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Revue habiter le ciel - Nexity

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HABITERLE CIELLES CHEMINS DE L’URBANITÉAtelier Castro Denissof Casi / <strong>Nexity</strong>


03-09 INTRODUCTIONCHIFFRES DU LOGEMENT EN ÎLE-DE-FRANCEET SI HABITER LE CIEL ÉTAIT UNE SOLUTION ?LA RÉPONSE DE ROLAND CASTRO10-23 HABITER LE CIELINSERTION URBAINE ET ANCRAGE AU SOLAUTOUR DE COURS – JARDINSDES COURS, DES JARDINS SUSPENDUS, UN VILLAGE VERTICALCONJUGUER BIEN-ÊTRE ET SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUE24-33 CONCILIER L’UN ET LE COMMUNDE L’HABITAT INDIVIDUEL À L’HABITAT SUPERPOSÉLA TOUR, UN IMAGINAIRE MARQUÉ PAR L’HABITAT SOCIALTÉMOIGNAGESCINQ RÉFÉRENCES QUI CONTRIBUENT À NOURRIR NOTRE RÉFLEXION34-43 L’INSERTION URBAINEDENSITÉ/COMPACITÉUNE TOUR ARBORESCENTE, SIGNAL DU JARDIN ET DU FLEUVEUN TOTEM VÉGÉTAL, SYMBOLE D’UNE IDENTITÉ RETROUVÉELA RÉGLEMENTATION DE SÉCURITÉ INCENDIE44-45 LES ENJEUX DU GRAND PARISPAROLES D’EXPERTS ET DE POLITIQUESLES PRINCIPES FONDATEURSLE GRAND PARIS


HABITER LE CIEL3NOUS SOMMESDES MILITANTSDU PUBLIC-PRIVÉLa pénurie de logements est chronique. Denos jours, l’exclusion et la précarité dans lavil<strong>le</strong> par <strong>le</strong> logement sont devenues un lieucommun, une banalité.Dans la région la plus riche d’Europe, tout <strong>le</strong>monde ne peut se loger. Même des salariésemployés à durée indéterminée ne peuventaccéder à un logement décent. L’impuissancepublique pour faire face seu<strong>le</strong> à l’ensemb<strong>le</strong> deces questions inquiète. Mais notre compassionimmobi<strong>le</strong> ne rég<strong>le</strong>ra rien, pas plus quela conception archaïque des frontières entrel’intervention publique et privée. Les conservatismesne sont ni à gauche, ni à droite, ilssont d’abord dans la conception d’un État quidoit agir seul.<strong>Nexity</strong>, premier opérateur de l’immobilier, adécidé de s’engager dès <strong>le</strong> départ dans <strong>le</strong>Grand Paris. Pourquoi ?Parce que notre conception du rô<strong>le</strong> d’une entrepriseau service des problématiques immobilièresest différente. Nous pensons pouvoirapporter, aux côtés de la puissance publique,des solutions au service de tous, à cettechaîne de logements qui a déraillée. Noussommes des militants du public-privé. Notrevision n’est pas juste cel<strong>le</strong> d’un taux de marge.Notre horizon n’est pas seu<strong>le</strong>ment notre partde marché. Nous revendiquons notre engagement,que nous considérons comme un devoiret une nécessité.L’amp<strong>le</strong>ur des enjeux questionne l’ensemb<strong>le</strong>des consciences. Nous sommes convaincusqu’il est possib<strong>le</strong> d’être une entreprise rentab<strong>le</strong>et d’être au service de tous. Nous l’avonsdémontré. Plutôt qu’attendre, nous avonschoisi d’accompagner <strong>le</strong> changement.Mais nous savons éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong> GrandParis ne se jouera pas uniquement dans <strong>le</strong>sesprits. Le principal obstac<strong>le</strong> est désormaisd’apporter des réponses concrètes, communepar commune, quartier par quartier, sans s’interdired’ouvrir de nouvel<strong>le</strong>s voies, d’expérimenterde nouvel<strong>le</strong>s approches.Notre réponse est ici et maintenant pour réaliserla vil<strong>le</strong> de demain, la vil<strong>le</strong> d’avance.Alain DininPrésident-Directeur général de <strong>Nexity</strong>


COMMENT VIVREENSEMBLE ?À QUOI SERTUN GRAND PARIS ?COMMENT FAIRE POURLOGER TOUT LE MONDE ?


HABITER LE CIEL5COMMENT MIXERLES USAGES ?Y A-T-IL DES TOURSDÉSIRABLES ?Peut-on être écolo etfavoriser l’éta<strong>le</strong>ment urbain ?


LE LOGEMENT EN ÎLE-DE-FRANCE11 694 000 HABITANTS AU 1 ER JANVIER 2008.TAUX DE CONSTRUCTION DE 7,4 ‰.4,7 MILLIONS DE FOYERS FISCAUX.LE REVENU MÉDIAN DES MÉNAGES EST DE 32 156 €/ANET DE 30 670 €/AN À PARIS.380 000 DEMANDEURS DE LOGEMENTS SOCIAUX.50 % DU PATRIMOINE SOCIALEST RÉPARTI SUR SEULEMENT 8 % DES COMMUNES.374 COMMUNES CONCERNÉES PAR LA LOI SRU.181 D’ENTRE ELLES NE RESPECTENT PAS LEURS OBLIGATIONS.L’OBJECTIF DE PRODUCTION EST DE 70 000 LOGEMENTS PAR AN,LA MOYENNE DE PRODUCTION RÉELLE ENTRE 1995 ET 2008EST DE 35 000 LOGEMENTS PAR AN.88 % DES FRANCILIENS*PENSENT QU’IL EST DIFFICILE DE TROUVER UN LOGEMENT.LE PRIX MOYEN DU M 2 ANCIENA AUGMENTÉ DE 140 % ENTRE 1999 ET 2009.* Résultats du sondage <strong>Nexity</strong>-TNS Sofres, observatoire du logement, janvier 2010.


HABITER LE CIEL7Et si <strong>habiter</strong> <strong>le</strong> <strong>ciel</strong> était une solution ?


HABITER LE CIEL 11


1.1HABITERLE CIELCONCILIER L’UN ET LE COMMUN, C’EST PRO-MOUVOIR L’INDIVIDUALITÉ – LE SENTIMENTD’UN LOGEMENT À SOI – DANS UN ENSEMBLECOLLECTIF. LA TYPOLOGIE DUPLEX ET L’ACCÈSINDIVIDUALISÉ À CHAQUE LOGEMENT À TRA-VERS DES ESPACES PARTAGÉS PERMETTENTD’APPRÉCIER LA COMMUNAUTÉ. TOUS CESESPACES PARTAGÉS DEVIENNENT DES LIEUXDE VIE À INVESTIR. LA PLUS GRANDE APPRO-PRIATION EST RECHERCHÉE CAR C’EST BIENELLE QUI GARANTIT LA PÉRENNITÉ – LA DURA-BILITÉ – DU BÂTIMENT.Le concept d’Habiter <strong>le</strong> Ciel s’inscrit dans <strong>le</strong>droit-fil d’un travail mené sur l’habitat et notammentà Stains (quartier des Trois-Rivières), où unesérie de cours résidentiel<strong>le</strong>s organise une vingtainede maisons superposées et concilie ainsi<strong>le</strong>s qualités de l’habitat individuel et la nécessitédu col<strong>le</strong>ctif.1860Immeub<strong>le</strong> haussmannien23 m2010Habiter <strong>le</strong> Ciel57 mXII e sièc<strong>le</strong>Notre-Dame de Paris (tours)69 m1973Tour Montparnasse210 m1889Tour Eiffel320 mHabiter <strong>le</strong> Ciel n’est donc pas une tour au senstraditionnel du terme ; il s’agit d’une série decours superposées autour de jardins. Ces jardinssuper posés peuvent avoir toutes sortes d’usages.Ils constituent un espace public commun à unevingtaine de logements. Ils reconstruisent dansl’espace <strong>le</strong> bonheur d’<strong>habiter</strong> chez soi, en commun,tel un village vertical.Nos premières esquisses théoriques interviennentdavantage sur <strong>le</strong> mode d’habitat que surla forme, <strong>le</strong>s proportions et la plastique d’unfutur bâtiment. Cependant, la recherche menéecherche à dégager une échel<strong>le</strong> de bâtimentqui efface l’effet d’empi<strong>le</strong>ment qui se dégagetrop souvent des tours. Le dessin de façades’apparente à la superposition de modu<strong>le</strong>sincarnant chacun une maison. Le volume dubâtiment présente un aspect fragmenté pardes loggias en creux qui dialoguent avec desvolumes plus saillants. La combinaison desmaisons apporte ainsi une grande variété auvolume général du bâtiment.L’esquisse présentée ne s’appuie pas sur uneparcel<strong>le</strong> d’ores et déjà déterminée. Cependant,la conception théorique permet de s’adapter àdes contextes urbains variés.« Dans l’histoire de l’architecture et dans l’histoire des vil<strong>le</strong>s, la question des rues, des places,de l’urbanité, du piéton est extrêmement importante ; mais, en même temps, la question desémergences, des repères, des signaux l’est tout autant. »Une promenade vertica<strong>le</strong>Le bâtiment présenté est d’une hauteur tota<strong>le</strong>d’environ 60 mètres (dernier plancher desservi50 mètres). Il évite ainsi <strong>le</strong> classement enImmeub<strong>le</strong> de Grande Hauteur (IGH), mal adaptéà l’habitat. Il s’organise dans un système dedoub<strong>le</strong> pas qui tend à effacer l’effet de hauteur: deux niveaux de dup<strong>le</strong>x se développentautour d’une cour vitrée en façade (9 mètres par16 sur une hauteur de 12 mètres), qui fabriqueun espace dedans dehors. Le niveau basaccueil<strong>le</strong> un jardin largement planté, tandis que<strong>le</strong>s logements du niveau haut sont desservis parune coursive légère qui permet de profiter dujardin. Ainsi, d’étage en étage, la succession decours plantées fabrique un poumon vert aubâtiment. Au-delà des 50 mètres, un étage trèsouvert dessert trip<strong>le</strong>x et dup<strong>le</strong>x de type maisonssur <strong>le</strong> toit. Deux ascenseurs vitrés prennentplace au fond de la cour et procurent la sensationde traverser une série de serres, d’emprunterune promenade vertica<strong>le</strong>.▲ Première esquisse dessinée par Roland Castroen juil<strong>le</strong>t 2007.« J’avais déjà dessiné des tours de Babelà La Défense, où l’on montait en voitureà 200 mètres. Parce que mon copain Jean-LouisAvril m’avait dit : “Je ne suis pas contre <strong>le</strong>stours, à condition que <strong>le</strong> sol monte avec.” »


HABITER LE CIEL1356,70 mR + 2048,60 mdernier plancherdesservi43,20 mjardin haut n° 4R + 18R + 16R + 1432,40 mjardin haut n° 3R + 12R + 1021,60 mjardin haut n° 2R + 8R + 610,80 mjardin haut n° 1R + 4R + 2▲ Un espace public de rêve. Coupe transversa<strong>le</strong>d’Habiter <strong>le</strong> Ciel. Le noyau du bâtiment est constituéd’une succession de cinq cours-jardins vitrées quidéveloppent des ambiances variées. Chaque courjardinorganise quatre étages de logements constituésde deux dup<strong>le</strong>x superposés. Les logementsbénéficient d’un rapport particulier à l’extérieur grâceà la cour-jardin d’un côté, et à de grandes loggiasorientées vers <strong>le</strong> paysage urbain de l’autre. Le soc<strong>le</strong>du bâtiment est constitué d’un grand porche d’entréequi correspond à la première cour-jardin. Il invite àl’entrée depuis la rue et peut, dans certaines configurations,être traversant. Afin d’améliorer <strong>le</strong> rapportà la rue et à l’espace public, la dimension du soc<strong>le</strong>est plus importante que <strong>le</strong> profil du bâtiment même.Ces espaces permettent de tenir l’alignement surl’espace public, d’accompagner <strong>le</strong> développementen hauteur et d’imaginer des programmes variés telsque commerces, équipements ou maisons de vil<strong>le</strong>. Le<strong>ciel</strong> du bâtiment est animé par une série de maisonssur <strong>le</strong> toit (dup<strong>le</strong>x et trip<strong>le</strong>x) de manière à dessinerune ligne de <strong>ciel</strong> sculptée. Afin d’éviter <strong>le</strong> classementen Immeub<strong>le</strong> de Grande Hauteur (IGH), <strong>le</strong> dernierniveau desservi est à moins de 50 mètres.


