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« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

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« <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> n’est <strong>pas</strong> encore finie »45IV. Réponses de la société à la poursuite de la <strong>guerre</strong>Si « l’autorisation » des violences sexuelles mentionnée ci-dessus fait sans aucun doute partiede la réponse à la grande pauvreté, il ne s’agit que d’une partie de la réalité. Les violencessexuelles sont également favorisées et/ou catalysées dans une certaine mesure par des normessociales existantes de genre, de sexe, de sexualité et de mariage, que l’on retrouve dans lesréponses des participants à qui l’on demande comment ils réagiraient au viol d’un proche, cequ’ils pensent de l’évolution du mariage, et comment les jeunes ont accès à l’éducation sexuelle.4.1 Traditions de violence ?Il est difficile de déterminer dans quelle mesure les traditions, même si elles ne sont pluspratiquées, sont liées aux réalités actuelles des violences sexuelles. À Lubero, par exemple, lesrépondants ont décrit que par le <strong>pas</strong>sé, un violeur au sein d’une communauté était considérécomme un paria et exclu pour se retrouver seul dans la brousse. Paradoxalement, le retourdu paria dépendait du viol d’une autre femme de sa propre communauté : il pouvait ensuiterentrer mais la femme qu’il avait violée pour se laver de son statut de paria devait alorsquitter la communauté, pour de bon.L’exemple ci-dessus semble particulier aux coutumes des Nande, mais une autre pratique,celle du mariage forcé, a été largement décrite. Aux yeux de la loi de 2006, ces pratiquesconstituent indubitablement des violences sexuelles, mais elles étaient auparavant considéréescomme acceptables :‘Ça [la pratique des violences sexuelles], à l’époque, c’était normal parce qu’à l’époquede nos grands-parents des hommes épousaient des femmes de force et ce n’était <strong>pas</strong> vucomme un viol parce qu’on disait que l’homme qui avait pris sa femme de force prouvaitson autorité, ses capacités en tant qu’homme, prouvait qu’il l’aimait, et à ce moment-là,selon la coutume, il était taxé d’une dot de quatre ou cinq chèvres’. 148Dans cette situation, à la différence du viol comme arme de <strong>guerre</strong>, dont l’intention estd’avoir un impact négatif non seulement sur l’individu mais aussi sur le contexte social, cequi importait manifestement dans le mariage forcé était que tout impact social négatif tel quela violence était annulé par l’engagement actif des familles à « normaliser » la situation parle paiement de la dot. Les sentiments de la femme concernée par le mariage forcé n’étaientapparemment <strong>pas</strong> pris en compte.En ce qui concerne ces modèles historiques, lorsque l’on analyse la violence contemporaine, ilest essentiel de comprendre si ce mépris de la femme a perduré jusqu’à aujourd’hui, et si oui,dans quelle mesure. Même si les pratiques ont quelque peu changé, les échos de la perspectivehistorique peuvent-ils se retrouver dans les normes contemporaines de genre, de sexe, desexualité et de mariage ? 149148 Kaniola, chef de groupement, 23 juin 2010.149 Le rapport Rejusco (p. 63) indique qu’un certain degré de violence dans les rapports sexuels est considéré non seulement comme normal,mais aussi souhaitable, car une partenaire sexuelle consentante peut être qualifiée de non « honorable ».

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