« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

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« La guerre n’est pas encore finie »17à Lubero Cité. 16 Il y avait dans l’ensemble du territoire de Butembo environ 11 groupes armés,notamment des groupes d’origine rwandaise et ougandaise, mais aussi congolaise. Parmi eux,les deux principales factions des forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR),plusieurs groupes maï-maï et des forces nationales congolaises (FARDC et gardes forestiers armés).Nombre d’entre eux étaient présents dans la région depuis le milieu des années 1990. Les FDLRet les Allied Democratic Forces (ADF)-National Army for the Liberation of Uganda (NALU)étaient considérés comme les principaux auteurs de violences sexuelles. Le rapport annuel dugouvernement de 2009 indique un certain nombre d’incidents de type meurtre et viol au cours dela même année, et précise qu’ils ne sont que quelques-uns des multiples incidents qui ont eu lieu. 17Le rapport de quarante pages se termine avec quatre « suggestions » judicieuses : la première est‘que le gouvernement reprenne le contrôle de ses soldats’, et la dernière plaide pour ‘mettre fin àla guerre pour que les déplacés puissent rentrer dans leurs villages respectifs’. 182.1.2 KinyandonyiÀ Kinyandonyi (Rutshuru), les violences physiques et atteintes aux droits par des membres del’armée nationale (bérets rouges, bérets verts) remontent aux années 1970, mais aucun massacren’était perpétré. Après l’invasion de l’armée rwandaise en 1996, les réfugiés rwandais furent chassésdes camps, prirent les forêts et commencèrent à piller les villages locaux. Avec l’arrivée des forcesde Kabila (AFDL) en 1996, les viols, massacres, 19 déplacements et le chômage augmentèrent, cedernier favorisant l’enrôlement des jeunes dans des groupes armés. À partir de 2000, les forcesde la Coalition des patriotes résistants du Congo (PARECO), le Rassemblement congolais pourla démocratie (RCD), les Maï-Maï et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP),se livrèrent à des viols et meurtres et l’insécurité, la corruption et l’injustice se renforcèrent. 20 Àcause d’un groupe mené par Ben Jackson, leader d’une milice locale, de nombreuses écoles furentfermées et les étudiants durent s’éloigner de chez eux pour continuer leurs études. 21 En octobre2008, Kiwanja connut un massacre majeur par les forces du CNDP (estimé à 500 victimes), aucours duquel, selon les informateurs, les jeunes et les hommes furent les premières cibles desmeurtres, mais aussi durant lequel les femmes qui fuyaient étaient fréquemment victimes de viol.Un membre du focus group composé d’hommes adultes a expliqué qu’il a renoncé à son affaireaprès le vol, à sept reprises, de ses marchandises. 22 Un garçon du focus group des jeunes a étévictime du vol de tout l’équipement dont il avait besoin pour son échoppe de lait quelques joursavant que nous ne le rencontrions. C’était la quatrième fois qu’on le pillait. 232.1.3 KaniolaÀ Kaniola (Walungu), l’arrivée des réfugiés rwandais et des soldats commença dès 1994. Ilsarrivèrent appauvris mais aidèrent au départ aux activités agricoles. L’année suivante, lorsqueles soldats du Front patriotique rwandais (RPF) vinrent à la recherche des Interahamwe, 24 cesderniers formèrent une coalition avec les Maï-Maï contre l’armée rwandaise. Ce fut le début desviolences sexuelles : ‘les femmes devinrent le centre de la guerre et furent victimes de viol et detorture’. Le RCD arriva en 1998, suivi par le groupe maï-maï Mudundu 40 (au nord de Walungu),et les Maï-Maï et forces du gouvernement congolais (au sud de Walungu). À partir de 2000, lacommunauté assista au déchirement de ses familles à la suite des viols et des massacres, de la16 Les consignes de sécurité de la MONUC auprès de notre équipe de recherche étaient d’être rentrés à l’hôtel avant 17 h 30 car de nombreuxmeurtres étaient commis la nuit, et d’être rentrés à l’hôtel avant 16 h quand nous étions à l’extérieur de la ville de Butembo. On nous aconseillé de rejoindre Butembo depuis Goma en avion en raison du danger sur la route, et il nous a été signifié que la route de Butembo àLubero Cité, un trajet d’une heure et demie, avait récemment été le théâtre de l’attaque d’un minibus, probablement par un groupe maïmaï.17 Administrateur de Lubero Cité, rapport annuel pour 2009, p. 10.18 Ibidem, p. 40 (nous avons ajouté la mise en évidence).19 Par exemple, le massacre de Busanzi, dans le territoire de Rutshuru, le 7 novembre 1997, dont les membres de l’AFDL sont les auteurs etsont revenus le lendemain pour enterrer les victimes dans des fosses communes.20 Résumé des conclusions des débats en focus groups à Kinyandonyi.21 DFG des jeunes de Kinyandonyi, 27 mai 2010.22 DFG des hommes de Kinyandonyi, 25 mai 2010.23 DFG des jeunes de Kinyandonyi, 27 mai 2010.24 Milices hutus suprématistes du Rwanda, expulsées du pays à la suite de la prise du pouvoir par les RPF en 1994.