INSERTION URBAINEET ANCRAGE AU SOLLE DRAME DES TOURS QUE NOUS CONNAIS-SONS EN FRANCE S’EXPLIQUE PRINCIPALE-MENT PAR UN DÉFAUT D’IMPLANTATION AUSOL : SUR DALLE OU SUR RUE, LA TOUR ISO-LÉE NE CONTRIBUE PAS À L’ESPACE PUBLICQUI L’ENTOURE.Commercesou équipementsOr, la réf<strong>le</strong>xion architectura<strong>le</strong> ne peut être isoléedu contexte. C’est pourquoi notre méthodes’appuie sur l’histoire urbaine et géographiquede chaque site afin d’élaborer un récit urbainqui permet la création d’une identité de quartierforte. Dénommée « architecture urbanisante »,cette approche vise à concevoir des bâtimentsqui participent à la résolution de problématiquesurbaines.Scénario 1 : sur une placeMaisons de vil<strong>le</strong>Un bâtiment générateur d’urbanitéHabiter <strong>le</strong> Ciel est donc en mesure de s’adapterau contexte urbain dans <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> s’inscrit: c’est <strong>le</strong> type de parcel<strong>le</strong> (ang<strong>le</strong> de rue,intérieur d’îlot, place publique…) qui va permettrede déterminer la configuration de soc<strong>le</strong>pertinente. C’est pourquoi <strong>le</strong> traitement du rezde-chausséeest différent des étages courantset présente des scénarios qui peuvent varierselon l’intégration urbaine. Cette tour autorisede nombreuses combi nai sons et peut coexisteravec des maisons de vil<strong>le</strong>, des petits immeub<strong>le</strong>s,des commerces ou des équipements. Decette manière, <strong>le</strong> bâtiment fait partie d’un ensemb<strong>le</strong>et ne représente dans <strong>le</strong> paysage riend’autre qu’un immeub<strong>le</strong> plus haut. Il ne constituepas un objet isolé puisqu’il est relié ausol par un soc<strong>le</strong> habité qui dessine une élévationprogressive. Notre tour part donc dusol et organise l’espace public qui l’entoure. Sapertinence réside dans <strong>le</strong>s espaces et <strong>le</strong>s usagesqui animent la rue. El<strong>le</strong> tient l’alignementet crée, par son hall poreux, une continuitédepuis la rue. Ce hall, constitué d’une courjardin,annonce déjà <strong>le</strong>s manières parti culièresd’<strong>habiter</strong> qui s’y développeront.Scénario 2 : en impasseMaisons de vil<strong>le</strong>Commercesou équipementsDe par sa forme, el<strong>le</strong> génère ainsi autour d’el<strong>le</strong>toute une vie de quartier et contribue à son attractivité.Ce n’est donc pas un objet isolé agressifmais bien un bâtiment générateur d’urbanité.Scénario 3 : à l’ang<strong>le</strong> de deux rues▲ Une intégration urbaine soup<strong>le</strong> : la tour d’Habiter <strong>le</strong> Ciel est conçue pour s’adapter à différentesconfigurations urbaines.


HABITER LE CIEL1531 m34 m▲ L’étude du traitement du rez-de-chaussée est différentedes étages courants et présente des scénariosqui peuvent varier selon l’intégration urbaine. Ainsi, unscénario possib<strong>le</strong> serait d’implanter des maisons individuel<strong>le</strong>sau pied de l’immeub<strong>le</strong> tout en conservant unsystème de dup<strong>le</strong>x en rez-de-chaussée qui bénéficieraientde véritab<strong>le</strong>s jardins. De cette manière, l’échel<strong>le</strong>du bâtiment est domestiquée grâce à une progressiondans <strong>le</strong>s échel<strong>le</strong>s du bâti.« La tour d‘Habiter <strong>le</strong> Ciel, c’est quelque chose qui a du pied et qui a de la tête. »


AUTOUR DE COURS-JARDINSDANS UN HABITAT DE TOUR TRA DI TIONNEL, LESCIRCULATIONS REPRÉSENTENT DES DÉDALESINTÉRIEURS ET SONT ÉCLAIRÉES ARTI FI CIEL-LEMENT : LA SENSATION DE CONCENTRATIONDE LOGEMENTS EST, DE CE FAIT, AMPLIFIÉE.ICI, AU CONTRAIRE, LE TRAITEMENT EN DOU-BLE ÉCHELLE DE COUR ET DE DUPLEX CONTRI-BUE À LA SINGULARITÉ ET FAVORISE UNEAPPRO PRIA TION FORTE DES LOGEMENTS. LESCIR CULATIONS SONT OUVERTES, AÉRIENNES,ET LES PALIERS SONT TRAITÉS COMME DESESPACES DE VIE EXTÉRIEURS. EN FORME DE « U »,CHAQUE COUR ORGANISE UNE VINGTAINEDE LOGEMENTS.L’individualité de l’habitat – l’esprit maison – estrenforcée par un rapport intérieur/extérieur enfaveur de ce dernier. Ainsi, de grandes loggiasen doub<strong>le</strong> hauteur orientent l’espace domestique– <strong>le</strong> séjour et la cuisine – vers <strong>le</strong> paysageurbain. Afin d’assurer <strong>le</strong> confort d’<strong>habiter</strong>, <strong>le</strong>sloggias sont agrémentées de panneaux vitréspermettant de modu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>urs usages. La loggiaest un espace tampon qui préserve des aléasclimatiques tout en proposant un véritab<strong>le</strong> prolongementde l’espace de vie quotidien.L’accès individualisé, la typologie dup<strong>le</strong>x etla loggia concourent à une appropriation deslogements proche de la maison individuel<strong>le</strong>.L’organisation spatia<strong>le</strong> des appartements detrois pièces propose, par exemp<strong>le</strong>, un grandséjour, une cuisine et une sal<strong>le</strong> de bains auniveau bas (permettant un espace de vie accessib<strong>le</strong>aux handicapés), deux chambres et unesal<strong>le</strong> de bains au niveau supérieur. La distribution(escalier) et la sal<strong>le</strong> de bains sont éclairéesnaturel<strong>le</strong>ment par des baies hautes sur la courqui préservent l’intimité. Cela permet à la foisd’éclairer <strong>le</strong> logement dans une doub<strong>le</strong> orientationcour/extérieur, d’assurer une bonne ventilationet d’animer <strong>le</strong>s façades sur cour.▲ Jeu de construction : la tour Habiter <strong>le</strong> Cie<strong>le</strong>st constituée d’une série de cours superposéesautour de jardins.« Le commun, ce n’est pas <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif. Le col<strong>le</strong>ctif, c’est la superposition de la même chose,de l’identique. Le commun, c’est justement l’introduction de la différence : la tour seraautrement plus élégante, et cela, pour tout <strong>le</strong> monde. »


HABITER LE CIEL17« Il ne faut pas oublier la déontologieurbaine. Si tu regardes la vil<strong>le</strong> depuis tamaison, ce qui est extrêmement agréab<strong>le</strong>lorsque tu es dans une tour, la vil<strong>le</strong> regardeaussi ta maison : il faut donc absolumentque l’endroit où tu habites soit supportab<strong>le</strong>,et soit même un objet de désir pour<strong>le</strong> regard des autres. Il faut que ce soit<strong>le</strong> contraire de simp<strong>le</strong>ment : “J’ai la chanced’y <strong>habiter</strong> et je vous vois tous, mais vous,vous voyez un bâtiment laid”, ce qui esttrès souvent <strong>le</strong> cas. Les gens aiment bien<strong>le</strong>s tours, mais ils n’aiment pas forcémentvoir <strong>le</strong>s tours qui sont à côté de la <strong>le</strong>ur.Ce qu’ils aiment dans <strong>le</strong>s tours, c’est <strong>le</strong> faitd’être dans <strong>le</strong> <strong>ciel</strong>, et c’est un des bonheursde l’habitat. »« Je vois la vil<strong>le</strong> et la vil<strong>le</strong> me voit avec bonheur. »


DES COURS,DES JARDINS SUSPENDUS,UN VILLAGE VERTICALLES COURS RÉSIDENTIELLES REPRÉSENTENTL’OCCASION DE CONCEVOIR DES LIEUXUNIQUES, POÉTIQUES ET SURPRENANTS, DESJARDINS AUX ESSENCES VARIÉES ET CHAN-GEANT AU RYTHME DES SAISONS.Le jardin Albert-Kahn de Boulogne-Billancourtnous inspire par la succession d’ambiancesvégéta<strong>le</strong>s du monde entier qu’il propose. Ainsi,chaque cour de la tour Habiter <strong>le</strong> Ciel organiseun vaste espace – 12 mètres de hauteur – ets’agrémente d’un jardin résidentiel. Ici, la différenciationde chaque cour contribue à renforcer<strong>le</strong> caractère singulier de cet habitat et ainsi sescapacités appropriatives. L’usage des ascenseurss’appa rente alors à une promenade vertica<strong>le</strong>d’une ambiance à l’autre.Les différentes cours intérieures constituant <strong>le</strong>cœur de la tour se déploient sous forme dejardins, conçus non pas comme des jardinsd’ornement, mais comme des espaces permettantde conquérir de nouveaux usages.Cette manière de faire permet aux habitantsde s’approprier <strong>le</strong>s lieux de toutes sortes demanières . Ils peuvent être destinés exclu sivementaux logements mitoyens ou trouver desusages plus col<strong>le</strong>ctifs. Espace de contemplationou d’activités partagées entre voisins, ces jardinsoffrent une fenêtre urbaine sur <strong>le</strong> paysage.L’habitant peut identifier son logement depuisl’extérieur non seu<strong>le</strong>ment grâce au jeu devolumes qu’apportent <strong>le</strong>s loggias, mais aussi àtravers l’identité de sa cour, qui devient commeune adresse en plus au sein de son immeub<strong>le</strong>.=« Quand je suis dans un immeub<strong>le</strong> d’Habiter<strong>le</strong> Ciel, je suis comme dans un petitimmeub<strong>le</strong> de trois étages, à chaque foisautour d’un jardin. Et, au-dessus, il y a unautre petit immeub<strong>le</strong> de trois étages. Undes côtés du jardin est ouvert au sud pourmieux gérer <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il, la lumière. C’est unesuccession de “U” orientés vers <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il.Cela peut être ouvert ou fermé. Tout estgéré climatiquement, très calfeutré enhiver. C’est transparent, mais cela peutêtre ouvert en été. »


HABITER LE CIEL19▲ Espaces de contemplation ou d’activités partagées entre voisins, ces jardins offrent une fenêtre urbaine sur <strong>le</strong> paysage. L’habitant peut identifier son logement depuis l’extérieurnon seu<strong>le</strong>ment grâce au jeu de volumes qu’apportent <strong>le</strong>s loggias, mais aussi à travers l’identité de sa cour, qui devient comme une adresse en plus au sein de son immeub<strong>le</strong>.


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CONJUGUER BIEN-ÊTREET SOBRIÉTÉ ÉNERGÉTIQUELe confort climatiqueLa conception bioclimatique de l’édifice reposesur un bâtiment en « U » fermé par une verrièreorientée au sud qui crée un espace tamponfavo rab<strong>le</strong> à la réduction des besoins de chauffageet dont on maîtrise <strong>le</strong>s conditions estiva<strong>le</strong>sde confort. En hiver, <strong>le</strong>s rayons solaires pénètrentprofondément <strong>le</strong> « U » : la cha<strong>le</strong>ur est captéeet emmagasinée par des murs isolés parl’intérieur de manière à restituer rapidementcette cha<strong>le</strong>ur gratuite aux logements. En été,<strong>le</strong>s protections solaires limitent <strong>le</strong>s risques desurchauffe et, simultanément, une ventilation,opérée par des vantel<strong>le</strong>s, maintient des conditionsthermiques agréab<strong>le</strong>s. Le traitement dela ventilation par un système doub<strong>le</strong>-fluxcomplète l’objectif de confort hygrothermiqueen cumulant <strong>le</strong> bénéfice d’une insufflation d’airextérieur réchauffé par <strong>le</strong> biais d’une récupérationthermodynamique. Cette disposition permetaussi d’envisager un léger rafraîchissementen période estiva<strong>le</strong> tout en favorisant aussi <strong>le</strong>confort olfactif et acoustique vis-à-vis des nuisancesextérieures.La santéLe choix des matériaux de construction est soignéafin d’éviter l’usage de substances nocivespour l’homme et/ou dangereuses pour l’environnement.L’organisation spatia<strong>le</strong> et la qualité▲ En été, <strong>le</strong> confort des jardins est assuré par <strong>le</strong>rafraî chissement nocturne et une ventilation naturel<strong>le</strong>.de mise en œuvre respectent <strong>le</strong>s exigencesd’accessibilité et d’hygiène. Le choix de laventilation doub<strong>le</strong>-flux assure une qualité sanitairede l’air intérieur parfaite sans accroître laconsommation énergétique.L’énergieLa meil<strong>le</strong>ure énergie reste cel<strong>le</strong> qui n’a pas étéconsommée. Dans <strong>le</strong>s conditions de conceptionbioclimatique développées, l’appoint de chauffagenécessaire au confort d’hiver est réduit etpermet d’envisager toutes solutions efficacespour <strong>le</strong>s appoints de chauffage. À cette productioncomplémentaire sera associée la productiond’eau chaude sanitaire. La solution pré coniséeest reproductib<strong>le</strong> quel<strong>le</strong>s que soient <strong>le</strong>sressources loca<strong>le</strong>s disponib<strong>le</strong>s et assure uneperformance minimum. El<strong>le</strong> s’appuie sur <strong>le</strong>sprincipes suivants :– enveloppe du bâtiment exemplaire ;– ventilation doub<strong>le</strong>-flux avec « préchauffage▲ En hiver, la serre joue son rô<strong>le</strong> d’espace tampongrâce aux rayonnements solaires.par l’espace tampon » couplée à une récupérationthermodynamique ;– <strong>le</strong> complément en chauffage d’appoint estenvisagé par des radians é<strong>le</strong>ctriques de faib<strong>le</strong>capacité. Pour viser <strong>le</strong> « zéro » émission de gazà effet de serre, <strong>le</strong>s futurs acquéreurs serontorientés vers des contrats d’é<strong>le</strong>ctricité « verte » ;– eau chaude sanitaire par ballons individuelsthermodynamiques avec ou non appoint solaire.Sur ces bases, une performance type « énergiepassive » (15 kWh/m² par an pour <strong>le</strong> chauffage)pourra être recherchée. Selon <strong>le</strong>s sites, cetteperformance pourra tendre vers un objectif« énergie zéro » grâce à l’installation de panneauxphotovoltaïques, notamment en guise de casquettesde protection solaire orientées au sud, etla contribution d’autres ressources en énergie.L’eauÀ l’intérieur des bâtiments, l’ensemb<strong>le</strong> des dispositionstechniques pour la réduction des


