Dieu et les tout-petits

Mensuel protestant belge • Église Protestante Unie de Belgique • N° 11 - décembre 2008 • Mensuel sauf août • Prix au numéro : 1,50 Dieu etles tout-petitsBelgique - BelgiëP.P. - P.B.1050 Bruxelles 5BC 4785© Frédéric Galliez

Coupde projecteurPerception de Dieu etpsychologie de l’enfant© Frédéric GalliezLorsque nous parlons de Dieu, entre adultes,la conversation oscille entre spiritualitéet religion. Les deux sujets s’emmêlent,s’enroulent, s’emberlificotent, s’entrechoquentparfois. Et restent inséparables.Dire Dieu aux tout-petits, c’est partir duprincipe que le tout jeune enfant peut avoiret développer une vie spirituelle. Et qu’ilpeut participer à la vie religieuse de sesparents et de la communauté à laquelle ilsappartiennent.Cette idée diversement acceptée à traversles âges et dans les différentes religions,qu’en penser aujourd’hui ?Petite enfance, prémices de la spiritualité ?Le sens de l’“ici et maintenant”, premiermode de fonctionnement de pensée debébé jusqu’à huit mois, à première vuesimpliste, est la base même de la prière (viespirituelle), et de la théologie (religion) :nous prions Dieu et nous en parlons carnous avons cette aptitude à voir son actiondans notre “ici et maintenant”. Cet “ici etmaintenant” qui était l’enjeu de notresurvie physique lorsque nous étions bébé(manger, dormir) devient l’enjeu de notresurvie spirituelle d’adulte. En grandissant,nous apprenons par l’expérience (passé) àélargir notre survie au “là et quand…” (futur).Nous bénéficions d’un ancrage dans laspiritualité de ceux qui nous ont précédés,et nous nous ouvrons à l’eschatologie.Le sens du “mystérieux” et l’acceptationd’expériences de vie, en principe incompréhensibles,préparent le terrain de “l’expériencespirituelle”. Là où l’adulte cherche àexpliquer comment s’allume l’allumette oucomment fonctionne l’interrupteur, le petitenfant exerce sa capacité à admettre lemiracle. Ça fonctionne, tout simplement.Notre enthousiasme à écouter mille et millefois les récits bibliques s’enracine dansce merveilleux : parlez-moi d’un gué praticablecertains jours dans la Mer Rouge, jepréfère Moïse brandissant son bâton pourécarter une eau déchaînée ! Et ma visionenfantine est plus proche du texte bibliqueque toute rationnelle explication…Pour lire la Bible et découvrir lestextes de façon ludique, en famille,entre amis, à la maison, envoyage.Pour chaque texte biblique (21textes choisis du 1er Testamentet 21 du Nouveau Testament), desjeux qui aident à comprendre ets’approprier le récit.PAGEg Mosaïque N° 11

umeurNoël le 5.11.« Oui, c’est un matin où j’ai envie decroire de toutes mes forces au pèreNoël. Juste ce matin ». Voilà commentma meilleure amie, Lausannoised’adoption commence son mail dujour. Je pense qu’elle n’est pas seule,dans ce monde chahuté, à investird’énormes espérances en cet homme,« coloured » comme ils disent là-bas.Il y a quelques jours, mon quotidienpréféré titrait : « Le monde entier votepour Barack Obama. ». Les attentes sontgrandes… Trop ?Après les années Bush, sa politiqueultra libérale en économie, en terrainsocial, en gestion de l’environnement,ses vues simplistes en affaires étrangèreset en droits humains, soupçonnantde terrorisme tout ce quiporte barbe et turban, y compris desOuïghours victimes de violations desdroits humains en Chine et enfermésà Guantanamo… Après ces annéeslourdes de guerre contre l’Irak, demenaces de guerre contre l’Iran, desoutien à des régimes peu respectueuxdes libertés fondamentales, le mondeentier attend et espère…Le monde entier fonde ses attenteset son espérance sur cet homme deChicago, dont le discours d’hier avaitdes accents qui me rappelaient unautre noir, un certain Martin LutherKing …Je ne peux m’empêcher de remonter letemps, jusqu’à une époque troublée dudébut de notre ère : guerres, famines,persécutions, pauvreté, épidémies,gouvernements