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« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

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« <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> n’est <strong>pas</strong> encore finie »53réponses à cette question. Cette vision convient à un contexte dans lequel les dimensions nonreproductrices du sexe et de la sexualité ne sont <strong>pas</strong> prises en compte, et dans lequel même le sexenon-violent est abordé en termes instrumentaux, comme vecteur de pouvoir et d’humiliation,mais aussi d’argent. L’expérience de la victime est clairement la dépendance et l’humiliation.Pour les auteurs qui visent une <strong>guerre</strong> psychologique, l’humiliation est évidemment le résultatsouhaitable de l’instrumentalisation des violences sexuelles.Cependant, il est moins évident de déterminer dans quelle mesure cette explication suffit àjustifier les violences sexuelles permanentes dans une situation où les lignes de commande sonttrès diffuses. On comprend mal ce qui pousse l’auteur (à plus forte raison pour une femme qui,aussi surprenant que cela puisse paraître dès lors que son essence est d’être soumise, peut aussiêtre auteur de violences sexuelles) et ce qu’il/elle peut penser ou ressentir au moment où il commetle viol.Il y a plusieurs théories. Certains observateurs avancent, et certains auteurs l’auraient confirmé,que le viol est simplement l’expression d’un besoin sexuel refoulé. D’autres y voient l’expressiond’un traumatisme :‘Suite à la <strong>guerre</strong> il y a toujours une crise sociale. Les gens sont traumatisés. Un hommetraumatisé est capable de tout, il n’est <strong>pas</strong> normal. Il peut également reproduire ce que faisaientles soldats et montrer sa virilité. Par le viol il veut détruire la maison d’un autre’. 186Une conseillère a expliqué que ‘les victimes disent que les hommes veulent les détruire, que toutce qui est fait contre elles visent à les abattre’. 187Pour certains, à chaque motif sa catégorie d’auteur. Un administrateur a par exemple expliquéque les groupes armés étrangers faisaient usage de la terreur comme d’une tactique, mais que lessoldats de l’armée nationale étaient très amers ‘parce qu’ils ne voyaient plus de moyen d’aller del’avant’. 188 Parallèlement, pour lui les ex-combattants locaux étaient mus par la frustration :‘Les mécontents, ceux qui ressentent de l’amertume, les démobilisés qui étaient enrôlés età qui on avait beaucoup promis, et qui voient aujourd’hui que ceux qui les avaient enrôlésont reçu de belles promotions alors qu’eux-mêmes n’ont plus d’avenir… c’est une bombe àretardement pour la communauté’.Une déclaration recueillie à Walungu mérite d’être reproduite ici :‘Nous avons observé comment même les civils ont reproduit cela, même les jeunes qui sontdésespérés ont reproduit ce phénomène des violences sexuelles au point que les femmes sontdevenues une cible… Chaque fois que les hommes ont perdu tout intérêt dans la société, ilsforment un groupe à part et l’une des premières choses qu’ils font est de violer les femmes etles filles’. 189Le choix du terme « désespéré » et la phrase « les hommes [qui] ont perdu tout intérêt dans lasociété » suggèrent un cadre de pensée très particulier qui provient du contexte général.Les répondants sont souvent perplexes. À propos de ce qui selon lui motive les hommes à violer,un représentant du gouvernement local a répondu :186 ADDF, Butembo, avril 2010.187 Kiwanja, informateur clef, 24 mai 2010.188 Walungu, 22 juin 2010.189 Walungu, président du comité local de développement, 23 juin 2010.

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