HABITER LE CIEL23CONCEPTION STRUCTURELLEconsommations sont mises en œuvre : comptageindividualisé, régulateur de pression (taré à 3 bar)pour chaque logement, WC 3/6 litres, douchetteéconome et régulateur de jet à effet Venturi.À l’éventualité de la récupération des eaux pluvia<strong>le</strong>spour l’alimentation des WC, nous préféronsenvisager la récupération des eaux pourl’arrosage des jardins par un système économede type goutte-à-goutte et par une récupérationastucieuse de type colonnes en eau.L’entretien et la maintenanceDésormais, l’habitant achète non seu<strong>le</strong>mentun logement, mais aussi un usage. Il convientdonc d’offrir des installations robustes quimini misent <strong>le</strong>s coûts d’entretien et la continuitéde service. Le soin apporté à la qualitésanitaire des matériaux se prolonge par <strong>le</strong>souci de simplicité de l’entretien.Les déchetsLes aménagements col<strong>le</strong>ctifs et individuelsconcernant la col<strong>le</strong>cte et la capacité de tri desdéchets ménagers seront particulièrement soignés.Les locaux col<strong>le</strong>ctifs seront largementdimensionnés et une attention particulière seraportée à <strong>le</strong>ur localisation. Dans <strong>le</strong>s logements,des espaces dédiés au tri seront identifiés.L’ossature principa<strong>le</strong> est en béton armé. El<strong>le</strong>assure <strong>le</strong>s descentes de charges, vertica<strong>le</strong>sde pesanteur et horizonta<strong>le</strong>s de contreventement,de la façon suivante :– reprise des efforts de contreventement enpartie intérieure par <strong>le</strong>s voi<strong>le</strong>s séparatifs delogements, <strong>le</strong> mur trombe en U sur patioet <strong>le</strong> noyau rigide en partie nord, composédes cages d’escaliers et d’ascenseurs ainsique des gaines techniques ;– en façades, <strong>le</strong>s zones communes desmurs p<strong>le</strong>ins se plombant sur l’ensemb<strong>le</strong> desniveaux représentent des palées de stabilitépermettant de déconcentrer <strong>le</strong>s effortsde contreventement et d’éviter <strong>le</strong>s effets detorsion ;– la descente des charges vertica<strong>le</strong>s estassurée par <strong>le</strong>s voi<strong>le</strong>s de contreventementainsi que par <strong>le</strong> fonctionnement de certainsvoi<strong>le</strong>s en poutre voi<strong>le</strong> et des structurespoteaux/poutres qui <strong>le</strong>s complètent ;– <strong>le</strong>s planchers intérieurs des logementssont à niveau constant et forment undiaphragme de transmission des effortshorizontaux ;– <strong>le</strong> plancher du patio est supporté par despoutres de grande inertie prenant appui sur<strong>le</strong>s voi<strong>le</strong>s.Les voi<strong>le</strong>s et planchers en béton armé assurentaussi <strong>le</strong>s iso<strong>le</strong>ments acoustiques et <strong>le</strong>srésistances au feu nécessaires.Les compléments structurels en poteaux/poutres offrent une modularité de distributiondans <strong>le</strong>s logements et entre <strong>le</strong>s logementsafin de proposer un projet à mêmede répondre aux demandes diverses derépartition. Le parking en infrastructure feral’objet d’une étude spécifique au site enfonction de la parcel<strong>le</strong>, de son accessibilitéet de la géotechnique.▲ Modélisation en axonométrie de la structuredu bâtiment. Mise en évidence des élémentsporteurs.


HABITER LE CIEL 25


2.1DE L’HABITATINDIVIDUELÀ L’HABITATSUPERPOSÉPOUR LUTTER CONTRE LA RARÉFACTION DUFONCIER ET L’ÉTALEMENT URBAIN, ON DOITS’EFFORCER DE TRANSPOSER LES QUALITÉS DEL’HABITAT INDIVIDUEL À L’HABITAT COLLECTIF.DE LA MAISON INDIVIDUELLE…La maison individuel<strong>le</strong> reste <strong>le</strong> mode d’habitat<strong>le</strong> plus plébiscité des Français, en raison du sentimentde « chez soi » qu’el<strong>le</strong> procure, auquels’ajoute <strong>le</strong> plus souvent un jardin. Cependant, àl’aune des critères de développement durab<strong>le</strong>,ce mode d’habitat apparaît comme extrêmementconsommateur de foncier et de réseaux.▲▼ Les lotissements pavillonnaires produisent del’éta<strong>le</strong>ment urbain et ne contribuent pas au vivreensemb<strong>le</strong>.… À LA MAISON SUPERPOSÉE…Notre expérience d’habitat de type maisonssuperposées (Stains, Marseil<strong>le</strong>, Bobigny, Juvisy)rencontre un certain succès grâce à la manièredont il réconcilie l’un et <strong>le</strong> commun : la maisonsuperposée permet de concilier <strong>le</strong>s bénéficesde l’habitat individuel (espace extérieur,doub<strong>le</strong> niveau…) avec la convivialité d’un ensemb<strong>le</strong>col<strong>le</strong>ctif autour de cours résidentiel<strong>le</strong>s.El<strong>le</strong> offre l’avantage d’allier compacité architectura<strong>le</strong>et urbaine.C’est un mode d’habitat qui se positionneclairement comme une alternative à la maisonindividuel<strong>le</strong>, dans un contexte où <strong>le</strong>s enjeuxenvironnementaux incitent à réfléchir à d’autressolutions, notamment en termes de consommationd’espaces. Cependant, ce type d’habitatdoit s’adapter à un contexte urbain propice,notamment péri-urbain.2 000 m 24 logementsCOS 0,3 – CES 0,25COS (coefficient d’occupation du sol) :surface constructib<strong>le</strong>/surface de la parcel<strong>le</strong>.CES (coefficient d’emprise au sol) :emprise au sol du bâti/surface de l’îlot.L’urbanisation en lotissement pavillonnairepose éga<strong>le</strong>ment la question du déficit d’accessibi lité en transports en commun. El<strong>le</strong> nécessite<strong>le</strong> recours à une voire deux voitures parfoyer. De plus, l’habitat pavillonnaire constituesouvent une zone dans la vil<strong>le</strong> sans commercesni équipements.Dans ces quartiers, la notion de vivre ensemb<strong>le</strong>est quasiment absente, au profit d’un repli surl’individu et <strong>le</strong> foyer.2 000 m 219 logementsCOS 0,8 – CES 0,6


HABITER LE CIEL27L’insertion d’appartements en doub<strong>le</strong> étage cassel’effet de hauteur et annu<strong>le</strong> l’impression visuel<strong>le</strong>d’empi<strong>le</strong>ment.… À HABITER LE CIELLes critères du développement durab<strong>le</strong>, la raretédu foncier et <strong>le</strong> besoin en logements nousinvitent à renouve<strong>le</strong>r la réf<strong>le</strong>xion sur la densitéet la compacité afin de nous inscrire dans uncontexte contemporain. Le développementdurab<strong>le</strong> incite non seu<strong>le</strong>ment à une réf<strong>le</strong>xion sur<strong>le</strong>s économies d’énergie, mais invite à intégrer<strong>le</strong>s questions de sociabilité et de vivre ensemb<strong>le</strong>.C’est pourquoi <strong>le</strong> concept d’Habiter <strong>le</strong> Ciel,outre qu’il offre des logements en dup<strong>le</strong>x, desespaces extérieurs et des cours-jardins résidentiel<strong>le</strong>s,propose, de par sa forme, l’inverse d’unempi<strong>le</strong>ment de cellu<strong>le</strong>s, l’individualisation dechaque appartement. Il s’agit bien de réconcilierl’un et <strong>le</strong> commun.2 000 m 290 logementsCOS 3,8 – CES 0,5


2.2LA TOUR, UNIMAGINAIREMARQUÉ PARL’HABITATSOCIALLIGNE DE CIELLes silhouettes monolithiques des tours d’habitatsocial dessinent une ligne de <strong>ciel</strong> continue et bruta<strong>le</strong>qui ferme l’horizon et empêche toute poésie.L’IMAGINAIRE COLLECTIF DES FRANÇAIS PRÉ-SENTE DES A PRIORI NÉGATIFS SUR LES TOURSD’HABITAT, ASSOCIÉES AUX MODÈLES DESGRANDS ENSEMBLES D’HABITAT SOCIAL OUAUX GRANDES TOURS DE BUREAUX. POUR-TANT, DÈS QUE L’ON ÉVOQUE LES GRATTE-CIEL DE MANHATTAN OU DE CHICAGO, LAHAUTEUR FAIT DE NOUVEAU RÊVER.En France, <strong>le</strong>s tours d’habitat ont été bâties dansun contexte de pénurie de logements et c’estl’idéologie fonctionnaliste (de l’air et du so<strong>le</strong>ilpour tous) qui a présidé à <strong>le</strong>ur construction.Repenser l’habitat en hauteur implique d’instruirela critique de ce type de tours afin de pouvoir <strong>le</strong>réinvestir de manière positive et contemporaine.Ces tours des années 1960 et 1970 posentquatre problèmes majeurs :– La théorie des prospects (du so<strong>le</strong>il pourtous) implique une implantation en quinconcesans rapport avec l’alignement de la rue. Lerapport au sol est alors inexistant, d’autant pluslorsque la construction se fait sur dal<strong>le</strong>. Aucuneurbanité n’est créée.– La nécessité de construire beaucoup etrapi dement a conduit à utiliser des panneauxde façade préfabriqués qui tendent à la monotonieet dessinent des cellu<strong>le</strong>s de logementsempilés. Cette esthétique, qui se voulait épurée,conduit à des bâtiments monolithiques, qui neproposent aucune distinction formel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>soc<strong>le</strong>, <strong>le</strong> corps et l’attique. En comparaison, <strong>le</strong>sgratte-<strong>ciel</strong> new-yorkais ont très bien su réinterprétercette donnée de composition classiqueen proposant des soc<strong>le</strong>s ornés et un rapportau <strong>ciel</strong> sculpté.– En termes de mode de vie, <strong>le</strong>s espacesde circulation sont pensés sur un mode fonctionnelsans considération pour la sociabilité devoisinage. Toute notion de plaisir de l’accueil etde la rencontre est écartée au profit de hallsexigus et de couloirs ne bénéficiant que rarementde lumière naturel<strong>le</strong>. Ce déficit de convivialitévire parfois à l’insécurité et empêchetoute appropriation positive de ces lieux.– Enfin, un des éléments majeurs du dysfonctionnementdes tours, et plus globa<strong>le</strong>mentdes grands ensemb<strong>le</strong>s de logements sociaux,réside dans la paupérisation de ses habitants etdans l’assignation à résidence de populationscaptives de <strong>le</strong>ur habitat.Pourtant, au-delà de problèmes de fonctionnement,<strong>habiter</strong> une tour, c’est aussi des vuesoffertes sur <strong>le</strong> paysage, c’est <strong>habiter</strong> <strong>le</strong> <strong>ciel</strong>. Si,en matière de bureaux et de logements dits de« standing », des modè<strong>le</strong>s de tours contemporainesremportent un certain succès, ce mouvementne touche pas encore concrètement laFrance, bien que <strong>le</strong> débat sur la hauteur soitdésormais ouvert.


HABITER LE CIEL29PARTIES COMMUNESPIEDS D’IMMEUBLEEMPILEMENTAu lieu d’intégrer et de relier <strong>le</strong> bâtiment à son environnementurbain, <strong>le</strong> pied d’immeub<strong>le</strong> l’éloigne, isolant<strong>le</strong>s habitants, <strong>le</strong>s tenant à distance du reste de la vil<strong>le</strong>.Le traitement répétitif de la façade créé un empi<strong>le</strong>mentde logements qui donne <strong>le</strong> sentiment d’une tour destockage. Depuis l’extérieur, l’identification de chaquelogement devient diffici<strong>le</strong>, rendant impossib<strong>le</strong> unebonne appropriation.Les parties communes se réduisent à des espaces exiguset peu clairs qui ne sont pas à l’échel<strong>le</strong> du nombrede logements qu’el<strong>le</strong>s desservent. Le peu d’intérêtporté aux usages de ces espaces dès <strong>le</strong>ur conceptionrenforce <strong>le</strong> sentiment d’anonymat des habitants.


