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Septembre 2006Numéro 7Langues<strong>et</strong> <strong>cité</strong>Les rectificationsorthographiquesEn 1990, l'Académie française a approuvé <strong>à</strong> l'unanimité un certainnombre de rectifications proposées par le Conseil supérieurLangues <strong>et</strong> <strong>cité</strong>Rectificationsde 1990 p. 2Connaissance<strong>et</strong> pratique p. 3Pour uneorthographevivante p. 6En Belgique p. 9Au Québec p. 10En Suisse p. 11Bull<strong>et</strong>in de l’observatoire des pratiques linguistiquesde <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. Celles-ci ont été publiées dans lesDocuments administratifs du Journal officiel de <strong>la</strong> République française(n° 100, 6 déc. 1990). Ces rectifications tendent <strong>à</strong> supprimerdes anomalies, des exceptions ou des irrégu<strong>la</strong>rités ; ellestouchent en moyenne, moins d'un mot par page d'un livre ordinaire,<strong>et</strong> souvent il s'agit d'un accent.Le Premier ministre avait précisé : « Une véritable réforme, quimodifierait les principes mêmes de <strong>la</strong> graphie de notre <strong>la</strong>ngue, <strong>et</strong>altèrerait donc son visage familier, me parait absolumentexclue ». Il insistait aussi, lors de <strong>la</strong> réception du rapport qu’i<strong>la</strong>vait commandé, sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'imposer, maisseulement de proposer de nouvelles graphies sur quelquespoints limités : « Il n'a jamais été question pour le Gouvernementde légiférer en c<strong>et</strong>te matière : <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue appartient <strong>à</strong> ses usagers». Ainsi les anciennes graphies restent admises <strong>à</strong> côté desnouvelles.Les rectifications proposées ont été <strong>la</strong>rgement prises en comptepar les dictionnaires, au premier rang desquels le Dictionnaire del'Académie française, qui les inscrit comme variantes correctes,<strong>la</strong>rgement suivi par les dictionnaires les plus courants.Ces rectifications sont officiellement enseignées dans plusieurspays francophones, alors qu'en France même elles restent assez<strong>la</strong>rgement ignorées des enseignants. Pourtant, après une périodede 15 ans, on constate que l'usage des dictionnaires <strong>et</strong> des simplesscripteurs francophones a adopté nombre de ces « varianteslibres », qu'il ne serait sans doute pas illégitime désormais derendre accessibles <strong>à</strong> tous.


2Les rectifications orthographiquesde 19901. Les numérauxLes numéraux sont liés par un trait d’union.2. Les mots composés2.1 On observe une tendance <strong>à</strong> <strong>la</strong> souduredes mots composés d’usage courant.2.2 Les mots composés prennent <strong>la</strong>marque du pluriel sur l’élément final, sur lemodèle du mot simple.3. L’accentuation3.1 On introduit l’accent aigu sur le e prononcéfermé.3.2 On remp<strong>la</strong>ce l’accent aigu par l’accentgrave sur le e prononcé ouvert.3.3 Les verbes en -eler/-<strong>et</strong>er <strong>et</strong> leurs dérivéss’écrivent avec l’accent grave <strong>et</strong> uneconsonne simple comme les verbes demême formation.3.4 L’accent circonflexe est supprimé surle i <strong>et</strong> le u.3.5 Le tréma est p<strong>la</strong>cé sur le u prononcé.4. L’invariabilité du participe passéLe participe passé de <strong>la</strong>isser suivi d’un infinitifest invariable.5. Les mots d’empruntLes mots d’emprunt, issus du grec ou du<strong>la</strong>tin ou de <strong><strong>la</strong>ngues</strong> vivantes étrangères,suivent les règles d’écriture du français.5.1 On observe une tendance <strong>à</strong> <strong>la</strong> souduredes mots d’emprunt d’usage courant.5.2 On observe une tendance <strong>à</strong> <strong>la</strong> francisationdes graphèmes.5.3 Les mots d’emprunt suivent <strong>la</strong> règle deformation du pluriel des mots français.6. Les familles désaccordéesPour plus de cohérence, on tend <strong>à</strong> régu<strong>la</strong>riserles familles désaccordées.cent un/cent-unauto-école/autoécoleun compte-gouttes, des compte-gouttes/un compte-goutte, des compte-gouttesassener/assénercéder, céderai/cèderai ; événement/évènementamonceler, j’amoncelle, amoncellement/j’amoncèle, amoncèlement sur le modèlede celer, cèle ; étiqu<strong>et</strong>er, j’étiqu<strong>et</strong>te/j’étiquètesur le modèle de ach<strong>et</strong>er, j’achèteî/i, û/u, aî/ai, oî/oi, oû/ou, aoû/aou ;île/ile, flûte/flute, connaître/connaitre,accroître/accroitre, goût/gout, août/aoutaiguë/aigüe ; ambiguïté/ambigüitéelle s’est <strong>la</strong>issée féliciter/elle s’est <strong>la</strong>isséfélicitera priori/<strong>à</strong> prioricow-boy/cowboy ; week-end/weekendgas-oil, gasoil/gazole ; referendum/référendum; un torero, une torera/un toréro,une toréra ; un supporter/un supporteur,une supportriceun média/des médias ; un jazzman, desjazzmen/un jazzman, des jazzmans ; unsquatter/un squatteur, des squatteurs ;un week-end/un weekend, des weekendschariot/charriot d’après charrier, charr<strong>et</strong>te


En février 2006, <strong>la</strong> DGLFLF <strong>et</strong> les Presses universitaire d’Orléans ont publié le n° 1 desCahiers de l’Observatoire des pratiques linguistiques, intitulé : Les rectifications orthographiquesde 1990 : analyses des pratiques réelles (Belgique, France Québec Suisse, 2002-2004), sous <strong>la</strong> direction de Liselotte Biedermann-Pasques <strong>et</strong> Fabrice Jejcic. Nousprésentons ici une synthèse des différents chapitres de c<strong>et</strong> ouvrage.3CONNAISSANCE ET PRATIQUEDE L’ORTHOGRAPHE RECTIFIÉELes rectifications enFrance <strong>et</strong> dans <strong>la</strong>francophonieLiselotte Biedermann-PasquesCNRS-LAMOPEn 2002 <strong>et</strong> 2003, une enquête sur <strong>la</strong>connaissance <strong>et</strong> <strong>la</strong> pratique desrectifications a été menée auprèsde groupes d’étudiants de diverses universitésfrancophones (en Belgique, enFrance, au Québec <strong>et</strong> en Suisse).En ce qui concerne <strong>la</strong> connaissances desrectifications, les Français arriventcurieusement en dernière position, bienaprès les Belges, les Suisses <strong>et</strong> lesQuébécois.Les Belges viennent en tête des groupesqui déc<strong>la</strong>rent connaitre les rectifications,avec un pourcentage de 60,61 % : plusd’un étudiant sur deux déc<strong>la</strong>re les connaitre,ce qui n’est pas étonnant quand onsait que certains ont été en contact avecles rectifications dès l’enseignementsecondaire, voire primaire dans les institutionscatholiques. Suit de très près legroupe suisse de Neuchâtel qui déc<strong>la</strong>reconnaitre les rectifications avec un pourcentagede 53,57 % ; comme précédemment,plus d’un étudiant sur deux affirmeconnaitre les rectifications. LesQuébécois viennent en troisième positionavec respectivement 40,62 % d’étudiantsdu groupe Université Laval qui déc<strong>la</strong>rentconnaitre les rectifications (15,62 % d’entreeux, cependant, confondent <strong>la</strong> notionde graphie rectifiée avec celle de correctionorthographique). Pour le groupeSherbrooke, 35,13 % d’étudiants déc<strong>la</strong>-rent connaitre les rectifications, soit unbon tiers (4,05 % confondent les notionsde correction <strong>et</strong> de rectification orthographique).Les trois groupes français viennenten dernière position avec une chuteconsidérable du nombre de ceux quidéc<strong>la</strong>rent connaitre les rectifications :18,18 % pour Caen 1 ; 4,54 % pour legroupe Paris-IUFM, alors que les rectificationsont été présentées trois semainesenviron avant l’enquête. Le groupeCaen 2 vient en dernière position avec4,34 % d’étudiants qui déc<strong>la</strong>rent connaitrepeu ou prou les rectifications (1 casde