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Rapport du 5ème - CAUX FORUM for Human Security

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Groupes et serviceDepuis 1946, date à laquelle Caux a invité des Français et des Allemandsà participer à la reconstruction d'une Europe morcelée, ce centre deconférence rassemble les victimes de situations de conflit et de tension.Il offre à tous l'opportunité de panser leurs blessures et de développer lesqualités personnelles et les stratégies capables d'établir une paix et undéveloppement <strong>du</strong>rables. Caux sait que ces questions impliquent autantles cœurs que les cerveaux, que surmonter la haine est aussi importantque d'établir les structures d'une bonne gouvernance et qu'apprendre àservir est une préparation nécessaire à la fonction publique.Une des caractéristiques de Caux est la possibilité de partager des idéesavec les autres participants dans le cadre de petits groupes. Ces groupessont l’occasion d’approfondir les discussions lors de la préparation et <strong>du</strong>service des repas. Nombre de participants ont décritles moments vécus au sein de ces groupes commedes instants uniques <strong>du</strong> Forum.Pour beaucoup, la pratique de la réflexion quotidienneest une source essentielle d’harmonie, de sagesse etd’orientation de vie. Chaque matin, des intervenantsd’horizons divers partageaient une réflexion qui étaitsuivie d’une demi-heure de silence collectif. Parmi ces intervenants,Omnia Marzouk présidente d’I&C International, a pris laparole en partant de sa foi et de son expérience en tant que médecinurgentiste au sein d’un grand hôpital pour enfants. Selon elle, cettepratique permet de créer un lien avec « quelque chose de profond en moi,ma conscience intérieure – qui, dans ma tradition musulmane est monlien avec le divin. C’est un moment <strong>du</strong>rant lequel je ne pense plus tant àce que les autres ont dit ou ont fait qu’à mes propres actions et à la façondont j’ai réagi. Je vois ainsi ce que je dois corriger et comment je peuxrétablir une bonne relation avec les autres. »L’approche spécifique <strong>du</strong> Forum de Caux est celle <strong>du</strong> concept de« coalition de conscience », qui permettra de réunir des indivi<strong>du</strong>sintègres et sensibles qui pourront ensemble combattre l’impactdébilitant de l’avidité et de la lutte de pouvoir. Nous avons tous unrôle à jouer. La richesse des autres cultures se fait jour quand oncommence à prendre conscience de notre humanité commune etde notre responsabilité à la protéger. Nous pourrons ren<strong>for</strong>cer labonne gouvernance au plus haut niveau en la maintenant à tousles niveaux, que ce soit au sein de la famille ou des communautéslocales. Nous pouvons demander à nos gouvernements d’adopterdes politiques <strong>du</strong>rables si nous commençons par examiner notrepropre mode de vie.Mohamed Sahnoun Algérie(en bas à droite) Président <strong>du</strong> Forum de Caux pour la sécurité humaineAncien conseiller spécial <strong>du</strong> Secrétaire général des Nations Unies, Kofi AnnanLa sécurité pour les indivi<strong>du</strong>sMicheline Calmy-Rey (en haut à droite) présidente de la Suisse en 2007 et2011 et ministre des affaires étrangères de 2003 à 2011 était l’intervenante principalelors de la Journée Officielle des rencontres de Caux. Cette journée acoïncidé avec le lancement officiel <strong>du</strong> « cinquième Forum annuel de Caux pour laSécurité Humaine ».Mme Calmy-Rey a parlé de l'engagement de la Suisse dans la sécurité humaine et desa promotion <strong>du</strong> dialogue en tant que moyen efficace de médiation internationaleet d'instauration de la paix. « La politique de sécurité humaine place la personne, sesdroits et ses besoins au centre des préoccupations » a-t-elle déclaré. Ces politiquesont pour but de protéger les populations civiles et de consolider les droits humains,a-t-elle poursuivi, et adoptent des méthodes telles que la médiation, la trans<strong>for</strong>mationdes conflits et la « lutte contre les mines antipersonnel. » « La politique de dialogueet de promotion de la paix que j'ai voulue prioritaire pour la Suisse s'inscrit dans cecadre. » Elle a souligné l'importance de sortir de la « vision manichéenne d'un mondeen noir et blanc, où peuples et pays ne peuvent être qu'amis ou ennemis ». L'histoireet l'expérience suisses ont montré que le refus <strong>du</strong> dialogue est stérile, a-t-elle ajouté,et les ef<strong>for</strong>ts de résolution de certains conflits doivent inclure des organisations quirecourent à des méthodes terroristes. « La Suisse ne possède pas les clés de toutes lesportes, a-t-elle conclu, mais nous détenons un savoir-faire en matière de dialogueet une capacité à prendre des risques raisonnables. Ces points <strong>for</strong>ts constituent notreapport à la politique internationale. »En réponse Omnia Marzouk a déclaré « Micheline Calmy-Rey a parlé des sept erreursde la médiation – l’ignorance, l’arrogance, les fausses promesses, la partialité,l’impatience, la rigidité et l'impuissance – et des huit qualités nécessaires pour unemédiation efficace – la connaissance, l’influence, l’empathie, l’impartialité, la patience,le réalisme, la souplesse et la confiance. Il s’agit d’une très belle approche de lapolitique étrangère mais aussi d’une très bonne façon d’envisager la médiation et ledialogue à l’échelle des indivi<strong>du</strong>s. Initiatives et Changement se concentre sur ce lienentre le personnel et l’universel. »3