arbitraires, occupationennemie, intolérance religieuse,goût du lucre fleurissaient commeDécembre 2008 g Mosaïquechardons en prairie dans ce pays grandcomme un confetti aux yeux des maîtresdu monde de l’époque.Hérode, le larbin des Romains, régnait,voulait laisser un souvenir impérissablepar les constructions qu’ilcommandait. Pas de souci du pauvre,pas de justice, obéissance due à l’occupant,imposition lourde, le peuple decette contrée, baptisée Palestine parles Romains, avait toutes les raisons dedésespérer et de mettre sa confianceen n’importe lequel de ces gogos promettantmonts et merveilles, promessesdont la libération du pays était lacolonne vertébrale. Époque terrible àlaquelle la nôtre ressemble à bien deségards et à laquelle les conditions devie de la majorité de l’humanité de cedébut de XXIe siècle peuvent faire référencesans craindre de trop grandsanachronismes.Désespoir, crise, mots-clés de notreépoque et de celle entourant la naissancede Jésus…Un homme a été élu aux USA, cristallisantles aspirations de tout un peuple: renouveau économique, prise encompte des difficultés des plus pauvres,accents mis sur l’éducation, recherchede paix. Son élection massivelui met un poids terrible de responsabilitéssur les épaules. Il doit réussir,il doit répondre aux attentes sinon lachute sera terrible et les lendemainsamers.De plus, le laissera-t-on agir ? Les différentslobbies aux commandes dumonde économique vont-ils permettreune gestion innovante de la crise,va-t-on accepter plus de social, moinsde libéralisme outrancier ?Un homme est né dans une étable,endroit inconvenant pour celui qui sedit Fils de Dieu. Cet homme qui vientavec des idées de partage, d’amour, deservice, entame le pouvoir de ceux quidétiennent un monopole. Une religionde l’amour, réellement mise en pratique,met en danger tous les pouvoirsbasés sur des relations de gouvernantsà gouvernés, dans tous les domaines :économiques, politiques, religieux,sociétaux, familiaux…C’est tellement vrai que ce Jésus deNazareth a payé de sa vie sa fidélité etson obéissance à la cause de Dieu.Espérons que Barack Obama mettra enœuvre une même fidélité et une mêmeobéissance, dans l’amour, l’ouverture,la lucidité et qu’il ne devra pas en payerle prix fort.Faisons un rêve !Yvette VanescotePAGE

‘ici…Taizé à Bruxelles – 27.12.08 – 2.1.09Intense préparation du rassemblement de jeunes européensPAGE10Rencontre avec Frère David. Originaire du Portugal, il est frère de Taizédepuis quinze ans et un des responsables de l’accueil des milliers dejeunes visiteurs et de l’animation de rencontres.Avec d’autres frères, il est à Bruxelles jusqu’en janvier pour prépareret encadrer la rencontre des 30 à 40.000 jeunes autour de la nouvelleannée…Mosaïque l’a rencontré.Mosaïque : Comment se déroule cettepréparation ? Quels sont les perspectiveset les défis ?Frère David : Nous sommes arrivés enseptembre, six frères de Taizé, douzejeunes bénévoles et des sœurs de SaintAndré. C’est toujours un grand défi depréparer une telle rencontre. Nous avonsun peu l’expérience des années précédentesmais nous voulons avant toutnous mettre à l’écoute des paroisses,des groupes de jeunes, des écoles, rencontrerles personnes. Nous ne voulonspas venir avec une recette toute prêtemais chercher ensemble comment préparer.De notre côté, nous devons voiraussi comment incarner notre vocationde frères dans des conditions bien différentesde celles de Taizé : organiser nostemps de prière, de réflexion, de partagecommunautaire pour ne pas nous laisserdéborder par les tâches. La prière dumatin et du soir encadre notre travail :contacts et préparation des visites dequasi chaque soir. Chaque jour à 12h30sauf le dimanche, nous avons une demiheurede prière ouverte à tous en l’égliseSt Nicolas près de la Bourse : chants, lecturede la Bible, silence, un peu à la façonde Taizé. C’est une joie de voir pas malde gens s’y associer. Dans les paroisses,nous rencontrons les groupes de préparation- plus d’une centaine déjà. Chaquematinée de la rencontre de fin d’annéese passera dans les églises d’accueil.Nous aidons les groupes à préparer cesmoments et voyons avec eux commentinviter aussi des personnes à venir les vivreavec les jeunes, façon de découvrirquelque chose de plus de leur proprecommunauté…M : Et les après-midi et les soirées auHeysel ?