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Changeons les règles du jeu - Social Watch

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est monté en flèche au cours de la dernière décennie. En1966 on a estimé à 400.000 le nombre d’orphelins enâge scolaire qui n’allaient pas à l’école. En 1988 ce chiffreavait doublé. Ces enfants ne pouvaient pas se permettred’aller à l’école en raison de leur pauvreté ou <strong>du</strong> besoinde soigner leurs parents ou leurs tuteurs malades, ouparce qu’ils devaient remplir des activités leur assurantdes revenus ou encore en raison d’un mariage précoce(notamment pour <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes fil<strong>les</strong>).La qualité de l’é<strong>du</strong>cation en Zambie a été compromiseà cause de la pénurie d’enseignants, spécialementdans <strong>les</strong> zones rura<strong>les</strong>, et de l’existance d’une infrastructure,d’un équipement et de matériel é<strong>du</strong>catif peu adéquats,ainsi que <strong>du</strong> harcèlement sexuel et de la violencecontre <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>.Sur le plan politique, <strong>les</strong> attitudes patriarca<strong>les</strong> quicontinuent de bafouer <strong>les</strong> droits des femmes dans tous<strong>les</strong> domaines ont empêché que la Zambie réussisseà s’approcher <strong>du</strong> but établi dans <strong>les</strong> protoco<strong>les</strong> de laCommunauté de développement de l’Afrique australeet de l’Union africaine : la représentation paritaire desfemmes dans la prise des décisions. Le pourcentage desfemmes qui exercent une poste électif dans le Parlementnational et dans le Gouvernement local a augmenté,mais très lentement. En 1991 seulement 6 % des représentantslégislatifs étaient des femmes. Le pourcentageest monté à 12 % en 1996. Il est resté à ce niveau en2001 et a légèrement augmenté à 14 % en 2006 après <strong>les</strong>dernières élections. Le pourcentage des femmes éluesconseillères est toujours de 7 % seulement.L’Investissement direct étrangerLe Gouvernement augmente <strong>les</strong> revenus pour financer ledéveloppement de trois sources généra<strong>les</strong> : <strong>les</strong> revenusnationaux, l’Aide publique au développement (APD) et<strong>les</strong> emprunts nationaux et internationaux. Les revenusnationaux proviennent de diverses taxes tel<strong>les</strong> que lataxe sur <strong>les</strong> revenus des entreprises, la taxe de redevancesur l’exploitation minière, <strong>les</strong> taxes douanières et sur<strong>les</strong> activités économiques qui découlent de l’Investissementdirect étranger (IDE). Depuis 2004, excepté 2006,plus de 70 % des recettes <strong>du</strong> Gouvernement provenaientdes revenus nationaux. Cela coïncide avec la périodependant laquelle le flux d’investissements en Zambies’est notamment accru.On considère que l’IDE est une contribution importanteau développement apportant capital, technologie,connaissances en gestion, postes de travail et accès àde nouveaux marchés. Bien des gouvernements, dontcelui de la Zambie, ont développé des politiques pourinciter l’IDE.En 2002 <strong>les</strong> nouveaux investissements arrivés enZambie ont atteint USD 121,7 millions. Par la suite leurflux a considérablement augmenté atteignant USD 334millions en 2004 6 . La plupart de cet argent est acheminévers le tourisme, le secteur manufacturier, le bâtiment,<strong>les</strong> télécommunications et l’exploitation minière. LaChine est l’investisseur à plus forte croissance 7 mais6 Conférence des Nations Unies sur le Commerce et leDéveloppement (UNCTAD), Investment Policy Review –Zambia, New York et Genève, 2006. Disponible sur : .7 Peter Kragelund, “Opening the black box of China-Africa relations:the magnitude and composition of Chinese investments inZambia,” Danish Institute of International Studies, 2008.