Changeons les règles du jeu - Social Watch

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Népal100s/dLa nécessité d’un nouveau programme pour le développement0239737Après des94années d’agitation politique et de conflit armé, le Népal a un besoin urgent de bonne96100la = 87100 gouvernance. 100 Les récents 100 progrès dans la santé, l’éducation 100 ainsi que 100dans d’autres secteurs n’enlèvent 100en rien le besoin d’établir un accord social qui mette l’importante responsabilité du développementgénéral entre les mains des citoyens. Les donateurs et le Gouvernement doivent accorder un niveauIEG of Guatemala = 51 BCI of Iraq = 88d’aide fixé au minimum pour les dix prochaines années. Il faudrait de plus renforcer le micro financementpour canaliser la croissance des flux d’envois de fonds vers des investissements productifs.100087s/ds/d80 801000100Rural Reconstruction Nepal (RRN)Abhas GhimireSarba Raj Khadka100Le Népal, un des pays les plus pauvres au monde, vitactuellement une transition sociopolitique tumultueuse.Indice des Capacités de Base (ICB) 2010 Indice d’Equité de Genre (IEG) 2009100ICB = 58 IEG = 51Enfants atteignantla cinquième annéed’école62Rapports nationaux 136 Social WatchAutonomisationL’Assemblée Constituante, une des plus inclusives que le21pays ait eu, est en train de rédiger une nouvelle Constitution22qui va démanteler l’héritage historique de politiques000de développement exclusives et centralisées. L’instabilité9629 841995politique du pays est facilement perceptible : durant les 20100 100 100100 1001005774 100dernières années, 19 gouvernements se sont succédés. Accouchements assurés par du Survivance jusqu’àEn dépit du désordre régnant, le Népal a réalisé personnel médical spécialisél’âge de 5 ans Activité économiqueÉducationd’énormes progrès dans des domaines tels que la santé,En dépit de sa politique instable et d’une décennie deconflit armé, le Népal a réalisé de grands progrès dans lesens des ODM. Avec la détermination et la focalisation nécessaireset l’assistance de ses partenaires pour le déve-= 88 IEG of Morocco = 45l’éducation et l’égalité des sexes, grâce en grande partieà l’aide étrangère qui fournit le financement pour l’intégralitédes programmes de développement du pays. Engénéral, le progrès a été inégal. Traqué par l’instabilitépolitique et la dépression économique, il est peu probableque le pays atteigne les objectifs 100 prévus dans la Déclarationdu Millénaire. La réussite minimale des Objectifs dumillénaire pour le développement (OMD) et la garantie dela dignité et de justice pour tous auront besoin d’un financementsuffisant et programmé de la part des partenaires42au développement, ainsi que d’une bonne gouvernance0et du respect des droits humains.loppement, le paysBCIpourraitof Nepalêtre un=des58leaders mondiauxdans la réalisation des efforts pour parvenir aux objectifsde 2015. S’il maintient sa progression, il est probable quele Népal réduise sa pauvreté extrême de moitié pour 2015.Entre 1995–1996 et 2003–2004, la proportion de la populationqui vivait avec moins 100d’un dollar par jour et passéede 34 % à 24 %, et le taux de pauvreté 93 est passé de 42 % à31 % 1 . Cependant, durant la même période, le coefficientde Gini mesurant le degré d’inégalité est passé de 34 à 41;le Rapport sur le développement humain 2009 l’a situé à47,3 2 . Cela signifie, paradoxalement, que le Népal a réduit0son indice de pauvreté de moitié mais a, en même temps,IEG of Nepal = 51100410Le Consensus de Monterrey, qui est le résultat de multiplié par deux l’inégalité de ses revenus.99la Conférence internationale sur le financement 9797pour le La réduction de moitié de l’extrême 99 pauvreté100 100 67100100 10072développement célébrée en 2002 par l’ONU, donne la constitue seulement un des objectifs prévus par lespriorité à la mobilisation de ressources financières nationalesOMD 1. Il est peu probable que l’objectif 1B soit obtenu,pour le développement et l’augmentation de l’Inves-c’est-à-dire le plein emploi productif pour tous, y com-tissement étranger direct (IED) et d’autres flux provenant pris les femmes et les jeunes, et le discours nationalIEG