Changeons les règles du jeu - Social Watch

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100NicaraguaLe temps (limité) du « bonus démographique »024Le Gouvernement ne profite pas de l’opportunité historique que le dénommé « bonus démographique » lui878346978142offre pour les deux prochaines 100 décennies. Étant donné 100que les enfants et les adolescents constitueront unpourcentage de plus en plus important de la population totale, c’est le moment d’investir dans l’éducation desprochaines générations, ce qui permettrait d’augmenter les niveaux de revenus per capita. Les plans pour leIEG of Suriname = 56BCI of Uganda = 69IEG of Uganda = 67développement doivent prioriser la dépense dans l’enseignement public et destiner à ce secteur au moins 7 %du Produit Intérieur Brut (PIB) durant les 10 prochaines années pour pouvoir atteindre les objectifs essentiels.97100 100 100100 100100078100037100100Coordinadora Civil 1Adolfo Acevedo10052Le Nicaragua souffre d’énormes retards en ce quiconcerne le niveau d’enseignement de sa populationaussi bien en termes de couverture scolaire queIndice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 81 IEG = 52Enfants atteignant72 la cinquième annéed’écoleAutonomisationde qualité. De tous les enfants en âge scolaire, seul36086 % sont inscrits dans l’enseignement primaire,00et à peine 40 % des enfants inscrit en 1 ère année du9972primaire arrive à la dernière année de ce cycle 2 977497. Uniquement45 % des jeunes en âge d’assister au cycle Accouchements assurés par du Survivance jusqu’à9999100 100 100100 100100 100100secondaire s’y inscrivent et à peine 44 % des inscrits personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉducationfinissent leurs études 3 . Si l’on considère que le niveauminimal pour dépasser IEG of le USA seuil de 74pauvreté est le cyclepopulation. LaBCIpopulationof nicaracguaen âge de= 81travailler avait latine, mais en quelques IEG of nicaragua décennies il a pratiquementsecondaire complet, il n’y a qu’une conclusion atteint un pourcentage de 56,5 % et les personnes éradiqué la pauvreté.possible : le Nicaragua ne prépare pas correctement de plus de 60 ans, 5,6 % du total de la population. Cependant, pour profiter du « bonus démographiquesa population pour la vie qu’elle devrait avoir. Cela veut dire qu’en 2005, pour chaque enfant de» il ne suffit pas seulement d’avoir une forteCela implique des conséquences très négatives moins de 15 ans, il y avait 1,53 personne en âge de croissance de la population en âge de travailler : ilpour le développement du 100pays en prenant compte travailler.100faut aussi qu’un important 100 pourcentage de cellecis’incorpore effectivement au marché du travail.particulièrement de la problématique démographique Le plus marquant dans ce 99 processus de changementactuelle. D’après le Recensement de la population dedémographique est la simultanéité de la Une des plus importantes restrictions pour cela est2005 4 la population en âge de travailler 52 (de 15 à 59 diminution de la population infantile et de l’énorme la faible intégration des femmes sur le marché duans) est en train d’augmenter rapidement. Entre 1995 augmentation des personnes en âge de s’intégrer au travail, car elles se voient obligées à s’occuper de29et 2005, ce groupe de population a augmenté de manièremarché du travail.leur foyer et particulièrement des enfants. Seulementinédite de 29,2 % et a maintenu une croissance36,7 % des femmes en âge de travailler s’intégrer000annuelle de 2,6 %, 51sensiblement au dessus du 1,78 % Le « bonus démographique » et la réduction90 sur le marché du travail 5 . Cela signifie que les 63 %98 de la moyenne de la population totale. En 1990, 99 46 % de la pauvreté10090qui restent ne possèdent aucune source de98revenu,100 100 100100 100100 68100100des nicaraguayens avaient moins de 15 ans, 49,3 % On estime qu’en moyenne chaque année 118.000 ce qui limite leur autonomie et la faculté d’influenceravaient l’âge de travailler et seulement 4,8 % avaient jeunes atteignent l’âge de travailler, ce qui représente l’économie familiale.or = 91atteint l’âge de la retraite. Il y avait 1,1 personne en âge la croissance la plus élevée de