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« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

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26 <strong>International</strong> <strong>Alert</strong>III. Le contexte général et son impact sur l’incidenceet la nature des violences sexuellesÀ partir des témoignages des répondants, l’équipe de recherche a mis en lumière trois groupes deproblèmes interdépendants qui semblent être le fondement du contexte actuel et qui expliquentpourquoi beaucoup déclarent que « la <strong>guerre</strong> n’est <strong>pas</strong> encore finie ». En effet, la « transition versla paix et la démocratie » s’est traduite par peu de changements pour le plus grand nombre. Elle lesa au contraire laissés aussi appauvris, ignorés et non protégés par les autorités qu’avant, et leursaspirations et sens de soi tout aussi frustrés. Ces groupes de problèmes, autour de la pauvreté, del’autorité et de l’identité, sont liés à tous les types de violence, et plus spécifiquement aux violencessexuelles, d’où l’idée répandue selon laquelle ces dernières sont un élément clef de la <strong>guerre</strong>.3.1 Pauvreté : conflits portant sur les terres, les moyens desubsistance et les opportunités économiquesLe premier groupe concerne l’accès à une ressource basique, la terre, son usage et sa propriété. Cesaspects sont problématiques à différents degrés dans les quatre sites où la recherche a été menée et cedepuis plusieurs décennies. Les hommes de Lubero, par exemple, ont indiqué que les conflits avaientcommencé quand des personnes parlant kinyarwanda sont entrées en RDC pour faire paître leur bétailsur la terre des autochtones en 1918, il y a presque un siècle. 66 <strong>La</strong> propriété des terres a été compliquéepar le Code foncier de 1973 qui attribue toutes les terres à l’État, tout en reconnaissant que les terresappartenant à la communauté doivent être gérées par les chefs coutumiers (à entériner par un décretprésidentiel qui n’a jamais été rendu). Il y a donc ce qu’un répondant a décrit comme une tension entre« légalité et légitimité ». <strong>La</strong> loi même, interprétée de façon très différente par différents magistrats,devient donc une source de conflits fonciers, moins dus à un manque de terres disponibles qu’à desmécanismes de gestion discutables. Lorsque les paysans doivent louer des terrains aux propriétaireset gérants des plantations, ils peuvent facilement être écartés si un locataire plus offrant se propose. 67Les répondants expliquent souvent que les Maï-Maï sont en premier lieu une réponse à une menaceperçue/réelle pesant sur la propriété foncière et à l’échec de l’État à protéger leurs intérêts. Des vétéransde Walungu, par exemple, dont beaucoup avaient fait partie du groupe Maï-Maï Mudundu 40, ontexpliqué que leur objectif ‘était de garder la population et ses biens, pour protéger l’intégrité territorialeet combattre les étrangers’. 68 Dès que ces milices sont créées et occupent la terre qu’ils considèrentcomme la leur, elles peuvent faire leur propre loi, compte tenu de l’absence de contrôle étatique.Un autre aspect complexe de la question foncière est celui de la crainte répandue de ce qu’ilva se <strong>pas</strong>ser quand et si les actuels déplacés rentrent d’où ils viennent : beaucoup y voient unrenouvellement potentiel des conflits. L’insécurité continue a provoqué de grands départs vers leszones urbaines. <strong>La</strong> population de Lubero par exemple, atteignait 35 332 habitants avant 1996,mais était estimée en 2009 à plus de 53 000 personnes, soit une augmentation de 10 pourcent parrapport à l’année précédente. 69Comme dans tout autre contexte conflictuel, certains sont suspectés de profiter des hostilités et del’insécurité continue. 7066 Débat en focus group des hommes de Lubero, 18 mai 2010. Il est important de préciser que des rwandophones étaient installés dans lazone avant cette date.67 Débat en focus group des hommes de Kinyandonyi, 25 mai 2010. Les jeunes ont expliqué que le coût moyen de la location d’un terrainauprès du gérant de la plantation était de 20 dollars, plus un jour de travail dans les champs du gérant et un sac de récolte.68 DFG des ex-combattants de Walungu, 26 juin 2010. Mudundu 40 est le nom d’une plante réputée capable de guérir 40 maladies différentes.69 Selon le rapport annuel de l’administrateur pour 2009.70 Débat en focus group des hommes de Lubero, 18 mai 2010.

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