confusion entre rectification <strong>et</strong> correctionorthographique).Parmi les principaux arguments développéspour justifier <strong>la</strong> non-adoption des rectifications,figure l’attachement <strong>à</strong>l’orthographe apprise dans l’enfance ; lesrectifications couperaient l’écriture dupatrimoine littéraire <strong>et</strong> de l’étymologie ;elles ne doivent pas devancer l’évolutionde <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ; elles seraient un appauvrissementde <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue ; il y a une méfiance<strong>à</strong> l’égard de rectifications susceptiblesd’entrainer encore d’autres changements; certains secteurs de rectificationssont acceptés, d’autres non ; certainsétudiants n’ont pas conscienced’appliquer les rectifications, ils ne sontpas sûrs de les connaitre ; les universitairesne les connaissent pas <strong>et</strong> ne les appliquentpas, <strong>et</strong>c.Pour ce qui est de <strong>la</strong> pratique des graphiesrectifiées, <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation du plurielde mots composés, avec un s enfinale du deuxième élément, type unabat-jour, des abat-jours, vient en têteavec le plus grand pourcentage de graphiesrectifiées, 49,83 %, soit près d’unétudiant sur deux. Ce type de rectificationdemande un raisonnement analogiquesomme toute assez simple par rapport <strong>à</strong><strong>la</strong> formation régulière du pluriel en français,en finale (stratégie rationalisatrice),ce qui explique que ce secteur ait globalementbien marché. Suit le secteur del’accentuation, avec introduction de l’accentgrave sur e prononcé ouvert devantsyl<strong>la</strong>be mu<strong>et</strong>te, type je cèd(e)rai <strong>et</strong>évèn(e)ment, avec 40,26 % de graphiesrectifiées. La francisation de mots d’emprunt,type <strong>à</strong> capel<strong>la</strong>, avec introductiond’un accent grave sur l’élément <strong>à</strong>(capel<strong>la</strong>) emprunté <strong>à</strong> l’italien, sur lemodèle de <strong>la</strong> préposition française <strong>à</strong>,vient en troisième position, avec 18,93 %de graphies rectifiées, soit néanmoinsune chute de plus de 20 % du nombre derectifications par rapport aux deux secteursprécédents. La suppression de l’accentcirconflexe sur i représente unpourcentage peu significatif de 3,30 % derectifications. Quant <strong>à</strong> <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risationd’anomalies, du type ognon, qui s’écriraitcomme il se prononce, elle n’a donné lieudans l’enquête qu’<strong>à</strong> des graphies traditionnelles.De fait il est intéressant deconstater que les étudiants français qui, <strong>à</strong><strong>la</strong> question sur <strong>la</strong> connaissance des rectifications,répondaient ne pas les connaitre,les emploient spontanément, ce quiprouve que les rectifications de l’orthographevont dans le sens de l’usage. Pourne citer qu’un exemple, <strong>à</strong> propos de <strong>la</strong>régu<strong>la</strong>risation du pluriel de mots composés,69,23 % du groupe d’étudiants deCaen 2 utilisent <strong>la</strong> graphie rectifiée, <strong>et</strong>néanmoins 88 % de ce groupe répondentne pas connaitre les rectifications.


4Des pratiques graphiquesaux discours: norme <strong>et</strong>variation dans lecontexte des rectificationsde l’orthographeFabrice JejcicCNRS-LAMOPDans le questionnaire re<strong>la</strong>tif <strong>à</strong> l’enquêteévoquée ci-dessus, il apparaitque certaines questions, plusque d’autres, sont restées sans réponse.Il en est ainsi de trois questions re<strong>la</strong>tives<strong>à</strong> <strong>la</strong> norme <strong>et</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> variation qui, <strong>à</strong> ellesseules, recueillent plus de 35 % desabstentions sur <strong>la</strong> totalité des réponsesaux 14 questions de l’enquête. Toutes cesnon-réponses dénotent un certain ma<strong>la</strong>isedes enquêtés ; elles traduisent unsentiment d’insécurité du locuteur <strong>à</strong> qui <strong>la</strong>bonne maitrise de c<strong>et</strong>te <strong>la</strong>ngue paraithors d’atteinte. Ces observations nousont amené <strong>à</strong> présenter ici quelques résultatsde nos travaux sur les réponses obtenues<strong>à</strong> ces trois questions ouvertes :- Lorsque vous écrivez en français avezvousune norme de référence, <strong>la</strong>quelle ?- Quelle est votre réaction devant un écart<strong>à</strong> <strong>la</strong> norme, <strong>à</strong> l’oral ? <strong>à</strong> l’écrit ?- Quels types d’écarts <strong>à</strong> <strong>la</strong> norme vousparaissent acceptables ? <strong>à</strong> l’oral ? <strong>à</strong> l’écrit?Du point de vue méthodologique l’analysedu discours est basée sur les argumentsrécurrents utilisés dans les réponses auxtrois questions. C<strong>et</strong>te option de l’analysequalitative perm<strong>et</strong>, en quantifiant le nombred’arguments utilisés, de donner unevue précise des réponses <strong>et</strong> des tendancesqui se dessinent. C’est aussi, noussemble-t-il, un moyen de <strong>la</strong>isser s’exprimerles nuances de <strong>la</strong> francophonie <strong>et</strong> lescontrastes pouvant exister entre les différentsgroupes.Le corpus r<strong>et</strong>enu, 129 étudiants sur uneffectif total de 306, est constitué dedeux groupes, définis comme « rectificateurs» (62 étudiants) <strong>et</strong> « traditionalistes» (67 étudiants), selon le nombre deExpressions de <strong>la</strong> norme rectificateurs traditionalistesa - école, sco<strong>la</strong>ire, apprentissage 20 16b - système de règles, grammaire 28 39c - domaine de l’écrit 49 72d - intercompréhension 2 3e - dénominations <strong>à</strong> partir 22 35de français, <strong>la</strong>ngue, norme...f - pas de norme 16 6graphies rectifiées avérées par personne,au test graphique.L’expression de <strong>la</strong> norme de référence estsus<strong>cité</strong>e par <strong>la</strong> question : Lorsque vousécrivez en français avez-vous une normede référence, <strong>la</strong>quelle ? Les critères de <strong>la</strong>norme de référence s’organisent autourde huit arguments dont les mot-clés sontdonnés dans le tableau ci-dessus. Laconsultation de ce tableau montre un certainnombre de distinctions entre rectificateurs<strong>et</strong> traditionalistes. Les différencesles plus marquantes sont indiquées parles chiffres en caractères gras :Le groupe québécois se distingue desautres groupes francophones. En eff<strong>et</strong>,dans quelques réponses notamment, ondécèle non seulement <strong>la</strong> référence <strong>à</strong> unfrançais québécois en usage, mais égalementle besoin explicite d’une norme spécifique,reconnue <strong>et</strong> non-dévalorisée.Concernant les réactions face <strong>à</strong> l’écart,on observe trois types d’attitudes : l’intransigeance,le besoin de correction, <strong>et</strong>d’autre part <strong>la</strong> tolérance. C<strong>et</strong>te analyse acurieusement mis en évidence que lesgroupes les plus rectificateurs sont lesplus intolérants. Ceci est d’autant plusétonnant pour les étudiants belges, quel’usage conscient des rectifications supposeun réel esprit de tolérance quiadm<strong>et</strong> <strong>la</strong> variation graphique <strong>et</strong> <strong>la</strong> coexistencede graphies rectifiées avec les graphiestraditionnelles, tant que le nouvelusage n’est pas installé. L’emploi préférentieldu vocable faute <strong>à</strong> erreur ou écartconfirme une forte corré<strong>la</strong>tion entre l’attitudeintransigeante <strong>et</strong> l’emploi de faute.Ainsi, les groupes belge <strong>et</strong> suisse qui sontles plus rectificateurs sont aussi les plusintolérants. Inversement, <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tionentre