<strong>les</strong> capitaux provenant <strong>du</strong> Canada et <strong>du</strong> Royaume Unirestent <strong>les</strong> plus importants.La Zambie offre un milieu très libéral pour <strong>les</strong>investissements. Actuellement la loi de l’Agence pourle développement de la Zambie de 2006 règlementel’IDE et n’établit pas d’exigences de contenu local, detransfert de technologie, d’équité, d’emploi ni d’usage desous-traitance, bien qu’on encourage <strong>les</strong> investisseursétrangers à s’engager avec un certain degré de participationlocale. La loi permet aux investisseurs le libreretour dans leur pays d’origine de tout investissementde capital, gain, dividendes, intérêts et émoluments. Ellepermet également que <strong>les</strong> citoyens étrangers renvoientà l’étranger <strong>les</strong> salaires gagnés dans le pays.A partir des années 90 l’IDE a joué un rôle de plusen plus important dans l’économie zambienne en contribuantà une plus grande arrivée de capitaux et d’investissementstout en revitalisant l’in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> cuivre et enaugmentant la pro<strong>du</strong>ction et l’exportation de pro<strong>du</strong>its etde services non traditionnels. Cependant la Zambie nes’est pas servie de l’IDE de manière efficace pour promouvoirle développement et ré<strong>du</strong>ire la pauvreté 8 . L’undes objectifs <strong>du</strong> Gouvernement en incitant l’IDE a étéla diversification de l’économie pour ré<strong>du</strong>ire la grandedépendance des exportations de cuivre. Pourtant le cuivredomine toujours, en partie à cause de la majorationconsidérable <strong>du</strong> prix <strong>du</strong> minerai sur le marché mondialdepuis 2004. Pour l’instant l’IDE n’a pas eu non plusd’effets sensib<strong>les</strong> sur la pauvreté. L’incidence de ceux quivivent dans l’extrême pauvreté est à peine descen<strong>du</strong>e de58 % en 1991 à 51 % en 2006. Ces chiffres ont connudes fluctuations considérab<strong>les</strong> pendant <strong>les</strong> années intermédiaires.Le progrès économique s’est vu limité par l’échec<strong>du</strong> Gouvernement à se centrer sur la capacité <strong>du</strong> secteurprivé national et sur <strong>les</strong> facteurs freinant son développement.Ceci a con<strong>du</strong>it à la désin<strong>du</strong>strialisation de certainssecteurs de l’économie, ce qui a ré<strong>du</strong>it <strong>les</strong> possibilitésdes entreprises nationa<strong>les</strong> de se mettre en rapport avecdes investisseurs étrangers. En outre, <strong>les</strong> politiques libéra<strong>les</strong>d’investissement n’exigent pas que <strong>les</strong> entreprisesétrangères se mettent en rapport avec des pro<strong>du</strong>cteursou des fournisseurs locaux et ne <strong>les</strong> incitent pas nonplus à le faire.L’IDE n’a pas eu l’effet multiplicateur souhaité chez<strong>les</strong> acteurs nationaux. De plus, <strong>les</strong> incitations fisca<strong>les</strong> auxinvestisseurs étrangers gênent la gestion des acteursnationaux. La faib<strong>les</strong>se <strong>du</strong> secteur privé national ré<strong>du</strong>itconsidérablement <strong>les</strong> bénéfices éventuels de l’IDE par<strong>les</strong> connexions et <strong>les</strong> retombées. Un secteur privé nationalfort attirerait davantage l’IDE faisant voir l’existenced’un milieu économique favorisant l’investissement.Loi Économique des citoyensEn 2006 le Gouvernement a approuvé la Loi Economiquedes citoyens et a établi par la suite un Comitéd’Autonomisation économique des citoyens (CEEC enanglais) ayant la faculté d’encourager une participationlarge, significative et effective des citoyens dansl’économie contribuant ainsi à une économie <strong>du</strong>rable.Il reste encore à voir quels sont la performance etl’impact de cet effort pour renforcer <strong>les</strong> capacités <strong>du</strong>secteur privé national.8 UNCTAD, Investment Policy Review – Zambia, 2006, op cit.