…Frère David : C’est un défi que de vouloirtransformer ces grands palais enespaces qui invitent à la prière… Nousavons réfléchi cela avec des frères venustout exprès. Maintenant, avec des jeunes,ils préparent à Taizé le matériel dedécoration. La prière sera organisée dansles palais 7, 11 et 12, les repas distribuésau palais 1 et les jeunes mangeront dansle 3. La bonne vingtaine de langues serarépartie entre les trois lieux de prière(français et néerlandais au 12). Nous nouspréoccupons aussi de la gestion des fouleset de la sécurité. Nous voulons quetout se passe bien.M : Quel est le thème choisi pourBruxelles ?Frère David : Le thème concret, nous nele savons pas encore. Bruxelles est uneétape du « Pèlerinage de confiance surla terre », articulé autour de deux axes :vie intérieure et solidarité. Comment laprière peut-elle nous ouvrir aux autres, àla solidarité ? Juste avant Bruxelles, a lieuune autre étape à Nairobi. C’est dans levécu de cette étape africaine que nousallons puiser l’inspiration pour le thèmeconcret de Bruxelles.M : Sans doute que notre pays et sesdifficultés linguistiques ainsi que la crisemondiale vont également marquer larencontre ?Frère David : Il y a des problèmes partoutet nous n’avons pas de solutionmiracle. Nous ne pouvons cependantpas rester indifférents. Alors, réunir desgens, les inviter à prier ensemble, à separler c’est déjà ça. Et toutes ces famillesqui vont accueillir des jeunes sans choisirleur nationalité, leur langue, c’est aussis’ouvrir aux autres. Et lorsque nous sommesaccueillants pour ceux qui viennentde loin, naturellement vient aussi la question: comment devenir plus accueillantpour ceux qui vivent près de nous, dansla même ville ? Bruxelles est très internationale: il suffit de se promener dans lesrues, de regarder les visages, d’écouterles langues… C’est aussi un symboled’une marche commune en Europe. Entemps de crise, on ne voit parfois quedes aspects négatifs de la constructioneuropéenne. Mais en regardant aussice qu’elle a de positif, on pourra sedemander : comment élargir une telleexpérience, aller au-delà, vers ceux quisont chez nous avec d’autres façons depenser et de vivre ? Comment m’ouvrirà une réconciliation avec celui que je necomprends pas encore mais qui aurapeut-être aussi quelque chose à me direqui pourra m’enrichir ?g Mosaïque N° 11

D‘iciAction des Chrétienspour l’Abolition de la TortureOng Thong Hoeung, né au Cambodge en 1945, rescapé des camps detravail sous le régime khmers rouges, actuellement témoin au procèsdes responsables du génocide au Cambodge.Il était étudiant à Paris lorsqu’en avril1975 les Khmers rouges prenaient lepouvoir à Phnom Penh. Comme denombreux Cambodgiens de l’époque,il crut alors que ce changementde régime signifiait un renouveauet un avenir meilleur pour son pays.C’est donc plein d’enthousiasme qu’ildécida en juillet 1976, de même quebeaucoup d’autres intellectuels vivantà l’étranger, de rentrer au Cambodgepour participer à ce qu’il pensait êtreles débuts d’une renaissance progressistede son pays. À son arrivée, c’estla désillusion : Ong Thong Hoeung futaussitôt emmené en camp de rééducation,première étape d’une traverséede l’enfer qui dura trois longuesannées, jusqu’à la défaite des Khmersrouges en 1979.Rescapé du génocide (entre 1,5 et 2 millionsde morts, soit près d’un quart dela population de l’époque), Ong