« Qu’ils mélangent <strong>le</strong>s différents niveaux sociaux :on aime notre quartier, mais quand on veut ensortir, c’est plus diffici<strong>le</strong>. »« La priorité, c’est <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce, la tranquillité : onvit dans <strong>le</strong> stress, on cava<strong>le</strong>, donc, <strong>le</strong> soir, on veutmoins de bruit (…). »« Chez moi, dans <strong>le</strong> centre, la mixité existe, c’estparfait, <strong>le</strong>s gens la vivent bien, tout <strong>le</strong> mondevit ensemb<strong>le</strong>, on va aux mêmes endroits, on peutco<strong>habiter</strong>, ça fonctionne avec <strong>le</strong>s diversités,pas besoin d’homogénéiser. »« Je suis dans un grand immeub<strong>le</strong>, il y a desproblèmes avec l’ascenseur alors qu’il y a seizeétages. On est sept par palier, on est parqués,on est beaucoup. Il y a beaucoup de disputes.Parfois, on a peur. »


HABITER LE CIEL31« La société se cherche el<strong>le</strong>-même, on a du malà s’identifier. (…) Qu’est-ce qu’on va être dansvingt ans ? On ne <strong>le</strong> sait pas. »« Le problème, c’est qu’aujourd’hui, la diversitéest ghettoïsé, de la faute des logements sociauxmal conçus. (…) Les gens sont parqués selon <strong>le</strong>urappartenance culturel<strong>le</strong>, ça y contribue. »Source : Enquête TNS Sofres réalisée pour <strong>Nexity</strong> du 6 au 21 juin 2006 (sept réunionsde groupe et douze entretiens individuels). Note technique disponib<strong>le</strong> sur demande.« Pour favoriser la mixité, on peut toujours rêver,il faudrait faire un lavage de cerveau de préjugés,on ne peut pas inventer de remède mirac<strong>le</strong>. »« Il faut démolir <strong>le</strong>s tours mal isolées et reconstruirequelque chose où on a l’impression d’être chez soiet pas chez <strong>le</strong> voisin. »


2.3CINQRÉFÉRENCESQUICONTRIBUENTÀ NOURRIRNOTRERÉFLEXIONL’HABITAT SUPERPOSÉ ET L’HABITAT EN HAU-TEUR SONT DES SUJETS QUI TRAVERSENT L’HIS-TOIRE ET LES PRATIQUES ARCHITECTURALESCONTEMPORAINES. LES RÉFÉRENCES QUENOUS AVONS RETENUES, EN COLLABORATIONAVEC QUATRE ÉTUDIANTS DU MASTER STRA-TÉGIES TERRITORIALES ET URBAINES DESCIENCES-PO, TRAITENT TOUTES DE CETTERÉCONCILIATION ENTRE DENSITÉ, HAUTEURET MODES D’HABITAT.Frisant parfois l’utopie, ces cinq réalisationsprésentent un intérêt majeur.À Vil<strong>le</strong>urbanne, la cité ouvrière s’inscrit non seu<strong>le</strong>mentcomme une réponse à la pénurie delogements par un habitat dense, haut et d’unniveau de confort inédit, mais el<strong>le</strong> crée aussi uneidentité singulière à la vil<strong>le</strong> de Vil<strong>le</strong>urbanne qui,jusque-là, n’était qu’une banlieue de Lyon.Au Canada, à Montréal, l’opération Habitat 67constitue une des rares expérimentations degrande échel<strong>le</strong> d’un habitat individuel super posé.Il prévoyait à l’origine 2 000 logements. À uneépoque où la France construit <strong>le</strong>s grands ensemb<strong>le</strong>sd’habitat social, ce projet pharao nique a <strong>le</strong>mérite de poser déjà la question du rapport entreindividuel superposé et ensemb<strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif.À Munich et Dublin, ces tours constituent dessignaux dans la vil<strong>le</strong>, mais traitent aussi de l’économied’espace, du rapport à l’extérieur et del’ancrage au sol.Tandis qu’à Mexico, ces maisons à patio sontdes logements d’exception qui révè<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> luxedu <strong>ciel</strong>. Les atouts de ces projets comme <strong>le</strong>ursdéfauts sont pour nous sources de réf<strong>le</strong>xionet d’inspiration.LES GRATTE-CIELDE VILLEURBANNE (FRANCE)Quand la grande hauteurfabrique l’identité d’une vil<strong>le</strong>.En 1925, <strong>le</strong> maire de Vil<strong>le</strong>urbanne Lazare Goujonacquiert <strong>le</strong> terrain nécessaire à la constitution d’une« cité ouvrière » de 1 500 logements, réalisée parun architecte alors inconnu, Môrice Leroux.Le long de l’avenue se dressent des immeub<strong>le</strong>sd’alternativement neuf et onze étages, dont <strong>le</strong>sderniers niveaux dégagent des terrasses. Ils s’inscriventdans un projet d’ensemb<strong>le</strong> comprenantun « palais du Travail » ainsi qu’un nouvel hôtelde vil<strong>le</strong>. Les rez-de-chaussée des immeub<strong>le</strong>ssont occupés par des commerces. Cette mixitéfonctionnel<strong>le</strong> crée un cadre favo rab<strong>le</strong> à une viede quartier attrayante.L’héritage du projet, souvent cité en exemp<strong>le</strong> de« l’aventure des gratte-<strong>ciel</strong> » réussie, est aujour–d’hui reconnu. Une Zone de Protection du PatrimoineArchitectural Urbain et Paysager ( ZPPAUP)a été créée en 1993 dans <strong>le</strong> but de réhabiliter cesecteur et de revaloriser <strong>le</strong> centre-vil<strong>le</strong>. Ce projet adonné à Vil<strong>le</strong>urbanne une identité propre par rapportà Lyon et un véritab<strong>le</strong> centre-vil<strong>le</strong>.Adresse : avenue Henri-Barbusse, Vil<strong>le</strong>urbanneArchitecte : Môrice LerouxAnnée de livraison : 1934Hauteur des tours : 19 étages (60 m) / 9-11 étagesSurfaces : 58 415 m²Programme : 1 500 logementsHABITAT 67 (CANADA)Expérimenter la maison superposéeConstruit à l’occasion de l’Exposition universel<strong>le</strong>de Montréal, Habitat 67 avait pour objectifla promotion de l’appropriation individuel<strong>le</strong>de l’habitat col<strong>le</strong>ctif. L’architecte Moshe Safdieimagina une construction à même d’associer <strong>le</strong>savan tages de l’habitat col<strong>le</strong>ctif – densité, sentimentde communauté – aux atouts des habitationsindividuel<strong>le</strong>s – appropriation, intimité.Il s’agit d’une alternative origina<strong>le</strong> à la fois audéveloppement des banlieues pavillonnairesen Amérique du Nord et aux constructions desgrands ensemb<strong>le</strong>s en Europe.La réalisation du projet est fondée sur unetechnique alors novatrice, la préfabrication :354 modu<strong>le</strong>s autoportants ouverts sur la faceextérieure sont fabriqués et superposés <strong>le</strong>s uns sur<strong>le</strong>s autres pour former un groupement qui atteint12 étages. Une usine construite à 300 mètres dusite permet la fabrication des blocs.Adresse : 2600, avenue Pierre-Dupuy, MontréalArchitecte : Moshe SafdieAnnée de livraison : 1967Hauteur des tours : 37 mSurfaces : 37 161 m²Programme : 158 logements


MK 5 WOHNTURM (ALLEMAGNE)HABITER LE CIEL33Un signal dans la vil<strong>le</strong>Situé au sud-ouest du centre-vil<strong>le</strong> de Munich,cet immeub<strong>le</strong> de logements réunit aspirationsde l’urbanisme moderne (habitat sur jardin aveclumière, air et so<strong>le</strong>il) et quadrillage classique desrues. L’utilisation de cou<strong>le</strong>urs audacieuses (jaune,ocre et orange) intègre parfaitement cette réalisationdans un quartier vivant. Les nombreuxbalcons et surplombs sculptent <strong>le</strong>s façades, prévenanttoute monotonie et créant un rapportintérieur/extérieur particulier.Sur 4 000 m² se répartissent 68 appartementsallant du 2 (50 m²) au 5 pièces (185 m²) ainsi qu’unpetit équipement (crèche) au rez- de-chaussée.La densité, la hauteur (43 m) et l’emprise ausol respectent <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d’urbanisme de lavil<strong>le</strong> de Munich aussi bien que <strong>le</strong>s normes environnementa<strong>le</strong>s,plus strictes d’année en annéeen Al<strong>le</strong>magne.Adresse : Ganghoferstraße, 80339 MünchenArchitecte : Steid<strong>le</strong> + Partner ArchitektenAnnée de livraison : 2002Hauteur des tours : 43 m, R + 14Surfaces : 3 783 m² / 5 438 m²Programme : 68 logementsALFONSO REYES (MEXIQUE)ALTO VETRO (IRLANDE)Réconcilier finesse et densitéLa tour Alto Vetro est érigée à l’entrée de Dublin,dans un quartier animé situé au bord du canal. Lerez-de-chaussée est occupé par un espace commercial,favorisant son insertion dans <strong>le</strong> quartier.Alto Vetro a été construit à la place d’uneancienne maison de deux étages, sur une parcel<strong>le</strong>de tail<strong>le</strong> réduite. Dans ce quartier, <strong>le</strong>s rég<strong>le</strong>mentationsd’urbanisme ne permettent norma<strong>le</strong>mentni une tel<strong>le</strong> hauteur ni une tel<strong>le</strong> densité.Bien que dans ce secteur la densité soit limitée àun COS de 5, cel<strong>le</strong> d’Alto Vetro atteint 16, grâceà la négociation menée par l’architecte ShayC<strong>le</strong>ary qui a su convaincre la vil<strong>le</strong> de la qualitéarchitectura<strong>le</strong> de son projet. Cet immeub<strong>le</strong> hautet dense contraste avec son environnementurbain. Alto Vetro est une bonne illustration d’unprojet dense, réussi et primé.Adresse : Grand Canal Square, Dublin 2, DublinArchitecte : Shay C<strong>le</strong>ary ArchitectsAnnée de livraison : 2008Hauteur des tours : 51 m, R + 15Surfaces : 2 616 m²Programme : 26 logementsDes maisons à patio superposéesSitué dans un quartier animé et commercial deMexico, ce bâtiment dispose de trois façades surrue. Les étages, entrecoupés de patios, s’étendentde la rue vers la cour intérieure. Cette architectureaérée confère au bâtiment une ouverturevers l’extérieur. Chaque habitation se distinguepar l’agencement de ses pièces et par sa structuregénéra<strong>le</strong>. Le toit, aménagé en terrasse, permetde profiter de la vue.L’architecte Derek Del<strong>le</strong>kamp s’est efforcé defavoriser une ventilation de son bâtiment. Dans<strong>le</strong> même souci de qualité environnementa<strong>le</strong>, lafaçade la plus large est orientée p<strong>le</strong>in sud de façonà mieux capter la lumière naturel<strong>le</strong>. Le bâtimentest constitué de poutres et de colonnes d’acier.Le toit est en béton, <strong>le</strong>s façades, en aluminium.Adresse : Alfonso Reyes, 58 Cuauhtémoc DF, MexicoArchitecte : Del<strong>le</strong>kamp ArquitectosAnnée de livraison : 2003Hauteur des tours : 43 m, R + 14Surfaces : 2 009 m²Programme : 7 logements


HABITER LE CIEL 35


Aujourd’hui, on cherche à économiser l’énergie, parce que l’on saitque <strong>le</strong>s ressources fossi<strong>le</strong>s s’épuiseront un jour. De la même façon,<strong>le</strong> foncier est une ressource que nous devons gérer, col<strong>le</strong>ctivement,de manière plus économe, notamment par <strong>le</strong> développement dela densité.On oublie qu’une vil<strong>le</strong>, c’est d’abord un espace et que, moins onconstruit, plus la vil<strong>le</strong> s’éta<strong>le</strong>, au risque de dévorer <strong>le</strong>s espaces verts et<strong>le</strong>s terres agrico<strong>le</strong>s, de détruire <strong>le</strong>s paysages, d’augmenter <strong>le</strong>s coûtsdes transports et des infrastructures. La vil<strong>le</strong> existante raconte déjà laqualité de la densité. El<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> des qualités de continuité, des respirations,des surprises propres à la vil<strong>le</strong> sédimentaire, cel<strong>le</strong>-là mêmequi s’est construite au fi l du temps autour d’avenues, de places, derues et de venel<strong>le</strong>s et non pas uniquement d’une succession de bâtiments,d’espaces verts et de parkings.Le refus de la densité est apparu au travers des erreurs urbaines desannées 1960, synonyme d’exclusion, bref une vil<strong>le</strong> subie. L’opinioncommune se résume souvent à densité = hauteur = grands ensemb<strong>le</strong>s= problèmes sociaux. En réalité, il existe une vraie différence entre ladensité réel<strong>le</strong> et la densité vécue ; <strong>le</strong>s quartiers haussmanniens ontun coeffi cient d’occupation des sols (COS) compris entre 3 et 4, alorsque <strong>le</strong>s grands ensemb<strong>le</strong>s – édifi és dans <strong>le</strong>s années 1960 – ont unCOS bien plus faib<strong>le</strong>. En fait, la principa<strong>le</strong> erreur des architectes etdes urba nistes des années 1960 et 1970 n’a pas été de construire destours, mais bien plutôt de <strong>le</strong>s considérer comme <strong>le</strong> seul type valab<strong>le</strong>,quel que soit <strong>le</strong> contexte urbain.Défendre aujourd’hui la possibilité de construire plus densément danscertaines parties de la vil<strong>le</strong>, c’est défendre la possibilité de construiremoins densément dans d’autres, car densifi er certains quartiersconduit à diminuer la pression qui s’exerce sur d’autres parties dela vil<strong>le</strong>. Il faut donc dépasser <strong>le</strong>s idées reçues et étudier la densitécomme une alternative possib<strong>le</strong> plutôt que comme une dégradationdu cadre de vie.▼▼▼


