100birmanie52Pas de développement sans justice : dénonciation de la farce démocratique025Dans le cadre d’un état de droit inexistant, la Birmanie a été récemment classée comme le 5 e pays parmi <strong>les</strong>949854100 100 pires 625199au monde 100 en termes 100de liberté économique. La Constitution 100 de 2008 100 et <strong>les</strong> élections généra<strong>les</strong> prévues 100pour 2010 ne feront que perpétuer le régime militaire et la stagnation générale. Le développement a besoind’institutions transparentes, impartia<strong>les</strong> et responsab<strong>les</strong> qui ne peuvent pas coexister avec <strong>les</strong> violations76 IEG of Eritrea = 47 BCI of El Salvador = 91 IEG of El Salvador = 68flagrantes des droits de l’Homme, la corruption et l’oppression politique. Il est nécessaire que le Conseil desécurité des Nations Unies établisse une Commission d’enquête afin de clarifier <strong>les</strong> crimes commis.10008787 87100010096Burma Lawyers’ CouncilLe régime militaire, à travers 100 le Conseil pour la paix et ledéveloppement de l’État (SPDC pour son sigle en anglais),viole de manière systématique <strong>les</strong> droits de l’Homme enn/dBirmanie à travers des actes de criminalité généralisésdepuis 1988. Le SPDC a commis ces exactions en touteimpunité, en créant un système dans lequel <strong>les</strong> auteurs0des crimes, même <strong>les</strong> plus brutaux, restent impunis. Lan/dn/dcriminalité et l’impunité sont favorisées par un systèmejudiciaire soumis à la volonté des autorités et qui adapte àIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 pouvoir régler <strong>les</strong> différends, y compris ceux impliquant le100Gouvernement. Bien évidemment, 100 ce n’est pas le cas deICB = 77Enfants atteignant la Birmanie. Sans institutions qui protègent <strong>les</strong> droits de73 la cinquième annéepropriété privée, <strong>les</strong> entreprises étrangères s’abstiendrontd’écoled’investir dans l’économie birmane. s/dLe développement économique exige des institutionstransparentes, impartia<strong>les</strong> et responsab<strong>les</strong> qui ne00peuvent pas coexister avec <strong>les</strong> flagrantes violations des6990s/ddroits humains, la corruption et l’oppression s/d69politique. Ledéveloppement de la Birmanie ne sera viable que lorsque100le pouvoir judiciaire sera indépendant <strong>du</strong> SPDC et quandtoutes <strong>les</strong> parties respecteront l’état de droit. Il ne suffitpas d’avoir des institutions léga<strong>les</strong> et judiciaires solides; lasanté économique <strong>du</strong> pays a également besoin d’institutionspolitiques responsab<strong>les</strong> et transparentes ce qui n’estpas le cas actuellement en Birmanie.100 100 100100 100100 100sa guise <strong>les</strong> lois de la nation pour préserver et accroître le Accouchements assurés par <strong>du</strong> Survivance jusqu’àpouvoir de la Junte.personnel médical spécialisél’âge de 5 ans8Dans ce cadre, la Birmanie a été récemment classéecomme le 5 e pays parmi <strong>les</strong> pires au monde en termes de et confère le contrôleBCI ofexclusifMyanmarde ces services= 77au SPDC 4 .liberté économique 1 . Du point de vue international, sonéconomie est considérée corrompue et très mal administréeUn exemple qui illustre la corruption rampante <strong>du</strong>SPDC et le manque de respect pour <strong>les</strong> droits de la proment2 . En outre, en ce qui concerne l’Indice de développepriétéest l’affaire de Yaung Chi Oo, concernant un contrathumain 2009 <strong>du</strong> PNUD, la Birmanie occupe la 138 e de partenariat entre une société basée à Singapour et le Des méthodes pseudo démocratiques pourposition sur 182 pays, ce qui met en exergue <strong>les</strong> graves ministère de l’In<strong>du</strong>strie pour rouvrir la brasserie Mandalay. perpétuer la Junte100100100lacunes existant dans le développement économique et La bière Mandalay est devenue une marque reconnue, mais Pendant des décennies, le SPDC a très mal géré l’économiesocial 3 . Le progrès dans le développement économique ne avant le terme de l’accord de cinq ans, un différend est <strong>du</strong> pays. La Constitution de 2008 et <strong>les</strong> élections généra<strong>les</strong>59sera possible qu’une fois dissipé le climat actuel d’oppressionapparu. Bien que le ministère soit censé soumettre le diffé-prévues pour 2010 ne feront que s/d perpétuer le Gouverne-et de criminalité et lorsque <strong>les</strong> coupab<strong>les</strong> auront été rend à un arbitrage, le SPDC a saisi l’usine et tous ses biens ment militaire et la stagnation économique