ThongHoeung a trouvé refuge en Belgiqueoù il vit depuis 1982. Il n’a cessé detravailler à faire vivre la mémoire desDécembre 2008 g Mosaïquevictimes du régime de Pol Pot. Justeaprès la chute des Khmers rouges, ilfut archiviste au musée de Tuol Sleng,lieu de détention, de torture et d’exterminationpar les Khmers rouges.En 2002, il est retourné avec sa fille auCambodge (récit de ce voyage dans laLibre Belgique du 11 février 2003). Il estl’auteur du livre « J’ai cru aux khmersrouges » (Buchet Chastel, 2003), danslequel il raconte son histoire.Trente ans après les faits, les premièrescomparutions publiques desresponsables du régime de Pol Potdevant les chambres extraordinairesdes tribunaux cambodgiensviennent de débuter. Ong ThongHoeung est l’un des témoins à ceprocès. Il sera d’ailleurs au Cambodgeen novembre.A l’occasion du cycle de conférencesorganisé par l’Action des Chrétienspour l’Abolition de la Torture (associationà statut consultatif auprès duConseil de l’Europe et des Nations-Unies), pour les soixante ans dela Déclaration Universelle desDroits de l’Homme du 10 décembre1948, Ong Thong Hoeung viendratémoigner de son expériencelors de trois soirées organisées àBruxelles, Namur et Liège.Ong Thong Hoeung racontera ce qu’ila vécu et comment son épouse et luiont pu survivre à l’enfer. Au-delà dece témoignage bouleversant, il aborderaégalement un certain nombrede questions portant sur aujourd’hui.Comment vivre après une telle barbarie?Peut-on pardonner à des responsablesqui ne manifestent aucun remords? Comment témoigner de sonexpérience au Cambodge alors que lesquatre années de la terreur n’y sont pasenseignées dans les écoles ? Quellejustice pour les responsables khmersrouges et comment, trente ans aprèsles faits, mettre fin à l’impunité ?Conférence-témoignage àBruxelles, Namur et Liègedu 9 au 12 décembre.Bruxelles : le mardi 9 décembre,Facultés Universitaires Saint-Louis,boulevard du Botanique 43.Namur : le mercredi 10 décembre,aux Facultés UniversitairesNotre Dame de la Paix (Auditoirede la Faculté de médecine), place duPalais de justice.Liège : le vendredi 12 décembre,au Grand Séminaire, rue desPrémontrés 40.Les trois conférences débuterontà 20.15h.Pour plus d’informations,contactez Françoise Joris,ACAT Belgique francophone,quai au Foin 53 à 1000 Bruxelles(acatbelgiquefranco@hotmail.comet 02.223.01.59 (les mardi matin etjeudi après-midi) ou04.94.88. 44.97PAGE11

D‘iciDeux livres et un cdLire la Bible avec les exclus -Olivétan - Lyon 2008 - originalen américain Reading the Bible withthe damned -Un livre bien intéressant, même siau premier abord il y avait une sortede méfiance pour ce livre venu desÉtats-Unis. Mais en poursuivantla lecture cela devient non seulementintéressant mais passionnant.Roberto (Bob) est pasteur, aumônier en prison. Il anime desétudes bibliques avec des Mexicains clandestins arrêtés à lafrontière ou ultérieurement parce que sans papiers. Sanspermis de séjour, ces hommes rejetés de toutes parts ontbien souvent laissé leurs familles au Mexique. Quand ellesont pu s’établir aux States, elles vivent dans des conditionsparticulièrement difficiles. Dans ces prisons, il y a aussi beaucoupde repris de justice arrêtés pour trafic de drogue. Ilsse piquent, fument, vendent de la came, courent les prostituées.Bref des exclus, des “damnés” de la société.C’est avec ces hommes que Bob lit la Bible.Ainsi il nous fait découvrir une certaine lecture des textes.Il nous montre un Dieu qui s’occupe des faibles, des misérableset qui prend leur parti. On connaît ces textes maisson insistance nous les dévoile sous un jour nouveau, autre.Il faut voir les versets qu’il souligne et les enseignementsqu’il en tire.Un livre plein d’enthousiasme. Des approches sinon neuvesdu moins pas répétitives. Un livre encourageant Mais laquestion demeure : comment donner envie de se