of Thailand = 70de fonds privés, au lieu de privilégier la coopération financièreet technique internationale pour le développement.Cependant, au Népal, comme dans d’autres pays moinsdéveloppés, les ressources nationales et les flux de capitauxprivés sont extrêmement limités et le Gouvernementaccorde invariablement moins d’importance auxdroits humains et à la dignité pour tous qu’à la croissanceéconomique. L’Aide publique au développement (APD)est habituellement utilisée pour un certain nombre deprojets et programmes limités, souvent ceux dont on peutévaluer l’avancement avec des résultats mesurables. Lesdroits humains ne sont jamais prioritaires dans l’agendadu financement pour le développement.fera probablement omission de cette erreur. Au lieu decréer un terrain favorable pour l’implantation et le développementd’entreprises et d’industries qui puissentoffrir des emplois à la force de travail inutilisée du pays,le Gouvernement dépense son énergie à persuader lespays étrangers d’ouvrir leurs portes aux travailleursnépalais. A court terme, cela suit une logique économique: les envois de fonds des travailleurs à l’étrangerreprésentent déjà trois fois les sommes reçues par l’APDet sont perçus comme un facteur d’unification (faible)du pays. À long terme, cette stratégie laissera le payssans ressources humaines techniques qualifiées. Lesconséquences seraient désastreuses si les travailleursnépalais n’étaient plus nécessaires à l’étranger.ovak Republic = 98 IEG of Slovakia = 69 BCI of Thailand= 96La pauvreté diminue, l’inégalité augmente1 Bureau Central de Statistiques, Gouvernement du Népal, 2004.2 Human Development Report 2009 (Rapport sur leDéveloppement Humain 2009). Disponible en anglais sur :.L’augmentation de la dépense sociale dans les secteursde la santé et de l’éducation durant les quinze dernièresannées a engendré des progrès importants dansces deux secteurs. La proportion de filles et de garçonsdans les écoles primaires est presque paritaire et 92 %des enfants vont à l’école, constituant en cela un recordsans précédent 3 . Cependant, le relief accidenté du payset la limitation de ses ressources font que l’insertion du10 % restant constitue un défi important. Des barrièressimilaires ont constitué un obstacle pour l’accès à la santéreproductive. Au Népal, une femme continue d’avoir 100fois plus de chance de mourir à cause d’une grossesseet de ses complications possibles, qu’une femme auRoyaume Uni. Le Programme « Aama » (Mère), 98cofinan-cé par le Département de développement international du100 100Royaume Uni (DfID, sigle en anglais pour « Departmentfor International Development » ) et le Gouvernementnépalais, offre des stimulants financiers jusqu’à 1.500roupies népalaises (USD 20) aux femmes qui accoucheraientdans un centre médical 4 . Bien que de nombreusesfemmes et familles aient profité de cette initiative, leprogramme n’a pas réduit significativement la quantitéde femmes qui meurent en couches. Un taux élevé depauvreté structurelle, le faible niveau d’éducation, la diminutiondes centres médicaux, le mauvais état des routeset le plus important, la situation d’infériorité des femmesdans les sociétés rurales, constituent autant de facteursdéfavorisant les femmes, les empêchant d’obtenir dessoins maternels de la part de professionnels de santéqualifiés.440 551003 Ministère de l’Éducation, Statistics of Nepal (Statistiques duNépal), Katmandou 2008.4 Alison Buckler, “Dying for children” (Mourir pour lesenfants), The Guardian, 21 novembre 2009. Disponible enanglais sur : .10097100

