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No-Hoper Point - Cerbere.org

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John est un homme infiniment bon etse pose en auditeur attentif de tous lesproblèmes et de toutes les confessionsdes détenus et des gardiens. Il dort peuet les matons ont ordre de l’appeler àchaque fois qu’un détenu a besoin deparler. Affectueusement appelé le« tonsuré » à cause de sa calvitienaissante, l’aumônier tente de prendrela défense des prisonniers et de lesaider. Il est précieux, à la fois pour lesdétenus et les gardiens, car il a déjàempêché bon nombre de dérapages depart et d’autre. Son plus grandproblème à l’heure actuelle est la« sortie champêtre » quotidienne desdétenus : il ne sait comment y mettreun terme sans être muté, perdre saplace, ou même sa vie. La plupart desgardiens ne lâcheront pas comme çaleur seul divertissement…En attendant, John Pier s’occupe desoffices religieux (le vendredi matin pourles musulmans, le samedi matin pourles juifs, le samedi soir pour lesprotestants et le dimanche matin pourles catholiques), tout en prêchant enprivé aux détenus des religionsminoritaires dans la prison (taoïstes,bouddhistes, animistes, etc.).John Pier est aussi, en bon amoureuxdes livres, le responsable de labibliothèque, qu’il tient tous les jours de12h à 18h. Il conseille et prête avecdiscernement les précieux ouvrages,afin d’ouvrir l’esprit des détenus et deleur redonner goût à la vie.__________4. GESTION PRATIQUE (DESDETENUS)Les détenus ne sont pas à l’hôtel à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>, et on le leur fait sentir dèsleur arrivée. Le « bizutage » dunouveau consiste en un rigoureuxnettoyage des toilettes du quartier où ilréside et, au vu du peu de matérieldonné (un chiffon et une brosse) et dela nourriture qu’on sert aux prisonniers,on peut se demander si cette corvéen’est pas pire que le QHS. Bienentendu, les gros pontes passent leurtour en délégant à leurs hommes déjàincarcérés, et les plus riches achètentce service à d’autres. Beaucoup dejeunes détenus voulant bien se fairevoir décident de prendre le tourd’arrivants plus puissants qu’eux, quipourront les protéger par la suite.En journée, les détenus peuvent passerdeux heures à la bibliothèque au soussol(l’aumônier prête certains livres auxdétenus soigneux), ou une heure trenteà la salle de musculation.De 17h à 22h, les détenus défilent dansles douches (2 par quartier) selon unordre bien établi. Ils on accès à unesalle vide, grande comme les douchesou la salle de garde, qui fait office deréfectoire et de lieu de discussion.Quelques tables et chaises y sontdispersées.Chaque quartier dispose d’une grandesalle commune, surveillée par lesgardiens en permanence. Les clanscarcéraux ont pour habitude de s’yregrouper et de discuter de leurs plans.Les salles de cantine sont à chaquefois partagées par deux quartiers, quise succèdent en plusieurs servicesd’une demi-heure : une moitié d’unquartier succède à la moitié de l’autrequartier, et ainsi de suite. Chaqueservice dure une demi-heure. Lesrepas sont servis de 11h30 à 13h30 etde 17h30 à 19h30. La nourriture y estun mal nécessaire, car même si cetteinfâme potée est très riche envitamines et nutriments, toutes lesassociations de famille de détenus ontprotesté contre sa déplorable qualité…4.1 Battle Royale : pendant huitheures par jour et pendant unesemaine, cent détenus choisis auhasard sont acheminés par camion àun endroit de l’île qu’il faut réhabiliter(ils travaillent sur un chantier différentchaque jour). Le roulementhebdomadaire fait que, sur 3 ansd’incarcération, chacun est passé aumoins une fois par ce calvaire. Ongarde généralement un souvenirimpérissable de ces sorties :compagnon de cellule mort noyé, chutede 30 mètres sur des rochers, fuiteéperdue arrêtée par un grand coup defusil dans le dos, morsure de serpentsou attaque de moustiques pour les pluschanceux, etc. L’Attorney Generaltolère ce « jardinage », car il ignore toutde ce qu’il se passe vraiment sur l’île.Théoriquement, les détenus