l’attitude tolérante <strong>et</strong> l’usage dumot écart conforte les groupes traditionalistesquébécois dans les attitudes lesplus tolérantes.Entre les plus rectificateurs, représentéspar les étudiants belges, <strong>et</strong> les plus tradi-tionalistes, constitués par les groupesquébécois, se dégagent les éléments decontraste suivants : d’une part, il n’y apas de corré<strong>la</strong>tion entre l’emploi de rectificationsorthographiques <strong>et</strong> <strong>la</strong> tolérance<strong>à</strong> <strong>la</strong> variation, <strong>et</strong> d’autre part, inversement,il n’y a pas de corré<strong>la</strong>tion entrel’emploi de graphies traditionnelles <strong>et</strong> l’intolérance<strong>à</strong> <strong>la</strong> variation. Si l’attitude despremiers s’explique par des facteurs telsque le sentiment de sécurité linguistiquedont <strong>la</strong> radicalité des réponses tient sansdoute <strong>à</strong> <strong>la</strong> jeunesse du groupe, l’attitudedes seconds parait liée <strong>à</strong> des facteurs telsque le sentiment d’insécurité linguistique,<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion difficile au français de France<strong>et</strong> le contact avec l’environnement anglophonedominant.Un point commun <strong>à</strong> tous les groupes, quitransparait en filigrane dans toutes réponses,est <strong>la</strong> prégnance idéologique autourde ces questions de norme <strong>et</strong> de variationlinguistique.Une décennie après,où en sont les rectificationsorthographiques?Jean-Pascal SimonLIDILEM, univ. de Grenoble IIIPlusieurs enquêtes menées par le<strong>la</strong>boratoire LIDILEM auprès delycéens, d’étudiants <strong>et</strong> de (futurs)enseignants, montrent comment certainesrectifications ont été totalementacceptées : <strong>la</strong> restitution de l<strong>et</strong>tres mu<strong>et</strong>tesdérivatives ; le dép<strong>la</strong>cement du trémasur <strong>la</strong> voyelle prononcée ; l’alignement sur<strong>la</strong> prononciation par suppression de géminée; <strong>la</strong> substitution d’un accent grave <strong>à</strong>un accent aigu afin de régu<strong>la</strong>riser <strong>la</strong> correspondanceavec <strong>la</strong> prononciation ; <strong>la</strong>


égu<strong>la</strong>risation du singulier <strong>et</strong> du plurieldes noms composés de type « verbe +nom » ou « préposition + nom ». D’autrespropositions sont plutôt bien reçues(qu’elles soient acceptées ou fassent l’obj<strong>et</strong>d’une faible cohérence des réponsesapportées) : le pluriel des noms étrangersinvariables, le pluriel des noms étrangersempruntés <strong>et</strong> <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>risation d’unefamille lexicale par création ou suppressiond’une gémination. Pour les autressecteurs l’indétermination demeure.Les rectifications en marcheRomain Muller, membre du groupe demodernisation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (DGLFLF), faitle point sur les correcticiels rectifiés dansun article intitulé « Les nouveautés dansles correcteurs orthographiques ». Dansle contexte actuel, <strong>la</strong> prise en compte de<strong>la</strong> nouvelle orthographe par les produitsélectroniques est déterminante pour queles graphies rectifiées passent dansl’usage. Les vérificateurs avancés les plusconnus <strong>et</strong> les plus utilisés sont déj<strong>à</strong> tousparus dans de nouvelles versions intégrant<strong>la</strong> nouvelle orthographe.Dans « Les avancées des rectifications enBelgique », Michèle Lenoble-Pinson(Facultés Saint-Louis, Bruxelles) préciseque les rectifications sont enseignées <strong>et</strong>appliquées en Belgique aux trois niveauxde l’enseignement (surtout dans les institutionsdu réseau catholique) : fondamental,secondaire <strong>et</strong> supérieur, universitaireen particulier. Elle présente les ouvragesde référence qui m<strong>et</strong>tent les rectificationsen évidence, les documents ministériels,livr<strong>et</strong>s, sites sur intern<strong>et</strong>, l’application desrectifications dans les périodiques, dansles ouvrages sco<strong>la</strong>ires, dans les concoursd’orthographe, dans les correcticiels.5Bibliographie :AIROÉ infos (revue de l’AIROÉ)Liselotte BIEDERMANN-PASQUES <strong>et</strong> Fabrice JEJCIC (dir.) Les rectifications orthographiques de 1990 : analyses des pratiquesréelles (Belgique, France Québec Suisse, 2002-2004), coll. Les cahiers de l’Observatoire des pratiques linguistiques n° 1, DGLFLF-Pressee universitaires d’Orléans, 2006.Nina CATACH, avec <strong>la</strong> coll. de C<strong>la</strong>ude GRUAZ <strong>et</strong> Daniel DUPREZ, L’orthographe française. Traité théorique <strong>et</strong> pratique, Nathan,Paris, 1980 (3 e éd., 1995).Nina CATACH (dir.), Dictionnaire historique de l’orthographe française, Larousse, Paris, 1995.Chantal CONTANT <strong>et</strong> Romain MULLER, Connaitre <strong>et</strong> maitriser <strong>la</strong> nouvelle orthographe. Guide pratique <strong>et</strong> exercices, DeChamp<strong>la</strong>in, 2005 [ISBN 2-9808720-0-8]Bernard CERQUIGLINI, La genèse de l'orthographe française (XII e -XVII e siècles), Honoré Champion, Paris, 2004.André GOOSSE, La « nouvelle » orthographe. Exposé <strong>et</strong> commentaires, Duculot, Paris – Louvain – <strong>la</strong>-Neuve, 1991.C<strong>la</strong>ude GRUAZ, Vers de nouvelles rectifications… Et l’avenir, dans L’orthographe en fête. Le X e anniversaire des rectifications,Liaisons-AIROÉ N o 34-35, Paris, 2002.C<strong>la</strong>ude GRUAZ, Réflexions pour un « Manifeste » des rectifications : usage, système, norme, dans En hommage <strong>à</strong> Bernard Gardin,Liaisons-AIROÉ N o 36-37, Paris, 2003-2004.Micheline SOMMANT, L’orthographe : des rectifications de 1990 <strong>à</strong> ses applications. Tradition <strong>et</strong> évolution des graphies, dansL’orthographe en fête. Le X e anniversaire des rectifications, Liaisons-AIROÉ No 34-35, Paris, 2002.Vadémécum de l’orthographe recommandée. Le millepatte sur un nénufar, éd. RENOUVO, 40 pp., 2006 [ISBN 2-9808720-1-6]Associations :AIROÉ (Association pour l’information <strong>et</strong> <strong>la</strong> recherche sur les orthographes <strong>et</strong> les systèmes d’écriture) : 14 rue Louis Grob<strong>et</strong>,13001 Marseille, France.ANO (Association pour <strong>la</strong> nouvelle orthographe): B.P. 106, 1680 Romont, Suisse.APORO (Association pour l’application des recommandations orthographiques) : 29 rue du Serpentin, 1050 Bruxelles, Belgique.Sites intern<strong>et</strong> :www.airoe.org (site de l’AIROÉ)www.renouvo.org (site de Réseau pour <strong>la</strong> nouvelle orthographe française)www.orthographe-recommandee.infowww.oqlf.gouv.qc.ca (site de l’Office québécois de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française)www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr10-2/Connaitre.htmlwww.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr10-3/Maitriser.htmlwww.ciip.ch/ciip/DLF (site de <strong>la</strong> <strong>Délégation</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française de Suisse avec, en ligne, les documents officiels remis auxenseignants suisses)


