12.07.2015 Views

« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

« <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> n’est <strong>pas</strong> encore finie »33pauvreté et d’accès difficile à la terre pour survivre, c’est peut-être mieux que de devoir fuir depeur des représailles. En général, comme un groupe de jeunes l’explique de manière succincte,‘on veut appliquer la loi pour les pauvres, mais les riches et les autorités réussissent à l’éviter’. 105Si les arrangements en dehors du tribunal ont la fonction pratique de permettre une sorte decoexistence qui n’implique <strong>pas</strong> la mort, ils ne traitent <strong>pas</strong> les griefs et le besoin de justice desvictimes. Cela transparaît dans les nombreuses propositions issues des discussions des focusgroups pour régler la question des violences sexuelles. Tout le monde s’accordait à dire que lesauteurs devraient être punis ‘parce que le viol peut détruire une communauté entière’ et que ‘tantque l’impunité continue, il sera difficile de mettre fin aux viols’.Cependant, au-delà de ce point de vue partagé, la manière de procéder variait considérablement.Certains plaidaient simplement pour la ‘promotion d’une justice véritable et équitable’, prévoyantde ‘juger le coupable’, ‘d’établir les faits d’un cas avant de prononcer la sentence’ et ‘dans le casdes civils, punir en fonction de ce qui est prévu par la loi’. Un groupe a précisé qu’il devrait y avoir‘une bonne justice et une bonne gestion de la justice’, soit une reconnaissance claire du fait qu’uneloi a beau être bonne, elle ne l’est que dans la mesure où son application l’est aussi. De nombreuxgroupes ont fait écho à ceux qui exigent que ‘les autorités respectent les 25 ans [comme prévu parla loi actuelle sur les violences sexuelles]’, notant avec amertume qu’’actuellement c’est comme si les25 ans étaient devenus 25 minutes’. Certains pensaient que ‘le violeur devrait être emprisonné pourl’empêcher de revenir’, et en conséquence ‘l’auteur devrait être condamné à la perpétuité’. Un groupeplaidait pour que l’auteur ‘soit avant tout arrêté’ puis ‘qu’il paie les dommages en fonction du crime’.Des propositions ont cependant été faites en faveur de mesures plus extrêmes. Certains ont plaidépour ‘retirer les organes sexuels du violeur’, beaucoup plus proposaient des mesures ‘dent pourdent, tuer le violeur’ et que ‘tout violeur indéniablement identifié soit tué’. Un groupe souhaitait queles auteurs soient brûlés et un autre que la solution soit de ‘punir et tuer les violeurs publiquement’.Une autre dimension a été ajoutée par le groupe qui proposait de ‘faire un exemple avec un violeuret le tuer devant tout le monde, par les autorités’. <strong>La</strong> mise en avant de la responsabilité de l’Étatindique clairement que son échec à punir est une préoccupation centrale. Cette frustration a étéformulée par un autre groupe en proposant de ‘tuer les violeurs parce que l’État ne fait rien et queles gens ne savent plus quoi faire’, qui plaidait effectivement pour la justice populaire.Comme dans toute situation suscitant (à juste titre) l’émotion, il faut décortiquer le problème le pluspossible. Un informateur clef a expliqué qu’il est important de faire la distinction entre les types decrimes sexuels que les familles étaient enclines à résoudre par des mécanismes coutumiers et ceux telsque le viol avec des morceaux de bois, etc. qui dé<strong>pas</strong>sent les prérogatives des mécanismes coutumiers.Selon lui, de nombreux cas devraient être traités par les tribunaux de paix 106 (souvent décrits commeintégrant à la fois la loi coutumière et la loi formelle). <strong>La</strong> situation n’est <strong>pas</strong> désespérée : plus de10 soldats appartenant à Kimia II et Amani Leo ont été arrêtés pour des cas de violence sexuelle,montrant que même en des circonstances difficiles il est possible de saisir la justice. 107Les différentes formations organisées par les ONG locales et internationales ont aidé les gens àcomprendre la signification du viol, et dans une certaine mesure ont provoqué l’augmentationdu nombre de cas signalés (bien que souvent rétroactivement). <strong>La</strong> CTLVS à Uvira, par exemple,a rapporté qu’avec la promulgation de la loi de 2006, les jeunes étaient plus conscients et que siavant la <strong>guerre</strong> les femmes ne dénonçaient <strong>pas</strong> les auteurs, maintenant elles le faisaient. 108105 Kigurwe, DFG des jeunes, 2 juillet 2010.106 Les « tribunaux de paix » sont des tribunaux qui appliquent le droit moderne de l’État hors des capitales provinciales ; ils sont habilités àjuger des délits mineurs et à caractère familial.107 Informateur clef de Walungu, 22 juin 2010.108 CTLVS d’Uvira, 28 juin 2010.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!