sontcorrectement encadrés par les anciensRangers de l’île et tout accident est lefruit de l’irresponsabilité des détenus.Mais dans la pratique, les Rangers ontmaintenant tous pris leur retraite ousont partis de l’île sur les bons conseilsde Harmond (qui continue d’ailleurs àles payer), et seul un noyau dur degardiens sadiques encadre les « sortieschampêtres », sans donner deconsigne de sécurité. C’est ici qu’on serend compte qu’on est vraiment peu dechoses face à la nature, mais surtoutdevant des gardiens qui connaissentbien le coin et qui aiment s’amuser.Bien sûr, les associations écologiques,qui ignorent tout de cela, sont auxanges de la réhabilitation de l’ancienparc naturel.Le reste du personnel moins impliqué,et les effectifs « imposés » à TerryHarmond (cuisiniers, personnel denettoyage, médecin et aumônier)remarque bien entendu les blessuresinfligées aux détenus (le médecinpénitentiaire, surtout). Mais lespersonnes que ces pratiques révoltentcomprennent bien souvent leur« intérêt » à ne pas parler, que ce soitpar une intimidation pure et simple oupar la lente conviction que les détenusont finalement bien cherché ce qui leurarrive…__________5. FORCES EN PRESENCEChaque classe de la société semblereprésentée à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> : duyuppie tombé pour trafic de drogue aupetit noir arrêté sur son premierbraquage en passant par de vieuxmafieux ou d’implacables meurtriers, lagalerie de portraits fait peur à voir. Laquestion qui revient le plus souvent iciest : « Comment sont-ils tombés sibas ? » et « Pourquoi ? ». Même si labêtise de certains répond d’elle-mêmeà cette question, elle reste beaucoupplus floue pour d’autres. On pourraitenvoyer une armée de psys en taulepour analyser tous ces gens, il y a fortà parier que leurs passifs sociaux,familiaux et idéologiques soient lacause de leur déviance. Mais à chacunsa croix. Et si chaque détenu demandeà un inconnu, avant même de seprésenter « Et toi, pourquoi t’estombé ? », tout le monde s’en fiche, aufond. C’est juste un moyen d’engager laconversation. Ce qui leur reste est larage de survivre et un sacré compte àrebours.Tous les gangs et <strong>org</strong>anisations sontprésents à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>. On peutmême dire qu’on peut y rencontrer lesplus belles et les plus terriblescaricatures de ce qui existe dans lesruelles sombres de LA.Dans ce chapitre seront décrits leschefs de meute et leur second couteauincarcérés avec leur quartier, leurnuméro de cellule, leur peine de prisonet une brève description de leurphysique et leur personnalité. Attention,les effectifs précisés en gras sont ceuxdes membres déclarés des gangs,ceux protégés par eux sont bien plusnombreux et difficilement quantifiables.C’est en observant la diversité desdétenus de <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> que l’oncomprend mieux pourquoi en un an deprison ou en dix en de liberté, on aexactement les mêmes connections : lataule recrée le microcosme desgrandes villes à une échelle beaucoupplus rapprochéeDossier <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> - 4 - Concours LudoCortex-Asmodée


5.1 LES GANGS AFRO-AMERICAINS5.1.1 Les Crips : environ quatre-vingtdétenusL’entraide pourrait sembler obligatoirepour les plus anciens gangs de LA.Même si en apparence, les Cripsenterrent leurs querelles en taule, lesdeux plus grands gangs (les Rollin’ 60’set le Eight Tray) ne ratent pas uneoccasion de se tirer dans les pattes.Bien sûr, ils ne peuvent pas voir deBloods en peinture.Chef du Rollin’ 60’s à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong><strong>Point</strong> : Phil Troyer, 34 ans. Quartier D,cellule 358. A pris 35 ans pourhomicide volontaire avec torture ettrafic de drogue.Ce colosse d’ébène est un ancienlieutenant de son gang, balancé par unmouchard lors d’un règlement decompte. Particulièrement violent etcolérique, il est le plus imprévisible hautplacé des Crips. Il croit intimement queceux qui ne peuvent résister à lapression ne méritent pas d’exister. Ilvaut