Pour une orthograph6Qu’est-ce que l’orthographe? Une réponse,qui sembleconforme <strong>à</strong> l’opinion <strong>générale</strong>,est donnée par <strong>la</strong> définition duP<strong>et</strong>it Robert : « Manière d’écrireun mot qui est considéréecomme correcte », sensconfirmé par l’étymologie :ortho « droit, correct », graphiade graphein « écrire ».Mais c<strong>et</strong>te définition pose unproblème : que signifie « correct» ? La réponse semblealler de soi, l’écriture correcteest celle que nous décriventles manuels d’orthographe <strong>et</strong>de grammaire. En réalité, l’orthographepeut être abordéede trois façons différentes :sous l’angle normatif, sousluer, ce qui pouvait se comprendre<strong>à</strong> c<strong>et</strong>te époque où <strong>la</strong>priorité était d’enseigner uneorthographe commune <strong>à</strong> tous.De plus, les ouvrages sco<strong>la</strong>ires,en particulier les Lagarde<strong>et</strong> Michard qui reproduisaientles textes c<strong>la</strong>ssiques en orthographedu XX e siècle, ont faitpenser <strong>à</strong> des générations descripteurs que les c<strong>la</strong>ssiquesécrivaient comme nous.Pourquoi l’orthographe nepourrait-elle plus poursuivreson évolution ? La liberté dechoix admise par l’Académiepour les graphies préconiséespar les Rectifications <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enuedans plusieurs dictionnairesusuels constitue unpremier pas en ce sens, j’yreviendrai.sens strict du terme, le systèmene peut désigner qu’unensemble de régu<strong>la</strong>rités.Ce<strong>la</strong> apparait dans le rapport<strong>à</strong> l’oral, dans <strong>la</strong> morphologie<strong>et</strong> dans <strong>la</strong> graphie globale dumot.On a calculé que 80 <strong>à</strong> 85 %des unités graphiques transcriventun son. Dans le motmanteau, seuls m <strong>et</strong> t dontdes graphèmes simples, an <strong>et</strong>eau sont des graphèmes complexes.L’un des problèmesmajeurs que rencontre lescripteur français est desavoir quelle graphie r<strong>et</strong>enirpour transcrire une forme del’oral donnée conformément <strong>à</strong><strong>la</strong> norme, <strong>la</strong>quelle prescritdans agricole. Et que dire desfameux bijoux, cailloux, <strong>et</strong>c.,exceptions bien inutiles. Etaussi de <strong>la</strong> foi sans e, le foieavec e <strong>et</strong> une fois avec s !Quepenser encore des règlesd’accord du participe passéque personne ne maitrise vraiment? En ang<strong>la</strong>is le participepassé est toujours invariable,<strong>et</strong> ce<strong>la</strong> ne nuit nullement <strong>à</strong> <strong>la</strong>compréhension.Certaines graphies paraissentarbitraires <strong>et</strong> relever de <strong>la</strong>seule norme, par exempl<strong>et</strong>hon. Mais ces mots contiennentdes l<strong>et</strong>tres qui les distinguentd’autres mots : le h d<strong>et</strong>hon distingue thon de ton.Cependant on ne saurait iciparler de véritables régu<strong>la</strong>ritésC<strong>la</strong>ude Gruaz,Directeur de recherche honoraire au CNRSl’angle systémique <strong>et</strong> sousl’angle de l’usage.La norme est un ensemble deconventions que tout scripteurdoit respecter. Les puristes<strong>la</strong> justifient en particulierau nom de <strong>la</strong> défense de <strong>la</strong>tradition <strong>et</strong> de <strong>la</strong> logique.Prétendre que <strong>la</strong> norme orthographiqueactuelle est l’expressionde <strong>la</strong> traditionlittéraire française, c’est ignorerque l’orthographe desgrands auteurs n’était pas <strong>la</strong>nôtre. Montesquieu, parexemple, écrivait scavoir, sisteme,aparamant, differance<strong>et</strong>, comme Montaigne, terrein,hureus <strong>et</strong> hureusement, <strong>et</strong>c.Depuis Jules Ferry, l’orthographedu français a cessé d’évo-L’orthographe française, nousdit-on, est certes compliquée,mais elle est logique. Ensomme elle est l’expressionde l’esprit cartésien qui,comme chacun sait, caractérisele Français... Si elle étaitlogique, on serait en droit deparler de système orthographique,le mot système désignantun ensemble de règlesnon-contradictoires qui rendentcompte de <strong>la</strong> totalité dufonctionnement orthographique.Est-ce le cas ?Certes, l’orthographe françaiseest logique pour unepart non-négligeable. Maisd’une manière <strong>générale</strong>, iln’est guère possible de soutenirl’existence d’un systèmeorthographique du français aud’écrire un hôpital, un scandale<strong>et</strong> un intervalle, imbécile<strong>et</strong> imbécillité, <strong>et</strong>c.Des régu<strong>la</strong>rités morphologiquesperm<strong>et</strong>tent de résoudreun certain nombre deproblèmes. C’est le cas de <strong>la</strong>présence de l<strong>et</strong>tres finalesmu<strong>et</strong>tes, mais prononcéesdans un mot de <strong>la</strong> mêmefamille, tels le t de art <strong>à</strong> causede artiste ou le d de regard <strong>à</strong>cause de regarder, mais onécrit abri malgré abriter <strong>et</strong>cauchemar malgré cauchemarder.Les règles grammaticalesnormatives qui sontcensées régir les accords,n’ont pas toujours, tant s’enfaut, une portée <strong>générale</strong> : sie est <strong>la</strong> marque du féminindans littérale, il ne l’est pasdans <strong>la</strong> mesure où ces l<strong>et</strong>tresdistinctives ne sont pas toujoursles mêmes. Seul le principeest appliqué de façonassez récurrente. Il en est demême pour d’autres graphiesqui ne relèvent pas du fonctionnementcontemporain,qu’elles soient étymologiques(ex. h de homme) ou historiques(h de huit).L’usage recouvre l’ensembledes formes orthographiquesproduites. Il convient de distinguerl’usage individuel,lequel est, on le conçoit, trèsvarié, <strong>et</strong> l’usage collectif quiest r<strong>et</strong>enu dans les versionssuccessives des dictionnaires.L’existence d’un espace deliberté, de variation, perm<strong>et</strong>trait<strong>à</strong> l’orthographe de s’a-


dapter <strong>à</strong> l’évolution de l’usage,évolution aujourd’hui accentuéepar les nouvelles techniquesde communication.Telle est donc, très brièvementdécrite, l’orthographefrançaise actuelle. Prenantappui sur les régu<strong>la</strong>rités, nepourrait-on rationaliser l’orthographe?De nombreuses propositionsde réforme ont été avancées,tels l’arrêté de tolérances deG. Leygues de 1900 <strong>et</strong> 1901,<strong>la</strong> réforme Bes<strong>la</strong>is de 1960-1965, l’arrêté Haby de 1976.Les Rectifications de l’orthographeont été publiées auJournal officiel du 6 décembre1990. Elles ont été suiviesgraphes <strong>et</strong> aux créateurs denéologismes leur donnent dès<strong>à</strong> présent un prolongement.Faisons un rêve : une grandeliberté existe dans les domaineslexical <strong>et</strong> syntaxique puisqu’unscripteur a le choixd’employer tel ou tel mot <strong>et</strong>telle ou telle structure dephrase ; de <strong>la</strong> même façon, nepourrait-il avoir le droit dechoisir telle ou telle forme graphique,par exemple philosophieou filosofie ? Ildeviendrait alors véritablementmaitre de son écrit.Mais, dira-t-on, ne risque-t-onpas d’échapper au purismepour verser dans le <strong>la</strong>xisme ?La réponse est négative, car lechoix de <strong>la</strong> graphie se devraitaujourd’hui suivre une normebien souvent arbitraire, il nepeut pas même avoir recours<strong>à</strong> un raisonnement logiquepour écrire « correctement ».Lorsque l’on sait qu’en Francel’ill<strong>et</strong>trisme touche troismillions de personnes, on esten droit de penser que bonnombre d’exceptions orthographiquesdevraient êtreprogressivement éliminées.L’orthographe française seraitalors en meilleure positionpour se défendre face <strong>à</strong> l’hégémoniede l’anglo-américain<strong>et</strong> s’engager <strong>à</strong> nouveau dans<strong>la</strong> voie de l’évolution, c’est-<strong>à</strong>direêtre une composante <strong>à</strong>part entière d’une <strong>la</strong>ngue véritablementvivante.7e française vivanted’eff<strong>et</strong> dans <strong>la</strong> mesure où nonseulement plusieurs dictionnairesles ont reconnues, telsle Hach<strong>et</strong>te dans leur intégralité,le P<strong>et</strong>it Larousse, le P<strong>et</strong>itRobert, mais également leslogiciels Antidote, ProLexis <strong>et</strong>Cordial 10. La dernière