la population en âge de Mais ce « bonus démographique » dont les paysIEG of El Salvador = 68de travailler par enfant de moins de 15 ans.travailler dans l’histoire BCI of Cyprus du Nicaragua. = 96 IEG of Cyprus = 65Ce processus, du sud-est asiatique ont su profiter pour réduire leurCependant, aujourd’hui le pourcentage des connu comme « bonus »ou « dividende démographiquepauvreté sur un laps de temps relativement court etmoins de 15 ans s’est réduit par rapport à la population» est observable aussi bien dans les zones qui leur a permis de se convertir en des pays avectotale, constituant une chute en termes absolus.urbaines que rurales, bien que dans ces dernières le des revenus per capita élevés, implique que les per-En 2005 cela représentait seulement 34,6 %, la processus soit un peu moins marqué.sonnes en âge de travailler reçoivent une formationEn termes macroéconomiques, si cette force adéquate pour pouvoir occuper des postes de travail1001001001 La Coordinadora Civil (Coordination Civile) réunit près de de travail bourgeonnante trouvait 99 des emplois hautementformels de haute productivité et bien rémunérés. Et600 Organisations non gouvernementales (ONG), réseaux etproductifs, il pourrait se produire une accé-d’un autre côté, que le marché de l’emploi leur offreindividus dans tout le Nicaragua.n/dlération du rythme de la croissance économique. effectivement ces emplois.2 IPS, “A la caza del último analfabeto” (À la chasse au dernier Avec la croissance économique et la diminution du42analphabète), 20 juillet 2007. Disponible sur : .0ou per capita augmenterait 0 en générant – puisqu’il Au Nicaragua, les personnes 0 qui se trouvent déjà3 La Prensa, “Nicaragua con bajo acceso a educación0n/dy aurait de moins en moins d’enfants – la possibilitéd’augmenter l’investissement en enseignement 100 passe de l’intégrer, ont reçu, dans la plupart 97secundaria” (“Le Nicaragua avec un faible accès n/dactuellement sur le marché du travail ou qui sont enà99l’enseignement secondaire”), 14 mars 2010. Disponible sur :99des cas,55100.100 100100 100100 100100par enfant. Ainsi, on combinerait la possibilité de un niveau de formation extrêmement faible et défi-4 Institut national de statistiques et recensements (INEC), VIII stimuler la croissance économique et de réduire der = 77Censo de Población y IV de Vivienda ( “VIII Recensement de manière significative la pauvreté.la population et IV du logement” ), mai 2006. Disponible sur :5 La Prensa, “Nicaragua desperdicia sus mejores años”Un exemple BCI où of cette Italy politique = 96 a été appliquéeIEG of Italy = 64.10020100Rapports nationaux 138 Social Watch

cient. Ceci est observable par la quantité moyenned’années de scolarisation de la population au delàde 15 ans, qui oscille entre 3,2 y 5,1 années pourles couches sociales ayant les revenus les plus bas 6 .Soixante pour cent des foyers les plus pauvresaccueillent 76 % des moins de 18 ans, c.-à-d., la plupartdes jeunes du pays. Cela signifie que la plupartdes jeunes qui habitent dans les foyers à moindrerevenu ont des niveaux de scolarité extrêmementbas. Si nous prenons en compte la forte corrélationexistante entre le niveau moyen d’études et lerevenu professionnel, la majorité de ces personnestravailleront dans des emplois précaires et informelstout au long des 50 ans de leur vie d’adulte, ce qui lesmaintiendra sous le seuil de pauvreté.Selon le dernier« Rapport sur la pauvreté » de laBanque mondiale pour le Nicaragua, les personnesqui n’ont pas terminé le cycle secondaire, c.-à-d.,qui ont moins de 11 ans de scolarisation, sont trèscertainement condamnées à vivre sous le seuil depauvreté 7 . C’est lorsqu’elles atteignent 11 ans descolarité, avec le cycle secondaire complet, que leursalaire dépasse (à peine) le seuil de pauvreté.L’analyse de la structure du marché du travailmontre que 70 % des emplois sont précaires dans lesecteur informel. Aujourd’hui, les indépendants oules personnes travaillant dans des petites unités économiquesindividuelles ou familiales, urbaines ou rurales,sans aucun accès aux ressources, constituent65 % des emplois. Ces petites structures occupent1 à 5 personnes et elles reflètent fréquemment lebesoin