HABITER LE CIEL37Pour sortir du faux débat sur la densité qui se limite trop souventà la question des tours, nous préférons par<strong>le</strong>r de compacité. En effet,travail<strong>le</strong>r à une plus grande compacité du bâti comme du tissu urbainest une manière de répondre à l’injonction de construire plus pour loger<strong>le</strong>s populations. La compacité permet aussi de réfl échir à la maîtrise del’éta<strong>le</strong>ment urbain (donc des réseaux), à la consommation du sol et auxtypes d’aménagements urbains nécessaires dans un contexte de réductiondes émissions de gaz à effet de serre. Oser la compacité, c’est éga<strong>le</strong>mentfavoriser un meil<strong>le</strong>ur équilibre entre la demande et l’offre de logements.Pour répondre au défi cit de logements, il faut d’abord construire,sans oublier deux principes simp<strong>le</strong>s : 1/ moins on réalise de logements ausein du même immeub<strong>le</strong>, plus <strong>le</strong> coût de construction par unité s’élève,au détriment du client fi nal, et 2/ la diffi culté à réaliser un projet est identique,que <strong>le</strong>s immeub<strong>le</strong>s comptent un étage de plus ou de moins.▼▼▼L’indispensab<strong>le</strong> densifi cation de la métropo<strong>le</strong> invite à formu<strong>le</strong>r des propositionsde formes d’habitat qui répondent aux modes de vie contemporainset remportent ainsi l’assentiment des habitants en conciliant <strong>le</strong>savantages de l’habitat col<strong>le</strong>ctif et ceux de la maison individuel<strong>le</strong> (proximitédes services pour <strong>le</strong> premier et qualité des espaces extérieurs pourla seconde). Construire une vil<strong>le</strong> compacte facilite la libération d’espacepublic afi n d’offrir des lieux qui ont du sens pour <strong>le</strong>s habitants tels que desparcs et des jardins. La vil<strong>le</strong> doit être compacte si l’on souhaite éga<strong>le</strong>mentqu’el<strong>le</strong> soit un lieu d’échanges, de diversité et de mixité. L’emploidoit aussi avoir sa place aux côtés de l’habitat, <strong>le</strong>s ménages modestesdoivent pouvoir se loger à proximité des ménages aisés si l’on veut éviterla ségrégation urbaine et promouvoir une vil<strong>le</strong> partagée.La vil<strong>le</strong> de l’après-Kyoto ne doit pas conduire à exclure des ménagesmodestes des centres-vil<strong>le</strong>s, ni délocaliser <strong>le</strong>s emplois à la périphérie, niaggraver <strong>le</strong>s conditions de déplacement au sein des quartiers. La densiténe doit donc pas faire peur, c’est une question de savoir-faire urbain.


Avant : Vue aérienne du site avec <strong>le</strong> périmètre d’étude :un quartier historiquement industriel.3.1UNE TOURARBORESCENTE,SIGNALDU JARDIN ETDU FLEUVEIl s’agit d’un nouveau quartier d’une descommunes de la première couronne de l’agglomérationparisienne, qui va recevoir un pro jet derénovation urbaine ambitieux. Sur un site historiquementindustriel, il est question d’apporterde la mixité afin de créer un véritab<strong>le</strong> morceaude vil<strong>le</strong> proche du centre et bien desservi entransports en commun.Après : Plan-masse du projet inséré sur <strong>le</strong> site : faire lavil<strong>le</strong> sur la vil<strong>le</strong> et promouvoir une mixité fonctionnel<strong>le</strong>.▼ Maquettes d’étude.Le site d’implantation se situe entre un nouveaujardin qui surplombe la Seine et <strong>le</strong>s voiesferrées. Notre projet s’inscrit dans la volontéde créer une émergence sur un lieu où tous <strong>le</strong>sespaces publics majeurs sont suré<strong>le</strong>vés, d’oùla pertinence d’un signal fort. Ce site constitueéga<strong>le</strong>ment une entrée de vil<strong>le</strong>, mais dont <strong>le</strong>caractère est aujourd’hui confidentiel.Bien que signal dans <strong>le</strong> paysage urbain, cettetour n’est pas isolée par sa hauteur puisqu’el<strong>le</strong>est en dialogue avec d’autres tours de logementsà proximité.Habiter <strong>le</strong> Ciel fabrique de l’urbanité par sonhall traversant qui relie la rue à une place etpar sa connexion à une future entrée du parc.Les grandes baies des jardins sont situéescôté voies ferrées et limitent ainsi l’impact desnuisances sonores. La position sud-ouest descours permet d’assurer <strong>le</strong>s performances énergétiquesrecherchées.


HABITER LE CIEL39Avant


Avant : Vue aérienne du site avec <strong>le</strong> périmètre d’étude :reconquête d’une friche industriel<strong>le</strong> dans un contextearchitectural caractérisé par des grands ensemb<strong>le</strong>s.3.2UN TOTEMVÉGÉTAL,SYMBOLED’UNE IDENTITÉRENOUVELÉESur une friche industriel<strong>le</strong>, un quartier aux ambitionsécologiques va voir <strong>le</strong> jour. Sur une avenuequi mène à l’hôtel de vil<strong>le</strong>, la tour contribue auxambitions de ce nouveau quartier d’habitat.Positionnée à un croisement, entre une nouvel<strong>le</strong>place qui s’ouvre sur l‘avenue, un nouveaumail et un mail existant, el<strong>le</strong> fonctionne commeun bâtiment rotu<strong>le</strong> qui organise la relation entrel’urbanisme existant et <strong>le</strong> nouveau projet. Cetteimplantation privilégie une exposition au sudde la grande verrière, qui minimise ainsi l’ombreportée sur <strong>le</strong>s espaces publics et participe dupaysage de la place. En effet, <strong>le</strong> système dejardins superposés contribue à la qualité desespaces publics créés.Après : Plan-masse du projet inséré sur <strong>le</strong> site : Habiter<strong>le</strong> Ciel, symbo<strong>le</strong> de la création d’un nouveau morceaude vil<strong>le</strong> et d’une nouvel<strong>le</strong> manière d’<strong>habiter</strong> la tour.▼ Maquettes d’étude.Dans une vil<strong>le</strong> qui accueil<strong>le</strong> de nombreux logementssociaux, l’enjeu est de réhabiliter lagrande hauteur, de promouvoir ses qualitéstout en valorisant l’existant, dans un contextede grandes barres dont <strong>le</strong>s pignons débouchentsur l’avenue. L’émergence fine de latour dialogue avec l’existant dans un rapportd’échel<strong>le</strong>s bienveillant.Dans ce cas précis, Habiter <strong>le</strong> Ciel s’intègre àun îlot composé d’immeub<strong>le</strong>s mitoyens demoindre hauteur. Cet ensemb<strong>le</strong> concourt ainsià la constitution d’un véritab<strong>le</strong> morceau de vil<strong>le</strong>,à l’inverse d’un objet isolé.Tout en composant avec l’urbanité existante,la tour symbolise l’identité renouvelée de cecentre-vil<strong>le</strong>.


HABITER LE CIEL41Avant


LES RÉGLEMENTATIONSDE SÉCURITÉ INCENDIEAPPLIQUÉES À LACONSTRUCTIONDE LOGEMENTSLa prévention des incendies est encadrée par des textes de loi qui astreignent <strong>le</strong>s concepteurset constructeurs de bâtiments à une rég<strong>le</strong>mentation rigoureuse. On peut appréhenderdeux types de règ<strong>le</strong>s : d’un côté, la rég<strong>le</strong>mentation concernant la résistance au feudes bâtiments (matériaux et éléments de construction) ; de l’autre, <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de constructionspécifiques à l’intervention éventuel<strong>le</strong> des secours en cas d’incendie.En définitive, ces rég<strong>le</strong>mentations impliquent de tout mettre en œuvre pourque <strong>le</strong>s occupants puissent quitter <strong>le</strong> bâtiment indemnes. Ces règ<strong>le</strong>s sont doncprimordia<strong>le</strong>s, comme <strong>le</strong> rappel<strong>le</strong> l’artic<strong>le</strong> R. 111-13 du Code de la Constructionet de l’Habitat, « la disposition des locaux, <strong>le</strong>s structures, <strong>le</strong>s matériaux et l’équipementdes bâtiments d’habitation doivent permettre la protection des habitantscontre l’incendie ».La rég<strong>le</strong>mentation de sécurité incendie distingue plusieurs catégories de bâtiments,selon <strong>le</strong>urs destinations : établissements recevant du public (ERP), destinationcommercia<strong>le</strong>, ou encore habitations. Au sein de cette dernière catégoriese distinguent plusieurs « famil<strong>le</strong>s » selon <strong>le</strong>ur nature (habitationsindividuel<strong>le</strong>s ou col<strong>le</strong>ctives) et <strong>le</strong>ur hauteur et nombre d’étages (arrêté du31 janvier 1986).Ainsi, <strong>le</strong>s immeub<strong>le</strong>s d’habitation de quatrième famil<strong>le</strong> sont définis comme étantdes « habitations dont <strong>le</strong> plancher bas du logement est situé à plus de 28 mètres et à50 mètres au plus au-dessus du niveau du sol uti<strong>le</strong>ment accessib<strong>le</strong> aux engins des servicespublics de secours et de lutte contre l’incendie. » (artic<strong>le</strong> 3 de l’arrêté). Lorsque <strong>le</strong>plancher bas du logement <strong>le</strong> plus haut est situé à plus de 50 mètres, on considère<strong>le</strong> bâtiment comme un Immeub<strong>le</strong> de Grande Hauteur (IGH), dont la rég<strong>le</strong>mentationincendie spécifique est plus contraignante.Cependant, il est possib<strong>le</strong> de construire des habitations de quatrième famil<strong>le</strong> deplus de 50 mètres, par l’introduction d’un étage dup<strong>le</strong>x ayant un accès direct surla pièce de vie principa<strong>le</strong> (séjour), dont <strong>le</strong> plancher bas doit être au maximum àcinquante mètres par rapport au niveau du sol net.La règ<strong>le</strong> considère qu’un bâtiment de bureaux ou un ERP dont <strong>le</strong> dernier plancherbas est situé à plus de 28 mètres est un IGH. Cependant, un bâtimentd’habi tation de quatrième famil<strong>le</strong> peut contenir des étages de bureaux ou d’ERPet ainsi échapper à la qualification d’IGH, selon certaines règ<strong>le</strong>s précises. UnERP est par exemp<strong>le</strong> toléré sur <strong>le</strong>s deux derniers niveaux s’ils n’ont aucunecommu ni ca tion directe avec l’immeub<strong>le</strong>, s’ils sont reliés à deux escaliers protégéset s’ils sont susceptib<strong>le</strong>s de contenir au maximum 500 personnes.La rég<strong>le</strong>mentation incendie des bâtiments d’habitation de quatrième famil<strong>le</strong> impliqueque <strong>le</strong> dernier plancher desservi par <strong>le</strong>s pompiers, en cas d’intervention, est situé à50 mètres ; el<strong>le</strong> exige notamment que (arrêté du 31 janvier 1986) :


HABITER LE CIEL43Immeub<strong>le</strong>s d’habitationde 4 e famil<strong>le</strong>• <strong>le</strong>s éléments porteurs verticaux des habitations présentent un degré de stabilitéau feu après une heure et demie ;• <strong>le</strong>s parois entre <strong>le</strong>s logements aient un degré coupe-feu d’une heure ;• <strong>le</strong>s dégagements protégés (escaliers et circulations horizonta<strong>le</strong>s : balcons etcouloirs intérieurs) soient conçus de manière que <strong>le</strong>s fumées et gaz toxiques nepuissent y pénétrer ;• la « voie engins » qu’empruntent <strong>le</strong>s engins de secours ainsi que <strong>le</strong>s équipes depompiers :– soit située au maximum à 50 mètres de l’accès à la cage d’escalier del’immeub<strong>le</strong> – ces 50 mètres correspondent au parcours réel que doivent effectuer<strong>le</strong>s équipes de secours pour accéder à l’immeub<strong>le</strong>, prenant en compte <strong>le</strong>sdifférents obstac<strong>le</strong>s physiques qu’el<strong>le</strong>s peuvent rencontrer,– ait une largeur de 3 mètres au minimum, bandes réservées au stationnementexclues.La rég<strong>le</strong>mentation incendie pour <strong>le</strong>s IGH à destination d’habitation est pluscontraignante (arrêté du 18 octobre 1977) :• « la distance séparant une porte d’appartement de l’entrée du dispositif d’accèsà l’escalier <strong>le</strong> plus proche, mesurée dans l’axe des circulations, doit être au maximumde 20 mètres » ;• des dispositifs sonores doivent être installés au moins dans chaque appartementet dans <strong>le</strong>s circulations horizonta<strong>le</strong>s des étages non réservés à l’habitation ;• l’IGH et <strong>le</strong> poste central de sécurité (présence permanente d’un res ponsab<strong>le</strong>assurée) :– chaque IGH doit être situé à 50 mètres au plus d’un poste central desécurité ;– toutes <strong>le</strong>s alarmes de l’immeub<strong>le</strong> doivent être reliées au poste ;– <strong>le</strong> pompier permanent est rémunéré par <strong>le</strong>s copropriétaires (chargesparfois lourdes).Le Code de la Construction et de l’Habitation prend éga<strong>le</strong>ment des dispositionsapplicab<strong>le</strong>s à tous <strong>le</strong>s bâtiments, concernant la résistance au feu deséléments de construction et la réaction au feu des matériaux utilisés. Desséries de tests sous actions thermiques sont effectuées afin d’évaluer <strong>le</strong>sperformances de résistance au feu des éléments et matériaux de constructionet d’établir des classements. Depuis 2001, <strong>le</strong> système d’Euroclassespermet une harmonisation du classement des matériaux face au feu dans<strong>le</strong>s pays européens. (Arrêté du 21 novembre 2002 pour la réaction au feudes matériaux ; arrêté du 22 mars 2004 pour la résistance au feu des élémentsde construction.)