AOD et développementLe manque de prévisibilité de l’assistance au développementa rendu la tâche du Gouvernement difficile en cequi concerne la planification efficace sur le long terme.L’éradication de la pauvreté, la malnutrition et autresproblèmes sociaux demandent beaucoup de temps. Lesdonateurs et le Gouvernement doivent se mettre d’accordsur un mémorandum d’aide à long terme qui engage losdonateurs à un certain niveau d’aide pour une périoded’au moins 10 ans. Cela permettrait au Gouvernementd’élaborer des programmes et des stratégies basées précisémentsur le type d’aide reçue et dans la manière dela réinvestir. L’efficacité de cette approche est indéniableau regard des progrès obtenus dans l’éducation primaireet la santé maternelle, les deux secteurs dans lesquelsles engagements à long terme des partenaires pour ledéveloppement et les initiatives positives des acteurs del’État ont été complémentaires. La proportion du Budgetnational octroyée aux secteurs sociaux a augmenté de21 % en 1991 à environ 40 % dans l’actualité 5 .Bien que le conflit armé qui a durée une décenniesoit fini, l’environnement politique reste instable. Unesécurisation plus importante reste essentielle pour promouvoirl’investissement étranger et réduire les violationsgénéralisées des droits humains qui surviennentquotidiennement entre les citoyens. Même si le Népal sevante d’avoir une des économies les plus libéralisées dusud de l’Asie, les problèmes de sécurité et la corruptionrampante à quasi tous les niveaux du Gouvernementempêchent de recevoir un flux d’investissement étrangerdirect suffisant pour générer une croissance de l’emploi etdes connaissances techniques pour améliorer les moyensd’existence, pour stimuler la construction d’infrastructurecritique et pour offrir des emplois aux milliers de jeunesqui sont actuellement à l’étranger à la recherche d’un travail.La plupart des personnes qui émigrent proviennentde secteurs socio-économiques faibles et possèdent unbas niveau d’éducation et de qualifications. En général, ilsfinissent par réaliser des tâches impropres, dangereuseset dégradantes, dans des endroits où il y a peu ou aucunelégislation protégeant le travail. De graves violations desdroits humains ont été observées dans des zones où lestravailleurs sont victimes de trafic transfrontalier : ils sontmaltraités et même convertis en esclaves. Un nombrestupéfiant de cadavres de travailleurs migrants népalaisse retrouvent abandonnés dans plusieurs morgues duMoyen Orient. Rien qu’en 2009, au moins 600 népalaissont décédés dans les États du Golfe et en Malaisie 6 .Le Plan d’Action Nationale des DroitsHumainsLa Déclaration Universelle des Droits de l’Homme n’apas uniquement consacré le droit à la vie, mais aussi ledroit à l’alimentation, l’éducation, l’information, l’emploiet la sécurité sociale. Certains secteurs de la sociétéont été privés de ses droits fondamentaux ; l’État n’a paspris de mesures significatives pour faire face aux gravesviolations de ceux-ci. Historiquement les groupes margi-5 Commission de planification nationale, Gouvernement duNépal, National Development Strategy Paper 2009 (Documentde Stratégie nationale pour le développement 2009).6 Deepak Adhikari, “A Casket of Dreams” (Un coffret de rêves)The Kathmandu Post, 20 février 2010. Disponible en anglaissur : .nalisés et opprimés, dont les femmes, ainsi que les dalitsdes castes inférieures et les nations indigènes ou janjatis,aspirent toujours à ces droits fondamentaux pour pouvoirmener une vie digne.Suite à un processus participatif qui a réalisé desconsultations à différents niveaux : de district, régional etnational avec des représentants d’organisations du Gouvernement,des ONG, des organisations pour les droitshumains et de la société civile, des professionnels duDroit, des responsables des moyens de communication,des experts et des professionnels 7 , le Gouvernement aprésenté un Plan d’action national des Droits Humains(PANDH) en avril 2004. Comme il est d’usage avec la plupartde ce genre de déclaration et de document au Népal,le plan n’a pas été suivi d’effet en raison de la négligenceabsolue des gouvernements successifs.Perspectives pour le microfinancementLe microfinancement constitue une stratégie prometteusequi n’a pas encore été exploitée dans son ensemble.Le revenu des envois de fonds a encouragé un développementinclusif car plusieurs travailleurs migrantsqui proviennent des castes appelées « inférieures » etdes populations ayant le niveau d’éducation le plus bas,n’avaient reçu, jusqu’ici, que très peu d’aide ou d’attentiondu Gouvernement. Leurs envois de fonds ont atteintmême les groupes les plus marginalisés des zones lesplus lointaines. Cependant, le pays ne possède pas