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Livret d'exposition - FRAC Centre

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17qu’exacerber nos relations à autrui, imprégnées de ce désir pervers et conscientde mise en spectacle de sa vie. L’Ambassade du Portugal à Berlin (1998), contretoute attente, exhibe, elle aussi, ce qui d’ordinaire est méticuleusement protégé :le cabinet du diplomate. Visible depuis l’extérieur tout comme le reste, cet espacerévélé, entend ici dénoncer une autre hypocrisie supposée, celle de la diplomatie.PorositéLe travail de Faustino interroge non seulement l’apparence, mais surtout sonaltération. Ainsi, la vidéo constitue pour lui un outil privilégié d’investigationpour des projets architecturaux à venir. Dans In, Trans, Ex (1997), les symptômesde la porosité du corps altèrent l’espace et sa représentation. Là, le visage en sueurd’un homme filmé en plan fixe sur fond sonore urbain se désagrège peu à peu pourse distordre en une figure monstrueuse. Les gouttes de transpiration, tombéessur l’objectif ont altéré non seulement la netteté de l’image mais l’identité dusujet. Dans cet effet d’interaction, de quasi morphing entre corps, espace etimage, toute la fragilité de l’apparence du corps et la porosité de l’espace s’yexpose. L’architecture chez Faustino se conçoit presque comme une surfacetextile, déformable et sensible à l’acte humain. Image de nos propres actions,l’architecture y est comme une extension de soi, mentale et physique. Immersion,diptyque vidéo, confronte simultanément sur deux moniteurs se faisant face, d’uncôté l’image d’un homme effectuant un effort de plus en plus éprouvant et, del’autre, le mot « immersion » qui se déforme sous l’impulsion de mouvementset de sons. Le rapport de simultanéité rend équivoque la relation qui lie les deux« protagonistes » : un corps en perte d’ancrage semble agir sur l’espace liquideen continuelle mutation lui faisant face (l’écran affichant le mot immersion), etce même corps semble agi par un milieu où se sont effondrés les repères. Demême, dans Spacemaker, (1996), l’usager est confronté à une enveloppe soupleet poreuse munie de loupes placées à chaque extrémité, au travers de laquelles’infiltrent l’air et le son. L’extérieur s’y appréhende dans toutes ses dimensionsde manière amplifiée.la sur-information » explique Didier Fiuza Faustino.Chacune de ses pièces exprime une forme de miseen danger ontologique. Si l’espace s’y définitcomme lieu d’inscription du corps, l’expériencesensible et sensuelle à partir d’une situation instableen constitue le fondement. Evoquant les principesdu groupe Archigram selon lesquels l’architecturese conçoit comme lieu d’expérience, ou certainesrecherches de Coop Himmelb(l)au fondées sur unespace polysensoriel engageant le corps dans saglobalité sensible (Villa Rosa, collection <strong>FRAC</strong><strong>Centre</strong>), celles de Claude Parent et Paul Virilioqui, par l’installation de plans inclinés, entendaientactiver la charge potentielle contenue en chaqueindividu et redonner au corps son importancevéhiculaire (Sainte-Bernadette-du-Banlay, 1966,collection <strong>FRAC</strong> <strong>Centre</strong>), ou celles plus récentes deNOX qui, par l’usage des nouvelles technologies,crée des « paysages » interactifs (Pavillon de l’eau,collection <strong>FRAC</strong> <strong>Centre</strong>) et nous plonge dansun univers où s’abolissent nos repères habituels,les projets de Faustino prônent eux aussi unedéstabilisation radicale pour une re-connaissance del’espace par un être sensible,ici et maintenant.Nadine Labedade« Il n’y a pas d’esprit humain sans corps. Pour vivre à cette époque de nouveauxmédias et de réseaux de communication, il faut recouvrer sa conscience du mondephysique. L’architecture peut être un outil pour exacerber nos sens et aiguisernotre conscience de la réalité qui tend à s’effacer sous l’effet de la vitesse et de

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