associée. Lapoursuivis en justice.22sans se conformer à la procé<strong>du</strong>re légale établie par ses propresConstitution comprend des artic<strong>les</strong> problématiques quilois. Les fonctionnaires <strong>du</strong> SPDC ont gelé <strong>les</strong> comptes limitent la participation électorale des groupes d’opposition000Sans transparence, il n’y a pas debancaires de la société partenaire et ils ont menacé <strong>les</strong> et assurent l’impunités/ddes délits commis par s/ddes fonctionnaires<strong>du</strong> Gouvernement.95 développement80propriétaires de poursuite 33judiciaire pour détournement de100 1005774 100100 100100 100100La méfiance généralisée envers le SPDC et ses méthodes fonds. Lorsque <strong>les</strong> parties ont comparu devant la justice, le La Constitution birmane de 2008 ne représente pasde gouvernement a des effets importants sur le développementjuge a ignoré <strong>les</strong> arguments de la société de Singapour et a un progrès de la démocratie mais une tentative flagrante58 économique. Les entreprises étrangères hésitent profité abusivement de son ample pouvoir juridique pour <strong>du</strong> SPDC pour se perpétuer au pouvoir. Cette ConstitutionIEG of Nepal = 51à opérer dans un pays où <strong>les</strong> litiges sont réglés par un se prononcer en BCI faveur of <strong>du</strong> Somalia Gouvernement = 57 5 .a été conçue par <strong>les</strong> militaires sans la participation dessystème judiciaire faisant preuve de partialité envers leGouvernement et où l’État ne respecte pas pleinement <strong>les</strong>droits de propriété indivi<strong>du</strong>elle.Dans certains cas, des sociétés étrangères ont étéLa Loi d’investissement étranger (FIL, pour son sigleen anglais) de Birmanie veille à ce qu’aucune société étrangèrene puisse être nationalisée pendant la période d’investissementautorisée. La FIL contient également une sectionpartis politiques d’opposition ni d’experts juridiques. El<strong>les</strong>upprime le contrôle civil sur <strong>les</strong> forces militaires, ce quiimplique la rupture d’une norme impérative <strong>du</strong> droit international,et fait de l’armée l’institution la plus puissantefermées. Par le biais de la Loi sur <strong>les</strong> entreprises publiques, qui permet au SPDC de mettre fin à un contrat avant son <strong>du</strong> pays 7 . L’article 121 de la Constitution empêche que des100100100l’État contrôle de nombreux secteurs de l’économie, tels expiration 6 . L’affaire Yaung Chi Oo a montré que le régime et nombreux opposants politiques puissent être candidats,87que <strong>les</strong> banques, <strong>les</strong> assurances, <strong>les</strong> télécommunications ses tribunaux peuvent manipuler <strong>les</strong> lois pour nationaliser car elle interdit l’élection à des sièges parlementaires deet l’exploitation de certaines ressources et <strong>du</strong> bois de teck,41une société si cela convient au Gouvernement.Une économie de marché à succès repose en grandeceux qui ont purgé des peines de prison. Le SPDC a arrêté44plus de 2.000 opposants politiques qui sont détenus actuellementet donc exclus comme candidats 8 . Le texte <strong>du</strong>partie sur la confiance des acteurs dans le système juridiquepour que ce dernier défende 0 leurs droits et résolve document interdit également 0aux principaux opposants de1 Heritage Foundation, “2010 Index of Economic Freedom:0Burma” Disponible sur : .leurs différends de façon juste. Il est nécessaire que le se présenter comme candidats aux élections. Par exemple,87 8799 2 Voir, par exemple Transparency International, “Corruption 98 système judiciaire soit efficace, équitable et abordable 98 pour l’article 59 interdit à une personne d’exercer <strong>les</strong> 98 fonctions100 Perceptions 100 Index 72 2009”. Disponible sur :
La violence sexuelle et le viol comme armes de guerreParallèlement à l’oppression et à la violence permanentes, la situation des femmesen Birmanie s’aggrave. Plusieurs organisations de base qui opèrent tout au long dela frontière entre la Thaïlande et la Birmanie ont documenté des violations flagrantesdes droits de l’Homme commises par <strong>les</strong> membres de l’armée. Les crimes de laJunte militaire couvrent un large éventail de délits qui comprennent <strong>les</strong> meurtres,<strong>les</strong> enlèvements, <strong>les</strong> viols, le travail forcé et le déplacement obligé, parmi beaucoupd’autres. Tous ces crimes affectent <strong>les</strong> femmes, mais <strong>les</strong> délits de violence de genreexercent peut-être l’impact le plus direct sur la situation des femmes en