donc mieux lui montrer qu’on n’apeur de rien si on veut bénéficier de saprotection.Second couteau : Largo Cam, 25 ans.Quartier D, cellule 356. A pris 25 anspour homicide volontaire avec torture ettrafic de drogue.Presque le jumeau physique de sonsupérieur, les scarifications en plus. Iln’est que l’intendant de Phil Troyer,gérant ce que son chef n’a pas enviede traiter. Cam a été formé par Troyeret possède les mêmes croyances quelui. C’est son jugement qui décide del’acceptation des nouveaux venus.Chef du Eight Tray à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong><strong>Point</strong> : Imam Ahmed Ben Soulan, 66ans. Quartier D, cellule 301. Prison àperpétuité pour blanchiment d’argentsale et financement partiel du sabotagedu Golden Gate de San Francisco de2024 pour le compte d’Al-Qaida (4.000morts et 4.000 disparus).Cet imam grisonnant possède dans sonregard toute la furie ordonnée des plusvaillants extrémistes. Son éloquencefait de lui un meneur d’hommes horspair et il paie ses nombreusestentatives de rébellion générale par denombreux séjours en QHS…Second couteau : Fahrid Elmerid, 22ans. Quartier D, cellule 301. 10 ans deprison pour blanchiment de l’argent dela drogue. Brillant théologien, ilreprésente la parole éclairée etmodérée du Eight Tray, par rapport auxsermons violents de son maîtrevieillissant. Il reste dans l’ombre del’Imam en attendant de prendre saplace. Elmerid assiste égalementl’aumônier chrétien de la prison pour leculte musulman du vendredi matin.5.1.2 Les Bloods : environ cent dixdétenusIl n’existe pas de très grands gangs ausein des Bloods, comme chez lesCrips. A <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>, un seulhomme a réussi à unir tous les Bloodsprésents, survie oblige. Ce chef estissu des Bloodstone Pirus, le gang quia vu naître l’alliance Bloods dans les70’s. Muhammad Thompson estl’ancien exécuteur personnel deMuhammad Padishah, le chef de laBlack Charia.Leader des Bloods : MuhammadThompson, 39 ans. Prison à perpétuitépour viol et assassinat. Quartier C,cellule 268. Thompson se considère luimêmecomme un « Chevalier d’Allah »,se devant de détruire ceux qui renientl’Islam, l’existence d’Allah ou la foi enMahomet. Il a ainsi fait payer nombred’infidèles sur les ordres de Padishah.Ne voulant pas tuer de femme infidèle,il se contentait de les violer. Thompsonmutilait par contre atrocement leshommes, au couteau. Il s’est rendu à lapolice suite à un assassinat qui a maltourné : il avait descendu en plus legarçon de sa victime et était gagné parle remords. On n’a par contre jamaisréussi à prouver l’identité de soncommanditaire.5.2 Les Gangs Latinos : environ troiscent détenusLes plus grands gangs hispaniques deCalifornie sont représentés ici :Dieciocho, MS13, Eme, Florencia 13 ouMara Salvatrucha, peu importe. Ici, leslatinos sont majoritaires, maisfortement morcelés et opposés entreleur appartenance de cliqua. Commeen liberté, il n’existe pas de véritablechef dirigeant les cholos, à part Dieu etune grande idée de l’honneur. Parcontre, on peut croiser en cellulecertaines personnalités.- Omar Flores, 41 ans, Quartier D,cellule 302. Condamné à mort pourtriple meurtre alors qu’il était enconditionnelle. Ce type est un vraiboucher, qui s’est hissé à la tête de laEme à force de violence et de brutalité.Ses avocats ont jusqu’à présent réussià repousser la délibération de la CourSuprême devant statuer sur sonexécution. Flores a même annoncépubliquement que les juges et les jurésqui l’avaient condamné seraientliquidés le jour de son exécution, toutcomme le président de la CourSuprême, s’il ne le gracie pas…- Eduardo Mendez, 21 ans, Quartier A,cellule 13. Condamné à quinze ans deréclusion criminelle pour l’assassinat desa copine qui le trompait. Eduardo estle fils de l’adjoint au maire de SantaBarbara Ricardo Mendez, et on prenddonc grand soin de lui dans la prison,même s’il a renié son père et s’écartede beaucoup de l’éducation que cedernier lui a donné. Chouchouté par lesgardiens, il est haï du plus grandnombre, et Eduardo adore ça :provoquer les nouveaux à la faute estle passe-temps favori de cetintouchable, qui pourrait pourtant unjour méchamment tomber dans unescalier…5.3 La Mafia Russe : quarantedétenusLes Vor v Zakone et les Autoritety sontpeu présents à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>, peutêtreparce que la mafia est plusvigilante que les gangs. Par contre, onne trouve aucun membre avéré deBaba Yaga dans les prisonscaliforniennes. Tout comme les Latinos,les Russes sont croyants à l’extrême etrespectent énormément l’aumônier,leur seul lien avec la religion. Ils se fontrespecter des gardiens, pour la plupartcaucasiens comme eux, qui les laissenttranquilles s’ils ne font pas de grabuge.On pense que les Russes arrivent àfrauder de l’alcool, du thé et du matérielde tatouage en prison.Igor Brokcewitz, 51 ans, Quartier C,cellule 253. Dix ans de prison pourblanchiment d’argent sale. Ce Vor vZakone est un homme calme à la barbeblanche toujours impeccable. On le voitsouvent sucer un sucre trempé dans duthé. Personne ne songe à énerver cetaristocrate du crime raffiné, le dernier àl’avoir fait ayant été retrouvé pendu parses tripes au générateur électrique. Onpense qu’Igor est bien protégé par seshommes, mais non ! Brokcewitzs’occupe lui-même, et avec plaisir, despetits plaisantins…5.4 Les Triades : une dizaine dedétenusEncore une mafia efficace avec peu demembres en taule, puisque seulsquelques exécutants peu prévoyantsou manquant de chance ont étéincarcérés. Ils jouent profil bas, maissauront par la suite bien se venger deceux qui les ont humiliés. Ceci étant supar tous, on ne leur cherchegénéralement pas de crosses.Dossier <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> - 5 - Concours LudoCortex-Asmodée


Mensonges« La grille se referme dans un bruit métallique assourdissant de grincements. Je suis dans une cellule, seul. Mais il y a troisautres lits vides. Je repasse dans ma tête le défilé dont je viens d’être le centre d’intérêt et le principal spectateur. Deux lignesd’une vingtaine de cellules grandes comme des clapiers où s’entassaient les pires criminels arrêtés ces dernières années. Lequartier D : les pires sont là. Déjà que <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> est réputé pour être pire que l’ancienne Alcatraz, ils m’ont collé dans lequartier D, surnommé « <strong>No</strong> Return ». Des peines à perpétuité, des condamnés à mort, des tarés, de gros psychopathesassoiffés de sang et finalement assez peu de surveillance. Le quartier D se gère un peu tout seul et possède le plus fort tauxde mortalité carcérale au monde : 133 morts et 402 blessés l’an dernier lors de règlements de compte, émeutes, bagarres etautres assassinats divers.Les détenus ne me regardaient pas depuis leurs barreaux, quand mes gardiens passaient en me traînant par les aisselles (jeles aurai presque supplié de m’aider, de ne pas me laisser là, mais aucun son ne sortait de ma g<strong>org</strong>e). <strong>No</strong>n, ce n’était pas unvrai regard, c’était le pur désir de m’avoir comme jouet personnel. Ici était un microcosme d’une prison normale, en bien pire :les gangs et clans s’affrontaient ouvertement, devant des gardiens impuissants, n’intervenant pas de peur de prendre descoups. Un gardien mort ne peut plus nourrir sa famille…J’en étais là dans mes souvenirs quand la grille grinça. Les portes des cellules avaient été rouvertes par le central, lesgardiens étaient ressortis du « D ». Trois grandes armoires à glace noires sont arrivées dans ma cellule, l’air méfiant. Ilsportaient chacun un vêtement rouge, que ce soit une casquette, un bandana ou un gant. Ouf, ils m’avaient collé avec desbrotha ; et des Bloods, qui plus est. J’avais de la chance, je connaissais bien le milieu des gangs, ayant été taxi. Je répondaisà leurs questions le plus sérieusement du monde, me faisant passer pour le chauffeur de Josh Woundy, un braqueur debanque affilié aux Bloods qui était resté sur le carreau il y a 6 mois en descendant 12 personnes avant de se faire avoir par cesbâtards du COPS. Tout se