éditiondu Dictionnaire de l’Académiefrançaise les r<strong>et</strong>ient avec lesanciennes graphies <strong>et</strong>Maurice Druon, alorsSecrétaire perpétuel, précisaitdans le texte de présentationque « les deux graphies desmots modifiés resteraientadmises jusqu’<strong>à</strong> ce que <strong>la</strong>nouvelle soit entrée dans l’usage». La portée de ces rectificationsest certes limitée,mais elles constituent uneavancée remarquable, <strong>et</strong> desRecommandations aux lexico-d’être conforme aux régu<strong>la</strong>ritésorthographiques, ce quiest le cas de <strong>la</strong> graphie filosofiequi r<strong>et</strong>ient l’emploi du graphèmef d’usage plus courantque le graphème ph. C<strong>et</strong>teespace de liberté n’interdiraitpas <strong>à</strong> un scripteur, soucieuxde conserver un cach<strong>et</strong> étymologique,d’écrire philosophie.Mais, dans c<strong>et</strong>teoptique, on se garderait d’écrirefilosophie ou philosofie…ce qui, d’ailleurs, notons-le,n’aurait nullement tracasséVoltaire !L’on dit souvent que l’écrit estle vêtement de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue. Ence qui concerne l’orthographeactuelle, on pourrait affirmerqu’elle en est plutôt l’uniforme: tout scripteur doit


8Les correcteurs orthographiques <strong>et</strong> les propositionsde réforme, quinze ans aprèsChristine Jacqu<strong>et</strong>-PfauMaitre de conférences au Collège de FranceIntroduction : bref historique <strong>et</strong> problématiqueLes propositions de rectifications de l'orthographefrançaise de 1990 visent <strong>à</strong> simplifierle système en le rendant cohérent<strong>et</strong> <strong>à</strong> prendre en compte l'évolution del'usage. Ces « rectifications » connaissentune mise en pratique très lente.Nous en avons suivi l'évolution <strong>à</strong> traversl'une des principales applications : lescorrecteurs orthographiques.Une des particu<strong>la</strong>rités de c<strong>et</strong>te réforme(versus par. ex. celle de l'allemand) estqu'« aucune des deux graphies ne peutêtre tenue pour fautive ». Rien ne précisepar ailleurs si ce principe de tolérance quiconcerne environ 20 700 formes doits'appliquer de manière monolithique<strong>et</strong>/ou systématique (choix exclusif del'une des deux orthographes <strong>et</strong>/ou application<strong>à</strong> toutes les graphies concernéessans exception), ce qui, pour les correcteurs,impose de nouvelles contraintesparfois inattendues. Les correcteursorthographiques <strong>et</strong> grammaticaux 1 , intégrésaux logiciels ou autonomes, dontnous avons observé l'évolution depuisl'« après-réforme» 2 , sont une illustrationconcrète des contraintes parfois inattenduesde c<strong>et</strong>te période de transition. Deplus, ils constituent un outil idéal d'évaluationde l'impact des propositions.Les correcteurs : nouvelles versions,nouvelles étapesLa prise en compte, même partielle, desnouvelles graphies a été, dans sonensemble, tardive. La raison de c<strong>et</strong>te lenteurest liée <strong>à</strong> des impératifs commerciaux<strong>et</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> gestion linguistique del'« évènement » (implication des concepteurspar rapport <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, pratique <strong>et</strong>demande des utilisateurs, évolution del'usage 3 …). Ajoutons un troisième facteur,non négligeable : les contraintes techniquesde <strong>la</strong> coexistence de deux graphies,qui rendent le système pluscomplexe.C<strong>et</strong>te première phase d'attente a, dans <strong>la</strong>plupart des cas, été suivie d'une phase d<strong>et</strong>ransition. Alors que Antidote, Cordial <strong>et</strong>le Correcteur 101 ont commencé parintroduire les graphies rectifiées recenséesdans les dictionnaires de référence,ProLexis a attendu septembre 2003 pourdiffuser, après un temps d'observation,une version du lexique intégrant les rectifications,avec le souci de « suggérer,mais ne pas imposer ».Aujourd'hui les dernières versions descorrecteurs ont intégré, parfois enconcertation avec des organismes ou desassociations qui promeuvent <strong>la</strong> réforme,l'essentiel des propositions, selon desmodalités différentes. Bien plus, Antidotesignale systématiquement l'existenced'une graphie rectifiée quand celle-ciexiste.Une quatrième étape reste <strong>à</strong> franchir :l'application de <strong>la</strong> réforme dans l'é<strong>la</strong>borationdu support même du correcteur, qu'ils'agisse de l'interface du logiciel ou del'aide (en ligne <strong>et</strong> manuelle), ce qu'a déj<strong>à</strong>entrepris partiellement, par ex., Antidote.Les correcticiels ont déj<strong>à</strong> une longue histoire<strong>et</strong> l'on sait qu'il est toujours pluslong de modifier l'existant que de créerdu nouveau.ModalitésLes modalités d'intégration des choixorthographiques obéissent <strong>à</strong> un systèmedont il ne faut pas oublier <strong>la</strong> complexité…Les deux temps de <strong>la</strong> correction, vérification<strong>et</strong> proposition de correction, sont fortementcontraints par le paramétrage desoptions de correction. Le choix du systèmesélectionné pour une session détermineen eff<strong>et</strong> les règles d'analyse misesen œuvre ainsi que <strong>la</strong> sélection des informationsfigurant dans le dictionnaire deréférence. Si l'orthographe sélectionnéepour <strong>la</strong> session de correction est l'ancienneorthographe, toutes les graphiesde <strong>la</strong> nouvelle orthographe seront considéréescomme fautives, <strong>et</strong> inversement.Aussi certains correcteurs (Antidote,Word) proposent-ils une troisième option :r<strong>et</strong>enir indistinctement les deux, mais toujoursdans leur totalité. Ce dernier choixperm<strong>et</strong> au rédacteur de choisir non pastoutes les formes nouvelles, mais seulementcelles qu'il souhaite valider. Il estintéressant de noter que c'est l<strong>à</strong> l'optionpar défaut du correcteur de Word (inclusdans le SP 2 d'Office 2003), tandis queProLexis sélectionne l'orthographe« usuelle » de préférence <strong>à</strong> l'« orthographeusuelle avec féminisation 4 » (desnoms de métier, fonction, grade ou titre 5 )ou <strong>à</strong> l'« orthographe réformée », assimi<strong>la</strong>ntréforme de l'orthographe <strong>et</strong> féminisation.De leur côté, le Correcteur 101 <strong>et</strong>Cordial n'ont intégré dans leurs dictionnairesqu'un choix de rectifications, sansdistinguer, au moment de <strong>la</strong> correction,les deux systèmes. Aussi semblent-ilsmoins aboutis, mais ils restent plus prochesde <strong>la</strong> réalité linguistique en ce sensqu'ils <strong>la</strong>issent se côtoyer librement lesdeux orthographes..1 Versions actuelles : Antidote Prisme (version 5 d’Antidote, Druide, Montréal, Québec), Cordial (Synapse Développement, Toulouse), Correcteur 101 professionnel version 5 (Documens, anciennementMachina Sapiens, Montréal, Québec), ProLexis 4 (Diagonal, Sophia-Antipolis) <strong>et</strong> le correcteur de Word (Office 2003 de Microsoft Office)2 « Les correcteurs orthographiques <strong>et</strong> grammaticaux <strong>et</strong> <strong>la</strong> réforme de l’orthographe du français », in Dossier « Orthographe : <strong>la</strong> faute <strong>à</strong> qui ?», Le français dans le monde, n° 313, janvier 2001,http://www.fdlm.org/fle/article/313/correcteur.php.3 Les dictionnaires de <strong>la</strong>ngue, notamment le P<strong>et</strong>it Robert, constituent, pour les correcteurs, les références de l’usage.4 Cf. Circu<strong>la</strong>ire du Premier ministre du 6 mars 1998 publiée au J.O. du 8 mars 1998.5 Les termes féminisés, quand ils sont r<strong>et</strong>enus dans d’autres correcteurs, sont alors intégrés dans le lexique général.