d’une grande partie des foyers à entreprendreavec leurs moyens, un type d’activité économiquepour survivre.Cette situation est le résultat d’un modèle de développementbasé sur les « avantages comparatifs »qui a prévalu dans le pays depuis deux décennies,dans lequel, même si la force de travail est comparativementabondante, elle est aussi très faiblementqualifiée, ce qui se traduit par des salaires très bas.Voici donc le mécanisme fondamental à travers lequelopère la reproduction intergénérationnelle de lapauvreté et des inégalités.La plus importante croissance de la populationen âge de travailler de l’histoire du Nicaragua constituel’opportunité démographique qui pourrait lui permettrede surmonter la pauvreté dans une périoderelativement courte. Mais cette opportunité n’estpas exploitée, en premier lieu, parce que la plupartdes jeunes rentrent sur le marché du travail avec desniveaux de formation très bas, ce qui les condamneà avoir de mauvais jobs. En second lieu, parce queseulement 53 % de la population active intègre lemarché du travail. Le facteur déterminant de cela estla faible incorporation des femmes.Les répercussions de cette négligence vis-à-visdu bonus démographique vont au-delà des consé-6 Adital, “Nicaragua en la encrucijada de la ‘transicióndemográfica” (“Le Nicaragua à la croisée de la ‘transitiondémographique”), 3 novembre 2009. Disponible sur : .7 El Nuevo Diario, “7% del PIB a Educación nos sacará de lapobreza” (“Un 7 % du PIB pour l’éducation nous sortira de lapauvreté” ), 12 mars 2010. Disponible sur: .quences immédiates ou à moyen terme. Le Nicaraguan’est pas seulement en train de gâcher cetteopportunité, mais aussi en train de semer une futurecatastrophe sociodémographique.Du bonus au désavantage démographiqueAu Nicaragua, seulement 20 % de la force de travailest inscrite à la Sécurité Sociale. Ainsi, 80 % despersonnes actives qui arrive à l’âge de la retraite, nedispose d’aucune épargne. Ces personnes âgées dépendrontpour survivre de l’assistance de leur familleou de l’État. Cette dépendance pourrait s’accroître àcause du système de répartition appliqué par l’InstitutNicaraguayen de Sécurité Sociale (INSS), où lepaiement des pensions est financé essentiellementpar les apports des affiliés actifs. Cependant, dansles prochaines années, le nombre de retraités et lemontant des pensions va augmenter jusqu’au pointoù les cotisations des affiliés actifs ne pourront plusles couvrir.Selon les informations disponibles (limitées), àpartir de 2016 environ, l’INSS ne sera plus capablede faire face à ses obligations de paiement avec sesrevenus actuels, ce qui causera un déficit des paiementsqui ne fera qu’augmenter progressivement.L’INSS devra alors avoir recours aux réserves techniquesaccumulées pour faire face à ses engagements,mais on estime que ces réserves seront épuisées audébut des années 2020. Il a été proposé de « réformerles paramètres » mais dans le meilleur des casceci permettra à l’INSS d’assumer ses obligationsdurant encore deux décennies.Dès lors, si la situation ne change pas, dans 25ou 30 ans, quand la phase de vieillissement de la populationaura commencé, les personnes qui seronten âge de prendre leur retraite vont dépendre de plusen plus des personnes actives – dont la quantité auracommencé à diminuer – pour survivre et couvrirleurs besoins.En même temps, la plupart des personnes enâge de travailler le feront, très probablement, dansdes emplois informels et précaires et seront donccondamnés à vivre dans la pauvreté. Dans ce cas,le « bonus démographique » se sera épuisé puisquele pourcentage des personnes actives, non seulement,ne continuera pas à augmenter par rapportaux non actives, mais le processus commencera às’inverser : le nombre de non actifs (principalementles personnes âgées) va augmenter de plus en pluspar rapport au nombre d’actifs. Cela provoquera unediminution progressive des revenus du travail parpersonne non active, ou ce qui revient au même,une diminution des revenus per capita des foyers,en raison de l’augmentation de la relation de dépendance,et la période de « bonus démographique »ouvrera la porte à une période de fort « désavantagedémographique »C’est le moment de changer l’avenirEn citant Jorge Campos, fonctionnaire du Fonds de lapopulation des Nations Unies au Nicaragua: « L’opportunitédémographique qui s’offre aujourd’hui ànous, sera unique et aura une durée limitée. Pour enprofiter, il est impératif d’avoir dès maintenant, desflux d’investissement suffisants et bien dirigés. Il estégalement impératif d’établir des politiques publiquesadéquates pour garantir que les jeunes puissententrer sur le marché du travail et qu’ils le fassentavec un bon niveau d’enseignement, de formationet de santé. Si cela ne se fait pas à temps, c.