déstabilisé l’économie <strong>de</strong> la famille, Monsieur n’a pas pu reprendre <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> commerce,l’argent investi habituellement <strong>dans</strong> l’élevage <strong>de</strong> porc était consommé par <strong>les</strong> médicaments. La vie duménage est <strong>de</strong>venue <strong>de</strong> plus en plus précaire ; <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s enfants ont été r<strong>et</strong>irés <strong>de</strong> l’école parce qu’il<strong>de</strong>venait impossible <strong>de</strong> payer <strong>les</strong> frais <strong>de</strong> scolarité. Le ménage a repris progressivement <strong>de</strong> p<strong>et</strong>itesactivités productives (p<strong>et</strong>it élevage, une production d’orge peu rentable , une faible production <strong>de</strong> rizparce qu’ils ont très peu <strong>de</strong> terres <strong>de</strong> bas fond).Le ménage est sociétaire CECAM <strong>de</strong>puis 1996, après l’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Monsieur. Le couple estime que laCECAM <strong>les</strong> a aidé à survivre, en leur donnant <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its crédits GCV <strong>et</strong> certaines années du créditproductif qui leur ont permis <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre en route leurs activités. Le crédit social a également étéutilisé pour ach<strong>et</strong>er <strong>de</strong>s médicaments pour leur fils acci<strong>de</strong>nté. Vu <strong>les</strong> faib<strong>les</strong> quantités <strong>de</strong> riz qu’ilsproduisent <strong>et</strong> peuvent m<strong>et</strong>tre en GCV, ils ne pensent pas pouvoir espérer <strong>de</strong> grands bénéfices <strong>de</strong> cescrédits, mais en « faisant tourner » <strong>les</strong> différentes p<strong>et</strong>ites activités, ils réussissent à « se débrouiller ».En 2005, il sont arrivés à obtenir un LVM pour l’achat d’une vache laitière. La garantie a étéconstituée par la machine à coudre <strong>de</strong> Madame, complétée par la machine d’une sœur <strong>de</strong> Madame <strong>et</strong>par la vache d’une tierce personne. L’apport personnel a été constitué par un emprunt fait à unproche. Comme ils n’avaient pas beaucoup d’argent , ils n’ont pas pu ach<strong>et</strong>er une vache pie rougenorvégienne mais seulement une « génisse locale, pas très bonne ». Arrivée il y a un an <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi, lagénisse a été accouplée au taureau quatre fois sans succès, sans doute, pensent-ils, parce qu’ellen’était pas assez bien alimentée. Ils ne peuvent lui donner que <strong>de</strong> l’herbe, parce que <strong>les</strong> revenus <strong>de</strong>spou<strong>les</strong>, du riz <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’orge, servent à rembourser le LVM. Le <strong>de</strong>rnier accouplement a été fructueux <strong>et</strong>la génisse <strong>de</strong>vrait m<strong>et</strong>tre bas en mai 2007, ce qui perm<strong>et</strong>tra d’avoir <strong>de</strong>s revenus à partir du lait maisrisque <strong>de</strong> poser un problème parce que c’est une pério<strong>de</strong> où l’herbe est rare … La production laitièreétant très rentable <strong>dans</strong> la zone, c<strong>et</strong>te vache représente pour eux une chance <strong>de</strong> redémarrer leursactivités.Ils n’auraient pas pu l’acquérir sans le LVM CECAM. Ils n’ont pas eu <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ard <strong>de</strong> remboursementjusqu’à présent. Ils espèrent qu’avec le premier veau, tout ira mieux, même s’ils sont inqui<strong>et</strong>s parrapport à l’alimentation <strong>de</strong> la vache.Une catégorie particulière <strong>de</strong> ce groupe est constituée par <strong>les</strong> ménages monoparentaux <strong>de</strong>femmes seu<strong>les</strong> assurant la charge <strong>de</strong> leurs enfants après un divorce, un abandon ou un décèsdu conjoint. Confrontées à la nécessité d’assurer le revenu familial sur la base d’un patrimoinesouvent très précaire <strong>et</strong> à la difficulté <strong>de</strong> l’exploitation agricole, ces femmes développent <strong>de</strong>ssystèmes d’activités non agrico<strong>les</strong> qui nécessitent <strong>de</strong>s investissements initiaux (couture,atelier <strong>de</strong> production <strong>de</strong> meub<strong>les</strong>, ..). La précarité <strong>de</strong> leur situation, conjuguée à leur bonneréputation, à leur détermination <strong>et</strong> à leur capacité <strong>de</strong> travail <strong>et</strong> d’entreprise, parviennentsouvent à convaincre <strong>les</strong> comités <strong>de</strong> crédit <strong>de</strong>s caisses loca<strong>les</strong>. Les LVM obtenus sont alors unfacteur déterminant <strong>de</strong> la reconstruction <strong>et</strong> <strong>de</strong> la sécurisation <strong>de</strong> ces ménages.4. Enseignements pour le réseau CECAM, la microfinance <strong>et</strong> <strong>les</strong> politiques publiquesLe crédit bail, une innovation qui perm<strong>et</strong> le financement <strong>de</strong> l’investissement agricole <strong>et</strong>ruralL’expérience <strong>de</strong> LVM du réseau CECAM démontre que le crédit bail adapté à lamicrofinance, est une innovation perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> financer l’investissement agricole <strong>et</strong> rural àune échelle significative pour le développement. Conjugué à <strong>de</strong>s procédures d’accès <strong>et</strong> <strong>de</strong>suivi rigoureuses, le mécanisme <strong>de</strong> crédit bail perm<strong>et</strong> d’obtenir un niveau <strong>de</strong> sécurisation ducrédit satisfaisant, compatible avec la pérennisation <strong>de</strong> l’institution financière. L’élaborationd’un cadre juridique perm<strong>et</strong>tant le développement légal <strong>et</strong> serein par la microfinance <strong>de</strong> c<strong>et</strong>ype <strong>de</strong> produit est donc un enjeu déterminant pour <strong>les</strong> politiques publiques.Autre enjeu <strong>de</strong> développement du crédit bail, la mobilisation <strong>de</strong> ressources financièresadaptées32, rue Le Pel<strong>et</strong>ier - 75009 PARIS - Tél. : 01 48 00 96 82 - Fax : 01 48 00 96 59www.esf.asso.fr – prime@esf.asso.fr90
Le réseau CECAM consacre annuellement <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> un tiers <strong>de</strong> ses ressources financièresau crédit bail. Les ressources stab<strong>les</strong> sur le moyen terme nécessaires au financement du LVMproviennent <strong>de</strong> différentes sources : mobilisation d’un capital mutualiste, refinancementbancaire <strong>et</strong> pour une part faible, mais croissante, collecte <strong>de</strong> l’épargne. La nécessitéd’augmenter la collecte <strong>de</strong> l’épargne à terme pour développer le crédit moyen terme contribueà l’ouverture du réseau CECAM sur le milieu urbain où c<strong>et</strong>te épargne est plus abondante <strong>et</strong>plus aisée à collecter. Si c<strong>et</strong>te ouverture sur le milieu urbain est favorable en termes <strong>de</strong>croissance <strong>de</strong>s ressources longues, elle comporte aussi le risque <strong>de</strong> voir, à terme, lagouvernance du réseau s’infléchir vers un pouvoir plus urbain <strong>et</strong> plus éloigné <strong>de</strong>s besoins dumilieu rural. Créer un contexte favorable à la mobilisation <strong>de</strong> ressources longues à un coûtraisonnable tout en préservant <strong>les</strong> intérêts du mon<strong>de</strong> rural , est un second enjeu déterminantpour <strong>les</strong> politiques publiques.Un produit financier <strong>de</strong> moyen terme efficace car inséré <strong>dans</strong> une gamme diversifiée <strong>de</strong>créditsLes ménages valorisent d’autant plus facilement le LVM qu’il est inséré <strong>dans</strong> une gamme <strong>de</strong>crédits perm<strong>et</strong>tant le financement productif <strong>de</strong> court terme, le financement du stockage <strong>et</strong> <strong>de</strong>la commercialisation, <strong>et</strong> la couverture <strong>de</strong>s aléas <strong>de</strong> la vie courante (urgence, santé,scolarisation, …). Par ailleurs, c<strong>et</strong>te gamme <strong>de</strong> crédits diversifiée perm<strong>et</strong> un processusd’apprentissage du crédit qui conduit progressivement l’utilisateur vers le LVM.C<strong>et</strong>te expérience plai<strong>de</strong> donc pour une diversification <strong>de</strong>s portefeuil<strong>les</strong> <strong>de</strong> crédit <strong>de</strong> nature àrépondre aux besoins <strong>de</strong> financement productifs <strong>et</strong> non productifs <strong>de</strong>s ménages <strong>et</strong> à perm<strong>et</strong>treun processus d’apprentissage <strong>de</strong> la gestion du crédit.Adapter <strong>les</strong> procédures aux spécificités du mon<strong>de</strong> rural <strong>et</strong> agricole pour élargir l’accès aucréditLe LVM s’est développé grâce à une bonne adaptation <strong>de</strong>s procédures financières auxspécificités <strong>de</strong> l’investissement rural <strong>et</strong> agricole. L’élargissement <strong>de</strong> la garantie à une gammediversifiée <strong>de</strong> biens ruraux incluant <strong>les</strong> animaux a largement contribué à ouvrir l’accès auLVM. De même, le choix <strong>de</strong> l’équipement par l’utilisateur, le calendrier <strong>de</strong> remboursementfixé en concertation avec l’utilisateur en fonction <strong>de</strong> son rythme d’activités constituent une<strong>de</strong>s clés du développement du LVM CECAM.Sécuriser le crédit bail/en élargir l’accès, un dilemme crucial en termes <strong>de</strong> pérennité <strong>et</strong>d’impactLe mécanisme <strong>de</strong> crédit bail en lui même ne suffit pas à garantir un niveau <strong>de</strong> sécurité ducrédit satisfaisant. La responsabilisation <strong>de</strong> l’utilisateur est renforcée par un apport personnel<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 30% du montant du crédit <strong>et</strong> par une garantie représentant 50 à 150% <strong>de</strong> lavaleur du crédit. Ces conditions constituent une limite <strong>de</strong> l’accès au LVM, mais sont à la foisune condition <strong>de</strong> la sécurisation <strong>de</strong> l’institution financière <strong>et</strong> une protection <strong>de</strong>s ménagescontre le surend<strong>et</strong>tement.Le coût du LVM, un frein important à son développementLe taux d’intérêt du LVM est proche <strong>de</strong>s standards <strong>de</strong> la microfinance (2,5 à 3,5%/mois). Ladurée <strong>et</strong> <strong>les</strong> montants <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> crédit conduisent à un coût élevé qui est un facteurlimitant important <strong>de</strong> l’accès <strong>et</strong> <strong>de</strong> la valorisation du crédit par <strong>les</strong> ménages. La tension induitepar ce coût <strong>de</strong> crédit <strong>dans</strong> <strong>les</strong> trésoreries est d’autant plus importante que <strong>les</strong> ménages sont ensituation précaire. Ce constat peut conduire à questionner <strong>les</strong> « bonnes pratiques» <strong>de</strong> lamicrofinance : la mo<strong>de</strong>rnisation équitable <strong>de</strong> l’équipement, enjeu déterminant pour ledéveloppement rural <strong>et</strong> <strong>les</strong> agricultures familia<strong>les</strong>, ne justifie-t-elle une intervention32, rue Le Pel<strong>et</strong>ier - 75009 PARIS - Tél. : 01 48 00 96 82 - Fax : 01 48 00 96 59www.esf.asso.fr – prime@esf.asso.fr91