DIFFUSIONET APPLI-CATIONdes rectificationsorthographiquesenBelgiqueMichèle Lenoble-Pinson,Facultés universitaires Saint-Louis(Bruxelles)Conseil supérieur de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française(Belgique)Depuis 1991, les rectificationsorthographiques se répandentlentement, mais surement enBelgique francophone. Elles sont appliquéessoit consciemment par des scripteursqui les connaissent, soitinconsciemment par des usagers qui neles ont pas apprises, mais qui les appliquentparce que <strong>la</strong> plupart des recommandationscorrespondent <strong>à</strong> l’évolutionde l’usage écrit de notre <strong>la</strong>ngue. Unexemple : en septembre, dans le premierexercice écrit proposé <strong>à</strong> <strong>la</strong> faculté desSciences économiques, sociales <strong>et</strong> politiques,deux étudiants sur cinq m<strong>et</strong>tentspontanément un point sur le i de (il)connait, parait <strong>et</strong> maitrise.En 1998, deux ministres de <strong>la</strong>Communauté française de Belgique ontpris position en faveur des rectifications :« lors des contrôles, les deux orthographesseront admises ». Les rectifications sontenseignées <strong>et</strong> appliquées surtout dans lesinstitutions du réseau catholique, auxtrois niveaux, fondamental, secondaire <strong>et</strong>supérieur, universitaire en particulier :dans <strong>la</strong> faculté de Philosophie <strong>et</strong> L<strong>et</strong>tres <strong>à</strong>l’université catholique de Louvain <strong>à</strong>Louvain-<strong>la</strong>-Neuve, aux facultés universitairesNotre-Dame de <strong>la</strong> Paix <strong>à</strong> Namur <strong>et</strong> auxfacultés universitaires Saint-Louis <strong>à</strong>Bruxelles.En matière de <strong>la</strong>ngue française, troisouvrages de référence, connus <strong>et</strong> reconnus,m<strong>et</strong>tent les rectifications en évidence.Ils touchent les usagers de tousles âges. Il s’agit de trois œuvres deMaurice Grevisse. Deux sont revues parAndré Goosse. J’ai mis <strong>à</strong> jour <strong>la</strong> troisième.Le bon usage, « <strong>la</strong> meilleure grammairefrançaise » selon André Gide, répond <strong>à</strong>toutes les questions que se posent lesusagers. La Nouvelle grammaire françaiseva <strong>à</strong> l’essentiel <strong>et</strong> constitue un excellentmanuel sco<strong>la</strong>ire. Deux compléments l’accompagnent: un livre d’exercices <strong>et</strong> unlivre de corrigés des exercices dans lesquelsles renvois numérotés facilitent lepassage d’un volume <strong>à</strong> l’autre. Quant auFrançais correct, il contient deux-centspages de grammaire auxquelles s’ajoutentdeux-cents pages de vocabu<strong>la</strong>ire. Ce« guide pratique » s’adresse aux usagersqui veulent trouver rapidement <strong>la</strong> solutiondes difficultés grammaticales <strong>et</strong> lexicalesqu’ils rencontrent. Dans l’index, quidonne accès aux solutions, l’entrée enorthographe rectifiée précède l’entrée enorthographe traditionnelle.Confortés par <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration del’Académie française dans sa séance du17 janvier 1991, par les deux documentsministériels belges <strong>et</strong> par les ouvrages<strong>cité</strong>s, les auteurs de manuels sco<strong>la</strong>ires necraignent pas d’adopter les rectifications.Ils signalent leur option par une p<strong>et</strong>itephrase liminaire : « Ce livre applique lesrecommandations orthographiques del’Académie française ».Plus de douze périodiques publiés enBelgique sont écrits en orthographe rectifiée.Les premières revues qui l’adoptèrentdès 1991 furent La Revue <strong>générale</strong>,fondée en 1865, <strong>et</strong> Diagnostic, mensueldestiné aux fonctionnaires de l’administration.Une enquête a montré qu’un tiersdes intellectuels qui lisaient La Revue<strong>générale</strong> ne remarquaient pas les variantesgraphiques.Le beau magazine mensuel Le Lion estenvoyé aux consommateurs réguliersd’une société de grande distribution alimentaire.Le magazine adopte <strong>la</strong> totalitédes rectifications, ce qui entraine parfoisl’inquiétude d’un lecteur. Ainsi, le motognon, fréquent dans les rec<strong>et</strong>tes de cuisine,suscite des réactions épisto<strong>la</strong>ires.Une réponse aimable <strong>et</strong> commentée estadressée <strong>à</strong> ces lecteurs.C’est un candidat des Championnats d’orthographequi a demandé en 1991 que lesrectifications soient admises dans lesépreuves. Le comité, dont je suis présidente,a immédiatement é<strong>la</strong>rgi le règlement.Quant aux correcteurs orthographiquesemployés en Belgique, ils adoptent euxaussi les rectifications. Ils s’appellent :Antidote Prisme, Pro Lexis <strong>et</strong> le correcteurorthographique de Word (Microsoft), <strong>à</strong>partir de 2005.Deux documents officiels intitulésRecommandations re<strong>la</strong>tives <strong>à</strong> l’applicationde <strong>la</strong> nouvelle orthographe ont été publiéspar le ministère de <strong>la</strong> Communauté française,l’un daté du 30 mars 1998, signépar William ANCION, ministre, destinéaux directeurs des Hautes écoles <strong>et</strong> desétablissements d’enseignement supérieur; l’autre daté du 20 aout 1998, signépar Laur<strong>et</strong>te ONKELINX, ministre-présidente,destiné aux directeurs de l’enseignementlibre, des niveaux fondamental,secondaire <strong>et</strong> spécial : « En conséquence,lors des contrôles, les deux orthographesseront admises ».9


10Les rectifications de l’orthographeau QuébecChantal Contant,Linguiste [chantal.contant@uqam.ca]Université du Québec, MontréalRéviseuse scientifique du Bescherelle L’Art de conjuguerAu Québec, le Groupequébécois pour <strong>la</strong>modernisation de <strong>la</strong>norme du français (GQMNF) ale mandat de diffuser leschangements dans <strong>la</strong> normeapprouvés par les instancesfrancophones – c’est le casdes rectifications orthographiques– <strong>et</strong> il distribue leVadémécum de l’orthographerecommandée : Millepatte surun nénufar, produit par leRéseau pour <strong>la</strong> nouvelle orthographedu français 1 . C<strong>et</strong>tebrochure, qui contient <strong>la</strong> listedes mots touchés par les rectifications<strong>et</strong> un résumé desrègles, est également enlibrairie en Europe (4 €), demême qu’un guide compl<strong>et</strong>avec exercices : Connaitre <strong>et</strong>maitriser <strong>la</strong> nouvelle orthographe(coédition Europe-Québec www.dechamp<strong>la</strong>in.ca/livres).Diffusion des rectificationsCes ressources en librairie <strong>et</strong>les actions de sensibilisationdu GQMNF ont permis <strong>à</strong> <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion québécoise de sem<strong>et</strong>tre <strong>à</strong> jour rapidement dansle dossier de l’orthographe.Des formations sont donnéesrégulièrement en entreprise <strong>et</strong>dans les écoles ; <strong>la</strong> diffusionde l’information est égalementassurée dans les universitésen formation desmaitres.Le Québec accusait un r<strong>et</strong>arddepuis l’approbation <strong>à</strong> l’unanimitépar l’Académie françaisede ces Rectifications duConseil supérieur de <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguefrançaise (Paris) déposées auJournal officiel. L’intégrationdes nouvelles graphies dansle Dictionnaire de l’Académie,dans le Dictionnaire Hach<strong>et</strong>te,dans le Nouveau Littré 2006,dans les logiciels de correction(Antidote, ProLexis,Cordial <strong>et</strong> MicrosoftWord/Excel/Outlook/Power-Point 2 ) entraine un renouveaudans l’édition, l’enseignement<strong>et</strong> les usages. Par exemple,l’édition 2006 du BescherelleL’Art de Conjuguer au Canadaintègre dorénavant les graphiesrectifiées directementdans les tableaux de conjugaison.Application de l’orthographemoderneDéj<strong>à</strong>, des journaux <strong>et</strong> revuessont publiés en orthographemoderne (l’hebdomadaire del’université de