HABITER LE CIEL 45


PAUL CHEMETOVArchitecte-urbaniste, président duconseil scientifique de la con sultationsur <strong>le</strong> Grand Paris – Point devue publié dans Le Moniteur desTravaux Publics et du Bâtiment du6 novembre 2009« Si <strong>le</strong> temps historique de la transformationdes vil<strong>le</strong>s est long, <strong>le</strong>temps des humains – celui despassagers harassés de la ligne 13et des RER, ceux des exilés etdes isolés dans des territoiresexclus de la métropo<strong>le</strong> –, secompte en semaines, en mois, enannées. À <strong>le</strong>urs maux, il faut remédierdans l’urgence. La questionurbaine est la question politiquecentra<strong>le</strong> de notre temps. »FRANÇOIS SCELLIERDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Le projet du Grand Paris représenteune grande ambition pour laFrance, mais nous devons nousaussi être capab<strong>le</strong>s, au-delà de nosdifférences, de travail<strong>le</strong>r ensemb<strong>le</strong>pour construire une grandecommunauté de vie pour l’Î<strong>le</strong>-de-France, afin que l’ensemb<strong>le</strong> de sesdépartements ait <strong>le</strong> sentimentd’appartenir à une même entité enbénéficiant de retombées positives.Le Grand Paris doit être aussiun espoir et une réussite, nonseu<strong>le</strong>ment pour la petite couronne,mais aussi pour la banlieue. »NICOLAS DUPONT-AIGNANDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« J’ai écouté avec beaucoupd’atten tion <strong>le</strong>s débats d’hier et j’aipu constater, comme vous sansdoute, que s’était instauré un véritab<strong>le</strong>dialogue de sourds entre <strong>le</strong>sdeux côtés de cet hémicyc<strong>le</strong>, alorsmême que cette ambition duGrand Paris aurait pu nous réunir.Je devrais d’ail<strong>le</strong>urs dire “devraitimpé rativement nous réunir”, carcomment imaginer qu’un projet de20 milliards d’euros s’étalant survingt ans puisse raisonnab<strong>le</strong>mentêtre mis en œuvre par un État engrande difficulté budgétaire sans<strong>le</strong> soutien minimum de la population,des municipalités et desdépartements de la région ? »JEAN-PAUL CHANTEGUETDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Maintenir ou favoriser unemétropo<strong>le</strong> mixte est un des héritagesdes vil<strong>le</strong>s européennes quel’on doit valoriser. Il faut promouvoirune organisation de l’espaceurbain qui ne sépare pas <strong>le</strong>s lieuxd’emploi des centres de loisir etde consommation et des lieux derésidence, afi n de créer une vil<strong>le</strong>plus durab<strong>le</strong>. »ROLAND MUZEAUDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Au final, <strong>le</strong>ur vision de l’aménagementdu territoire francilienreste la même : el<strong>le</strong> est toujoursaussi libéra<strong>le</strong>. Pourtant, la logiquedes pô<strong>le</strong>s de compétitivité et lamise en concurrence dester ritoires ne sont pas la bonnevoie pour <strong>le</strong> développementharmonieux de la région Î<strong>le</strong>de-France.»PAROLESLE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUEDiscours du 29 avril 2009 – Cité de l’architecture et du patrimoine« Dans l’histoire, il n’y a pas de vil<strong>le</strong>s réussies qui ne soient construites àpartir de l’homme et pour lui. C’est l’oubli de ce principe qui a conduitnos grandes vil<strong>le</strong>s à cette sorte de démesure qui rend la vie si dure àtant de <strong>le</strong>urs habitants. Ceux-là subissent tous <strong>le</strong>s jours <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>sformes de servitude et d’aliénation qui accompagnent <strong>le</strong>s plus grandsprogrès de la puissance humaine.Nous ferons <strong>le</strong> Grand Paris comme <strong>le</strong>s générations passées ont fait jadisParis, nous <strong>le</strong> ferons avec <strong>le</strong>s ingénieurs, avec <strong>le</strong>s entrepreneurs mais aussiavec <strong>le</strong>s architectes, avec <strong>le</strong>s artistes, avec <strong>le</strong>s poètes, avec <strong>le</strong>s musiciens. Onpeut construire haut, on peut construire bas, on peut construire petit ouconstruire grand pourvu que ce soit beau. Pourquoi s’interdire de bâtir destours si el<strong>le</strong>s sont bel<strong>le</strong>s, si el<strong>le</strong>s s’inscrivent harmonieusement dans <strong>le</strong>paysage urbain ? Pourquoi s’interdire a priori une forme d’expression artistique,une forme architectura<strong>le</strong> ? La seu<strong>le</strong> chose condamnab<strong>le</strong>, c’est la laideur.La vil<strong>le</strong>, c’est un tout. La vil<strong>le</strong>, c’est un sentiment d’appartenance. Lavil<strong>le</strong>, c’est une éga<strong>le</strong> dignité offerte à tous <strong>le</strong>s citoyens. Une éga<strong>le</strong> priseen compte de <strong>le</strong>urs problèmes, de <strong>le</strong>urs difficultés, de <strong>le</strong>urs besoins, de<strong>le</strong>urs aspirations, un égal accès à la culture, à l’éducation, à la santé, àl’emploi, à la mobilité. La vil<strong>le</strong>, c’est l’égalité des chances. Le GrandParis cessera d’être une agglomération pour devenir une vil<strong>le</strong> quand onne par<strong>le</strong>ra plus de banlieues, quand il n’y aura plus de zones urbainessensib<strong>le</strong>s, quand <strong>le</strong> destin de chacun ne sera plus déterminé par <strong>le</strong>quartier où il habite, quand l’adresse cessera d’être un facteur de discriminationsocia<strong>le</strong>. »GUILLAUME PEPYPrésident de la SNCF, audition sur<strong>le</strong> projet de loi relatif au Grand Parispar la commission du développementdurab<strong>le</strong> et de l’aménagementdu territoire de l’Assembléenationa<strong>le</strong>« Le projet de “grand huit” ou“doub<strong>le</strong> bouc<strong>le</strong>”, qui est <strong>le</strong> projetphare du Grand Paris, ne doit pasfaire oublier <strong>le</strong> maillage et la rénovationde tout ce qui existe. »CLAUDE BARTOLONEDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Comment adopter un projet demétropo<strong>le</strong> où des hommes àmal<strong>le</strong>tte se déplaceront de pô<strong>le</strong>en pô<strong>le</strong> sans que l’on sache où etcomment loger <strong>le</strong>s habitants qui yvivent ? C’est là que se situe à monavis la deuxième impasse du texte,qui néglige tota <strong>le</strong>ment la vie dansla vil<strong>le</strong>. »PATRICK BLOCHEDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Bâtir un Grand Paris, c’est vouloircorriger <strong>le</strong>s injustices qui frappentnotre territoire et aider chacun àtrouver sa place dans une vil<strong>le</strong> duXXI e sièc<strong>le</strong>. C’est éga<strong>le</strong>ment vouloir unemétropo<strong>le</strong> plus solidaire, plus agréab<strong>le</strong>à vivre et plus accueillante pour <strong>le</strong>monde. Une métropo<strong>le</strong> qui connaîtcertes son passé, mais se tourne avecenthousiasme vers son avenir. »BERTRAND DELANOËMaire de Paris – Communiqué depresse sur la votation du projet deloi sur <strong>le</strong> Grand Paris« Ce projet de loi médiocre etinadapté est à l’opposé de l’étatd’esprit et du contenu indiqués par<strong>le</strong> chef de l’État lors de son discoursdu 29 avril dernier : il ignore <strong>le</strong>stravaux des dix équipes d’architectesqui ont travaillé pendant un an sur lamétropo<strong>le</strong> de l’après-Kyoto, il nepropose aucune approche globa<strong>le</strong>du développement territorial, il nes’attaque pas aux disparités etiné galités territoria<strong>le</strong>s qui entravent<strong>le</strong> développement économique dela métropo<strong>le</strong>, il ne répond pasaux urgences quotidiennes desFranciliens en matière de transports. »PIERRE MONGINPrésident de la RATP, audition sur <strong>le</strong>projet de loi relatif au Grand Paris parla commission du développementdurab<strong>le</strong> et de l’aménagement duterritoire de l’Assemblée nationa<strong>le</strong>« Vous avez été nombreux à soulignerque <strong>le</strong> projet de loi devraitprévoir une meil<strong>le</strong>ure interfaceentre l’automobi<strong>le</strong> et <strong>le</strong> transportcol<strong>le</strong>ctif et je vous en remercie.Avec vous, je considère qu’il y a làune piste d’amélioration intéressantedu texte qui vous est soumiscar il faut prendre en compte laréalité des déplacements quotidiensde millions de personnesdans <strong>le</strong> Bassin parisien. »YVES LIONArchitecte, équipe Lion-Descartes,membre de l’association des dixarchitectes du Grand Paris« Nous espérions enfin être passésau-dessus de la technostructure,el<strong>le</strong> revient au galop. »