penchersur nos bibles avec un regard neuf ? Faut-il être un damnedpour comprendre l’Écriture ?Jeanne Somer-Gotteland, pasteurePrêcher, un art ?Certainement s’il s’agit d’apporterautre chose qu’un message intemporelsous forme d’un discours magistral.Car si l’on veut tenir comptede l’immense diversité des auditeursde la prédication, y comprisdans un même lieu de culte (de 15à 95 ans, blanc ou noir, médecin ougaragiste, pour ne rien dire de l’étatcivil et des enfants et de tout le reste), des circonstancesheureuses ou dramatiques par lesquelles passent ces auditeurs,des événements du monde qui marquent la vie deleur empreinte ou encore des activités de la communautélocale…, pas étonnant alors qu’il faille être un peu artistepour prêcher chaque dimanche !Ce livre regroupe les articles de différents auteurs qui, trèsconcrètement, abordent les multiples aspects de la prédicationavec le souci de guider ceux, laïcs ou pasteurs, quirelèveront le défi de rendre vivante et pertinente la bonnenouvelle de l’Évangile pour ce 21 ème siècle.Daniel Vanescote, pasteurSous la direction de Raphaël PiconÉd. Olivétan 18€PAGE12Oh, viens Seigneur.18 chants de l’Avent et de Noël.Pour chanter il faut connaître, etpour connaître il faut… entendre.Telle était la philosophie des CDédités il y a quelques années parl’éditeur du recueil de chant Arcen-ciel(Réveil). Ce besoin d’entendre les chants du recueilest toujours actuel et l’éditeur qui a pris le relais, Olivétan,propose entre autres une reprise de 18 des 24 chants del’ancien Aube Nouvelle sous le titre Oh! viens Seigneur.Réalisé en 1991 par la chorale de la Faculté libre de théologieréformée d’Aix-en-Provence, sous la direction de Jean-Claude Thienpont, actuellement pasteur de l’EPUB à Ixelles,et un groupe vocal et instrumental sous la direction d’AlainBergese, anciennement pasteur de l’ERF, cet enregistrementporte la marque de son époque et d’enregistrements faitsavec un minimum de moyens. Il n’a cependant rien perdude sa fraîcheur spontanée.Une idée de cadeau pour offrir le plaisir d’écouter des chantsfamiliers ou pour découvrir et apprendre quelques autresqui méritent de le devenir!Jean-Claude Thienpont,musicien et pasteur de l’EPUB d’Ixelles-Champ de Marsg Mosaïque N° 11

e làBarack ObamaProfesseur André LacocqueAu moment de boucler ce Mosaïque, les États-Unis élisaient leur premier président « colored » qui dès janvier2009 occupera le bureau Ovale de la Maison Blanche. Le professeur André Lacocque, Belge d’origine,Américain d’adoption, est notre correspondant “occasionnel” aux EU quand des événements importantss’y passent. Cette fois encore, il nous envoie ses réflexions suite à cette élection et nous l’en remercionschaleureusement.AMERICANA 4/11Barack Obama, le bien-nommé (Barak en langues sémitiquessignifie « béni »). C’était à n’en pas douter le “right man” àélire. Presque un inconnu il n’y a guère, le voici au pinacledu pouvoir – et avec sur le dos une immense attente populaire.Si immense, en effet, qu’on le regarde ici comme unsecond Moïse ! Déjà, du moins en espérance, il a sorti sonpeuple d’Égypte. Mais, selon ce même modèle, ce qui vientaprès, c’est la traversée du désert. Or, c’est ce qui arriveraindubitablement. Historiquement la plus dommageable des“Administrations” américaines laisse derrière elle une situationdésastreuse sur tous les plans. (On frémit à la penséeque McCain/Palin 1 auraient pu gagner les élections. C’eûtsonné le glas de l’Amérique). Obama doit tout reprendre ànouveaux frais. L’économie est la plus grande priorité, maisil y a mille autres urgences...L’Américain, plus peut-être que bien d’autres, est du typeimpatient et avide d’une solution miracle. Voilà Obama passantd’un rôle mosaïque ( !) à un autre, messianique. Les foulessont suspendues aux lèvres de cet homme charismatique(dont, incidemment, l’amour évident