Montréal <strong>et</strong> sarevue Les Diplômés ; <strong>la</strong> revueLurelu, consacrée <strong>à</strong> <strong>la</strong> littératurejeunesse ; le mensuel LaVoix du Vil<strong>la</strong>ge, <strong>à</strong> Montréal ;<strong>et</strong>c.), des ouvrages de référencele sont aussi (Le Ramatde <strong>la</strong> typographie ; L’Expressgrammatical [ERPI] ; La grammairenouvelle : <strong>la</strong> comprendre<strong>et</strong> l’enseigner [ChenelièreÉducation] ; <strong>et</strong>c.), des maisonsd’édition optent systématiquementpour l’orthographerectifiée (Perce-Neige,maintenant distribué enEurope ; Soleil de minuit).Positions favorables— L’Office québécois de <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguefrançaise reconnait, toutcomme l’Académie française,que les graphies nouvellessont admises : « Dans Legrand dictionnaire terminologique,l’Office applique déj<strong>à</strong>les graphies nouvelles dans lecas des néologismes <strong>et</strong> desemprunts. Dans ses autres travaux<strong>et</strong> publications, il donneradésormais priorité aux nouvellesgraphies dans <strong>la</strong> mesure oùelles sont attestées dans lesdictionnaires usuels. » Son siteprésente de nombreusesinformations, notammentcelle-ci : « Que les enseignantschoisissent d’enseignerl’orthographe nouvelleou traditionnelle, ils doiventaccepter les deux graphies, <strong>et</strong>ce, pour une période indéterminée,puisque aucune desdeux formes ne peut êtreconsidérée comme fautiveprésentement. » 3— Le Conseil supérieur de <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue française du Québec aremis au ministre de l’Éducationdes recommandations enfaveur de l’orthographemoderne, demandant sa diffusionplus <strong>la</strong>rge <strong>et</strong> son enseignement(Mémoire surl’orthographe, 2005).— L’Association québécoisedes professeurs de français aégalement fait des recommandationsau ministre del’Éducation. Notons que, lorsde <strong>la</strong> correction de l’épreuveuniforme de français, le ministèrede l’Éducation accepteles nouvelles graphies dans <strong>la</strong>mesure où elles sont présentesdans les dictionnairesd’usage (P<strong>et</strong>it Robert en mentionne52 %, DictionnaireHach<strong>et</strong>te 100 %).— Le Bureau de normalisationdu Québec applique l’orthographemoderne dans <strong>la</strong> plupartde ses documentsofficiels (normes) depuis2005.— Le Service d’évaluation linguistiquede <strong>la</strong> Télé-universitéa modifié ses tests afin dereconnaitre les graphies nouvelles(tests pour entreprises<strong>et</strong> établissements sco<strong>la</strong>ires).— Le Centre collégial de matérieldidactique a mis sur piedle « Musée de <strong>la</strong> nouvelleorthographe » dans sa sectionOrthographe 4 . Son bull<strong>et</strong>inCorrespondance perm<strong>et</strong> d’écrireen orthographe rectifiée5 .Force est de constater quenous ne sommes plus <strong>à</strong>l’heure des débats, mais biende <strong>la</strong> mise en application... .1 www.renouvo.org2 www.orthographe-recommandee.info3 www.oqlf.gouv.qc.ca4 www.ccdmd.qc.ca/fr/franc/Exercices_Enligne.html5 www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr10-2/Connaitre.html <strong>et</strong> www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr10-3/Maitriser.html


DES MODIFICATIONS BIEN ACCUEILLIESen SuisseRomain MullerMembre du groupe de modernisation de <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguePrésident de l’ANO (Association [suisse] pour <strong>la</strong> nouvelle orthographe)11En 1990, lors de l’é<strong>la</strong>boration desrectifications de l’orthographe, desreprésentants belges <strong>et</strong> québécoisparticipaient aux travaux, aux côtés desspécialistes français. En revanche, aucunreprésentant suisse n’était présent – <strong>et</strong>pour cause : le pays ne disposait d’aucunestructure équiva<strong>la</strong>nt au Conseilsupérieur de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française…Si – peut-être en partie pour c<strong>et</strong>te raison,mais surtout <strong>à</strong> cause du lever de boucliermédiatique provoqué par ce qui était présentécomme une véritable « réforme » –les propositions de modifications ont d’abordété plus ou moins ignorées, <strong>la</strong> Suissea été <strong>la</strong> première <strong>à</strong> donner des consignesc<strong>la</strong>ires <strong>à</strong> ses enseignants. À l’automne1996, en eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> Conférence intercantonalede l’instruction publique (instancequi coordonne les activités des différentsministères régionaux chargés de l’Éducation)a adressé <strong>à</strong> tous les enseignantsfrancophones une circu<strong>la</strong>ire précisantque :« comme les autres aspects de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue,l’orthographe évolue lentement <strong>et</strong> subitpériodiquement certains accommodements.Le fait de proposer de telles rectificationss’inscrit dans l’ordre des choses.[…] Aucun élève ne doit être sanctionnépour avoir utilisé l’une ou l’autre variante. »C<strong>et</strong>te circu<strong>la</strong>ire, accompagnée d’une brochured’information présentant <strong>la</strong> nouvelleorthographe (brochure é<strong>la</strong>borée par<strong>la</strong> <strong>Délégation</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, organismerattaché <strong>à</strong> <strong>la</strong> Conférence intercantonalede l’instruction publique, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong>création est due aux rectifications !), aété bien accueillie – <strong>et</strong> pas seulementdans le milieu enseignant. Ainsi, quelquesmois plus tard, <strong>à</strong> l’occasion de <strong>la</strong> Semainede <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française, un quotidien popu<strong>la</strong>irepubliait une édition entièrement rédigéeen nouvelle orthographe. Au haut dechaque page, le nombre de mots touchéspar les rectifications était mentionné : ons’apercevait que les modifications proposéesne « défigurent » aucunement untexte courant.Depuis, <strong>la</strong> situation a évolué, favorablement.Une association privée, l’ANO ouAssociation pour <strong>la</strong> nouvelle orthographe,s’est créée. Membre du RENOUVO 1 ,c<strong>et</strong>te association distribue en Suisse leVadémécum de <strong>la</strong> nouvelle orthographe,considéré comme <strong>la</strong> référence sur <strong>la</strong>question.Diverses heureuses initiatives ont été prises: en 2001, le festival « Sciences <strong>et</strong><strong>cité</strong> » a sensibilité le public <strong>à</strong> <strong>la</strong> questionde l’évolution de l’orthographe ; ses organisateursviennent d’ailleurs d’organiserune nouvelle exposition sur <strong>la</strong> question,intitulée « Le Jardin de l’orthographe » ;un fabricant de téléphones portables amême réalisé une campagne de communicationen nouvelle orthographe : sonslogan était « Ensorcèle-moi ! ».Bref, <strong>la</strong> nouvelle orthographe est bienacceptée en Suisse – le pays, multilingue,n’a d’ailleurs pas opposé plus de résistance<strong>à</strong> <strong>la</strong> réforme allemande –, commeen témoigne, par exemple, l’intérêt porté<strong>à</strong> <strong>la</strong> récente publication Connaitre <strong>et</strong> maitriser<strong>la</strong> nouvelle orthographe.Pourtant, un « décol<strong>la</strong>ge » de <strong>la</strong> France,vue comme une locomotive, est toujoursattendu, en particulier dans le domainede l’édition.1 Le RENOUVO ou Réseau pour <strong>la</strong> nouvelle orthographe dufrançais comprend actuellement des associations belge,française, québécoise <strong>et</strong> suisse.ParutionsVoix : oralité de l’écriture. Le françaisaujourd’hui, n° 150, sept. 2005, 136 p.