- Page 5:
gouvernance, à construire des part
- Page 8:
- le plus faible impact des crises
- Page 12 and 13:
Part du secteur agricole dans l’
- Page 14 and 15:
Les limites peuvent être énumér
- Page 16 and 17:
stratégie, la diffusion de l’inf
- Page 18 and 19:
fallu s'adapter au contexte juridiq
- Page 20 and 21:
Les exemples des partenaires du RFM
- Page 22 and 23:
structure hiérarchique concentrée
- Page 24 and 25:
conditions étudiées (sud est de M
- Page 26 and 27:
MarchéDomestiqueMarchéInternation
- Page 28 and 29:
plus souvent, elles ne développent
- Page 30 and 31:
(2) si elles sont amenées à gére
- Page 32 and 33:
qualité et de l’intensité de le
- Page 34 and 35:
3.2.2 Les défis des prêts à moye
- Page 36 and 37:
3.2.5 La place de l’assuranceComm
- Page 38 and 39:
cadre, les aspects de formation à
- Page 40 and 41: Lancement du Rural Impulse Fund, ap
- Page 42 and 43: Leurs caractéristiquesLes IMFStruc
- Page 44 and 45: Leurs caractéristiquesOrganisation
- Page 46 and 47: BibliographieAbramovay R. & Piketty
- Page 48 and 49: Kula, O., Farmer, 2004, Mozambique
- Page 50 and 51: SIGLESACBA Agricultural. Cooperativ
- Page 52 and 53: FICHE N°1" Le financement de l'agr
- Page 54 and 55: ail, fonds de garantie paritaires,
- Page 56 and 57: Des innovations significatives ont
- Page 58 and 59: Pour ouvrir les débats à un publi
- Page 60 and 61: La BICIGUI et le CREDIT RURAL DE GU
- Page 62 and 63: • une garantie partielle de l’A
- Page 64 and 65: Les caractéristiques de ces crédi
- Page 66 and 67: emboursement, Le crédit peut aller
- Page 68 and 69: ANNEXE :ACTIONNARIAT DE LA BNI MADA
- Page 70 and 71: Rôle du Crédit agricole : un part
- Page 72 and 73: FICHE N°6Microfinance et investiss
- Page 74 and 75: Le réseau CECAM , une orientation
- Page 76 and 77: Tableau 3 : Taux de croissance annu
- Page 78 and 79: Tableau 6 : Destination de l’épa
- Page 80 and 81: Tableau 10 : Caractéristiques des
- Page 82 and 83: élevageDe leur adhésion à 2003 E
- Page 84 and 85: LVM nonagricoleNbrecas21Source : En
- Page 86 and 87: L’accès au LVM ne devient un pro
- Page 88 and 89: Ce groupe ne mentionne pas de diffi
- Page 92 and 93: publique ? Le gouvernement de Madag
- Page 94 and 95: FICHE N°7Le tourisme rural : un pr
- Page 96 and 97: FICHE N°8La garantie en appui au d
- Page 98 and 99: °OuarkoyeLe prêt de 10 millions n
- Page 100 and 101: En particulier, fonctionnement du f
- Page 102 and 103: L’apport de la Commission europé
- Page 104 and 105: FICHE N°9La microfinance et le fin
- Page 106 and 107: La présentation de deux expérienc
- Page 108 and 109: Nicaragua. Parallèlement, le phén
- Page 110 and 111: Une organisation paysanne participe
- Page 112 and 113: FICHE N° 10Microfinance et rentabi
- Page 114 and 115: FICHE N°11La tension entre une vis
- Page 116 and 117: Différentes conditions sont posée
- Page 118 and 119: nombre de clients est proche de cel
- Page 120 and 121: Rendement des actifs : résultat ne
- Page 122 and 123: FICHE N°12Un canal de distribution
- Page 124 and 125: Les difficultés de la mise en plac
- Page 126 and 127: 1.2 Une offre de microfinance en pl
- Page 128 and 129: financières professionnelles (qu'e
- Page 130 and 131: Au-delà de la définition techniqu
- Page 132 and 133: En terme de fonctionnement, le budg
- Page 134 and 135: FICHE N°14Quelle microfinance pour
- Page 136 and 137: interne. A ce titre, le CIDR a men
- Page 138 and 139: 1.2.1.2 Structures non-mutualistes
- Page 140 and 141:
donc majoritairement avec des petit
- Page 142 and 143:
maintenir les récoltes sur le lieu
- Page 144 and 145:
un grand danger à souligner lorsqu
- Page 146 and 147:
- Le développement de l’offre de