FICHE N°11La tension entre une vision commerciale <strong>de</strong> la micro finance <strong>et</strong> le fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>sservir <strong>les</strong>plus pauvres : mythe ou réalité ? Le cas <strong>de</strong> BUUSAA GONOFAA (BG) en Ethiopie.(Zoom microfinance n°21, Janvier 2006)SOS Faim BelgiqueIntroductionL’année 2005 a consacré la micro finance au niveau international. De nombreux événements(certains diraient <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s messes) ont été organisés pour célébrer le micro crédit commeoutil privilégié <strong>de</strong> lutte contre la pauvr<strong>et</strong>é. A l’automne 2006, un nouveau pas a été franchiavec l’attribution du prix Nobel <strong>de</strong> la paix à la GRAMEEN BANK <strong>et</strong> à son fondateur,Muhammad YUNUS.Dans ce contexte, le secteur <strong>de</strong> la micro finance se consoli<strong>de</strong>, touche <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> clientsexclus du système financier traditionnel <strong>et</strong> présente une image <strong>de</strong> plus en plus professionnelle,avec une orientation marquée vers ce que l’on qualifie d’approche commerciale, caractériséepar la recherche <strong>de</strong> rentabilité, la mise en concurrence <strong>et</strong> la régulation.Des voix s’élèvent régulièrement pour dénoncer <strong>les</strong> risques <strong>de</strong> dérive <strong>de</strong> la commercialisation<strong>de</strong> la micro finance, attirant l’attention sur le danger <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la rentabilité <strong>de</strong>s institutionsune priorité absolue par rapport à leur mission d’appui au développement, <strong>et</strong> <strong>de</strong> lutte contre lapauvr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> ce au détriment <strong>de</strong>s populations <strong>de</strong>sservies 26 .Si ce risque est bien réel, la réalité est moins duale : si la rentabilité financière d’uneinstitution <strong>de</strong> micro finance est bien une condition pour apporter <strong>de</strong>s services financiers <strong>de</strong>proximité durab<strong>les</strong> à <strong>de</strong>s populations margina<strong>les</strong>, elle n’est pas suffisante <strong>dans</strong> une perspective<strong>de</strong> lutte contre la pauvr<strong>et</strong>é.Le cas <strong>de</strong> BUUSAA GONOFAA en Ethiopie perm<strong>et</strong> d’illustrer comment une institution <strong>de</strong>micro finance parvient à concilier la rentabilité économique avec le fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>sservir <strong>de</strong>spopulations rura<strong>les</strong> isolées <strong>et</strong> margina<strong>les</strong>.La micro finance en EthiopieLe secteur du micro crédit en Ethiopie est strictement réglementé <strong>de</strong>puis 1996, suite à uneévaluation <strong>de</strong> fonds rotatifs gérés <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> développement, une loi a étépromulguée à l’époque <strong>dans</strong> l’esprit <strong>de</strong> professionnaliser le secteur en réduisant <strong>les</strong> distorsionsliées à <strong>de</strong>s taux d’intérêt non réalistes (pour plus <strong>de</strong> détails, consulter <strong>les</strong> zooms n°14 <strong>et</strong> n°1627 )Le secteur s’est développé <strong>de</strong> manière spectaculaire comme en attestent <strong>les</strong> chiffres publiéspar l’AEMFI 28 sur son site Intern<strong>et</strong> : au 30 juin 2006, le pays comptait 26 institutions <strong>de</strong>micro finance agréées <strong>dans</strong> 8 régions <strong>de</strong> c<strong>et</strong> état fédéral.26 En Amérique Latine, l’industrie <strong>de</strong> la micro finance est l’une <strong>de</strong>s plus rentab<strong>les</strong> financièrement.27 Les « zoom micro finance » sont téléchargeab<strong>les</strong> sur le site www.sosfaim.org.28 AEMFI – Association éthiopienne <strong>de</strong>s institutions <strong>de</strong> micro finance : www.aemfi<strong>et</strong>hiopia.org32, rue Le Pel<strong>et</strong>ier - 75009 PARIS - Tél. : 01 48 00 96 82 - Fax : 01 48 00 96 59www.esf.asso.fr – prime@esf.asso.fr 114
L’ensemble <strong>de</strong> ces institutions touche 1.450.000 clients environ. Comme l’Ethiopie compteprès <strong>de</strong> 73 millions d’habitants dont 30% sont considérés comme actifs économiquement, l<strong>et</strong>aux <strong>de</strong> pénétration du secteur est <strong>de</strong> 7%. Les 4 principa<strong>les</strong> IMF du pays, toutes liées à <strong>de</strong>sgouvernements régionaux 29 représentent à el<strong>les</strong> seu<strong>les</strong> 83% <strong>de</strong> ce chiffre.En termes <strong>de</strong> volume d’activités, l’en-cours <strong>de</strong> crédit représentait plus <strong>de</strong> 188 millions d’euroau 30 juin 2006, pour une épargne collectée <strong>de</strong> 65 millions d’euro.Le secteur est divisé en <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s