4.1LESPRINCIPESFONDATEURSDU GRANDPARISLE CHEMINEMENT, À PARTIR DE LA CONSULTA-TION GRAND PARIS, A OUVERT DES CHAMPSD’ÉTUDES THÉMATIQUES QUE NOUS SOUHAI-TONS DÉVELOPPER. L’ÉQUIPE A DÉSIRÉ POUR-SUIVRE CETTE AVENTURE EN CONSERVANT LALIBERTÉ DE PENSER QUI A ÉTÉ LA SIENNE PEN-DANT LA CONSULTATION. L’AVENIR, C’EST LAVILLE, IL S’AGIT DE LA RÉFLÉCHIR AUTREMENTEN INTÉGRANT LES CONCEPTS DU DÉVELOP-PEMENT DURABLE DANS LA PENSÉE ARCHITEC-TURALE ET URBAINE SANS LES CONSIDÉRERCOMME DES CONTRAINTES QUI SE SUPER-POSENT À CELLES QUI EXISTENT DÉJÀ. LESCHEMINS DE L’URBANITÉ VONT DÉVELOPPERDES CONCEPTS QUI POURRAIENT TROUVERDES APPLICATIONS MÉTROPOLITAINES DANSLE GRAND PARIS ET AILLEURS, MAIS AUSSIÀ DES ÉCHELLES DE VILLE DENSE.La définition de ces concepts répond aux principeset méthodes préalab<strong>le</strong>ment mobiliséssur <strong>le</strong> projet du Grand Paris. En effet, celui-ci anécessité l’élaboration d’un ensemb<strong>le</strong> d’outilsconceptuels qui composent un manifeste initia<strong>le</strong>t qui permettent la génération du projet.8 PRINCIPESLa génération poétique du projetLa poésie d’un lieu réside en sa capacité de flânerie,de déambulation, sa force émotive, sesbonnes surprises toujours renouvelées, ses mystèreset ses épaisseurs… La poésie constitue unguide car « <strong>le</strong> bien décisif et à jamais inconnude la poésie, croyons-nous, est son invulnérabilité» (René Char).L’approche qualitative,globa<strong>le</strong> et systémique du projetL’appréciation de la qualité du projet ne peutêtre que qualitative et <strong>le</strong>s appréciations quantitativespeuvent toujours être traduites qualitativement.Globa<strong>le</strong>, car <strong>le</strong>s traitements en partieséparés des différents aspects du projet aboutissentà un projet final qui n’est qu’une suite decorrections de la vision initia<strong>le</strong>. Enfin, <strong>le</strong> projetne se réduit pas à la somme de ses éléments,mais doit être considéré comme un système,dans une dynamique globa<strong>le</strong>.La modernité baroqueLa culture urbaine à revisiter est baroque : ducerc<strong>le</strong> à l’ellipse, d’un centre omnipotent àde multip<strong>le</strong>s centres. Cela implique d’en finiravec <strong>le</strong> radioconcentrique, qui tend à étoufferl’agglomération parisienne, et d’organiser denouvel<strong>le</strong>s polarités mieux distribuées.Le symbolique extraordinaireUne fonctionnalité capab<strong>le</strong> de fixer l’imaginairemondial est nécessaire afin d’inscrire la métropo<strong>le</strong>dans sa modernité et d’en faire une vil<strong>le</strong>monde. Trois types de <strong>le</strong>viers y concourent :événementiels, culturels et universitaires.La topolitiqueSur <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> d’un Grand Paris solidaire dans <strong>le</strong>quelil n’existe plus de quartiers indignes, il convientde faire de la topologie et de la politique, soitde la topolitique. C’est dire que <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs dela République, dont <strong>le</strong> droit à l’urbanité, doiventdevenir visib<strong>le</strong>s dans la métropo<strong>le</strong>. Il s’agit dedisséminer de l’intérêt public partout.Le développement durab<strong>le</strong>, l’adaptabilitéet la cultureUne politique de développement durab<strong>le</strong> està trois dimensions : économique, sociéta<strong>le</strong> etenvironnementa<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> doit aussi répondreà l’évolution de toutes <strong>le</strong>s composantes ducadre de vie bâti, d’où la nécessaire adaptabilitéde celui-ci. Enfin, cette politique doitêtre en harmonie avec <strong>le</strong> système de va<strong>le</strong>ursde la société, c’est-à-dire sa culture.Densité – Compacité – IntensitéLa vil<strong>le</strong> que nous souhaitons promouvoir àl’échel<strong>le</strong> métropolitaine est compacte, avec deslimites franches qui contribuent à sa beauté.C’est donc un développement intensif plutôtqu’extensif. La compacité est une réponse àl’éta<strong>le</strong>ment urbain, à la consommation du sol etaux types d’aménagements urbains nécessairesdans un contexte post-Kyoto de réduction desgaz à effet de serre.Le droit à l’accessibilitéLe niveau d’accessibilité représente un enjeudécisif pour un espace urbain en ce qu’il déterminesa capacité à participer de la vie métropolitaine.Accéder, c’est donner la primeur à deslieux et des populations plutôt que développerune mobilité sans but. C’est pourquoi la questiondu maillage et surtout la position des stationspriment sur la seu<strong>le</strong> mobilité.▼ L’Agora du Grand Paris, à la confluence de la Seine etde la Marne. Photomontage réalisé à partir de la sal<strong>le</strong>de l‘Assemblée nationa<strong>le</strong> du pays de Gal<strong>le</strong>s à Cardiff,conçue par Rogers Stirk Harbour + Partners.
