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« La guerre N'est pas eNCore fiNie » - International Alert

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12 <strong>International</strong> <strong>Alert</strong>Trois de ces études sont particulièrement intéressantes. <strong>La</strong> première 5 examine l’affirmation selonlaquelle le viol est une arme de <strong>guerre</strong> du point de vue des soldats réguliers de l’armée nationalecongolaise (FARDC). Elle conclut, entre autres choses, que les valeurs et pratiques des soldatssont façonnées en particulier par leurs relations, à la fois avec l’armée et entre l’armée et les civils.Le rapport remet en question la notion du viol utilisé comme stratégie consciente de la part del’armée, et déplore ce qu’il voit comme une tendance au sein de la communauté des donateurs etde la société civile à se concentrer uniquement sur les violences sexuelles plutôt que de considérerces dernières dans un ensemble plus large de formes de violence perpétrée contre les civils.Une étude anthropologique des options de recours juridique accessibles aux survivants de violsdans l’est de la RDC, menée par le Programme de restauration de la justice à l’est du Congo(REJUSCO), 6 conclut dans son résumé sur les perceptions des violences sexuelles dans les différentescommunautés de l’est de la RDC 7 que les normes culturelles dans l’est interdisent aux femmesde choisir activement leurs relations sexuelles et que certaines pratiques sexuelles généralementacceptées sont en fait soit violentes soit coercitives. Le consentement n’étant normalement <strong>pas</strong> unélément des relations sexuelles, c’est seulement les formes extrêmes de coercition sexuelle tellesque le viol par des hommes en armes qui viennent à l’esprit des gens quand ils évoquent le viol.Que cette affirmation controversée soit acceptée ou non, les perceptions locales de la sexualitéet de la violence ou de la coercition dans les relations sexuelles ne trouvent <strong>pas</strong> nécessairementd’écho dans la nouvelle législation nationale, telle que la loi de 2006 sur les violences sexuelles,ou les dispositions du droit international relatif aux droits humains. 8Troisièmement, une étude statistique liant l’expérience des violences sexuelles et d’autresformes d’abus à la santé mentale au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et dans l’Ituri, 9 relève des niveauxexceptionnellement élevés de violence sexuelle dans l’est de la RDC comparé à d’autres situationsde conflit et de post-conflit et, parallèlement, de hauts niveaux de troubles de la santé mentale :40,5 pourcent de l’échantillon présentent un trouble dépressif majeur et 50,1 pourcent unsyndrome de stress post-traumatique. L’étude montre qu’à la fois les survivants et auteurs deviolences sexuelles sont aussi bien des femmes que des hommes : 41,1 pourcent des survivantes et10 pourcent des survivants ont été abusés par des femmes. Si ces conclusions nécessitent évidemmentdavantage d’investigations, elles indiquent que les responsables politiques et décideurs doiventadapter les paradigmes selon lesquels ils répondent à la violence et garantir que les interventionsciblent les besoins des hommes et des garçons autant que ceux des femmes et des filles.L’explication des violences sexuelles à l’est de la RDC par le « viol comme arme de <strong>guerre</strong> » estdevenue l’un des éléments constitutifs de la réponse de la communauté internationale. Cependant,les études mentionnées ci-dessus soulèvent des questions autour de l’opportunité d’une approchequi se concentre sur un seul élément, et dénoncent l’insuffisance des explications éloignées desréalités et des perceptions locales. Elles constituent le point de départ d’une compréhensionapprofondie du phénomène des violences sexuelles à l’est de la RDC d’aujourd’hui. <strong>La</strong> présenterecherche vise à étendre et à compléter ces études de deux façons. Elle a d’abord pris commepoint de départ la vision depuis le terrain exprimée par les membres de quatre communautéssélectionnées dans la région, sur les formes et causes des violences sexuelles telles qu’elles en5 M. Erikkson-Baaz et M. Stern (2009): “Why do soldiers rape ? Masculinity, violence and sexuality in the armed forces in the DRC”, in<strong>International</strong> Studies Quarterly, vol. 53, n° 3, p. 495-518.6 REJUSCO est un programme financé par la coopération belge au développement (DGDC), la Commission européenne (CE), et les agencesde coopération britannique et néerlandaise. L’objectif du Programme REJUSCO est de restaurer le système judiciaire dans l’est de la RDC.Il s’articule autour de trois piliers : la réhabilitation de l’infrastructure judiciaire, notamment les tribunaux, prisons, « parquets » (bureauxdu Ministère public) ; le renforcement du fonctionnement du secteur de la justice ; et la sensibilisation au droit et la garantie du suivi de lachaîne pénale.7 S. Candeias (sous la dir. de) (2010) : Étude anthropologique sur les mécanismes extra-juridictionnels de réponse aux violences sexuelles à l’Estde la RDC, ministère de la Justice et REJUSCO, Goma.8 Voir par exemple les commentaires sur la « mondialisation » au chapitre 3.9 K. Johnson. et al. (2010) : “Association of sexual violence and human rights violations with physical and mental health in territories of theEastern Democratic Republic of the Congo”. Journal of the American Medical Association, vol. 304, n° 5.

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