-à- d.maintenant, l’opportunité se convertira en catastrophesociale en raison des taux élevés de chômage,d’insécurité urbaine et d’émigration massive qui vontcertainement s’intensifier » 8 .Il est nécessaire d’investir au moins l’équivalentde 7 % du Produit interne brut (PIB) dans le systèmed’éducation publique 9 , de manière à atteindreune série de buts fondamentaux dans le domaine del’enseignement :• 100% d’inscriptions en primaire.• Au moins 80 % de réussite du cycle primairecomplet.• Au moins 75 % d’inscriptions pour le cycle secondaire.• Atteindre un niveau moyen de scolarisation d’aumoins 9 ans.Pour atteindre un investissement public pour l’éducationà hauteur de 7 % du PIB, il est nécessaire dedoubler l’actuel budget du ministère de l’Éducation,ou bien d’arriver à 6 % du PIB au minimum. Maisles projections budgétaires officielles indiquent quele budget de ce ministère, qui a atteint 4 % du PIBen 2009 10 , ne va pas augmenter mais plutôt se réduiredans les années qui viennent, pour atteindre3,55 % du PIB en 2013. Cette situation lamentablese produira à peine deux ans avant le délai pour l’accomplissementdes Objectifs du millénaire pour leDéveloppement (ODM).Les OMD prévoyaient qu’en 2015 tous lesenfants arriveraient à terminer le cycle complet del’éducation primaire. A présent, ce délai est discutablemais il faut faire un gros effort d’investissementdans l’enseignement pour changer ce sort.Malheureusement, cette situation semble presqueinévitable vu que le pays ne fait pas le nécessairepour la changer.Etant donné que la proportion de jeunes est entrain de diminuer, il n’y aura plus autant d’enfants etd’adolescents en lesquels investir pour qu’ils puissentsortir le pays de la pauvreté. Le moment d’investirdans la jeunesse et de changer les perspectives defutur est là, sinon il sera trop tard. n8 Adital, op. cit.9 El Observador Económico, “Sociedad Civil demanda 7%del PIB para Educación” (“La société civile demande 7 % duPIB pour l’Education”), 4 septembre 2009. Disponible sur :.10 Ibid.Social Watch 139 Nicaragua

cient. Ceci est observable par la quantité moyenned’années de scolarisation de la population au delàde 15 ans, qui oscille entre 3,2 y 5,1 années pour<strong>les</strong> couches socia<strong>les</strong> ayant <strong>les</strong> revenus <strong>les</strong> plus bas 6 .Soixante pour cent des foyers <strong>les</strong> plus pauvresaccueillent 76 % des moins de 18 ans, c.-à-d., la plupartdes <strong>jeu</strong>nes <strong>du</strong> pays. Cela signifie que la plupartdes <strong>jeu</strong>nes qui habitent dans <strong>les</strong> foyers à moindrerevenu ont des niveaux de scolarité extrêmementbas. Si nous prenons en compte la forte corrélationexistante entre le niveau moyen d’études et lerevenu professionnel, la majorité de ces personnestravailleront dans des emplois précaires et informelstout au long des 50 ans de leur vie d’a<strong>du</strong>lte, ce qui <strong>les</strong>maintiendra sous le seuil de pauvreté.Selon le dernier« Rapport sur la pauvreté » de laBanque mondiale pour le Nicaragua, <strong>les</strong> personnesqui n’ont pas terminé le cycle secondaire, c.