James Wuye2010 - 2020UNITED NATIONS DECADE FOR DESERTS AND THE FIGHT AGAINST DESERTIFICATIONLe Pasteur nigérian James Wuye <strong>du</strong> centre de médiation interconfessionnelleà Ka<strong>du</strong>na a signalé : « Nous les Nigérians, nous ne sommes peut-être pas très pieuxmais nous sommes un peuple religieux. Il y a quelques années, je suis allé prêcher prèsde Ka<strong>du</strong>na. Là-bas, j’ai vu des gens qui coupaient les arbres et des terres fumantes. J’aidit aux gens, Dieu veut faire un pacte avec nous. Chaque homme plantera un orangeret chaque femme un manguier. Maintenant, ils vendent des oranges et des mangues àleur communauté. »Et maintenant ?Nous ne pouvons pas attendre un consensus au niveau des gouvernements sur des mesures de lutte contre leréchauffement climatique et contre la dégradation de l’environnement, même si cela doit rester un objectif. Nouspouvons faire beaucoup à d’autres niveaux. Dans de nombreuses régions, la restauration des terres peut êtreconsidérée par le secteur privé comme une entreprise viable. Lors de la conférence de Rio, l’Union européenne s’estengagée à fournir à 500 millions de personnes de l’énergie propre à l’horizon 2020. Les citoyens peuvent contribuerà ce que ces engagements soient respectés.Conclusions•Lors <strong>du</strong> Forum, on a pu entendre les expériences des ONGs qui rétablissent l’eau dans des villages frappéspar la sécheresse en Inde, qui luttent contre la pollution en Russie, qui œuvrent pour l’amélioration desrécoltes au Timor oriental ou pour nourrir les victimes de la famine au Soudan. Les agriculteurs ougandaisont également parlé d’un mouvement accru de re<strong>for</strong>estation. Tout ce travail est crucial. Dans la luttecontre le changement climatique, les technologies ne suffiront pas. Le changement doit venir de chacund’entre nous et particulièrement des nations riches et des riches dans les nations pauvres. Plus noustenterons, par nos décisions indivi<strong>du</strong>elles, de créer un monde plus équitable et plus <strong>du</strong>rable, plus nosdirigeants se sentiront encouragés à prendre des décisions ambitieuses.La neutralité de la dégradation des terres est un objectif atteignable et il s’agirait d’une contribution majeure à lapro<strong>du</strong>ction alimentaire, à la diminution des conflits dans les régions arides et à la lutte contre le changement climatique.• L’économie dépend entièrement de l’environnement. Investir dans l’économie verte est une façon efficace de sortir dela crise économique.• L’incapacité des gouvernements à se trouver un point d’accord sur des actions visant à limiter le changementclimatique signifie que les organisations non-gouvernementales doivent prendre un rôle de leadership.Gina TorryExpert Genre, UN DPAHanspeter LinigerWOCAT (World Overview ofConservation Approachesand Technologies)Sowmya SomnathGrampari/WatershedManagement GroupGeorge Kamau Kiiruagriculteur kényan, connusous le nom 'Miti Mingi'(Multitude d’arbres)Adam KoniuszewskiDirecteur des opérations,Green CrossRestaurer les vies, restaurer les terres à Baringo, KenyaLa vie est <strong>du</strong>re dans les terresarides <strong>du</strong>Kenya. Les conflits concenrnant l’accèsà l’eau et aux pâturages sont nombreux.L’hostilité entre les communauté seminomadesentrave le développement. Lesresponsables des communautés dans ledistrict de Baringo essaient de trouverde nouvelles façons de répondre à cesdéfis. Ils incitent à la résolution des conflits et à une gestion <strong>du</strong>rable des pâturagesen parallèle, grâce à des approches traditionnelles et externes. Cette méthode estprésentée dans un court-métrage de sept minutes intitulé « Restaurer les vies,restaurer les terres à Baringo, Kenya ». Le film, réalisé par Alan Channer, a étédiffusé pour la première fois au Forum de Caux de cette année. On peut le trouversur la gallerie vidéos de la CNUCD ou sur la chaine Youtuve de FLTfilms. D’autresprojets, basés sur l’initiative décrite dans le film, sont en cours au Kenya dans lecadre <strong>du</strong> programme d’I&C Restaurer les terres, les vies, la paix.5