• Quelques études sur l’exploitation minière <strong>du</strong> cuivre(le principal bénéficiaire de l’IDE) dévoilent <strong>les</strong>raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’augmentation de l’IDEn’a pas été un outil plus important dans le développementou dans la ré<strong>du</strong>ction de la pauvreté.Entre autres 9 :• La signature d’Accords de développement unilatéraux.Gardés secrets en général, ces accordslibèrent <strong>les</strong> entreprises qui investissent de différentesobligations parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le paiement dela plupart des taxes et l’application de nombreuseslois nationa<strong>les</strong>, par exemple cel<strong>les</strong> portant sur lapollution. Ils assurent également la protection dela prochaine période législative jusqu’à la fin de la« Période de stabilité » de 15 à 20 ans.• Précarisation de la main d’œuvre. On a créé denouveaux postes de travail, mais leur qualité s’estconsidérablement détériorée. On estime que 45 %de la main d’œuvre existant dans <strong>les</strong> mines n’a paspu obtenir d’emploi permanent générant le droit à laretraite. La plupart des travailleurs ont des contratsà <strong>du</strong>rée déterminée dans des conditions bien moinsavantageuses que cel<strong>les</strong> des emplois réguliers.• Pollution. Quelques investisseurs n’ont pas suivi<strong>les</strong> lois nationa<strong>les</strong> qui leur sont encore appliquées.Les périodes de mauvaise gestion de l’environnementont nui à la santé de la population locale. Lestrois problèmes <strong>les</strong> plus fréquents et <strong>les</strong> plus gravessont <strong>les</strong> émissions de dioxyde de soufre provenantdes fonderies, <strong>les</strong> effluents contenant des métauxlourds qui sont déversés dans l’eau potable, etl’obstruction des rivières par des sédiments.ConclusionsL’une des principa<strong>les</strong> raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’IDE necontribue pas autant qu’il le devrait au développement<strong>du</strong>rable est le caractère ré<strong>du</strong>it des recettes fisca<strong>les</strong> <strong>du</strong>Gouvernement. Un détail <strong>du</strong> budget pour 2010 montreque <strong>les</strong> plus grandes contributions sur le revenu sontle Pay as you earn (taxe sur <strong>les</strong> salaires) de 19 % et laTaxe sur la valeur ajoutée de 18 % 10 . La taxe sur <strong>les</strong> revenusdes entreprises contribue avec 8 % et la taxe deredevance sur l’exploitation minière, avec 2 %. Lorsque<strong>les</strong> prix des métaux sont montés en flèche après 2004,on a établi une taxe sur <strong>les</strong> bénéfices extraordinaires en2007 ; cependant, après de fortes pressions des propriétairesd’exploitations minières, cette taxe a été abrogéeen 2009. Elle aurait pu rapporter bien plus au fisc.Les incitations pour attirer l’IDE se centrent demanière exagérée sur l’économie. Le Gouvernementn’investit pas en formation de la main d’œuvre en soutenantdes secteurs tels que l’é<strong>du</strong>cation et la santé, ce quiré<strong>du</strong>irait bien davantage la pauvreté. D’autre part, selon<strong>les</strong> politiques actuel<strong>les</strong>, l’IDE diminue dans <strong>les</strong> faits <strong>les</strong>droits des gens, par exemple le droit à l’alimentation età un environnement propre et sans <strong>les</strong> efforts conjointsdes garants de ces droits, il fera peu ou rien <strong>du</strong> tout enfaveur des droits des femmes. n9 Alistair Fraser and John Lungu, “For whom the windfalls?Winners and losers in the privatization of Zambia’s CopperMines”. Disponible sur : .10 Deloitte and Touche, 2009, Zambia Budget 2010–Keeping theright balance.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 185 Zambie

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