HABITER LE CIEL47CHRISTIAN BLANCSecrétaire d’État au développementde la région capita<strong>le</strong> – Discussionà l’Assemblée nationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>projet de loi relatif au Grand Paris« Le projet ne fera pas l’impassesur l’habitat et <strong>le</strong> logement ! Cesont <strong>le</strong>s maires qui, conjointementavec l’État, pourront en décider.Nous souhaitons des territoires quine refusent pas la densité etportent un urbanisme ambitieux,inspiré par <strong>le</strong>s architectes urbanistesqui vont rapidement intégrertous ces dispositifs, comme cela adéjà commencé ici et là. »ANNE HIDALGOPremière adjointe au maire deParis, chargée de l’architectureet de l’urbanisme, tribune paruedans Libération <strong>le</strong> 1 er août 2008Pour répondre aux défis de lacompétition mondia<strong>le</strong> auquelnotre vil<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s autres métropo<strong>le</strong>seuropéennes sont confrontées, nenous interdisons pas de construireplus haut. Non par orgueil ou parsens de la démesure, mais bienpar pragmatisme.FRANÇOIS PUPPONIDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Sommes-nous certains que l’ensemb<strong>le</strong>des zones reléguées de larégion parisienne, en particuliercel<strong>le</strong>s de Seine-Saint-Denis et dusud du Val-d’Oise, seront enfindésenclavées grâce à ce projet ?En examinant <strong>le</strong> projet de “grandhuit”, je n’ai pas <strong>le</strong> sentiment quetoutes ces zones <strong>le</strong> seront. Si <strong>le</strong>projet que vous portez et quenombre d’entre vous appel<strong>le</strong>nt de<strong>le</strong>urs vœux ne rétablit pas uneégalité territoria<strong>le</strong> sur l’ensemb<strong>le</strong>de la métropo<strong>le</strong> francilienne, nousn’aurons pas réparé cette erreurhistorique et nous aurons prisdevant l’histoire une responsabilitégrave. »CHRISTIAN DE PORTZAMPARCArchitecte, président de l’association des dix architectes du Grand Paris« Ce projet de Grand Paris se fera avec <strong>le</strong>s élus. De notre côté, nous voudrionséviter que cet enjeu majeur de l’aménagement devienne l’otage d’un débat é<strong>le</strong>ctoral.La question de la métropo<strong>le</strong> ne renvoie en rien à un débat droite-gauche.Le projet du Grand Paris, c’est permettre de vivre mieux, faire en sorte que cettemétropo<strong>le</strong> ne soit pas ségrégationniste, s’approcher des critères de la métropo<strong>le</strong>de l’après-Kyoto… et garder en tête que la vie économique de la France et del’Europe a besoin que cette métropo<strong>le</strong> soit productive. Et il faut al<strong>le</strong>r vite. »EXPERTS ET POLITIQUESPHILIPPE GOUJONDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« La région capita<strong>le</strong> souffreaujourd’hui d’un véritab<strong>le</strong> décrochage,avec un taux de croissanceà peine équivalant à la moyennenationa<strong>le</strong> alors qu’il est deux foissupérieur dans <strong>le</strong>s autres vil<strong>le</strong>smonde,dont el<strong>le</strong> ne fera peut-êtreplus partie demain avec ses déchiruresurbaines et sa fragmentationsocia<strong>le</strong>. Du fait de ce tassement,el<strong>le</strong> ne joue plus son rô<strong>le</strong> de locomotiveà l’égard du reste du territoireet ne constitue plus pour lanation un atout décisif dans lacompétition internationa<strong>le</strong>. À cetégard, il ne faut pas commettrel’erreur de penser que ce texte neconcerne que Paris et l’Î<strong>le</strong>-de-France : il s’agit bel et bien d’unprojet d’intérêt national. »JEAN-CHRISTOPHE LAGARDEDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Des efforts ont bel et bien étéconsentis, même si l’on peuttoujours se demander s’ils ont étésuffisants. Il reste cependantd’abord et avant tout un problèmede mobilisation du foncier. Ce n’estpas parce que nous afficherons lavolonté de créer 70 000 logementsque nous aurons réglé <strong>le</strong> problèmedu foncier en Î<strong>le</strong>-de-France. »JACQUES KOSSOWSKIDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Les élus locaux seront associés,mais j’espère qu’il sera tenu comptede <strong>le</strong>ur point de vue, car <strong>le</strong>s représentantsde l’État disposeront d’aumoins la moitié des sièges dans <strong>le</strong>conseil. Ce projet de loi consacre <strong>le</strong>retour de l’État dans l’organisationet la régulation de l’agglomérationparisienne ; veillons à ce que ce nesoit pas un retour aux années 1970,avec un État aménageur, planificateuret autoritaire. Ce serait unerégression dans <strong>le</strong> processus dedécentralisation. »CHRISTOPHE CARESCHEDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Ce qui me frappe dans ce débatengagé depuis hier, c’est d’abordune adhésion assez généra<strong>le</strong> àl’idée qu’il faut une nouvel<strong>le</strong> ambitionpour la région Î<strong>le</strong>-de-France,et que l’État a un rô<strong>le</strong> majeur àjouer – rô<strong>le</strong> qu’il n’a d’ail<strong>le</strong>urspeut-être pas assez joué cesdernières années, d’où certainesdifficultés de cette région ; maisc’est aussi que cette adhésions’accompagne de beaucoup d’interrogations,pour ne pas dire descepticisme, devant <strong>le</strong> projet quinous est présenté. »DANIEL GOLDBERGDéputé – Discussion à l’Assembléenationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatifau Grand Paris« Où sont <strong>le</strong>s habitants dans votreprojet, <strong>le</strong>urs besoins en termesde cadre de vie et même dedéplacements urbains quotidiens? Absents. Où sont <strong>le</strong>sconstructions de logementsadaptés aux revenus des demandeursactuels ? Nul<strong>le</strong> part.Comment empêchez-vous l’éta<strong>le</strong>menturbain afi n de mettre enpratique <strong>le</strong>s engagements duGrenel<strong>le</strong> de l’environnement ? Cen’est pas dit. Quels choix d’aménagementissus des travaux desdix équipes d’architectes mettezvousen avant ? Aucun. »PIERRE MANSATAdjoint au maire de Paris, chargéde « Paris métropo<strong>le</strong> » et des relationsavec <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>sd’Î<strong>le</strong>-de-France« Il faut affirmer clairement <strong>le</strong>choix d’un cœur de métropo<strong>le</strong>compact, dense, actif économiquement,divers socia<strong>le</strong>ment,accueillant pour <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s etsolidaire de toute l’agglomération.Pour cela, utilisons au mieux<strong>le</strong> foncier, si rare. […] Ce quenous voulons, ce n’est pas undébat sur des tours ou pas àParis, c’est un débat qui répondeaux défis qui nous sont poséspour la vil<strong>le</strong> du XXI e sièc<strong>le</strong>, undébat sur la densité, qui intègrela question des hauteurs. »JEAN NOUVELArchitecte – Tribune parue dansLe Monde <strong>le</strong> 21 octobre 2009« Le Grand Paris n’est pas unchamp de batail<strong>le</strong>. Il ne pourras’épanouir que dans la compréhensionet la hiérarchisationd’objectifs sociaux, humanisteset optimistes. »PATRICK BRAOUZECDéputé – Discussion à l’Assemblée nationa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projet de loi relatif au Grand Paris« Il faut partir de l’homme, de son habitat, de ses possibilités de travail, de sacondition urbaine, de sa “mal-vie” dans l’inégalité. Les travaux des dix équipesde la consultation internationa<strong>le</strong> font largement écho à une tel<strong>le</strong> démarche. Ilsquestionnent la réalité comp<strong>le</strong>xe de la métropo<strong>le</strong> et la place de l’homme dansces nouveaux flux et ces réseaux multip<strong>le</strong>s. »TRIBUNE DES CONSEILLERS UMP DE PARISVa<strong>le</strong>urs actuel<strong>le</strong>s du 13 juin 2008« Comment donc loger <strong>le</strong>s 110 000 demandeurs de logements sociaux àl’intérieur du périphérique sans promouvoir la construction de tours,politique absurde que toutes <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s de France ont repoussée, aupoint même de détruire <strong>le</strong>s tours de logements existantes ! La politiquede l’habitat et de l’urbanisme n’a qu’une seu<strong>le</strong> tail<strong>le</strong> critique, cel<strong>le</strong> duGrand Paris. »


4.1LESPRINCIPESFONDATEURSDU GRANDPARISLE CHEMINEMENT, À PARTIR DE LA CONSULTA-TION GRAND PARIS, A OUVERT DES CHAMPSD’ÉTUDES THÉMATIQUES QUE NOUS SOUHAI-TONS DÉVELOPPER. L’ÉQUIPE A DÉSIRÉ POUR-SUIVRE CETTE AVENTURE EN CONSERVANT LALIBERTÉ DE PENSER QUI A ÉTÉ LA SIENNE PEN-DANT LA CONSULTATION. L’AVENIR, C’EST LAVILLE, IL S’AGIT DE LA RÉFLÉCHIR AUTREMENTEN INTÉGRANT LES CONCEPTS DU DÉVELOP-PEMENT DURABLE DANS LA PENSÉE ARCHITEC-TURALE ET URBAINE SANS LES CONSIDÉRERCOMME DES CONTRAINTES QUI SE SUPER-POSENT À CELLES QUI EXISTENT DÉJÀ. LESCHEMINS DE L’URBANITÉ VONT DÉVELOPPERDES CONCEPTS QUI POURRAIENT TROUVERDES APPLICATIONS MÉTROPOLITAINES DANSLE GRAND PARIS ET AILLEURS, MAIS AUSSIÀ DES ÉCHELLES DE VILLE DENSE.La définition de ces concepts répond aux principeset méthodes préalab<strong>le</strong>ment mobiliséssur <strong>le</strong> projet du Grand Paris. En effet, celui-ci anécessité l’élaboration d’un ensemb<strong>le</strong> d’outilsconceptuels qui composent un manifeste initia<strong>le</strong>t qui permettent la génération du projet.8 PRINCIPESLa génération poétique du projetLa poésie d’un lieu réside en sa capacité de flânerie,de déambulation, sa force émotive, sesbonnes surprises toujours renouvelées, ses mystèreset ses épaisseurs… La poésie constitue unguide car « <strong>le</strong> bien décisif et à jamais inconnude la poésie, croyons-nous, est son invulnérabilité» (René Char).L’approche qualitative,globa<strong>le</strong> et systémique du projetL’appréciation de la qualité du projet ne peutêtre que qualitative et <strong>le</strong>s appréciations quantitativespeuvent toujours être traduites qualitativement.Globa<strong>le</strong>, car <strong>le</strong>s traitements en partieséparés des différents aspects du projet aboutissentà un projet final qui n’est qu’une suite decorrections de la vision initia<strong>le</strong>. Enfin, <strong>le</strong> projetne se réduit pas à la somme de ses éléments,mais doit être considéré comme un système,dans une dynamique globa<strong>le</strong>.La modernité baroqueLa culture urbaine à revisiter est baroque : ducerc<strong>le</strong> à l’ellipse, d’un centre omnipotent àde multip<strong>le</strong>s centres. Cela implique d’en finiravec <strong>le</strong> radioconcentrique, qui tend à étoufferl’agglomération parisienne, et d’organiser denouvel<strong>le</strong>s polarités mieux distribuées.Le symbolique extraordinaireUne fonctionnalité capab<strong>le</strong> de fixer l’imaginairemondial est nécessaire afin d’inscrire la métropo<strong>le</strong>dans sa modernité et d’en faire une vil<strong>le</strong>monde. Trois types de <strong>le</strong>viers y concourent :événementiels, culturels et universitaires.La topolitiqueSur <strong>le</strong> soc<strong>le</strong> d’un Grand Paris solidaire dans <strong>le</strong>quelil n’existe plus de quartiers indignes, il convientde faire de la topologie et de la politique, soitde la topolitique. C’est dire que <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs dela République, dont <strong>le</strong> droit à l’urbanité, doiventdevenir visib<strong>le</strong>s dans la métropo<strong>le</strong>. Il s’agit dedisséminer de l’intérêt public partout.Le développement durab<strong>le</strong>, l’adaptabilitéet la cultureUne politique de développement durab<strong>le</strong> està trois dimensions : économique, sociéta<strong>le</strong> etenvironnementa<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> doit aussi répondreà l’évolution de toutes <strong>le</strong>s composantes ducadre de vie bâti, d’où la nécessaire adaptabilitéde celui-ci. Enfin, cette politique doitêtre en harmonie avec <strong>le</strong> système de va<strong>le</strong>ursde la société, c’est-à-dire sa culture.Densité – Compacité – IntensitéLa vil<strong>le</strong> que nous souhaitons promouvoir àl’échel<strong>le</strong> métropolitaine est compacte, avec deslimites franches qui contribuent à sa beauté.C’est donc un développement intensif plutôtqu’extensif. La compacité est une réponse àl’éta<strong>le</strong>ment urbain, à la consommation du sol etaux types d’aménagements urbains nécessairesdans un contexte post-Kyoto de réduction desgaz à effet de serre.Le droit à l’accessibilitéLe niveau d’accessibilité représente un enjeudécisif pour un espace urbain en ce qu’il déterminesa capacité à participer de la vie métropolitaine.Accéder, c’est donner la primeur à deslieux et des populations plutôt que développerune mobilité sans but. C’est pourquoi la questiondu maillage et surtout la position des stationspriment sur la seu<strong>le</strong> mobilité.▼ L’Agora du Grand Paris, à la confluence de la Seine etde la Marne. Photomontage réalisé à partir de la sal<strong>le</strong>de l‘Assemblée nationa<strong>le</strong> du pays de Gal<strong>le</strong>s à Cardiff,conçue par Rogers Stirk Harbour + Partners.


HABITER LE CIEL496 MÉTHODESDérég<strong>le</strong>menterDans <strong>le</strong> cadre normatif actuel, la somme descontraintes contribue à l’inertie des projets.Il est question de faire en sorte que chaqueaction soit bien <strong>le</strong> fruit d’une décision poli tiqueet non d’une accumulation de contraintes techniquesqui organisent des non-choix poli tiques.Une gestion intelligente de l’eau permettrait dedépasser <strong>le</strong>s contraintes en matière de constructionen zone inondab<strong>le</strong>, en favorisant l’applicationd’innovations qui existent et sont mises enœuvre dans d’autres pays européens.Sauter un pasCela consiste à révé<strong>le</strong>r ou construire des lieuxmajeurs bien au-delà de la vil<strong>le</strong> centre, à lamanière du château de Versail<strong>le</strong>s, dont l’implantationloin de Paris a permis <strong>le</strong> développementcohérent de l’Ouest. C’est une alternative audéveloppement naturel de la métropo<strong>le</strong> parabsorption margina<strong>le</strong> et radioconcentrique.C’est un acte décisionnel.Le patchworkIl s’agit de considérer chaque projet, lieu, territoirecomme unique et de s’appuyer sur sessingularités tout en travaillant <strong>le</strong>s coutures intercommu na<strong>le</strong>s. C’est libérer la possibilité de frictions,de contacts, d’agglomération, de ruptured’échel<strong>le</strong>s entre des tissus urbains variés. C’estorganiser une batail<strong>le</strong> de San Gimignano àl’échel<strong>le</strong> des communes.▼ Le mont Valérien, monument de toutes <strong>le</strong>s mémoires.S’appuyer sur la géomorphologieet <strong>le</strong>s paysagesIl s’agit d’identifier <strong>le</strong>s territoires dans toutes<strong>le</strong>urs dimensions – géomorphologie, paysage,géographie humaine, économique et socia<strong>le</strong> –afin de profiter de <strong>le</strong>ur richesse et de stimu<strong>le</strong>r lavariété des composantes territoria<strong>le</strong>s.S’appuyer sur la topographie permet de déce<strong>le</strong>rdes lieux d’où la métropo<strong>le</strong> se donne à voir.Déchiffrer et dézoner <strong>le</strong> territoireC’est dire la nécessité de produire <strong>le</strong>s conditionsd’une mixité dans <strong>le</strong>s fonctions et <strong>le</strong>s usages :non plus des zones industriel<strong>le</strong>s, des zones▼ Le port de Gennevilliers s’ouvre au public enaccueillant un grand opéra (ici l’opéra de Sydney, JornUtzon, architecte).parcs, des zones résidentiel<strong>le</strong>s… mais unecomp<strong>le</strong>xi fi ca tion des tissus urbains pour promouvoirl’urbanité. Dézoner, c’est aussi favoriser descontinuités urbaines, inexistantes du fait de laséparation des fonctions, entre des zones industriel<strong>le</strong>s,des zones d’habitat, des zones commercia<strong>le</strong>set <strong>le</strong> tissu de la vil<strong>le</strong> sédimentaire.Remode<strong>le</strong>r et désenclaver<strong>le</strong>s grands ensemb<strong>le</strong>sLe droit à l’urbanité revient à corriger l’inégalitéde condition urbaine vécue par <strong>le</strong>s habitantsdes quartiers populaires.On peut intervenir largement sur <strong>le</strong>s formesurbaines, ajouter, densifier, transformer <strong>le</strong>sfaçades et agrandir <strong>le</strong>s logements. En travaillantsur <strong>le</strong>s limites, on autorise la vil<strong>le</strong> à envahir <strong>le</strong>squartiers afin de <strong>le</strong>ur donner une va<strong>le</strong>ur équiva<strong>le</strong>nteaux autres territoires de la métropo<strong>le</strong>.▼ À Rungis, <strong>le</strong> ventre du Grand Paris s’ouvre sur lavil<strong>le</strong> et devient un lieu de destination des gourmandscurieux.