« <strong>La</strong> <strong>guerre</strong> n’est <strong>pas</strong> encore finie »17à Lubero Cité. 16 Il y avait dans l’ensemble du territoire de Butembo environ 11 groupes armés,notamment des groupes d’origine rwandaise et ougandaise, mais aussi congolaise. Parmi eux,les deux principales factions des forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR),plusieurs groupes maï-maï et des forces nationales congolaises (FARDC et gardes forestiers armés).Nombre d’entre eux étaient présents dans la région depuis le milieu des années 1990. Les FDLRet les Allied Democratic Forces (ADF)-National Army for the Liberation of Uganda (NALU)étaient considérés comme les principaux auteurs de violences sexuelles. Le rapport annuel dugouvernement de 2009 indique un certain nombre d’incidents de type meurtre et viol au cours dela même année, et précise qu’ils ne sont que quelques-uns des multiples incidents qui ont eu lieu. 17Le rapport de quarante pages se termine avec quatre « suggestions » judicieuses : la première est‘que le gouvernement reprenne le contrôle de ses soldats’, et la dernière plaide pour ‘mettre fin àla <strong>guerre</strong> pour que les déplacés puissent rentrer dans leurs villages respectifs’. 182.1.2 KinyandonyiÀ Kinyandonyi (Rutshuru), les violences physiques et atteintes aux droits par des membres del’armée nationale (bérets rouges, bérets verts) remontent aux années 1970, mais aucun massacren’était perpétré. Après l’invasion de l’armée rwandaise en 1996, les réfugiés rwandais furent chassésdes camps, prirent les forêts et commencèrent à piller les villages locaux. Avec l’arrivée des forcesde Kabila (AFDL) en 1996, les viols, massacres, 19 déplacements et le chômage augmentèrent, cedernier favorisant l’enrôlement des jeunes dans des groupes armés. À partir de 2000, les forcesde la Coalition des patriotes résistants du Congo (PARECO), le Rassemblement congolais pourla démocratie (RCD), les Maï-Maï et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP),se livrèrent à des viols et meurtres et l’insécurité, la corruption et l’injustice se renforcèrent. 20 Àcause d’un groupe mené par Ben Jackson, leader d’une milice locale, de nombreuses écoles furentfermées et les étudiants durent s’éloigner de chez eux pour continuer leurs études. 21 En octobre2008, Kiwanja connut un massacre majeur par les forces du CNDP (estimé à 500 victimes), aucours duquel, selon les informateurs, les jeunes et les hommes furent les premières cibles desmeurtres, mais aussi durant lequel les femmes qui fuyaient étaient fréquemment victimes de viol.Un membre du focus group composé d’hommes adultes a expliqué qu’il a renoncé à son affaireaprès le vol, à sept reprises, de ses marchandises. 22 Un garçon du focus group des jeunes a étévictime du vol de tout l’équipement dont il avait besoin pour son échoppe de lait quelques joursavant que nous ne le rencontrions. C’était la quatrième fois qu’on le pillait. 232.1.3 KaniolaÀ Kaniola (Walungu), l’arrivée des réfugiés rwandais et des soldats commença dès 1994. Ilsarrivèrent appauvris mais aidèrent au départ aux activités agricoles. L’année suivante, lorsqueles soldats du Front patriotique rwandais (RPF) vinrent à la recherche des Interahamwe, 24 cesderniers formèrent une coalition avec les Maï-Maï contre l’armée rwandaise. Ce fut le début desviolences sexuelles : ‘les femmes devinrent le centre de la <strong>guerre</strong> et furent victimes de viol et detorture’. Le RCD arriva en 1998, suivi par le groupe maï-maï Mudundu 40 (au nord de Walungu),et les Maï-Maï et forces du gouvernement congolais (au sud de Walungu). À partir de 2000, lacommunauté assista au déchirement de ses familles à la suite des viols et des massacres, de la16 Les consignes de sécurité de la MONUC auprès de notre équipe de recherche étaient d’être rentrés à l’hôtel avant 17 h 30 car de nombreuxmeurtres étaient commis la nuit, et d’être rentrés à l’hôtel avant 16 h quand nous étions à l’extérieur de la ville de Butembo. On nous aconseillé de rejoindre Butembo depuis Goma en avion en raison du danger sur la route, et il nous a été signifié que la route de Butembo àLubero Cité, un trajet d’une heure et demie, avait récemment été le théâtre de l’attaque d’un minibus, probablement par un groupe maïmaï.17 Administrateur de Lubero Cité, rapport annuel pour 2009, p. 10.18 Ibidem, p. 40 (nous avons ajouté la mise en évidence).19 Par exemple, le massacre de Busanzi, dans le territoire de Rutshuru, le 7 novembre 1997, dont les membres de l’AFDL sont les auteurs etsont revenus le lendemain pour enterrer les victimes dans des fosses communes.20 Résumé des conclusions des débats en focus groups à Kinyandonyi.21 DFG des jeunes de Kinyandonyi, 27 mai 2010.22 DFG des hommes de Kinyandonyi, 25 mai 2010.23 DFG des jeunes de Kinyandonyi, 27 mai 2010.24 Milices hutus suprématistes du Rwanda, expulsées du pays à la suite de la prise du pouvoir par les RPF en 1994.

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