-à-d.,qui ont moins de 11 ans de scolarisation, sont trèscertainement condamnées à vivre sous le seuil depauvreté 7 . C’est lorsqu’el<strong>les</strong> atteignent 11 ans descolarité, avec le cycle secondaire complet, que leursalaire dépasse (à peine) le seuil de pauvreté.L’analyse de la structure <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travailmontre que 70 % des emplois sont précaires dans <strong>les</strong>ecteur informel. Aujourd’hui, <strong>les</strong> indépendants ou<strong>les</strong> personnes travaillant dans des petites unités économiquesindivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong> ou familia<strong>les</strong>, urbaines ou rura<strong>les</strong>,sans aucun accès aux ressources, constituent65 % des emplois. Ces petites structures occupent1 à 5 personnes et el<strong>les</strong> reflètent fréquemment lebesoin d’une grande partie des foyers à entreprendreavec leurs moyens, un type d’activité économiquepour survivre.Cette situation est le résultat d’un modèle de développementbasé sur <strong>les</strong> « avantages comparatifs »qui a prévalu dans le pays depuis deux décennies,dans lequel, même si la force de travail est comparativementabondante, elle est aussi très faiblementqualifiée, ce qui se tra<strong>du</strong>it par des salaires très bas.Voici donc le mécanisme fondamental à travers lequelopère la repro<strong>du</strong>ction intergénérationnelle de lapauvreté et des inégalités.La plus importante croissance de la populationen âge de travailler de l’histoire <strong>du</strong> Nicaragua constituel’opportunité démographique qui pourrait lui permettrede surmonter la pauvreté dans une périoderelativement courte. Mais cette opportunité n’estpas exploitée, en premier lieu, parce que la plupartdes <strong>jeu</strong>nes rentrent sur le marché <strong>du</strong> travail avec desniveaux de formation très bas, ce qui <strong>les</strong> condamneà avoir de mauvais jobs. En second lieu, parce queseulement 53 % de la population active intègre lemarché <strong>du</strong> travail. Le facteur déterminant de cela estla faible incorporation des femmes.Les répercussions de cette négligence vis-à-vis<strong>du</strong> bonus démographique vont au-delà des consé-6 Adital, “Nicaragua en la encrucijada de la ‘transicióndemográfica” (“Le Nicaragua à la croisée de la ‘transitiondémographique”), 3 novembre 2009. Disponible sur : .7 El Nuevo Diario, “7% del PIB a E<strong>du</strong>cación nos sacará de lapobreza” (“Un 7 % <strong>du</strong> PIB pour l’é<strong>du</strong>cation nous sortira de lapauvreté” ), 12 mars 2010. Disponible sur: .quences immédiates ou à moyen terme. Le Nicaraguan’est pas seulement en train de gâcher cetteopportunité, mais aussi en train de semer une futurecatastrophe sociodémographique.Du bonus au désavantage démographiqueAu Nicaragua, seulement 20 % de la force de travai<strong>les</strong>t inscrite à la Sécurité <strong>Social</strong>e. Ainsi, 80 % despersonnes actives qui arrive à l’âge de la retraite, nedispose d’aucune épargne. Ces personnes âgées dépendrontpour survivre de l’assistance de leur familleou de l’État. Cette dépendance pourrait s’accroître àcause <strong>du</strong> système de répartition appliqué par l’InstitutNicaraguayen de Sécurité <strong>Social</strong>e (INSS), où lepaiement des pensions est financé essentiellementpar <strong>les</strong> apports des affiliés actifs. Cependant, dans<strong>les</strong> prochaines années, le nombre de retraités et lemontant des pensions va augmenter jusqu’au pointoù <strong>les</strong> cotisations des affiliés actifs ne pourront plus<strong>les</strong> couvrir.Selon <strong>les</strong> informations disponib<strong>les</strong> (limitées), àpartir de 2016 environ, l’INSS ne sera plus capablede faire face à ses obligations de paiement avec sesrevenus actuels, ce qui causera un déficit des paiementsqui ne fera qu’augmenter progressivement.L’INSS devra alors avoir recours aux réserves techniquesaccumulées pour faire face à ses engagements,mais on estime que ces réserves seront épuisées audébut des années 2020. Il a été proposé de « réformer<strong>les</strong> paramètres » mais dans le meilleur des casceci permettra à l’INSS d’assumer ses obligations<strong>du</strong>rant encore deux décennies.Dès lors, si la situation ne change pas, dans 25ou 30 ans, quand la phase de vieillissement de la populationaura commencé, <strong>les</strong> personnes qui seronten âge de prendre leur retraite vont dépendre de plusen plus des personnes actives – dont la quantité auracommencé à diminuer – pour survivre et couvrirleurs besoins.En