demoyens pouvant canaliser ces revenus vers un investissementproductif 8 . Habituellement les banques se trouventdans les grandes villes. Des coopératives ont été crééesdans les districts autour des villes et dans certaines zonesrurales, mais les programmes de microfinancement sontrestés à la traîne. Jusqu’à ce jour, le droit aux servicesfinanciers inclusifs, comme l’épargne, semble ne pasavoir été satisfait.Sécurité énergétique et changementclimatiqueLa sécurité énergétique est une des autres matièresessentielles au développement et les droits humainsn’ayant pas reçu une attention suffisante. Même si le Népalpossède un grand potentiel hydroélectrique estimé àquelques 83.000 mégawatts annuels 9 , la majorité de lapopulation manque de sécurité énergétique. Cela constituela barrière la plus importante pour le développementau sein de ces communautés. Une énergie accessiblereste essentielle pour chacun des OMD : par conséquentinvestir dans l’énergie reste une manière de les promouvoirtous en même temps.7 Gouvernement du Népal, National Human Rights Action Plan2004 (“Plan d’action national des droits humains 2004“).Disponible en anglais sur : .8 “Remittance has not been channelised into productivesectors” (“Les envois de Fonds n’ont pas été acheminésvers les secteurs productifs”), The Kathmandu Post, 18juin 2010. Disponible en anglais sur : .9 Dilli Prasad Bhattarai, Nepal at the First and Second Crossroads:Opportunities for a Win/Win in the New DevelopmentContext (Le Népal à la première et deuxième croisée deschemins : les opportunités gagnant/gagnant dans le nouveaucontexte de développement”). Disponible en anglais sur :.La production insuffisante d’énergie affecte tousles aspects de la vie rurale. L’accès à l’électricité pourraitencourager les enfants à lire, permettrait une communicationplus facile entre les individus et donnerait accès àtoutes les ressources disponibles à travers les technologiesrécentes, y compris les hôpitaux qui pourraientbénéficier d’équipement sûr et fiable. Cet accès pourraitmême réduire la déforestation. L’investissement dans dessources alternatives d’énergie pourrait fournir beaucoupd’énergie respectueuse de l’environnement, créer desmilliers “d’emplois verts” et développer les ressourceshumaines nécessaires pour construire une économieverte. Si le Népal matérialise son potentiel hydroélectrique,il pourrait répondre aux besoins énergétiques desa population et doter la région d’une source d’énergiepropre fiable.Le Népal est grandement vulnérable face aux ravagesdu changement climatique. Même si le pays n’estpas très large du nord au sud, il possède en longueur unrelief très varié, qui va du niveau de la mer jusqu’aux picsde l’Himalaya. En dépit de son insignifiante contributionaux gaz à effets de serre (GES), l’économie et les moyensd’existence de sa population pourraient sérieusementsouffrir du changement climatique. Le système agricoledépend en grande mesure des pluies ; une simple variationdans le cycle hydrologique pourrait constituerun coup dur pour l’économie du pays et les moyensd’existence individuels. Si l’un des 2000 lacs d’origineglaciaire du pays débordait, les inondations résultantespourraient provoquer une catastrophe en aval 10 . Pouréviter lesductions dans d’autres programmes de développement,les donateurs doivent offrir une assistanceadditionnelle pour les nouveaux programmes qui aidentle pays à atténuer les changements climatiques et à s’yadapter. La durabilité environnementale est interdépendantedes autres OMD. Un fonds pour le climat pourraitgarantir un progrès vers tous les objectifs et réduirait enmême temps les risques à court terme provoqués par lechangement climatique.L’absence de bonne gouvernanceAussi longtemps que la corruption incontrôlée continueraà infiltrer tous les secteurs de la société, le pays aura peude chances d’arriver à un développement soutenable àlong terme, en dépit du modèle de développement qu’ilpoursuivra. Dans l’actualité, le Népal manque d’organismesde gouvernement locaux élus qui puissent jouer lerôle d’intermédiaire entre la population, le Gouvernementnational et les partenaires