pour sa femme et sesenfants a profondément touché). Il rappelle John F. Kennedyet Martin Luther King. D’un tour de main, il a fendu les eauxet renversé la barrière raciale qui empoisonnait la sociétéaméricaine. D’un discours à l’autre, il a galvanisé les énergiesd’innombrables citoyens. En sa faveur, les Afro-américainsont voté en bloc, les intellectuels de même (les États quiont voté “républicain” figurent parmi les plus retardataires), 54 % des catholiques (malgré les conseils des prélats, nerveuxau sujet de l’avortement permis), beaucoup d’immigrants(légaux), etc. On notera que 26 % seulement des« evangelicals » ont voté pour Obama (lequel est membred’une confession chrétienne proche de celle de l’EPUB,Décembre 2008 g Mosaïquedonc pas assez « pentecôtisante » à leur gré ; George W.Bush était de leur bord). Mais peut-être le plus remarquablefut la participation d’un grand nombre de jeunes, mettantainsi fin à une endémique indifférence cynique vis-à-vis des“politiciens”.Que peut-on attendre du nouveau “superman” ? Sur le planéconomique, une politique énergique de redressement,avec un retour au contrôle fédéral (sans lequel le mondede la finance est devenu irresponsable et criminel). Sur leplan judiciaire, la nomination de juges libéraux à la CourSuprême (ceci est d’une importance capitale) et la fermeturede l’infâme Guantanamo. Sur le plan international, ledémantèlement de la stratégie de la canonnière, mais avecun engagement plus prononcé en Afghanistan, en parallèleavec un désengagement en Irak. Je prévois un rapprochementmarqué avec l’Europe et l’Afrique, et un relâchementde la tension avec l’Iran et la Russie, ce qui suppose uncontrôle plus serré de certains hurluberlus du Pentagoneet de la CIA.Qui vivra verra, mais l’énorme espérance américaine etmondiale qui s’est exprimée le 4 novembre (date locale)peut se comparer à la chute du mur de Berlin. Pas moins.1André LacocqueTheological Seminary de ChicagoDocteur honoris causa de BruxellesSarah Palin, potentielle Vice-présidente d’un Président septuagénaire nesavait pas que l’Afrique est un continent, ni quels sont les pays membres del’Alliance économique de l’Amérique du Nord. Sa candidature éphémère luiaura au moins permis de regarnir sa garde-robe -- aux frais du contribuable(près de $ 200.000).PAGE13

édi@s et relations publiques« Et si on profitait dela crise pour s’arrêter et réfléchir ?»Les médias nous assaillent depuis maintenantplusieurs semaines avec la crisefinancière et l’élection américaine. Levocabulaire « financiéro-économique »est expliqué, décortiqué. On spéculesur les conséquences et, la plupart dutemps, on impute à tel ou tel groupe oupersonne la responsabilité de ce qui arrive.Dès lors, alors que ces événementssemblent avoir un impact majeur sur nosexistences, ils nous sont présentés commeinéluctables. Le discours dominantconsacre notre statut de victime et renforcel’idée selon laquelle nous n’avonsque peu de prise sur les orientations économiquesou politiques des différentesinstances qui composent notre société.Pourtant un certain nombre d’initiativestémoignent d’une autre logique. Loinde proposer un nouveau système clé enmain, des organisations, des groupesde réflexion s’essayent à autre chose.Du statut de victime, ils passent à celuid’acteur, ils prennent le risque d’essayer.Dans le domaine de la consommationparticulièrement dopée en cette périodede fin d’année, différents événementsnous invitent à un autre regard, à unautre commerce.Le 26 octobre dernier, un défilé de modeConcours : Calvin en questionpas comme les autres se déroulait dansun centre de tri de l’ASBL Les PetitsRiens . Sixième mouture d’un événementqui mêle les créatifs de la modeet le monde de la récup, la philosophie« second hand second life » se propageet tient dans la durée. Elle participe à uneéconomie du don, de la