déroulait parfaitement. Ils ne me connaissaient pas, mais on ne connaît jamais les pilotes des starsdu banditisme. Le mensonge prenait, j’aurai finalement peut-être la paix. Ils m’ont présenté à une douzaine de Bloods présentsau « D » et m’ont mis en garde contre les Crips et les enfoirés de Nazis présents. Les Islamistes n’étaient pas vraiment unemenace, mais il fallait se méfier quand même.Le rituel d’intronisation consistait à aller tabasser un ennemi du gang. Je décidai de le faire de suite, histoire de me poser endur et de me débarrasser de la tâche. Je n’ai pas assez bien observé avant d’agir. J’ai pris le premier petit nazillon venu et luiai collé la dérouillée de sa vie. Il n’a rien vu venir. Mais j’ai ensuite eu tout le loisir de le voir, en sang, aller discuter avec ungardien, qui l’a embarqué directement à l’infirmerie. J’ai compris trop tard que ce type-là était protégé. A son retour, il avait lesourire aux lèvres. Il est allé voir Muhammad, le chef des Bloods du « D » et lui a chuchoté un truc à l’oreille. Muhammad abaissé les yeux, mais j’ai bien vu sa tête tourner dans ma direction.Ce soir-là, je me suis couché avec la peur au ventre. Vers 2h du mat’, la grille de ma cellule s’est ouverte. Mes compagnons dechambrée m’ont maintenu à plat ventre sur mon lit et m’ont empêché de hurler. Ils étaient l’étau qui serrait le fer prêt à se fairebattre. Muhammad s’est avancé et a sorti un cran d’arrêt. Il s’est agenouillé sur mon dos et m’a susurré à l’oreille :« Tu sais que c’est pas beau de mentir, Jerry ? C’est même très vilain. Mais je vais te corriger, sale enculé de pédophile ! »J’ai senti le couteau taper mes côtes et ma colonne plusieurs fois, en plusieurs points différents. A chaque fois, je sentais lalame tourner dans la plaie. Ensuite, je n’ai plus rien senti du tout. »5.5 Les Yakusas : une quinzaine dedétenusLes Yakusas incarcérés sont tous delointains exécutants de l’Obayun, quiveille toujours sur ses employés. Il nepeut rien leur arriver en prison et ilsdoivent s’y montrer exemplaires pouren ressortir le plus vite possible. Lefautif est exécuté en cas demanquement à cette règle, ainsi quetoute sa famille. Cela vaut aussi pourles détenus irrespectueux avec lesYakusas. Ils sont menés dans la prisonpar Mefume Kiire, un guide spirituel de72 ans, se disant lui-même « ancienmaître-sabre et Ronin ».5.6 La Mafia Irlandaise : environsoixante-dix détenusOn ne trouve que les membresturbulents des Leprechauns à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>, et comme ils sontnombreux... Ceux assez fous ou assezivres pour faire un braquage en pleinjour à visage découvert ou pours’amuser à tabasser une patrouille duLAPD devant le commissariat, parexemple. Ce sont principalement desanciens terroristes de l’IRA en mald’action, qui ont décidé de rompre leurennui par des actions d’éclat.Il ne fait pas bon être protestant etcroiser un irlandais à <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>.Ces catholiques extrémistes sontappuyés par la majorité des gardiens etTerry Harmond dans leur lutte contre« les mauvaises gens ».Ils sont très liés à l’aumônier John Pier,qui tente diplomatiquement de diminuerleur ferveur et leur violence, et qui adéjà failli perdre une oreille ou untesticule lors d’un sermon.Josh Mac Connor, 33 ans, Quartier B,cellule 159, est le membre le plusinfluent des irlandais. Il en a pris pourdix ans pour trafic d’armes. Sesemployés sont toujours en liberté et ilest l’homme d’affaires de <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong><strong>Point</strong>, fournissant par son petitbusiness les « amis » des détenus enarmes et explosifs. Il sait mieux quequiconque qu’en deux ans de prison ouvingt ans de liberté, on a les mêmesconnections…5.7 La Mafia Italienne : environquinze détenusLa Cosa <strong>No</strong>stra n’est pas présente à<strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>, tout comme les Néocorléonnais.Seuls quelques membresde terrain de The Outfit (proxénètes,homme de main, racketteurs, dealers,casseurs) ont été