internationaux de développement.La frustration causée par l’inefficacité de l’État etle faible système de sécurité ont donné lieu à l’apparitionde plusieurs groupes criminels violents qui commettentdes assassinats et des vols à main armée, extorquant del’argent et générant un climat de terreur dans plusieurszones. L’État n’a pas été capable de les éradiquer ou decalmer les craintes de violence ethnique qui se développentdans certaines parties du pays. Les partis politiques,qu’ils fassent partie du Gouvernement ou de l’opposition,paraissent plus préoccupés par les bénéfices à obtenir,que par la mise en place de la gouvernance que la populationdu Népal souhaite et dont elle a besoin. n10 Madan Koirala, Ranjana Bhatta, Communities ChallengingClimate Change (“Les communautés défient le changementclimatique”), CRSC / NEFEJ, 2010. Disponible en anglaissur : .Social Watch 137 Népal

AOD et développementLe manque de prévisibilité de l’assistance au développementa ren<strong>du</strong> la tâche <strong>du</strong> Gouvernement difficile en cequi concerne la planification efficace sur le long terme.L’éradication de la pauvreté, la malnutrition et autresproblèmes sociaux demandent beaucoup de temps. Lesdonateurs et le Gouvernement doivent se mettre d’accordsur un mémoran<strong>du</strong>m d’aide à long terme qui engage losdonateurs à un certain niveau d’aide pour une périoded’au moins 10 ans. Cela permettrait au Gouvernementd’élaborer des programmes et des stratégies basées précisémentsur le type d’aide reçue et dans la manière dela réinvestir. L’efficacité de cette approche est indéniableau regard des progrès obtenus dans l’é<strong>du</strong>cation primaireet la santé maternelle, <strong>les</strong> deux secteurs dans <strong>les</strong>quels<strong>les</strong> engagements à long terme des partenaires pour ledéveloppement et <strong>les</strong> initiatives positives des acteurs del’État ont été complémentaires. La proportion <strong>du</strong> Budgetnational octroyée aux secteurs sociaux a augmenté de21 % en 1991 à environ 40 % dans l’actualité 5 .Bien que le conflit armé qui a <strong>du</strong>rée une décenniesoit fini, l’environnement politique reste instable. Unesécurisation plus importante reste essentielle pour promouvoirl’investissement étranger et ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> violationsgénéralisées des droits humains qui surviennentquotidiennement entre <strong>les</strong> citoyens. Même si le Népal sevante d’avoir une des économies <strong>les</strong> plus libéralisées <strong>du</strong>sud de l’Asie, <strong>les</strong> problèmes de sécurité et la corruptionrampante à quasi tous <strong>les</strong> niveaux <strong>du</strong> Gouvernementempêchent de recevoir un flux d’investissement étrangerdirect suffisant pour générer une croissance de l’emploi etdes connaissances techniques pour améliorer <strong>les</strong> moyensd’existence, pour stimuler la construction d’infrastructurecritique et pour offrir des emplois aux milliers de <strong>jeu</strong>nesqui sont actuellement à l’étranger à la recherche d’un travail.La plupart des personnes qui émigrent proviennentde secteurs socio-économiques faib<strong>les</strong> et possèdent unbas niveau d’é<strong>du</strong>cation et de qualifications. En général, ilsfinissent par réaliser des tâches impropres, dangereuseset dégradantes, dans des endroits où il y a peu ou aucunelégislation protégeant le travail. De graves violations desdroits humains ont été observées dans des zones où <strong>les</strong>travailleurs sont victimes de trafic transfrontalier : ils sontmaltraités et même convertis en esclaves. Un nombrestupéfiant de cadavres de travailleurs migrants népalaisse retrouvent abandonnés dans plusieurs morgues <strong>du</strong>Moyen Orient. Rien qu’en 2009, au moins 600 népalaissont décédés dans <strong>les</strong> États <strong>du</strong> Golfe et en Malaisie 6 .Le Plan d’Action Nationale des DroitsHumainsLa Déclaration Universelle des Droits de l’Homme n’apas uniquement consacré le droit à la vie, mais aussi ledroit à l’alimentation, l’é<strong>du</strong>cation, l’information, l’emploiet