récupération, del’insertion, de la communication aussi,puisque ces lieux sont souvent propicesà la conversation. La clientèle des « magasins» de seconde main longtemps réservésaux plus démunis s’élargit et desespaces de mixité sociale se créent.Le 29 novembre, dernier samedi du mois,avait lieu la dixième journée internationalesans achat. Le mot d’ordre de cetteannée était : « Et si on profitait de la crisepour s’arrêter et réfléchir ? » . Dans différentesvilles du globe des personnesse sont mobilisées pour interpeller leursconcitoyens et les inviter à la réflexion,à l’arrêt. Un sursis de 24 heures pour remettreen question notre besoin et notremanière de consommer. Mais le but decette journée est aussi de faire place auplaisir : le plaisir de ne pas avoir à se demandersi tel ou tel article a sa place dansle chariot du supermarché. Le plaisir depasser du temps avec des amis, de prendrele temps de lire ou réfléchir, de prendredu recul ou de participer à une actionriche en couleurs pour discuter avec lesgens sur le sens (ou le non-sens !) de laconsommation et de la vie.Le souci de l’autre, le temps de la réflexionvoilà des thèmes qui nous paraissentfamiliers à des oreilles protestantes.Et si on cherche un peu, on trouvesans peine des structures protestantesqui proposent « une seconde vie desobjets », comme l’ASBL Esope ou leCentre Social Protestant. Un forumchrétien de réflexion appelé Christnetest même à l’origine de happenings surla consommation dans les villes suisses.Le véritable enjeu de ces contre-courantsest d’inviter chacun à se mobiliserà sa propre échelle pour faire vivre cesstructures. L’agir local ici et maintenantest notre moyen d’habiter le monde, defaire vivre l’espérance.Dorothée BouillonPorte-parole EPUB1http://www.petitsriens.be/ Site de présentationde l’ASBL.2http://www.casseursdepub.org/ Ne cassonspas l’EPUB, cassons seulement la pub…3http://www.christnet.ch/ Forum chrétien citoyen.Pour fêter l’année Calvin, participez au grand jeu proposé par laPresse Régionale Protestante. Huit questions pour gagner.Chaque mois une question est posée. À vous d’y répondre, avant le 201509novembre,soit par courriel : contact@lavoixprotestante.org ou par courrier à La Voix– 2009protestante, 14 rue de Trévise 75009 Paris.Question n°3 : À quelle date JeanCalvin quitte-t-il le royaume deFrance ?Réponse à la question précedente : les six villes clefs qui ontmarqué l’itinéraire et la pensée de Jean Calvin sont : Noyon,Paris, Orléans, Strasbourg, Bâle, Genève.Daniel CassouPAGE14 g Mosaïque N° 11

Cafés ThéologiquesBruxelles• Lundi 8 décembre dès 19.30h“Taizé, accompagner les jeunes enrecherche de sens”Avec frère Émile, membre de la communautéde Taizé et organisateur dela rencontre de Bruxelles, du 29 décembreau 2 janvierLieu : Au « Polo Lounge » (1er étage),Bd de Waterloo, 1A, 1000 Bruxelles.(Métro : Porte de Namur)Contact : SPEP 02 510 61 63Rixensart• Mardi 9 décembre à 20.00h“Vivre après le départ de l’autre”Avec Claude Vancutsem, responsabledu groupe inter-veuvage du BrabantwallonLieu : Centre culturel protestant deRixensart, rue Haute, 26a.Contact : Sylvie Gambarotto(02 653 44 20) ouPhilippe Romain (010 61 40 67)En collaboration avec le SPEPMidis du SPEPBruxelles• Mercredi 17 décembre à 12.15h“Vers un renouveau d’éthique dans lesaffaires et la finance ? Progrès annoncéset abus de langage.”Avec Jean-Jacques Rey, directeur honorairede la Banque Nationale deBelgique.Lieu : 5, rue du Champ de Mars, 1050Bruxelles.Café et sandwiches sur place, libreparticipation aux frais.Contact : SPEP 02 510 61 63Daniel MARGUERAT enBelgiqueBruxelles• Vendredi 5 décembre dès 18h“La violence de Dieu”Lieu : Église protestante du Musée,place du Musée, 2, 1000 BruxellesContact : Laurence Flachon (0479 20 36 91)Verviers• Samedi 6 décembre, 20h“Violences humaines, violence de Dieu”Lieu : Église protestante de VerviersLaoureux, rue Laoureux, 33,VerviersContact : Jean Lieutenant (087 67 82 59)IV ème Colloque internationalle jeudi 4 décembre de 9 à 17.30hà l’Hôtel de Ville de Bruxelles (Grand’ Place)“Tolérance et intolérances en Europe de l’Ouest.