même temps, la plupart des personnes enâge de travailler le feront, très probablement, dansdes emplois informels et précaires et seront donccondamnés à vivre dans la pauvreté. Dans ce cas,le « bonus démographique » se sera épuisé puisquele pourcentage des personnes actives, non seulement,ne continuera pas à augmenter par rapportaux non actives, mais le processus commencera às’inverser : le nombre de non actifs (principalement<strong>les</strong> personnes âgées) va augmenter de plus en pluspar rapport au nombre d’actifs. Cela provoquera unediminution progressive des revenus <strong>du</strong> travail parpersonne non active, ou ce qui revient au même,une diminution des revenus per capita des foyers,en raison de l’augmentation de la relation de dépendance,et la période de « bonus démographique »ouvrera la porte à une période de fort « désavantagedémographique »C’est le moment de changer l’avenirEn citant Jorge Campos, fonctionnaire <strong>du</strong> Fonds de lapopulation des Nations Unies au Nicaragua: « L’opportunitédémographique qui s’offre aujourd’hui ànous, sera unique et aura une <strong>du</strong>rée limitée. Pour enprofiter, il est impératif d’avoir dès maintenant, desflux d’investissement suffisants et bien dirigés. Il estégalement impératif d’établir des politiques publiquesadéquates pour garantir que <strong>les</strong> <strong>jeu</strong>nes puissententrer sur le marché <strong>du</strong> travail et qu’ils le fassentavec un bon niveau d’enseignement, de formationet de santé. Si cela ne se fait pas à temps, c.-à- d.maintenant, l’opportunité se convertira en catastrophesociale en raison des taux élevés de chômage,d’insécurité urbaine et d’émigration massive qui vontcertainement s’intensifier » 8 .Il est nécessaire d’investir au moins l’équivalentde 7 % <strong>du</strong> Pro<strong>du</strong>it interne brut (PIB) dans le systèmed’é<strong>du</strong>cation publique 9 , de manière à atteindreune série de buts fondamentaux dans le domaine del’enseignement :• 100% d’inscriptions en primaire.• Au moins 80 % de réussite <strong>du</strong> cycle primairecomplet.• Au moins 75 % d’inscriptions pour le cycle secondaire.• Atteindre un niveau moyen de scolarisation d’aumoins 9 ans.Pour atteindre un investissement public pour l’é<strong>du</strong>cationà hauteur de 7 % <strong>du</strong> PIB, il est nécessaire dedoubler l’actuel budget <strong>du</strong> ministère de l’É<strong>du</strong>cation,ou bien d’arriver à 6 % <strong>du</strong> PIB au minimum. Mais<strong>les</strong> projections budgétaires officiel<strong>les</strong> indiquent quele budget de ce ministère, qui a atteint 4 % <strong>du</strong> PIBen 2009 10 , ne va pas augmenter mais plutôt se ré<strong>du</strong>iredans <strong>les</strong> années qui viennent, pour atteindre3,55 % <strong>du</strong> PIB en 2013. Cette situation lamentab<strong>les</strong>e pro<strong>du</strong>ira à peine deux ans avant le délai pour l’accomplissementdes Objectifs <strong>du</strong> millénaire pour leDéveloppement (ODM).Les OMD prévoyaient qu’en 2015 tous <strong>les</strong>enfants arriveraient à terminer le cycle complet del’é<strong>du</strong>cation primaire. A présent, ce délai est discutablemais il faut faire un gros effort d’investissementdans l’enseignement pour changer ce sort.Malheureusement, cette situation semble presqueinévitable vu que le pays ne fait pas le nécessairepour la changer.Etant donné que la proportion de <strong>jeu</strong>nes est entrain de diminuer, il n’y aura plus autant d’enfants etd’ado<strong>les</strong>cents en <strong>les</strong>quels investir pour qu’ils puissentsortir le pays de la pauvreté. Le moment d’investirdans la <strong>jeu</strong>nesse et de changer <strong>les</strong> perspectives defutur est là, sinon il sera trop tard. n8 Adital, op. cit.9 El Observador Económico, “Sociedad Civil demanda 7%del PIB para E<strong>du</strong>cación” (“La société civile demande 7 % <strong>du</strong>PIB pour l’E<strong>du</strong>cation”), 4 septembre 2009. Disponible sur :.10 Ibid.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 139 Nicaragua

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