Pourquoi des arbres fruitiers dans les champs des Holli et Nago du ...

1- Problématique (suite)• Déforestation = cause la + impte de réduction potentielle dediversité biologique (Oldfield, 1988; Whitmore & Sayer,1992).• Or, forêts sources d’un grand nombre de produits: bois,fibres, produits alimentaires végétaux et animaux pouralimentation et pharmacopée (Sokpon et Lejoly, 1996 ; Ros-Tonen et Taylor,1999).

1- Problématique• C’est pourquoi la FAO (1997) appelle à un engagement àlong terme aux niveaux national, régional et internationalpour conserver les ressources génétiques forestièresimportantes sur le plan socio-économique et les gérer defaçon durable.• C’est certainement pour faire face aux conséquences de ladestruction des forêts et maintenir les avantages qu’ils entirent que les paysans ont décidé depuis des millénaires depréserver dans leurs champs des espèces ligneuses (Garrity et al.2006).

1- Problématique(suite)• La présence des arbres dans les espaces cultivés et lesjachères constitue une caractéristique fondamentale despaysages agraires de la plupart des régions au sud du Sahara(Wala, 2001)• Ce système de gestion des terres agricoles (agroforesterie) estune pratique très ancienne en milieux tropicaux (Ouédraogo,1995 ; Garrity et al. 2006).• Pour De Baets et al., (2007) et Garrity (2004), l’agroforesterieprocure de nombreux avantages tels que la protection descultures, des animaux d’élevage, des sols et des cours d’eau,la diversification des revenus agricoles, la stimulation de labiodiversité, le captage du carbone et l’embellissement dupaysage.

3- MILIEU D’ETUDEPlateau: Sud-Est,2°5 à 2°75 E6°5 à 7 °5 NSols:Ferrallitiques,ferrugineux,hydromorpheset vertisols

3- MILIEU D’ETUDE suite)4 saisons: 2 pluiv. (Mars-juil et Aout) +2 sèches (sept-nov etnov-mars)P moy mens: 20-180 mm;Pmoy/an: 872-1196mmT°C: 22,7-35,8ETP ETP/2 P (mm)200Pluviométrie (mm)150100500J F M A M J J A S O N DMois

4- METHODOLOGIE (suite) Distribution spatialeQSource: Krebs (1998), page 175O xPT-square samplingDepuis un point aléatoire O situé dans un champ, la distance x jusqu’auligneux P le plus proche est mesurée. Une deuxième distance z depuis P estmesurée jusqu’au ligneux Q le plus proche de P, avec la contrainte quel’angle OPQ > 90°. La procédure est répétée pour une série de n pointsaléatoires.Le test statistique de Hines Ht a servi à déterminer le mode dedistribution spatiale des ligneux. Il est défini comme suit :Ht = 2n (2∑(xi)²+∑ (zi)²) / (√2 ∑ xi +∑ zi)² avec: n = nombre de pointsaléatoires, xi = OP et zi = PQ. Si Ht =1,27 la distribution est aléatoire ; siHt 1,27 la distribution estagrégée.

5- RESULTATS Systèmes agrosystèmes traditionnels dans le Plateau: Jardins decase et parcs agroforestiers Jardins de case: 40 espèces utiles ont été au total recensées. Parmi ces espèces, ondistingue 28 ligneuses dont 17 fruitiers à fruits comestibles (61 %) et 12 non ligneuses. Lesligneux sont : Irvingia gabonensis, Artocarpus communis, Mangifera indica, Cocosnucifera, Blighia sapida, Parkia biglobosa, Citrus spp, Persea americana, Cola nitida,Moringa oleifera, Carica papaya, Terminalia catappa, Anonas senegalensis, A. muricata,Elaeis guineensis, Milicia excelsa, Azadirachta indica, Triplochiton scleroxylon,Ceibapentandra Dialium guineensis, Psidium guajava, Newbouldia laevis, Vitex doniana,Chrysophillum albidum, Jatropha curcas, Cassia siamea, Croton zambesicus et Ficus spp.Ils sont à 65 % plantés. Le reste (35 %) a poussé naturellement et est entretenu par lespaysans. Ces ligneux servent à la production de fruits, de légumes, de produits non ligneuxpour la pharmacopée et d’objets de culte. Les non ligneux producteurs de légumes sont :Amaranthus spinosus, Colocasia esculenta, Blactuca taraxacifolia, Celosia laxaltrigyna,Zingiber officinale, Talinum triangulare, Vernonia amygdalina, Abelmoschus esculentus,Capsicum spp, tomate, Zea mays, Vigna unguiculata.

5- Résultats (suite)Caractéristiques des parcs agro forestiers dans le PlateauTypologiedes parcssitesD. espdom(pieds/ha)Dligneux(ind./ha)Richessspécifique (S)DiversitéH(bits)EDist.spatialeRép/classdiamètreParc à E.guineensisAhoyéyé(Com.Pobè)7714270,980,35Unif. (Ht=1.126)y = 2,1667x 3 - 17,5x2 + 41,333x - 23R 2 = 110-20cm 20-30cm 30-40cm >40cmclasse de diamètresParc àIrvingiagabonensisFouditi(ComAdjaOuèrè316151,960,84Aléat.y = 2,1667x 3 - 17,5x 2 + 41,333x - 23R 2 = 110-20cm 20-30cm 30-40cm >40cmclasse de diam ètresParcsmixtes àCitrussinensis etTectonagrandisItadjèbou(Com.Sakété)14 et 10resp.41112,630,76aléat(Ht=1,27)y = -5x 3 + 33,5x 2 - 47,5x + 21R 2 = 110-20cm 20-30cm 30-40cm >40cmclasse de diamètresParcsmixtescompositesFouditi(ComAdjaOuèrèAucunenedominefranchement3493,010,95Aléat.35302520151050y = 10,5x 3 - 79x 2 + 183,5x - 112R 2 = 110-20cm 20-30cm 30-40cm >40cmclasse de diamètre