« Quand on prend <strong>la</strong> voix comme obj<strong>et</strong> deréflexion, c’est tout qui vient : l’individu <strong>et</strong> <strong>la</strong>société, le corps <strong>et</strong> “l’âme” ou le “souffle”, l’oral<strong>et</strong> l’écrit, l’impersonnel <strong>et</strong> le plus personnel,les cultures popu<strong>la</strong>ires <strong>et</strong> savantes, lebruit <strong>et</strong> le silence, <strong>et</strong>c. On aura compris que cenuméro accumule les défauts de son ambition.Reste, plus que l’ambition, le point de vuecritique qu’il veut tenir le mieux possible dansle champ de <strong>la</strong> didactique – sans séparer cedernier de tous les autres champs (linguistique,littérature <strong>et</strong> autres sciences humaines<strong>et</strong> sociales). La voix est centrale <strong>et</strong> nonpériphérique, elle est vitale <strong>et</strong> non subsidiaire<strong>à</strong> toute réflexion didactique qui n’abandonnepas le <strong>la</strong>ngage comme activité de subjectivation<strong>à</strong> tout ce qui semble légitimer un suj<strong>et</strong>hors <strong>la</strong>ngage (psychologique, philosophique,juridique, politique <strong>et</strong> autres). La voix oblige <strong>à</strong>considérer le suj<strong>et</strong> dans le cadre d’une anthropologiehistorique du <strong>la</strong>ngage. » (extrait de l’introductionde Serge Martin <strong>et</strong> Philippe Païni).Articles de : A. Bernard <strong>et</strong>, J. Roger, H.Meschonnic, G. Dessons, Ph. Païni, P. Joole <strong>et</strong>Chr. Plu, L. Mourey, S. Martin, D. Laborde, S.Ritman, M. <strong>et</strong> E. Barjolle.Langues <strong>et</strong> cultures d’Aquitaine / Laslengas e culturas d’Aquit<strong>à</strong>nia /Akitaniako hizkuntzak <strong>et</strong>a kulturak,CESD d’Aquitaine, Bordeaux, 2006, 71 p. + 1cédérom.Le 14 décembre dernier, le Conseiléconomique <strong>et</strong> social régional d’Aquitaine(CESR) a validé <strong>à</strong> l’unanimité les conclusionsd’un travail sur les <strong><strong>la</strong>ngues</strong> <strong>et</strong> culturesd’Aquitaine, faisant suite <strong>à</strong> une demande duprésident du Conseil régional. Ce travail s’inscritdans une démarche plus <strong>la</strong>rge de prise encompte des atouts liés aux patrimoines culturels<strong>et</strong> identitaires en faveur du développe-


ment économique <strong>et</strong> social régional. Ilexprime un souci de reconnaissance de <strong>la</strong>diversité culturelle <strong>et</strong> des valeurs universellesreconnues au p<strong>la</strong>n international. Le livr<strong>et</strong>comporte, en trois <strong><strong>la</strong>ngues</strong> : français, occitan<strong>et</strong> basque, l’avis adopté par le CESR, le détaildes préconisations formulées, <strong>et</strong> un résuméde l’approche <strong>et</strong> du cadre de travail ; il estaccompagné d’un cédérom interactif comprenantl’intégralité du rapport <strong>et</strong> des interventions,avec des liens vers les principauxsites ressources.Charles de TOURTOULON <strong>et</strong>Octavien BRINGUIER, Étude sur <strong>la</strong> limitegéographique de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue d’oc <strong>et</strong> de <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue d’oïl (avec une carte), ImprimerieNationale, 1876 [réédition : Institut d’Estudisoccitans dau Lemosin – Lo chamin de SentJaume, 2004], 62 p. + 1 carte.En 1873, sur une proposition de <strong>la</strong> Sociétépour l’étude des <strong><strong>la</strong>ngues</strong> romanes, deMontpellier, une mission est confiée par leministère de l’Instruction publique <strong>à</strong> deuxphilologues, Ch. de Tourtoulon <strong>et</strong> O. Bringuier,pour déterminer où passe exactement <strong>la</strong> limiteentre <strong>la</strong>ngue d’oc <strong>et</strong> <strong>la</strong>ngue d’oïl. En deuxséjours, ils vont fixer 400 km de limite, de <strong>la</strong>pointe de Grave <strong>à</strong> <strong>la</strong> Forêt de Nouzier, <strong>la</strong>issantl<strong>à</strong> le trait en suspens pour une suite qui malheureusementne viendra pas. Travail de terrain,dirait-on aujourd’hui. Car, pas plus qu’ilsne croyaient <strong>à</strong> <strong>la</strong> théorie alors en vogue de <strong>la</strong>« fusion » des deux <strong><strong>la</strong>ngues</strong> en leur confrontationgéographique – mais bien, ce qu’ils vérifièrent,qu’on est toujours dans l’une ou l’autre<strong>la</strong>ngue, fût-elle influencée par c<strong>et</strong>te proximité– ils ne croyaient pas qu’on pût enquêter parcorrespondance sur des écrits. Le résultat estpassionnant. Le rapport ne se borne pas <strong>à</strong> uneaustère énumération de lieux, mais fourmilled’exemples, de considérations, depistes d’explication de tous ordres... Un vraitravail, fût-il succinct, d’<strong>et</strong>hnolinguiste <strong>et</strong> desociolinguiste.Les entreprises ont-elles une politiquelinguistique ?, actes du séminairedu 23 juin 2004, délégation <strong>générale</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong><strong>la</strong>ngue française <strong>et</strong> aux <strong><strong>la</strong>ngues</strong> de France,Paris, 2006, 46 p.Articles de : Isabelle Gratiant, Éric Foly <strong>et</strong>Guilhène Maratier-Decléty, Hélène Chrétien,Gilles Boileau, avant-propos de XavierNorth, introduction de Bernard Cerquiglini.Ce séminaire a constitué une étape importantede <strong>la</strong> réflexion conduite par les pouvoirspublics, les chefs d’entreprise, lesorganisations syndicales <strong>et</strong> les chercheurssur <strong>la</strong> politique linguistique des entreprises.À r<strong>et</strong>ourner <strong>à</strong><strong>Délégation</strong> <strong>générale</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguefrançaise <strong>et</strong> aux <strong><strong>la</strong>ngues</strong> de FranceObservatoire des pratiqueslinguistiques6, rue des Pyramides75001 Parisou par courriel :olivier.baude@culture.gouv.frSi vous désirez recevoir Langues <strong>et</strong> <strong>cité</strong> ,le bull<strong>et</strong>in de l’observatoire des pratiques linguistiques,merci de bien vouloir nous adresser les informations suivantes sur papier libreNom ou raison sociale : .......................................................................................................................Activité : .....................................................................................................................................................Adresse postale : ....................................................................................................................................Adresse électronique : ..........................................................................................................................Date : ..........................................................................................................................................................Ce bull<strong>et</strong>in appliqueles rectificationsde l’orthographe, proposéespar le Conseil supérieurde <strong>la</strong> <strong>la</strong>nguefrançaise (1990),<strong>et</strong> approuvées par l’Académiefrançaise <strong>et</strong> les instancesfrancophonescompétentes.Langues <strong>et</strong> <strong>cité</strong>Directeur de publication : Xavier NorthPrésident du comité scientifiquede l’observatoire : Pierre EncrevéRédacteur en chef : Olivier BaudeSecrétaire de rédaction : Jean SibilleCoordination : Dominique Bard-CavelierComposition : Éva Stel<strong>la</strong>-MoraguesConception graphique : Doc Levin/Juli<strong>et</strong>te PoirotImpression : Graph 2000<strong>Délégation</strong> <strong>générale</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française <strong>et</strong>aux <strong><strong>la</strong>ngues</strong> de FranceObservatoire des pratiques linguistiquesMinistère de <strong>la</strong> Culture <strong>et</strong> de <strong>la</strong> Communication6, rue des Pyramides, 75001 Paristéléphone : 01 40 15 36 91télécopie : 01 40 15 36 76courriel : olivier.baude@culture.gouv.frwww.dglf.culture.gouv.frISSN : 1772-757X

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