4.2LE GRANDPARISCAPITALE POUR L’HOMME,CAPITALE POUR LE MONDENotre Grand Paris se veut solidaire et naturel<strong>le</strong>mentpoétique car nul n’habite un schémadirecteur et parce que « c’est poétiquementque l’homme habite cette terre ».C’est donc un Grand Paris des poètes, de ladérive, de la flânerie, de la nonchalance…, unGrand Paris du voyage. L’espace métropolitain,que nous imaginons multipolaire, devientun lieu qui recè<strong>le</strong> d’inépuisab<strong>le</strong>s surprises. II secompose de polarités qui rayonnent sur touteune aire urbaine et qui sont confortées par deslieux symboliques et de voyage, à l’image duchâteau de Versail<strong>le</strong>s, qui a influencé <strong>le</strong> développementde tout l’ouest parisien.▲ Le Grand Paris multipolaire et ses huit fédérations de communes.Les artistes de notre temps ne peuvent ignorerl’apartheid urbain qui structure aujourd’huinotre métropo<strong>le</strong> et dont <strong>le</strong>s grands ensemb<strong>le</strong>ssont la figure. Le Grand Paris doit favo riser lacohésion et <strong>le</strong> vivre ensemb<strong>le</strong> dans une métropo<strong>le</strong>à vivre : <strong>le</strong>s grands ensemb<strong>le</strong>s sont remodeléset désenclavés tandis qu’une stra té gie dedéveloppement économique renforce <strong>le</strong> caractèremultipolaire de la métropo<strong>le</strong>. L’analyse dela géographie nous permet de dessiner huitentités cohérentes pour un Grand Paris dontl’emprise est contenue par <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>set <strong>le</strong>s forêts, dans un péri mètre d’environ 40 kmde diamètre – soit quinze fois plus grand queParis – et de 8 millions d’habitants. Ces entitésforment huit fédé rations de communes. Le projetdu Grand Paris d’aujourd’hui est l’occasionde franchir une nouvel<strong>le</strong> étape, non pas extensivecette fois, mais intensive. La batail<strong>le</strong> pourla compacité des vil<strong>le</strong>s et la lutte contre l’éta<strong>le</strong>menturbain sont, de surcroît, en accord avec <strong>le</strong>sproclamations du protoco<strong>le</strong> de Kyoto.Il nous a semblé incontournab<strong>le</strong> d’embrassertoutes <strong>le</strong>s échel<strong>le</strong>s de temps et d’espace parceque la métropo<strong>le</strong> parisienne souffre de trèsgraves discontinuités spatia<strong>le</strong>s et temporel<strong>le</strong>s,de ruptures, d’enclaves, de décalages entre<strong>le</strong> temps des institutions et celui des citoyens,entre l’échel<strong>le</strong> d’action des opérateurs urbainset cel<strong>le</strong> des acteurs économiques.L’accessibilité et <strong>le</strong>s mobilités urbaines se traduisentpar des projets de transports poétiques(trois bouc<strong>le</strong>s de tram, dont une en très grandecouronne qui désenclave <strong>le</strong>s quartiers, et desbatobus sur la Seine et la Marne), de transportsrapides (un métro automatique aérien sur l’A86et un réseau express métropolitain Orly-Roissy-La Défense) et de transport fluvial pour <strong>le</strong>s marchandises(création d’un port à Roissy).Enfin, la nécessité de produire du symboliquenous interpel<strong>le</strong>. On sait comment, par exemp<strong>le</strong>,la monumentalité de la Grande Arche a sauvé <strong>le</strong>quartier d’affaires de La Défense, de même que<strong>le</strong> CNIT l’avait fondé. Nous pensons à une ponctuationmonumenta<strong>le</strong> du Grand Paris, à l‘imagede la fabrication de sacré républicain sous laIII e République. Il s’agit aujourd’hui d’inventerune symbolique de notre temps.


HABITER LE CIEL51Notre démarche s’inscrit dans une volonté depromouvoir une vil<strong>le</strong> désirab<strong>le</strong>. Si rien n’est figédans nos propositions, il nous a semblé pertinentde définir des projets qui démontrent <strong>le</strong>scapacités de transformation de l’espace métro -politain afin de porter un regard différent surcertains lieux. D’autres types de projets, en matièrede mobilité notamment, sont réalistes etsusceptib<strong>le</strong>s d’être réalisés rapidement dans <strong>le</strong>cadre d’une recherche de solutions économiquesefficientes. Le Grand Paris n’est pas uneénième utopie urbaine, c’est une utopie concrètequi peut et doit s’inscrire dans <strong>le</strong> réel et dansl’urgence. Il y a un besoin impérieux de rendreintelligib<strong>le</strong> la question du Grand Paris dansl’espace démocratique. La réussite de cetteconsultation réside d’abord dans la capacitédes 10 réponses d’être <strong>le</strong> support de l’appropriationcol<strong>le</strong>ctive, du citoyen au président dela République, du destin du Grand Paris. C’estpourquoi nous proposons une éco<strong>le</strong> d’élus, uneéco<strong>le</strong> de citoyens et <strong>le</strong> lancement d’une grandesouscription nationa<strong>le</strong> qui transforme l’habitanten bâtisseur.Nous savons l’importance du discours muet dela vil<strong>le</strong> et nous n’avons aucune vraie ou faussenaïveté. Le symbolique extraordinaire, <strong>le</strong> remodelagedes grands ensemb<strong>le</strong>s, la topolitique,l’accessibilité pour tous, en bref une penséerépu bli caine et démocratique de la métropo<strong>le</strong>et sa traduction spatia<strong>le</strong> ne fabriquent pas à el<strong>le</strong>sseu<strong>le</strong>s une société plus juste et plus humaine .Nous avons évidemment besoin de grandespolitiques éducatives, culturel<strong>le</strong>s, socia<strong>le</strong>s, productives,que seul un nouveau souff<strong>le</strong> démocratiquepeut générer. L’argumentaire sur l’incapacitéde la forme à résoudre <strong>le</strong>s problèmes defond constitue un véritab<strong>le</strong> renoncement, uneporte fermée au changement de la conditionmétropolitaine, au changement de société.La mise en œuvre du droit à l’urbanité est aucontraire la première marche, l’occasion exceptionnel<strong>le</strong>d’entraîner <strong>le</strong>s citoyens et <strong>le</strong>urs représentantsà imaginer, délibérer et décider d’unchangement concret, visib<strong>le</strong>, de la conditionhumaine . Parce que ce changement procèdefondamenta<strong>le</strong>ment d’un processus politique,qu’il n’y a d’autres contraintes et barrières quecel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>s femmes ont bâties ,alors oui, décidément, <strong>le</strong> Grand Paris est possib<strong>le</strong>si nous <strong>le</strong> voulons.« Notre démarches’inscrit dansune volontéde promouvoirune vil<strong>le</strong> désirab<strong>le</strong>. »Le destin de l’ensemb<strong>le</strong> des réf<strong>le</strong>xions et posturesque nous avons prises n’est pas valab<strong>le</strong>uniquement à Paris. Les grandes métro po<strong>le</strong>srégiona<strong>le</strong>s pourraient en bénéficier el<strong>le</strong>s aussi :mettre de l’intérêt public partout, remode<strong>le</strong>r etdézoner, créer des lieux symboliques nouveaux,promouvoir une approche sensib<strong>le</strong> de la vil<strong>le</strong>,quitter l’accab<strong>le</strong>ment patrimonial…, tout ce quinous semb<strong>le</strong> une manière de concevoir la vil<strong>le</strong>hors d’une pensée purement technique pourraitse diffuser sur tout <strong>le</strong> territoire.Et <strong>le</strong> monde aussi pourrait en profiter. Le devoird’urbanité est un message à vocation universel<strong>le</strong>.Cet ouvragea été coproduit par :– Atelier Castro Denissof Casi– <strong>Nexity</strong>et éga<strong>le</strong>ment :– Berim– Master stratégies territoria<strong>le</strong>set urbaines de Sciences-Po – ParisCrédits architectes :– Atelier Castro Denissof Casi :p. 7, 12 à 21, 38 à 40, 48 à 50– Del<strong>le</strong>kamp Architectos : p. 33– Môrice Leroux : p. 32– Moshe Safdie : p. 32– Shay C<strong>le</strong>ary Architects : p. 33– Steid<strong>le</strong> + Partner Architekten : p. 33Crédits photo et croquis :– Atelier Castro Denissof Casi :p. 12 à 21, 22, 23, 26, 27, 28, 29– Berim : p. 22, 23– Del<strong>le</strong>kamp Arquitectos : p. 27, 33– Benoit Fougeirol : p. 27– Adrien Larcade : p. 32– EPA ORSA. Philippe Guignardphotographe : p. 26, 28– Extrait du plan du jardindépartemental Albert Kahnà Boulogne-Billancourt.– Conseil Général des Hauts-de-Seine :p. 18– Marshall Vandruff – Corbis : ScottBarrow/Oliver Rossi/Image source – GettyImages : Vincent Besnault/StanislasMerlin/Image Source.Contact :Direction de la communication :directiondelacommunication@nexity.frConception et réalisation graphique :


LES CHEMINS DE L’URBANITÉLa vil<strong>le</strong> est <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t de la société. El<strong>le</strong> se transforme, el<strong>le</strong> se renouvel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> se démocratise. La vil<strong>le</strong> est éga<strong>le</strong>mentmalade de ses contradictions, qu’el<strong>le</strong>s soient socia<strong>le</strong>s, économiques ou politiques, alors qu’el<strong>le</strong> doit être aussi<strong>le</strong> lieu de l’épanouissement du futur, <strong>le</strong> lieu où se produira la création de richesses. Vouloir la dessiner différemment,c’est accepter l’idée que nous sommes encore maîtres de notre destin, que ce n’est pas <strong>le</strong> monde quigouverne, mais ceux qui y vivent.Chacun s’accorde à dire qu’il faut une volonté politique forte. Ce n’est que <strong>le</strong> moyen pour l’élite de ce pays dese décharger de sa responsabilité, cel<strong>le</strong> d’apporter des idées, d’imaginer, de susciter, c’est-à-dire de faire vivre <strong>le</strong>débat, <strong>le</strong>s échanges d’opinion, bref la démocratie.Certains déplorent que la naissance de nouvel<strong>le</strong>s structures n’enlise <strong>le</strong> débat. Les Français, pour la majoritéd’entre eux, ignorent ce qu’est <strong>le</strong> Grand Paris. Comment en serait-il autrement tant qu’il n’est pas plus concret ?Il faut, pour donner corps au vivre ensemb<strong>le</strong>, lui offrir <strong>le</strong>s moyens de s’exprimer concrètement, montrer comment<strong>le</strong>s Franciliens vivront demain, c’est cela qui intéresse <strong>le</strong>s générations futures.Réfléchir au vivre ensemb<strong>le</strong>, c’est penser aux hommes en premier, comme idéal inaliénab<strong>le</strong>. Redonner à l’architectureet à l’urbanisme sa lumière centra<strong>le</strong>, c’est réordonner l’échel<strong>le</strong> des va<strong>le</strong>urs qui nous structurent, où la créationdes richesses est au service de tous. Proposer des solutions concrètes pour <strong>le</strong> Grand Paris, c’est donner unsens à la mission des hommes politiques, quel<strong>le</strong> que soit <strong>le</strong>urs convictions, aux entrepreneurs, quels que soient<strong>le</strong>urs intérêts, aux citoyens, quels que soient <strong>le</strong>ur niveau social ou <strong>le</strong>urs utopies.Réfléchir au vivre ensemb<strong>le</strong> à l’échel<strong>le</strong> du Grand Paris, c’est poser concrètement ce que peut être la manièred’<strong>habiter</strong> avec un souff<strong>le</strong> nouveau. Une manière d’<strong>habiter</strong> qui dialogue avec <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s façons de considérerl’économie. Comme l’aborde Joseph Stiglitz*, c’est bien l’économie du bien-être dont il est question, plus qued’une approche quantitative. C’est enfin considérer qu’un concept peut transformer <strong>le</strong> monde et construire unevision. Un concept n’appartient à personne, il est l’œuvre de tous.C’est ce chemin d’urbanité que nous avons choisi d’emprunter ensemb<strong>le</strong>.* Prix Nobel d’économie.Cette revue est éditée par1, terrasse BelliniTSA 48200La Défense 1192919 Paris-la Défense Cedexwww.nexity.fr

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