Évolutions historique, sociologique, philosophiqueet théologique de Joseph II(1781) à nos jours”9.30h : “Joseph II et la tolérance religieuse en Europe del’Ouest à la fin du XVIIIème siècle. Une longueur d’avancesur la France”Prof. Hervé Hasquin, historien, secrétaire perpétuel del’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique.11.15h : “Des mécanismes sociaux, mentaux et comportementauxqui conduisent à l’intolérance de l’autre. L’exemple del’antijudaïsme et de l’antisémitisme”Prof. Thomas Gergely, directeur de l’Institut d’études dujudaïsme, Université libre de Bruxelles14.30h : “Aux sources des tensions réciproques”Monsieur Farid El asri, chargé de recherche en anthropologieet membre du Centre interdisciplinaire d’études del’islam dans le monde contemporain, Université catholiquede Louvain16.15h : “Ma religion….et les autres ?”Docteur Alain houziaux, docteur en philosophie et enthéologie, pasteur de l’Église réformée de l’Étoile, Paris.17.30h : ConclusionsContact : SPEP 02 510 61 63Des tas de rendez-vous en page XVI du cahier intérieur du Mosaïque.Site : www.aprt.be• Envoyez vos informations à la rédaction -Rue du Champ de Mars 5,1050 Bruxellesou par courriel :mosaique-redaction@epub.betél.: 02 377 66 57• Site Internet :http://www.epub.be/mosaiqueMerci de respecter les délais suivants :• le 5 décembre pour le numéro de janvier.• le 5 janvier pour le numéro de février.• le 5 février pour le numéro de mars.Les opinions exprimées dans Mosaïquen’engagent que leurs auteurs.• ABONNEMENTS ANNUELSAbonnements individuels :envoyez vos nom et adresse ainsi que votrerèglement de 15,00€à MOSAÏQUERue du Champ de Mars 5,1050 BruxellesCompte : 068-0715800-64Abonnement de soutien : 25,00€Abonnement de groupe :Veuillez contacter la rédaction pourles conditions :mosaique-redaction@epub.be• Éditrice responsable : Dorothée BouillonRue du Champ de Mars, 5 – 1050 Bruxelles• Équipe de rédaction :Rédactrice en chef : Jacqueline LombartRédacteurs : Martine Warlet, Jean-MarcDegrève.• Collaborateurs : Yvette Vanescote,Samuel Charlier, Robert Hugues Boudin• Collaborateurs régionaux :Hainaut Occidental : A Benini, C Godry,C RouvièreHONL : N. Lebrun, J-P LecomteLiège : B. DennisBrabant : Jean-Marc Degrève• Imprimerie : sa N. de Jonge, GrimbergenDécembre 2008 g MosaïquePAGE15

Prière de l’enfant à son réveilPère qu’adore mon père,Toi qu’on ne nomme qu’à genoux,Toi dont le nom terrible et douxFait courber le front de ma mère !On dit que ce brillant soleilN’est qu’un jouet de ta puissance ;Que sous tes pieds il se balanceComme une lampe de vermeil.On dit que c’est toi qui fais naîtreLes petits oiseaux dans les champs,Et qui donne aux petits enfantsUne âme aussi pour te connaître.On dit que c’est toi qui produisLes fleurs dont le jardin se pare,Et que sans toi, toujours avare,Le verger n’aurait point de fruits.Aux dons que ta bonté mesureTout l’univers est convié ;Nul insecte n’est oubliéÀ ce festin de la nature.L’agneau broute le serpolet,La chèvre s’attache au cytise,La mouche au bord du vase puiseLes blanches gouttes de mon lait ;L’alouette a la graine amèreQue laisse envoler le glaneur,Le passereau suit le vanneur,Et l’enfant s’attache à sa mère.Et, pour obtenir chaque donQue chaque jour tu fais écloreÀ midi, le soir, à l’aurore,Que faut-il ? Prononcer ton nom.¿Ô Dieu! ma bouche balbutieCe nom des anges redouté.Un enfant même est écoutéDans le choeur qui te glorifie !On dit qu’il aime à recevoirLes voeux présentés par l’enfance,À cause de cette innocenceQue nous avons sans le savoir.Alphonse de Lamartine© DX Vinicius - Fotolia Tupinamba - Fotolia