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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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vide. Les trois banques, de clientèle bien différente, ontélargi progressivement leurs activités en prenant desparts de marché des banques privées, qui à leur tour sesont retrouvées obligées d’élargir leurs propres opérations.À mesure que <strong>les</strong> trois banques augmentaientleur provision de crédits, el<strong>les</strong> ré<strong>du</strong>isaient leurs margesdifférentiel<strong>les</strong>, de sorte que <strong>les</strong> banques privées ont étécontraintes de pratiquer une politique d’expansion pourne pas perdre de plus larges parts de marché.La BNDES a été un acteur particulièrement importantdans ce scénario, puisqu’elle finance des investissements.La croissance des investissements est unrequis indispensable pour convertir cette relance de lacroissance en une trajectoire <strong>du</strong>rable à long terme. Lechoix de certains projets soutenus financièrement parla banque a soulevé des controverses ayant trait à lapréoccupation environnementale notamment et aussi àson impact sur <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong>, mais l’actionde la BNDES comme élément stratégique <strong>du</strong> processusde reprise de la croissance a été un gros succès.Les initiatives de politique fiscale ont été encoreplus controversées, tout spécialement le PAC.Ce programme a été lancé au milieu d’une avalanchepublicitaire, motivée en partie par l’intérêt immédiat(la proximité des élections présidentiel<strong>les</strong>), mais aussipour l’influence qu’elle pourrait exercer sur l’espritd’initiative des petites entreprises brésiliennes. D’uncertain côté, le PAC n’a guère été que la consolidationde projets plus anciens d’investissement public oud’investissements effectués par des entreprises appartenantà l’État, la plus importante étant Petrobras,l’entreprise pétrolière contrôlée par le Gouvernementfédéral. Plusieurs projets semblaient s’être heurtés àtoute sorte de difficultés, y compris aux services d’auditqui contrôlent <strong>les</strong> dépenses <strong>du</strong> Gouvernement fédéral.Beaucoup de critiques font remarquer que la mise enœuvre actuelle des projets inclus dans le PAC est bienmoins ambitieuse que ce qui avait été annoncé, que <strong>les</strong>projets n’ont pas toujours obéi à des choix rationnels nitenu compte des meilleurs taux de retour social.Cependant, la répercussion sur l’esprit d’initiativesemble être positive et redonne de l’élan à certainsinvestissements privés. Plus importante encore a étéla découverte d’une nouvelle grande réserve pétrolière,appelée Pré-Sal, qui promet de changer la position <strong>du</strong>pays sur le marché international <strong>du</strong> pétrole. La mise enmarche de l’exploitation de cette réserve se situe encoredans un futur relativement éloigné, mais la nouvelle ensoi a suffi pour encourager l’investissement privé.D’autres facteurs positifs ont aussi fait sentir leurinfluence. La reprise précoce et ferme de l’économiechinoise a eu un effet qui s’est propagé sur tout le continent,étant donné que <strong>les</strong> exportations de minéraux etde pro<strong>du</strong>its agrico<strong>les</strong> en Chine ont élargi <strong>les</strong> exportationsen général. Cependant, l’impact net <strong>du</strong> commerceinternational a été négatif, parce que <strong>les</strong> importationsont augmenté plus vite que <strong>les</strong> exportations. Autrementdit, <strong>les</strong> Brésiliens ont acheté au reste <strong>du</strong> monde davantageque ce que le reste <strong>du</strong> monde n’a acheté en bienset services pro<strong>du</strong>its dans le pays, l’impact net ré<strong>du</strong>isantde ce fait <strong>les</strong> dépenses loca<strong>les</strong>.Cette crise se distingue par le comportement <strong>du</strong>compte de capital. L’économie brésilienne a subi l’impactnégatif de la crise internationale dans sa balancede paiements au dernier trimestre 2008, en particuliersous la forme de sortie de capitaux. Ce flux sortantest dû, cependant, au retour des investissementsfinanciers étrangers au Brésil qui se sont effectuésen réponse aux projections de la bourse et, dans unemoindre mesure, aux taux d’intérêt supérieurs à ceux<strong>du</strong> reste <strong>du</strong> monde. Quand ces investisseurs étrangersont essuyé des pertes sur <strong>les</strong> marchés des pays développés,ils ont fermé leur position dans <strong>les</strong> économiesémergentes et ont rapatrié leur capital afin de compenserleurs pertes.À la différence des crises précédentes, aucunefuite de capitaux n’a été effectuée par <strong>les</strong> titulaires dela richesse brésiliens. De fait, la crise s’étant centréesur le monde développé, <strong>les</strong> marchés étrangers decapitaux n’attiraient plus <strong>les</strong> investisseurs financiersnationaux. Les actifs <strong>du</strong> marché domestique, in<strong>du</strong>bitablement,étaient plus rentab<strong>les</strong> et moins risqués que<strong>les</strong> investissements financiers à l’extérieur. L’économiebrésilienne ne subissait pas de pressions vis-à-vis despaiements, puisque sa dette externe publique est assezbien contrôlée et ses réserves internationa<strong>les</strong> sontélevées par rapport à l’échelle de l’économie. La sortiede capitaux pourrait aisément se concilier avec cesréserves. Une ligne de change de dollars préventivenégociée avec la Réserve fédérale a fortifié ces défenseset a ré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> pressions qui auraient pu mener à lafuite de capitaux, tout en facilitant la façon de gérer <strong>les</strong>autres