arrêtés et surviventcomme ils peuvent derrière lesbarreaux. Branche humiliée del’honorable société, ils sont presqueméprisés par tous.5.8 Hiérarchie des criminelsEn prison comme en liberté, lescriminels possèdent une hiérarchie liéeà leurs activités. Ils respectentgénéralement les criminels de leurgroupe et au-dessus, et méprisentimpitoyablement ceux en dessousd’eux.Au bas de cette structure, on trouve lesdéviants sexuels (violeurs, pédophiles,prostitué(e)s et proxénètes). Ils sontgénéralement méprisés, ou utilisés,dans le pire des cas.Ensuite viennent les dealers etraffineurs de drogue. On ne les aimeDossier <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> - 6 - Concours LudoCortex-Asmodée


que peu, car ils détruisent la raison deleur victime.Les assassins et meurtriers sontconsidérés, car ils n’hésitent pas à tuerpour arriver à leurs fins.Arrivent ensuite les braqueurs etcambrioleurs, car ils sont des ombreset n’ont pas à tuer ou détruire pourgagner de l’argent.Au sommet, la criminalité en col blanc,très liée au pouvoir et à une formeélevée d’éducation.__________6. HYGIENE DANS LESPRISONSA leur sortie de prison ou de maisond’arrêt, les repris de justice californiensreçoivent entre 2 et 200 dollars de« gate money » (argent de sortie) pourles aider à redémarrer, leurs vêtementset un billet d’autocar pour rallier la villeoù ils sont tenus de résider. Mais bonnombre d’entre eux sortent dedétention avec un tout autre bagage :sur les quelque 85.000 détenus libérésau cours de l’année 2030, plus de12.000 étaient porteurs du virus del’hépatite C, 1.300 étaient contaminéspar le virus du sida et 500 avaient latuberculose. Ces chiffres (fournis par laCommission nationale sur la santépénitentiaire)représententrespectivement 29%, 13%, 17% et65 % du nombre total de californienstouchés par ces maladies. Leschercheurs en santé publique sonnentl’alarme : l’épidémie d’incarcération quibalaye le pays s’accompagne d’une« incubation massive » de maladiesinfectieuses dans les prisons.Ces chiffres impressionnants n’ont riende surprenant. <strong>No</strong>mbre decomportements qui valent d’être jeté enprison (injection de drogues,prostitution ou violence contre lespersonnes) sont également desvecteurs de maladies à transmissionsexuelle ou sanguine. Un banal coupde filet se traduit par l’arrestation depersonnes gravement malades ou enpasse de le devenir. Une fois celles-ciderrière les barreaux, lescomportements à risques perdurent,mais sans le minimum de protections(parfois) prises à l’extérieur : puisqueles rapports homosexuels, les drogueset la violence contreviennent à la loidans les prisons, tout matériel lié à cespratiques (seringues, aiguilles, eau deJavel, préservatifs ou protections delatex) relève de la contrebande (mêmede l’eau propre pour le rinçage dumatériel est difficile à obtenir).Résultat, un système de débrouille dela part des détenus, qui entraîne lepartage des « seringues » de fortune(bricolées à partir de cartouchesd’encre, de pailles et de cordes deguitare). En l’absence de préservatifs,les rapports sexuels (forcés ouconsentis) se font couramment sansprotection. En outre, le tatouage et lepiercing, activités ailleurs relativementà l’abri du danger de transmission duVIH ou de l’hépatite C, deviennent despratiques à haut risque en milieucarcéral. En effet, elles y sont interditespar la loi et le matériel nécessaire y eststrictement proscrit ; il est doncprécieusement conservé en secret etpartagé par les détenus.La décoration corporelle est uneactivité fortement valorisée et ritualiséechez les détenus, pour qui le tatouagecrée des représentations permanentesde l’identité qui ne peuvent êtreconfisquées par les autorités ; ellessont autant d’affirmations positives desoi dans un environnementfoncièrement négatif. Il est aussi unmoyen de signaler visuellementl’affiliation de chacun à tel gang ou tellecliqua, et donc de se distinguer parmiune foule d’individus anonymes etinterchangeables. Illégales en prison,les activités impliquant l’usaged’aiguilles s’opèrent donc dans