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« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

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40 <strong>International</strong> <strong>Alert</strong>Les femmes de Kaniola ont rapporté des changements considérables dans les relations de genre etles rôles. Si avant la <strong>guerre</strong> les hommes se déplaçaient beaucoup, ils restaient désormais à la maisonavec leurs femmes parce que l’insécurité ne leur permettait <strong>pas</strong> de se déplacer. C’est pour cela qu’‘iln’y a plus de travail pour les hommes’. Si les participantes au groupe de discussion pensaient que lesfemmes shi faisaient ‘partie des plus soumises au monde’, et que cette ‘soumission était leur premièrecaractéristique’, elles disaient également que les femmes n’avaient plus honte et que certains marisavaient accepté de rester avec elles, même si elles avaient été violées. Les femmes ont pris de plusen plus de responsabilités et ont appris à accomplir de petites activités économiques, alors que leshommes ont commencé à travailler dans les champs, ce qu’ils n’avaient jamais fait avant la <strong>guerre</strong>. 134À Kinyandonyi, les femmes décrivent comment avant la <strong>guerre</strong> les femmes étaient soumises,obéissantes et fidèles à leur mari, mais que la conséquence de la <strong>guerre</strong> était une mauvaisegestion des biens de la famille, que la cuisine était faite par les hommes et les enfants, que lesfemmes avaient abandonné la maison, n’étaient plus soumises et étaient devenues une source dedivision dans d’autres maisons. Elles ont expliqué que les femmes ‘faisaient l’amour à leurs marissimplement pour accomplir une formalité, mais elles préféraient d’autres hommes’, et noté qu’ilexistait un terme, Kapiringa, qui était employé pour une femme, pour une femme alcoolique ouinfidèle, ou pour ‘une femme qui est infidèle pour trouver de l’argent et payer les frais de scolaritéde ses enfants ou pour développer son activité économique’. Les femmes d’affaires, en particulier,‘ne respectent plus leurs maris, et parce qu’elles veulent plus d’argent, elles se laissent prendre pardes hommes partout où elles vont pour les affaires’. Il existe aussi un terme pour les ‘hommes quiont perdu le respect de leur famille et de la communauté suite à leurs actes. On peut dire que c’estun homme seulement parce qu’il peut féconder sa femme, mais ensuite il ne fait plus rien’. Unhomme répondant à cette description est appelé Kambetu parce qu’il fait partie de ceux du mêmegenre, mais ne participe <strong>pas</strong> aux véritables prises de décision. Parmi les comportements typiquesdu Kambetu, il vend parfois les produits agricoles de sa femme en son absence, court après lesadolescentes et boit pour compenser la perte de son pouvoir de décision. 135Les jeunes de Kinyandonyi ont des points de vue variables sur la mesure dans laquelle ‘les hommessont devenus les femmes’. Trois filles pensaient que c’était le cas, parce qu’il y avait des hommesqui allaient chercher l’eau dans le cadre de jeux psychologiques mis en place par leurs femmes,et des hommes qui avaient commencé à boire dès le matin et ne faisaient rien pour le foyer. Pourelles, ‘les hommes qui se droguent et boivent et sont violents’ sont un indicateur des changementsde rôle. <strong>La</strong> majorité pense qu’il y a eu un changement dans les relations entre les hommes et lesfemmes, comme le montrent les hommes qui aident si leur femme tombe malade, ou qui aidentaux soins de l’enfant après leur travail dans les champs. Mais elles ont également expliqué que ‘lesfemmes utilisent des fétiches [magiques] pour dominer leurs maris’. 136<strong>La</strong> réponse des jeunes de Kaniola est intéressante : ce sont ‘les autorités [qui] ont transformé leshommes en femmes parce qu’elles les ont abandonnés quand ils ont été confrontés aux armes’. 137Si l’État, par ses omissions, a contribué à l’émasculation de ses citoyens masculins, cela leur fournitd’autres raisons de revenir vers des cadres culturels qui leur rendent le statut d’hommes.Il est également frappant de voir que les focus groups d’hommes ont laissé entrevoir une craintesous-jacente des femmes, qui apparaissent dans leurs descriptions comme ‘fourbes’, ‘malignes’,‘ingrates’, ‘traîtresses’, ‘cachant leurs pensées’, ‘des hommes politiques’ ou encore ‘opaques ethypocrites’. 138134 Kaniola, DFG des femmes, 24 juin 2010.135 Kinyandonyi, DFG des femmes, 26 mai 2010.136 Kinyandonyi, DFG des jeunes, 27 mai 2010.137 Kaniola, DFG des jeunes, 25 juin 2010.138 Il est également intéressant de noter que les DFG dans lesquels cette tendance était particulièrement prononcée étaient, parmi lesquinze , ceux qui étaient le plus dominés par des élites, avec une forte proportion d’hommes éduqués travaillant à des postes depouvoir et d’influence.

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