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Actualités microbiologiques

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Les lactobacilles : propriétés, habitats, rôle physiologique et intérêt en santé humaineP. Tailliez38maintien de cette flore [43]. La colonisationest susceptible de varier au coursdu temps avec parfois disparition puisréapparition de cette flore [42]. Cettedernière observation ouvre des perspectivesintéressantes d’utilisation delactobacilles comme probiotiques vaginauxpour recoloniser cet environnementsuite à des infections [42]. Endehors des pathologies, les paramètresles plus significatifs susceptibles de modifierla flore vaginale sont liés aux pratiquessexuelles, à la prise de douches etd’antibiotiques [42, 44]. L’absenced’une flore vaginale à lactobacilles estcorrélée significativement à l’apparitiond’infections et de vaginites bactériennes[45, 46]. Les populations d’espèces colonisatricescomme Ureaplasma urealyticum,les streptocoques du groupe B,les entérocoques et les staphylocoquesne sont pas modifiées par la présence deL. jensenii ou de L. crispatus. Par contre,les espèces infectieuses, E. coli en particulier,voient leur population diminueren présence de ces deux espèces de lactobacilles[36]. La production d’acidelactique, d’H 2 O 2 , de bactériocines etd’autres substances antimicrobiennespar ces lactobacilles contribuent, avec lemaintien d’un pH acide inférieur à 4,5,à produire un effet barrière réduisantfortement les risques d’infection [36].LES LACTOBACILLESDE LA FLORE DIGESTIVE,ÉVOLUTION ET VARIATIONSLa colonisation primaire du tube digestifde l’enfant par les lactobacilles de laflore vaginale de sa mère est réelle [39,47] mais cette flore ne persiste pas dansle temps [47-49]. Elle est rapidementremplacée par une flore composée delactobacilles et d’autres micro-organismesprovenant de l’alimentation et l’environnement.La flore digestive de l’enfantest beaucoup moins stable que cellede l’adulte et va se modifier, notammentlors des grands changements, dans sonalimentation : nouveau-né nourri ausein ou par le lait reconstitué, complémentsalimentaires et cessation de l’allaitementmaternel, diversification alimentaire.Dans sa revue de 1969 [50], Ducluzeauavait noté que chez la plupart desmammifères et des oiseaux, et en particulierchez ceux dont le régime contientsurtout des céréales, les lactobacillesconstituent le groupe dominant de lamicroflore du tube digestif. Chezl’homme et les carnivores, cette flore estsous-dominante. La flore de lactobacillescolonisant le tube digestif humainest difficile à décrire. Les échantillonsen provenance des différentes zones del’intestin sont rares. Les milieux deculture disponibles pour dénombrerspécifiquement les lactobacilles ne permettentpas d’avoir une vision exhaustivede cette population car certainesespèces ne cultivent pas sur ces milieuxet ces derniers n’ont pas une sélectivitésuffisante [51-53]. Enfin, les techniquesde biologie moléculaire utilisées de nosjours pour décrire la flore d’écosystèmesmicrobiens complexes donnent encorerarement accès aux populationssous-dominantes [54, 55]. C’est le casdes lactobacilles dont les populationsdans la flore fécale de l’enfant ou del’adulte excèdent rarement 1 % [56] etsont comprises entre 10 4 et 10 9 unitésformant colonies par gramme de matièrefécale, selon les individus et lesméthodes utilisées pour les dénombrer[57-59].La flore bactérienne dans son ensembleet celle des lactobacilles en particuliervarient quantitativement et qualitativement[60, 61]. La flore du caecum(partie du côlon ascendant située enprolongement de l’intestin grêle) sembleplus riche en lactobacilles et en entérocoquesque la flore fécale. Les populationsde lactobacilles évaluées àl’aide d’une sonde oligonucléotidiqueciblant les ARN ribosomiques y représentent23 % de la flore totale contre 6à 7 % dans les fèces [61]. Enfin, la floremucosale peut se révéler différente dela flore fécale humaine avec en dominanceL. gasseri pour Zoetendal, et al.,[62], L. plantarum et L. rhamnosus et,en moindre fréquence, L. paracaseipour Ahrné, et al., [63].Comme dans le cas de la flore vaginale,seules quelques espèces de lactobacillessemblent co-exister dans la florefécale d’un même individu [57, 64]. Deplus, cette composition varie dans letemps et entre individus [57, 58]. Enutilisant des méthodes de culture etd’identification phénotypique, les espècesL. gasseri et Lactobacillus reuteri ontété retrouvées en dominance dans lesflores fécales d’enfants et d’adultes enassociation avec L. ruminis et Lactobacillussalivarius [65]. Les techniques moléculairesindépendantes de la culture ontaussi montré que L. ruminis était uneespèce de lactobacille dominante de laflore fécale [62, 66, 67]. Par contre, chezles nouveaux-nés, quel que soit le typed’allaitement, les espèces apparentées àL. acidophilus ont été mises en évidenceà l’aide de techniques moléculaires [68].RÔLE PHYSIOLOGIQUEDES LACTOBACILLESDU TUBE DIGESTIFLes rôles présumés des lactobacillesautochtones du tube digestif ne sont pasvraiment connus. Cela est probablementlié aux difficultés techniques décritesci-dessus et à leur sous-dominancedans la flore fécale. Selon certainsauteurs, ils contribueraient à l’équilibrede la flore intestinale notamment en limitant,comme dans les laits fermentés,le développement de bactéries protéolytiqueset putréfiantes [69]. Cependant,dans le domaine de l’écologie microbienne,il est couramment admis que lesflores dominantes sont seules susceptiblesd’avoir un effet notable sur leur environnementdu fait de l’importance deleur population. Nous venons de voirque les lactobacilles et les bactéries lactiquesen général ne constituent pas laflore dominante colique mais ces organismessont en dominance dans la régioniléo-caecale où ils pourraient jouerun rôle encore méconnu dans la physiologiede l’hôte.RÔLE THÉRAPEUTIQUE POTENTIELDES LACTOBACILLESPour que les lactobacilles puissent avoirun effet notable, l’idée est venue de lesfaire consommer en grande quantitépour leur permettre de passer transitoirementen dominance. Certains lactobacillessont capables d’initier des synthèsesprotéiques au cours de leur transitdans le tube digestif [70] et peuventdonc certainement exprimer des activitésenzymatiques dans cet environnement.Depuis les années 1980, il est démontréque les individus qui ne tolèrentpas le lactose acceptent mieux les laitsfermentés contenant une quantité équivalentede lactose à celle présente dansles laits frais [71-74]. Les ß-galactosidasesbactériennes présentes dans les laits

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