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« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

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« <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> n’est <strong>pas</strong> encore finie »7de l’autorité de l’État, mettent à l’épreuve le sentiment d’ordre et de justice qu’éprouve lapopulation, et par là même, son sens de soi. Si beaucoup cherchent refuge en s’exilant, d’autresont recours aux drogues et à l’alcool, qui contribuent, selon certains répondants, aux niveauxélevés de violences sexuelles.Plus généralement, les gens tendent à essayer de répondre à cette anarchie et à la menace queconstituerait la mondialisation par un recours à la « culture » et aux « coutumes » qui se traduitpar l’identité ethnique et les normes et discours de genre. Ces éléments contribuent aux conflitsarmés, qui les façonnent. Ils déterminent les dynamiques du pouvoir local et provincial. Sur leterrain, l’identité ethnique est très problématique en ce sens qu’elle peut facilement devenir uncritère, puisque la décision de vie ou de mort est souvent prise sur la base de l’appartenanceethnique présumée.Pour différentes raisons, les identités de genre, qui exigent et à la fois sont créées par unecombinaison d’attitudes, rôles et pouvoirs très spécifiques, sont également problématiques.Dans un contexte de grande pauvreté, d’impunité et de violences endémiques, l’identité de genremasculine est perturbée et certaines communautés utilisent des termes spécifiques pour décrireles hommes qui ne correspondent plus à ce que l’on attend d’eux en termes de genre. L’évolutiondes rôles de genre est une réalité dans les quatre sites d’études et pose d’autres problèmes pour larestauration de la cohésion communautaire : que l’on approuve ou non les changements des rôleset du pouvoir des femmes et des hommes les uns par rapport aux autres - lorsqu’ils sont perçuscomme totalement inversés comme dans l’affirmation « les hommes sont devenus les femmes» - il ressort que le pouvoir genré est toujours perçu comme un jeu bipolaire à somme nulle, etnon comme quelque chose à répartir plus équitablement au profit des femmes autant qu’à celuides hommes. Avec de telles perceptions, les changements sont une véritable source de tensionet de conflit au sein des foyers et des communautés, car ils signifient que les « ennemis » neviennent plus uniquement de l’extérieur, ils semblent également avoir trouvé des agents au seinde la communauté. Cela se traduit dans l’affirmation selon laquelle « les femmes colonisent leshommes », exemple montrant comment les conflits liés aux coutumes et à la culture sont plus liésà ce que l’on appelle généralement des exemples de « mondialisation », notamment la pression enfaveur de la parité entre les sexes.Plusieurs conséquences de la <strong>guerre</strong> permettent aux violences sexuelles de prendre l’avantage,notamment la militarisation et l’impunité : la forte visibilité et l’important déploiement desmilitaires sous-/non payés sont largement considérés comme des sources majeures de violencessexuelles. Parallèlement, l’échec à appliquer à la lettre la loi de 2006 sur la répression des violencessexuelles renforce le climat d’impunité. <strong>La</strong> réalité de la pauvreté extrême, qui peut inciter à leverdes ressources par l’exploitation sexuelle, s’en voit empirée.Les réponses sociétales à la <strong>guerre</strong> qui continue fournissent aussi un cadre à la poursuite desviolences sexuelles. Les normes de genre qui voient en la satisfaction sexuelle des hommes undevoir naturel des femmes et qui affaiblissent et soumettent les femmes à la maison comme ensociété (bien qu’elles coexistent avec une vision plus positive des femmes comme piliers du foyeret colonne vertébrale de la production agricole), abattent les barrières psychologiques associéesau viol tout en encourageant le <strong>pas</strong>sage à l’acte.Les normes de genre qui stigmatisent les victimes féminines et masculines de violences sexuellesrendent encore plus difficile le combat contre l’impunité, puisque nombre de victimes ne peuventbriser le silence autour de ce qui leur est arrivé. Le silence relatif sur la question par les églisesn’aide <strong>pas</strong> à sortir de cette situation. Le déclin des mécanismes traditionnels de l’éducationsexuelle, associé au rôle des églises qui renforcent les tabous autour des débats ou du traitementdes questions de sexe et de sexualité hors du cadre normatif du mariage chrétien, gêne lacompréhension de leurs actes par les auteurs de ces crimes lorsqu’ils se comportent de la sorte.Les justifications populaires expliquant pourquoi des hommes violent des femmes voire d’autreshommes varient fortement et cela sans égard pour la sexualité de la victime.

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