catégories d’organismes : <strong>les</strong> IMF liées à <strong>de</strong>sgouvernements régionaux (Oromo, Amhara, Tigré, …) <strong>et</strong> bénéficiant <strong>de</strong> leur appui, sont <strong>les</strong>plus importantes. Les IMF entièrement privées, souvent créées par <strong>de</strong>s ONG ou à partir <strong>de</strong>proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> développement sont <strong>de</strong> taille plus mo<strong>de</strong>ste. L’ensemble <strong>de</strong>s acteurs font partie <strong>de</strong> l’AEMFI, association professionnelle nationale.Depuis 2005, le gouvernement fédéral fait preuve d’une plus gran<strong>de</strong> ouverture quant aumontant maximum du crédit : un plafond <strong>de</strong> 500 EURO avait été fixé initialement pour <strong>les</strong>crédits « normaux », avec possibilité pour <strong>les</strong> IMF d’une taille plus importante <strong>de</strong> dépasser ceplafond <strong>dans</strong> 20% <strong>de</strong>s cas. C<strong>et</strong>te disposition visait à garantir que <strong>les</strong> clients soient en majoritébien issus <strong>de</strong>s catégories <strong>les</strong> plus pauvres <strong>de</strong> la population. Il est maintenant questiond’augmenter ce montant plafonné pour mieux répondre aux besoins en financement <strong>de</strong>sp<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moyennes entreprises urbaines.BUUSAA GONOFAA 30BG est une institution <strong>de</strong> micro finance orientée vers le mon<strong>de</strong> rural créée en 1999. Elle a <strong>les</strong>tatut d’institution financière non bancaire <strong>et</strong> est régulée par la banque centrale. Elle est<strong>de</strong>venue opérationnelle en 2000, reprenant <strong>les</strong> activités <strong>de</strong> micro crédit menées antérieurement<strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> développement communautaire par son ONG « mère », HUNDEE.Sa mission consiste à apporter <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> micro finance efficients <strong>et</strong> flexib<strong>les</strong> auxpopulations pauvres rura<strong>les</strong> <strong>et</strong> péri urbaines <strong>de</strong> la région Oromo.BG offre <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> micro crédit <strong>et</strong> d’épargne <strong>de</strong> façon à assurer sa propre durabilité.L’organisation <strong>de</strong>ssert en priorité <strong>les</strong> femmes, <strong>les</strong> jeunes sans terres <strong>et</strong> <strong>les</strong> p<strong>et</strong>its paysans.La cliente type <strong>de</strong> BG vit en milieu rural, est mariée, a entre 28 <strong>et</strong> 40 ans, n’a jamais étéscolarisée <strong>et</strong> vit <strong>dans</strong> un foyer qui compte en moyenne 7 personnes où la plupart <strong>de</strong>s enfantsvont à l’école. Elle vit <strong>dans</strong> un maison avec un toit <strong>de</strong> paille, sans électricité, <strong>et</strong> avec un accèsdifficile à l’eau potable. En général, la famille compte <strong>de</strong>ux sources <strong>de</strong> revenus principa<strong>les</strong> :l’agriculture <strong>de</strong> subsistance (sur un terrain <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 1 hectare) <strong>et</strong> le p<strong>et</strong>it commerce. Lesrepas sont parfois irréguliers en raison <strong>de</strong> revenus très faib<strong>les</strong> <strong>et</strong> d’une gran<strong>de</strong> vulnérabilité aurisque.BG promeut ses services en se déplaçant <strong>dans</strong> <strong>les</strong> villages. BG installe également <strong>de</strong>s antennes<strong>dans</strong> <strong>les</strong> centres ruraux éloignés, <strong>les</strong> jours <strong>de</strong> marché. Les crédits sont distribués à <strong>de</strong>s groupes<strong>de</strong> 10 à 20 membres constitués à l’initiative <strong>de</strong>s bénéficiaires. Si l’utilisation <strong>de</strong>s fonds estindividuelle, la garantie est solidaire : le groupe perd tout accès au financement en cas <strong>de</strong>défaut <strong>de</strong> paiement <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong> ses membres.29 ACSI en région Amhara, DECSI au Tigré, OCSSCO en région Oromo <strong>et</strong> OMO <strong>dans</strong> le Sud.30 BG a bénéficié <strong>de</strong> plus sieurs appuis d’ONG internationa<strong>les</strong> <strong>de</strong>puis sa création parmi <strong>les</strong>quels : Centre International <strong>de</strong>Développement <strong>et</strong> <strong>de</strong> Recherche - CIDR (France) ; Interchurch Organization for Development Cooperation – ICCO <strong>et</strong> ensuiteTERRAFINA (Pays-Bas) ; Solidarité Mondiale (Belgique) ; SOS Faim (Belgique <strong>et</strong> Luxembourg)11532, rue Le Pel<strong>et</strong>ier - 75009 PARIS - Tél. : 01 48 00 96 82 - Fax : 01 48 00 96 59www.esf.asso.fr – prime@esf.asso.fr
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