite<br />
les risques <strong>de</strong> non écoulement. Aussi bénéficie-t-il<br />
<strong>de</strong> l’investissement en R&D<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’encadrement assurés nécessairement<br />
par l’agrégateur en vue d’améliorer<br />
la qualité <strong>et</strong> la <strong>production</strong>. Ce <strong>de</strong>rnier<br />
assure aussi la veille pour son agrégé en<br />
partageant les nouveautés, lui apporte<br />
les intrants (semences, pestici<strong>de</strong>s, <strong>et</strong>c.)<br />
<strong>et</strong> peut même lui accor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s avances<br />
en numéraire comme c’est le cas dans la<br />
culture <strong>de</strong>s tomates. Et je crois qu’après<br />
tout, il faut faire montre <strong>de</strong> sérieux <strong>et</strong><br />
d’engagement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux parts : lorsque<br />
l’on s’engage à ach<strong>et</strong>er une <strong>production</strong>,<br />
il faut l’ach<strong>et</strong>er <strong>et</strong> lorsque l’on s’engage<br />
à livrer une quantité il ne faut pas attendre<br />
<strong>de</strong> voir dans quel sens va évoluer le<br />
marché.<br />
Redouteriez-vous un eff<strong>et</strong><br />
ralentisseur, voire dissuasif, <strong>de</strong><br />
la bureaucratie administrative,<br />
notamment en ce qui concerne la<br />
<strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 23 / Du 15 Juin au15 Juil. 2010 33