Birmanie.Les membres <strong>du</strong> SPDC commettent des crimes de violence sexuelle avec unerégularité scandaleuse. Le SPDC utilise le viol comme arme de guerre, en particulierlorsqu’il s’agit d’attaquer <strong>les</strong> groupes ethniques dans l’est <strong>du</strong> pays 1 . Le régime aintensifié ses attaques sur <strong>les</strong> groupes ethniques au cours des quinze dernièresannées, et ces attaques incluent l’utilisation systématique de la violence sexuelle 2 .Beaucoup de femmes ont souffert des viols collectifs par des soldats qui, parfoismême torturent ou assassinent leurs victimes 3 . La violence sexuelle n’est pas uncrime commis par quelques membres de l’armée, mais fait partie de la stratégieconcertée par le SPDC pour attaquer <strong>les</strong> groupes ethniques et de l’opposition 4 . Lesresponsab<strong>les</strong> de ces crimes ne sont pas poursuivis en justice et l’impunité règne enBirmanie 5 . Comme <strong>les</strong> tribunaux militaires ne sont pas indépendants <strong>du</strong> Gouvernementmilitaire, <strong>les</strong> victimes de la violence de genre ou d’autres crimes ne peuventpas recourir au système juridique Birman. La culture de l’impunité qui protège <strong>les</strong>auteurs de violences sexuel<strong>les</strong> permet que ces crimes continuent à être commis.1 Voir, p. ex., Shan Women’s Action Network, License to Rape (mai 2002).2 Ibid.3 U.S. Campaign for Burma, People, Politics, Poverty. Disponible sur : . (dernière visite :8 décembre 2009).4 See Shan Women’s Action Network, note 10 ci-dessus.5 Ibid.La violence sexuelle constante exercée par le SPDC et l’irresponsabilité de cedernier ne sont pas passées inaperçues au sein de la communauté internationale.Le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a récemment reconnuque le SPDC ne remplit pas ses obligations conformément à la Résolution 1820<strong>du</strong> Conseil de sécurité. Cette résolution a été spécialement conçue pour protéger<strong>les</strong> femmes contre la violence sexuelle dans <strong>les</strong> situations de conflit 6 . Le Secrétairegénéral a pris note de l’utilisation généralisée de la violence sexuelle contre <strong>les</strong>femmes des minorités ethniques dans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong> de la part <strong>du</strong> régime, <strong>du</strong>harcèlement sexuel exercé contre <strong>les</strong> femmes et <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong> par <strong>les</strong> militaires,de l’incapacité ou <strong>du</strong> manque de volonté dont fait preuve le système juridique pourtraiter <strong>les</strong> délits de violence sexuelle et de l’impunité dominante qui empêche lapoursuite des auteurs de la violence de genre.Outre la violence sexuelle, <strong>les</strong> crimes de guerre et <strong>les</strong> délits contre l’humanitéperpétrés par le SPDC affectent aussi principalement <strong>les</strong> femmes. Depuis 1996,le SPDC a brûlé 3500 villages dans l’est de la Birmanie. Le Consortium frontalierbirmano-thaïlandais a comparé <strong>les</strong> conséquences de cette situation à la destructionbrutale actuellement en cours au Darfour 7 . La destruction massive par le feu delogements et de nourriture a donné lieu au déplacement d’un grand nombre depersonnes. Les femmes sont particulièrement touchées par l’abandon forcé deleurs maisons, étant donné qu’el<strong>les</strong> sont plus vulnérab<strong>les</strong> à la traite de personneset au travail dangereux.Source : Putting gender economics at the forefront. 15 years after the IV WorldConference on Women. <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> Occasional Papers 06. Février 2010. n6 Conseil de sécurité des Nations Unies, Rapport <strong>du</strong> Secrétaire Général relatif a la résolution1820 <strong>du</strong> Conseil de sécurité, 15 juillet 2009, S/2009/362.7 Consortium frontalier birmano-thaïlandais, article de presse : “Rising Instabilityin Eastern Burma” , 29 octobre 2009. Disponible sur : .de Président si elle est mariée à un étranger ou à uneétrangère. Cette disposition enlève à Aung San Suu Kyi,qui a épousé un citoyen britannique, la possibilité de seprésenter comme candidate à la présidence. Selon cetteConstitution, <strong>les</strong> seu<strong>les</strong> personnes autorisées à participeraux élections sont <strong>les</strong> membres <strong>du</strong> SPDC ou <strong>les</strong> sympathisants<strong>du</strong> Gouvernement actuel.Il est encore plus choquant de constater que laConstitution contient un article visant à assurer une amnistiepour tous <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> <strong>du</strong> SPDC 9 . Cette dispositionest rédigée de façon confuse et conférerait l’impunité pour<strong>les</strong> crimes <strong>les</strong> plus odieux, y compris <strong>les</strong> délits contre l’humanitéet <strong>les</strong> crimes de guerre. Conformément au droitinternational, cet article sur l’amnistie suffit à invalider laConstitution dans son ensemble. Garantir l’amnistie généraleaux auteurs de crimes graves viole la Convention deGenève, le droit international coutumier et <strong>les</strong> dispositionsdes résolutions 1325 et 1820 <strong>du</strong> Conseil de sécurité, quiinterdisent l’impunité des violences sexuel<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> zonesde conflit.L’existence d’institutions solides qui défendent l’étatde droit et la justice indépendante sont deux conditionsessentiel<strong>les</strong> pour le progrès économique. Ces institutions9 Constitution de la République de l’Union <strong>du</strong> Myanmar(2008), art. 445 (« Aucune procé<strong>du</strong>re ne sera intentée contre<strong>les</strong>dits Conseils ni contre aucun membre <strong>du</strong> Gouvernementà l’égard de tout acte accompli dans l’exercice de leursfonctions respectives. »).devraient incarner la responsabilité, l’accès à l’informationet la transparence. La Constitution de 2008 représenteune déviation manifeste de l’état de droit et va à l’encontre<strong>du</strong> bon fonctionnement <strong>du</strong> système judiciaire de la nation.Elle ne reflète pas un progrès dans <strong>les</strong> domaines dela transparence, de l’indépendance et de la responsabilitédes institutions léga<strong>les</strong> ou politiques de la nation, car ellecontient plusieurs artic<strong>les</strong> qui entravent le fonctionnementdémocratique des institutions léga<strong>les</strong>, judiciaires et politiques.La Constitution sert la cause <strong>du</strong> Gouvernement militairequi jusqu’à présent n’a pas respecté la responsabilitéinstitutionnelle, l’accès à l’information et la transparence.Cependant, <strong>les</strong> élections de 2010 consacreront laConstitution de 2008. Après <strong>les</strong> élections, <strong>les</strong> institutionsjuridiques, judiciaires et politiques de Birmanie seront tropfaib<strong>les</strong> pour faire progresser l’économie de la nation. Plutôtque de favoriser le progrès <strong>du</strong> pays, <strong>les</strong> élections renforcerontl’impunité, la criminalité et <strong>les</strong> pratiques politiquesdéloya<strong>les</strong>. La nouvelle Constitution va faire sombrer le paysdans une dépression économique encore plus profonde etdans un isolement ma<strong>jeu</strong>r, et <strong>les</strong> élections qui auront lieucette année vont renforcer la culture de la criminalité et lamilitarisation <strong>du</strong> pays.RecommandationsLe développement économique doit être accompagnépar des institutions fortes, une bonne gouvernance et desconditions de paix et de sécurité. La répression systématiquedes droits civils, politiques, économiques, sociaux etculturels par le SPDC a ré<strong>du</strong>it au minimum la croissanceéconomique au cours des dernières décennies.En ce qui concerne la Constitution de 2008 et <strong>les</strong>prochaines élections de 2010, le Conseil d’avocats de laBirmanie (Burma Lawyers’ Council) recommande :• Afin de promouvoir un développement économiquevéritable en Birmanie et d’encourager de réel<strong>les</strong> améliorationsdans la qualité de vie, le SPDC doit s’engagerà réviser globalement la Constitution avec toutes<strong>les</strong> parties impliquées, à établir un système judiciaireindépendant et à rétablir le respect de l’état de droit.• La Constitution doit garantir un système politiqueresponsable, transparent et permettant l’accès àl’information.• Étant donné que le libellé actuel de la Constitution de2008 viole <strong>les</strong> normes impératives <strong>du</strong> droit international,le Conseil de sécurité des Nations Unies devraitla déclarer nulle. Tous <strong>les</strong> États doivent refuser de reconnaîtrela Constitution et <strong>les</strong> résultats des électionsbasées sur celle-ci.• Étant donné que la partialité <strong>du</strong> système judiciaire etl’impunité accordée par la Constitution empêchent<strong>les</strong> tribunaux de juger <strong>les</strong> délits <strong>du</strong> SPDC, le Conseilde sécurité de l’ONU devrait mettre en place une commissiond’enquête afin de clarifier <strong>les</strong> crimes internationauxqui ont été commis en Birmanie. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>73Birmanie