HABITER LE CIEL496 MÉTHODESDérég<strong>le</strong>menterDans <strong>le</strong> cadre normatif actuel, la somme descontraintes contribue à l’inertie des projets.Il est question de faire en sorte que chaqueaction soit bien <strong>le</strong> fruit d’une décision poli tiqueet non d’une accumulation de contraintes techniquesqui organisent des non-choix poli tiques.Une gestion intelligente de l’eau permettrait dedépasser <strong>le</strong>s contraintes en matière de constructionen zone inondab<strong>le</strong>, en favorisant l’applicationd’innovations qui existent et sont mises enœuvre dans d’autres pays européens.Sauter un pasCela consiste à révé<strong>le</strong>r ou construire des lieuxmajeurs bien au-delà de la vil<strong>le</strong> centre, à lamanière du château de Versail<strong>le</strong>s, dont l’implantationloin de Paris a permis <strong>le</strong> développementcohérent de l’Ouest. C’est une alternative audéveloppement naturel de la métropo<strong>le</strong> parabsorption margina<strong>le</strong> et radioconcentrique.C’est un acte décisionnel.Le patchworkIl s’agit de considérer chaque projet, lieu, territoirecomme unique et de s’appuyer sur sessingularités tout en travaillant <strong>le</strong>s coutures intercommu na<strong>le</strong>s. C’est libérer la possibilité de frictions,de contacts, d’agglomération, de ruptured’échel<strong>le</strong>s entre des tissus urbains variés. C’estorganiser une batail<strong>le</strong> de San Gimignano àl’échel<strong>le</strong> des communes.▼ Le mont Valérien, monument de toutes <strong>le</strong>s mémoires.S’appuyer sur la géomorphologieet <strong>le</strong>s paysagesIl s’agit d’identifier <strong>le</strong>s territoires dans toutes<strong>le</strong>urs dimensions – géomorphologie, paysage,géographie humaine, économique et socia<strong>le</strong> –afin de profiter de <strong>le</strong>ur richesse et de stimu<strong>le</strong>r lavariété des composantes territoria<strong>le</strong>s.S’appuyer sur la topographie permet de déce<strong>le</strong>rdes lieux d’où la métropo<strong>le</strong> se donne à voir.Déchiffrer et dézoner <strong>le</strong> territoireC’est dire la nécessité de produire <strong>le</strong>s conditionsd’une mixité dans <strong>le</strong>s fonctions et <strong>le</strong>s usages :non plus des zones industriel<strong>le</strong>s, des zones▼ Le port de Gennevilliers s’ouvre au public enaccueillant un grand opéra (ici l’opéra de Sydney, JornUtzon, architecte).parcs, des zones résidentiel<strong>le</strong>s… mais unecomp<strong>le</strong>xi fi ca tion des tissus urbains pour promouvoirl’urbanité. Dézoner, c’est aussi favoriser descontinuités urbaines, inexistantes du fait de laséparation des fonctions, entre des zones industriel<strong>le</strong>s,des zones d’habitat, des zones commercia<strong>le</strong>set <strong>le</strong> tissu de la vil<strong>le</strong> sédimentaire.Remode<strong>le</strong>r et désenclaver<strong>le</strong>s grands ensemb<strong>le</strong>sLe droit à l’urbanité revient à corriger l’inégalitéde condition urbaine vécue par <strong>le</strong>s habitantsdes quartiers populaires.On peut intervenir largement sur <strong>le</strong>s formesurbaines, ajouter, densifier, transformer <strong>le</strong>sfaçades et agrandir <strong>le</strong>s logements. En travaillantsur <strong>le</strong>s limites, on autorise la vil<strong>le</strong> à envahir <strong>le</strong>squartiers afin de <strong>le</strong>ur donner une va<strong>le</strong>ur équiva<strong>le</strong>nteaux autres territoires de la métropo<strong>le</strong>.▼ À Rungis, <strong>le</strong> ventre du Grand Paris s’ouvre sur lavil<strong>le</strong> et devient un lieu de destination des gourmandscurieux.