laclandestinité. On estime toutefois quele tatouage concerne un nombre deprisonniers plus important quel’injection intraveineuse de drogues etpourrait bien constituer la première voiede transmission du sida et de l’hépatiteC derrière les barreaux.Le problème est justement que lesdétenus ignorent trop souvent lesmécanismes élémentaires detransmission, de prévention et detraitement des maladies virales. Ils nebénéficient souvent d’aucunecouverture médicale avant leur misesous écrou. L’aide médicale gratuite,destinée aux indigents, exclut touttraitement visant la toxicomanie, lesaffections mentales et certaines autresmaladies graves.En entrant dans un établissementpénitentiaire, le condamné peut aussiignorer qu’il est porteur d’une maladieinfectieuse.A leur arrivée en maison d’arrêt ou depeine, puis de manière périodique au filde leur incarcération, les détenussubissent un dépistage de certainesmaladies telles que la tuberculose et lasyphilis, mais ni le VIH ni l’hépatite nesont systématiquement testés. De plus,lorsque les procédures médicales nesont pas expliquées (ou qu’unprisonnier ne parle pas l’anglais,comme c’est le cas de très nombreuxhispanisants), ou quand ils subissentune ponction de sang, certains détenuscroient, à tort, avoir subi ces tests. Enl’absence d’avis ultérieur les notifiantdu contraire, ils s’imaginent alors quetout va bien en la matière.Le recours à des officines médicalesincompétentes ou véreuses aggravecette gabegie : lors de la dernièredécennie, un laboratoire privé livrapendant plusieurs années àl’administration pénitentiaire deCalifornie de faux résultats de testsconcernant des dizaines de milliers deprisonniers. Alertés par de grossièreserreurs dans les rapports reçus, leministère de la santé découvrit dans lelaboratoire en question du matérielinutilisé, un désordre complet, deséquipements de tests hors d’usage ethors calibrage. Quatre ans après lesfaits, lorsque le San FranciscoChronicle les divulgua, l’administrationpénitentiaire ne s’était toujours passouciée de faire retester les prisonniersayant reçu des informations fictives ouerronées quant à leur éventuelleinfection par des virus mortels et pourcertains contagieux. Entre-temps, ledirecteur du faux laboratoire avait reçul’autorisation de monter un autreétablissement d’analyses médicales…Même négligence coupable quand unprisonnier, ayant accédé à la suited’une erreur du personnel carcéral àson dossier médical datant d’uneincarcération précédente, fut stupéfaitd’apprendre que ses résultats à un testd’hépatite C effectué deux ansauparavant sous écrou étaient positifs,ce dont il n’avait jamais été informé. Sacompagne, avec qui il avait vécu entredeux séjours derrière les barreaux,découvrit alors qu’elle était égalementcontaminée (sans doute lors d’une despermissions de sortie du prisonnier).Parmi les 85.000 personnes relâchéeschaque année des maisons d’arrêt etde peine de Californie, un fortpourcentage sont porteuses demaladies infectieuses qu’ellesintroduisent dans leur milieu d’accueilet menacent de transmettre à leurspartenaires sexuels et aux personnesavec lesquelles elles partagent desseringues ou des fluides corporels.6.2 Bévues médicalesLes prisonniers ne perçoivent pasl’environnement carcéral comme unlieu à risques en la matière. Ils nejugent donc pas nécessaire de prendredes précautions particulières pouréviter les rapports sexuels nonprotégés à leur libération. De fait, dansla mesure où les établissements dedétention fournissent une alimentationrégulière, un toit et un minimum desoins médicaux, ceux qui vivent àl’extérieur dans des conditions de trèsgrande précarité sociale, tels les sansabri,sont susceptibles de lesconsidérer comme des lieuxDossier <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> - 7 - Concours LudoCortex-Asmodée


Plan du Rez-de-chaussée de <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong>Dossier <strong>No</strong>-<strong>Hoper</strong> <strong>Point</strong> - 9 - Concours LudoCortex-Asmodée

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