QUELQUES IMAGES•Pied de T. grandis dans un champParc à I. gabonensis à FouditiParc à E. guineensis à AhoyéyéPied de Khaya senegalensisDans un champ de manioc

5- Résultats (suite)Pourquoi les ligneux sont préservés par les paysans5%éco et alimmédicinaleautre40%55%Importances des ligneux pour les paysansce sont surtout des raisons économiques et alimentaires (55 %),médicinales (40 %) qui justifient la conservation des ligneuxdans les champs des paysans Nago et Holli du Plateau.Aucun aspect lié à la protection du solet aucun intérêt agronomique de l’arbre n’a été évoqué.

5- Résultats (suite)) Origines des fruitiers ligneux dans les parcs agro forestiers27%2% SpPNn71%71% des ligneux épargnés dans les champs sontspontanés alors que 27% seulement sont plantés par lespaysans. 2% des paysans interrogés estiment que lesarbres gênent leurs cultures et par conséquent refusent deles préserver dans leurs champs. Ce sont surtout les Holli

5- Résultats (suite)Place de I. gabonensis dans la pharmacopée localeP Usages médicinaux: 16 maladies traitées: Anurésie chezles enfants, amaigrissement, troubles menstruels, diarrhée, dartre chezles nouveaux nés, stérilité féminine, surmenage, fièvre, vertige, mauxde ventre après accouchement, obésité, démangeaison corporelle,douleur musculaire et au niveau des articulations, épilepsie,défaillance physique et intellectuelle chez enfants et paludisme..

6- DISCUSSIONLe nombre d’espèces utiles rencontréesdans les jardins visités (40 espèces) estinférieur à celui dénombré par Tatchat et al.(1995) au Cameroun (125 espèces),MacDonald (1984) au Nigeria (150 espèces)et Wala (2001) au Nord du Togo (57espèces). Ceci peut être expliqué par le faitque dans le présent travail, l’inventaire n’apas été exhaustif.

6- DISCUSSION (suite) Seul le parc à E. guineensis présente une distribution spatiale uniformedu fait qu’à l’origine le champ s’est installé sur une vieille plantation depalmiers à huile. La répartition spatiale pour les autres parcs est aléatoire:Aucune distribution spatiale particulière n’est donc privilégiée par lespaysans. Les parcs les plus diversifiés sont les parcs mixtes et mixtes compositesavec une diversité moyenne. Les parcs de diversité moyenne à élevée sontpour Wala (2001) des parcs résiduels obtenus lors des premiersdéfrichements et dans lesquels la sélection n’est pas encore poussée. Maisdans le cas de cette étude, la diversité des parcs mixtes et composites estbeaucoup plus liée à la volonté des paysans de diversifier leurs sourcesde revenus par l’entretien et la plantation de fruitiers dans leurs champs.

6- DISCUSSION ( suite) La régularité de Piélou est la plus élevée pour ces mêmes parcs attestantune bonne distribution des individus entre les espèces.La densité moyenne des ligneux est de 67 pieds/ha pour les 4 parcsétudiés. Elle est voisine de celle trouvée par Schrekenberg (1996) auCentre-Bénin (63 pieds/ha), Wala (2001) au Togo (78 pieds/ha) etAgbahungba & Depommier (1989) au Nord-Bénin (50-100 arbres/ha). Les valeurs économiques, alimentaires et médicinales sont surtout lesraisons de préservation de ligneux dans les champs des Nago et Holli.Aucun lien relatif à l’appui agronomique des ligneux n’est fait. Ce mêmeconstat a été fait par Wala (2001) au Togo.

7- SUGGESTIONS Pour les paysans Nago et Holli, la valeur d’un arbre réside dans résideessentiellement dans les valeurs commerciales, alimentaires et médicinales des produitsnon ligneux (fruits, légumes, écorces, racines etc.) qu’il peut fournir. Tous lesavantages des arbres (protection et fertilisation de sol, brise-vent etc.) liés à l’appuiagronomique pour améliorer le rendement des cultures sont encore ignorés.Il est donc important de :mener une campagne de sensibilisation des paysans sur tous les intérêts que lesarbres représentent pour les cultures,démontrer expérimentalement avec eux ces avantages,les informer sur les ligneux les plus avantageux comme les légumineuses parexemple et surtout sur les techniques appropriées d’association ligneux/cultures.Le maïs étant la culture vivrière la plus répandue dans le Plateau, une politiqued’introduction de l’agroforesterie moderne peut commencer par l’expérimentation avecles paysans du système de culture intercalaire du maïs avec comme ligneux leLeucaena leucocephala ou le Cajanus cajan qui est très prisé dans le milieu.

8- CONCLUSIONL’association ligneux/culture sur un même espace est une très vieillepratique chez les paysans Nago et Holli. Mais cette pratique trouveson fondement dans les avantages que représentent les produits nonligneux que fournissent les arbres. Avec la pression démographiquesur les ressources, des actions doivent être menées pour que l’arbresoit apprécié désormais non seulement par les intérêts traditionnels(sources alimentaires médicinales, de revenus, etc.) qu’ils représententmais aussi à travers les appuis agronomiques qu’ils apportent aux cultures.Pour cela tout un programme d’agroforesterie doit être mis en place dans lePlateau au sud-est du Bénin.

REMERCIEMENTNous tenons à remercier la Tropical Biology Association (TBA)pour son concours financier à la réalisation d’une partie de cetravail.Nous remercions également ICRAF/WAC pour nous avoir invitéà ce séminaire