pressions.Risques en vueCependant, tout n’est pas si brillant. Il est vrai quela crise a été brève et ses effets relativement bénins,si l’on tient compte <strong>du</strong> fait que c’est la deuxième enimportance dans l’histoire <strong>du</strong> capitalisme moderne,après la Grande Crise de 1930. Au milieu de l’année2009, comme il a déjà été signalé, l’économie marchaitde nouveau pratiquement à toute vapeur, montrantdes taux de croissance très dignes, quoique très loinencore des taux atteints par des pays comme la Chineou l’Inde.La reprise entraîne aussi des rentrées de capitauxqui peuvent être très dangereuses pour le Brésildans un proche avenir, en raison de l’appréciation dela monnaie locale (une tendance récupérée après ladévaluation de fin 2008), qui nuit aux exportations,favorise <strong>les</strong> importations et aboutit au déficit actueldes comptes et à l’augmentation de l’endettement extérieur.La situation reste encore contrôlée mais elle sedétériore rapidement et c’est un des motifs de préoccupationquant au proche avenir. L’accumulation deréserves n’est pas suffisante en soi pour assurer laposition de l’économie brésilienne. L’augmentation dela dette extérieure rend le pays plus dépendant <strong>du</strong> financementextérieur et peut aboutir à une crise de grandeenvergure si ces entrées de capitaux s’interrompentcomme cela s’est pro<strong>du</strong>it bien souvent dans un passéassez proche. Le tableau est d’autant plus préoccupantqu’aucune solution ne semble se profiler à l’horizon desresponsab<strong>les</strong> de la politique brésilienne. En général,on admet que la combinaison de forts taux d’intérêtset de taux de change surévalués peut être fatale, maisil semble qu’on ne fait pas grand-chose pour changercette situation.Sur le front des politiques socia<strong>les</strong>, la Bolsa Familias’est consolidée et l’administration « Lula » aannoncé qu’elle projette de la rendre permanente, eninstituant ces aides en tant qu’obligation légale pour<strong>les</strong> futures administrations fédéra<strong>les</strong>. Ce serait faire unpas en avant sur ce point que de définir des politiquesde progrès social, y compris des politiques soutenuesen terme d’emploi, des politiques visant à ré<strong>du</strong>ire lechômage et l’expansion de l’économie informelle, etdes politiques é<strong>du</strong>catives et socia<strong>les</strong> qui non seulementfavoriseront la scolarisation des groupes <strong>les</strong> plusdémunis mais aussi leur qualification professionnelleet leur pro<strong>du</strong>ctivité.Du côté de la politique de crédits, il n’y a pas grandchose à faire pour l’instant. La régulation financièreest redessinée dans <strong>les</strong> forums internationaux mais laBanque centrale <strong>du</strong> Brésil ne semble pas être innovatricedans ce domaine. L’agressivité avec laquelle <strong>les</strong>banques publiques ont réagi pendant la crise sembleavoir servi d’alarme aux banques privées et <strong>les</strong> a incitéesà prendre des mesures pour élargir leur propreprovision de crédit. Cela peut être bénéfique en termesd’amélioration des coûts <strong>du</strong> capital pour des activitéspro<strong>du</strong>ctives et pour financer <strong>les</strong> dépenses des consommateurs.C’est dans le secteur des investissements, demême que pour le risque de la balance des paiementsdéjà mentionné, que l’horizon est le plus sombre. Levolume relativement faible des dommages causés parla première vague de la crise qui a frappé l’économie fin2008 et début 2009 semble avoir renforcé la tendanceà investir de l’économie brésilienne. Cependant, le tauxd’investissement reste très faible, bien plus qu’il nele faudrait pour une économie en développement quiprétend atteindre l’échelle des pays développés. Lesinvestissements en infrastructure sont encore bien endessous des besoins qu’il urge de satisfaire. De plus,<strong>les</strong> préoccupations environnementa<strong>les</strong> ne sont pasprises en compte de façon convenable et le pays peutencourager aujourd’hui des investissements dans dessecteurs et dans des projets susceptib<strong>les</strong> d’être obsolètesdemain. Certains projets d’investissement, notammenten matière de génération d’énergie électrique,sont même le coeur de controverses pour leur impactsur <strong>les</strong> communautés loca<strong>les</strong> et sur l’environnement, etalimentent la polémique sur le bien-fondé de ce genred’investissements.Les risques <strong>les</strong> plus importants pour l’avenir naissent<strong>du</strong> fait que, et cela va de soi, l’économie mondialen’a pas encore tourné la page de la crise financièremondiale. Comme en témoigne la forte turbulence quisévit dans la Zone euro, de nombreux dangers guettentencore l’avenir. De fait, <strong>les</strong> effets d’une crise d’enverguredans la Zone euro peuvent avoir un impact sur<strong>les</strong> économies en développement, et spécialement auBrésil, pire encore, que le crack financier de 2008. Lesinstruments politiques disponib<strong>les</strong> ont été suffisantspour contrôler et vaincre la crise de 2008. Une deuxièmevague de crise et d’instabilité, dont on ne discernepas clairement <strong>les</strong> conséquences, pourrait être en trainde se former en ce moment.Une leçon importante, cependant, peut en êtretirée : c’est que le néo-libéralisme et l’attitude laissezpasser caractéristique des gouvernements brésiliensjusqu’en 2005-2006 aurait été fatale. La posture activistede 2009 peut être la meilleure garantie d’un avenirplus sûr pour l’économie et la société <strong>du</strong> pays. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>77Brésil

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