la sécurité sociale. Certains secteurs de la sociétéont été privés de ses droits fondamentaux ; l’État n’a paspris de mesures significatives pour faire face aux gravesviolations de ceux-ci. Historiquement <strong>les</strong> groupes margi-5 Commission de planification nationale, Gouvernement <strong>du</strong>Népal, National Development Strategy Paper 2009 (Documentde Stratégie nationale pour le développement 2009).6 Deepak Adhikari, “A Casket of Dreams” (Un coffret de rêves)The Kathman<strong>du</strong> Post, 20 février 2010. Disponible en anglaissur : .nalisés et opprimés, dont <strong>les</strong> femmes, ainsi que <strong>les</strong> dalitsdes castes inférieures et <strong>les</strong> nations indigènes ou janjatis,aspirent toujours à ces droits fondamentaux pour pouvoirmener une vie digne.Suite à un processus participatif qui a réalisé desconsultations à différents niveaux : de district, régional etnational avec des représentants d’organisations <strong>du</strong> Gouvernement,des ONG, des organisations pour <strong>les</strong> droitshumains et de la société civile, des professionnels <strong>du</strong>Droit, des responsab<strong>les</strong> des moyens de communication,des experts et des professionnels 7 , le Gouvernement aprésenté un Plan d’action national des Droits Humains(PANDH) en avril 2004. Comme il est d’usage avec la plupartde ce genre de déclaration et de document au Népal,le plan n’a pas été suivi d’effet en raison de la négligenceabsolue des gouvernements successifs.Perspectives pour le microfinancementLe microfinancement constitue une stratégie prometteusequi n’a pas encore été exploitée dans son ensemble.Le revenu des envois de fonds a encouragé un développementinclusif car plusieurs travailleurs migrantsqui proviennent des castes appelées « inférieures » etdes populations ayant le niveau d’é<strong>du</strong>cation le plus bas,n’avaient reçu, jusqu’ici, que très peu d’aide ou d’attention<strong>du</strong> Gouvernement. Leurs envois de fonds ont atteintmême <strong>les</strong> groupes <strong>les</strong> plus marginalisés des zones <strong>les</strong>plus lointaines. Cependant, le pays ne possède pas demoyens pouvant canaliser ces revenus vers un investissementpro<strong>du</strong>ctif 8 . Habituellement <strong>les</strong> banques se trouventdans <strong>les</strong> grandes vil<strong>les</strong>. Des coopératives ont été crééesdans <strong>les</strong> districts autour des vil<strong>les</strong> et dans certaines zonesrura<strong>les</strong>, mais <strong>les</strong> programmes de microfinancement sontrestés à la traîne. Jusqu’à ce jour, le droit aux servicesfinanciers inclusifs, comme l’épargne, semble ne pasavoir été satisfait.Sécurité énergétique et changementclimatiqueLa sécurité énergétique est une des autres matièresessentiel<strong>les</strong> au développement et <strong>les</strong> droits humainsn’ayant pas reçu une attention suffisante. Même si le Népalpossède un grand potentiel hydroélectrique estimé àquelques 83.000 mégawatts annuels 9 , la majorité de lapopulation manque de sécurité énergétique. Cela constituela barrière la plus importante pour le développementau sein de ces communautés. Une énergie accessiblereste essentielle pour chacun des OMD : par conséquentinvestir dans l’énergie reste une manière de <strong>les</strong> promouvoirtous en même temps.7 Gouvernement <strong>du</strong> Népal, National Human Rights Action Plan2004 (“Plan d’action national des droits humains 2004“).Disponible en anglais sur : .8 “Remittance has not been channelised into pro<strong>du</strong>ctivesectors” (“Les envois de Fonds n’ont pas été acheminésvers <strong>les</strong> secteurs pro<strong>du</strong>ctifs”), The Kathman<strong>du</strong> Post, 18juin 2010. Disponible en anglais sur : .9 Dilli Prasad Bhattarai, Nepal at the First and Second Crossroads:Opportunities for a Win/Win in the New DevelopmentContext (Le Népal à la première et deuxième croisée deschemins : <strong>les</strong> opportunités gagnant/gagnant dans le nouveaucontexte de développement”). Disponible en anglais sur :.La pro<strong>du</strong>ction insuffisante d’énergie affecte tous<strong>les</strong> aspects de la vie rurale. L’accès à l’électricité pourraitencourager <strong>les</strong> enfants à lire, permettrait une communicationplus facile entre <strong>les</strong> indivi<strong>du</strong>s et donnerait accès àtoutes <strong>les</strong> ressources disponib<strong>les</strong> à travers <strong>les</strong> technologiesrécentes, y compris <strong>les</strong> hôpitaux qui pourraientbénéficier d’équipement sûr et fiable. Cet accès pourraitmême ré<strong>du</strong>ire la déforestation. L’investissement dans dessources alternatives d’énergie pourrait fournir beaucoupd’énergie respectueuse de l’environnement, créer desmilliers “d’emplois verts” et développer <strong>les</strong> ressourceshumaines nécessaires pour construire une économieverte. Si le Népal matérialise son potentiel hydroélectrique,il pourrait répondre aux besoins énergétiques desa population et doter la région d’une source d’énergiepropre fiable.Le Népal est grandement vulnérable face aux ravages<strong>du</strong> changement climatique. Même si le pays n’estpas très large <strong>du</strong> nord au sud, il possède en longueur unrelief très varié, qui va <strong>du</strong> niveau de la mer jusqu’aux picsde l’Himalaya. En dépit de son insignifiante contributionaux gaz à effets de serre (GES), l’économie et <strong>les</strong> moyensd’existence de sa population pourraient sérieusementsouffrir <strong>du</strong> changement climatique. Le système agricoledépend en grande mesure des pluies ; une simple variationdans le cycle hydrologique pourrait constituerun coup <strong>du</strong>r pour l’économie <strong>du</strong> pays et <strong>les</strong> moyensd’existence indivi<strong>du</strong>els. Si l’un des 2000 lacs d’origineglaciaire <strong>du</strong> pays débordait, <strong>les</strong> inondations résultantespourraient provoquer une catastrophe en aval 10 . Pouréviter <strong>les</strong> ré<strong>du</strong>ctions dans d’autres programmes de développement,<strong>les</strong> donateurs doivent offrir une assistanceadditionnelle pour <strong>les</strong> nouveaux programmes qui aidentle pays à atténuer <strong>les</strong> changements climatiques et à s’yadapter. La <strong>du</strong>rabilité environnementale est interdépendantedes autres OMD. Un fonds pour le climat pourraitgarantir un progrès vers tous <strong>les</strong> objectifs et ré<strong>du</strong>irait enmême temps <strong>les</strong> risques à court terme provoqués par lechangement climatique.L’absence de bonne gouvernanceAussi longtemps que la corruption incontrôlée continueraà infiltrer tous <strong>les</strong> secteurs de la société, le pays aura peude chances d’arriver à un développement soutenable àlong terme, en dépit <strong>du</strong> modèle de développement qu’ilpoursuivra. Dans l’actualité, le Népal manque d’organismesde gouvernement locaux élus qui puissent jouer lerôle d’intermédiaire entre la population, le Gouvernementnational et <strong>les</strong> partenaires internationaux de développement.La frustration causée par l’inefficacité de l’État etle faible système de sécurité ont donné lieu à l’apparitionde plusieurs groupes criminels violents qui commettentdes assassinats et des vols à main armée, extorquant del’argent et générant un climat de terreur dans plusieurszones. L’État n’a pas été capable de <strong>les</strong> éradiquer ou decalmer <strong>les</strong> craintes de violence ethnique qui se développentdans certaines parties <strong>du</strong> pays. Les partis politiques,qu’ils fassent partie <strong>du</strong> Gouvernement ou de l’opposition,paraissent plus préoccupés par <strong>les</strong> bénéfices à obtenir,que par la mise en place de la gouvernance que la population<strong>du</strong> Népal souhaite et dont elle a besoin. n10 Madan Koirala, Ranjana Bhatta, Communities ChallengingClimate Change (“Les communautés défient le changementclimatique”), CRSC / NEFEJ, 2010. Disponible en anglaissur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 137 Népal

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