Josef WinterVerity OutramEconomie intégranteQuelles sont les stratégies à mettre en œuvre pour que le monde évolue vers des politiqueséconomiques qui répondront aux besoins de tous et qui offriront à chacun de réelles opportunités?Vaincre la corruption : un défi pour tousLa journée a commencé avec une séance plénière sur un aspect crucial et pourtant souvent négligé : la lutte contre la corruption.Katherine Marshall de l’Université de Georgetown, ancienne conseillère principale auprès de la Banque Mondiale, a soulignéque « lors de tout soulèvement, notamment lors <strong>du</strong> Printemps Arabe, la première revendication concerne l’emploi, la deuxième vise lesinégalités et la troisième est un appel à mettre un terme à la corruption et à la mauvaise utilisation des ressources. »Ekuru Aukot6Chol Tong Mayay, Governeur de l’Etat des Lacs, Soudan<strong>du</strong> Sud, avec l’autrichien Johannes Langer, participantaux Caux ScholarsRécupérer les ressourcesnaturelles de l'AfriqueL'exploitation des ressources naturelles de l'Afriquepar le monde développé représente l'un des scandalesde notre ère. Cette situation cause trop souvent plus de tortque de bien au développement de l'Afrique. Le Forum a rassemblédifférents acteurs déterminés à enrayer ce qui est devenu le « fléaudes ressources de l'Afrique ». Ils se sont réunis suite à l'initiative deFarai Maguwu <strong>du</strong> Zimbabwe, à la tête d'une ONG, connu pour avoirrévélé les corruptions et violences dans les mines de diamant de son pays.Participent également à cette rencontre :Daniel Bekele, directeur exécutif de la division africaine de <strong>Human</strong> Rights Watch; etEkuru Aukot, avocat en droit constitutionnel kenyan qui a dirigé l'équipe à l'origine dela nouvelle constitution <strong>du</strong> Kenya et qui oeuvre désormais à l'élaboration d'une base légaled'extraction <strong>du</strong> pétrole dans le nord <strong>du</strong> Kenya. Les discussions se concentrèrent sur la Chartesur les ressources naturelles qui énonce les préceptes essentiels pour lutter contre la corruptionet permettre à un pays de gérer efficacement ses ressources. Elle fut présentée par VerityOutram, coordinatrice <strong>du</strong> Secrétariat international de la Charte. Des indications furentdonnées aux participants afin qu'ils puissent appliquer ces préceptes dans leur pays d'origine.« Notre gouvernement s’est attelé au problème de la corruption. Nous avons congédié deux ministres des Finances, et nous avons récemment recouvré plus de 60 millionsde dollars. Mais nous avons besoin d’aide. L’argent de la corruption est envoyé dans les pays développés. Nous demandons l’aide de ces pays pour tracer les fonds maisparfois nos demandes restent lettres mortes. » John Gatwich Lul Président de la Commission anti-corruption, Gouvernement <strong>du</strong> Soudan <strong>du</strong> SudTrans<strong>for</strong>mation chez SiemensEn 2006, Siemens a subi un « choc énorme » quand 400 policiers ont fouillé lesbureaux, explique le responsable de Siemens Josef Winter . Sa nièceavait honte de dire à l’école que son oncle travaillait pour l’entreprise. A la finde l’année 2008, un accord a pu être conclu entre les autorités américaines etallemandes. Cet accord a coûté près de 1,5 milliards de dollars à Siemens.En 2007, sous la direction d’un nouveau Conseil d’administration et d’un nouveauPDG, Peter Löscher, l’entreprise a mis en place une politique de tolérance zéro eta créé un organe de con<strong>for</strong>mité. En 2010, Josef Winter a été nommé responsablede cet organe de con<strong>for</strong>mité et a géré la mise en œuvre de cette politique auprèsdes 400 000 employés dans le monde entier. « Nous avons pu prouver que refuserla corruption était une bonne pratique commerciale et je suis même convaincuque c’est une bien meilleure stratégie d’entreprise. Nous devons offrir la meilleuresolution au meilleur prix. De cette façon, nous n’aurons plus à alimenter lacorruption. Nous devons encourager un sentiment de fierté chez nos employéspour qu’ils considèrent que la corruption n’est pas digne d’eux », déclare-t-il.L’entreprise enregistre désormais des profits record - et Josef Winter s’est ren<strong>du</strong> àl’école de sa nièce pour un débat animé.« Dans la course aux talents, il nous faut les meilleurs ingénieurs. Or, souligne-t-il,qui veut travailler pour une entreprise corrompue ? L’intégrité est une garantie deConclusions•succès. Nous avons d’ailleurs pu le vérifier <strong>du</strong>rant les trois dernièresannées. Néanmoins, cela ne peut fonctionner que si les dirigeantssont exemplaires. Les discours qui sont donnés le matin doivent resterles mêmes quand on se retrouve au bar le soir. »En Inde, Siemens a demandé à Initiatives et Changement decontribuer à la <strong>for</strong>mation des 18 000 employés. Près de 270 cadresont reçu des <strong>for</strong>mations sur les approches intégrantes, d’éthiqueet de valeurs, appliquées à la gestion d’entreprise. SaroshGhandy est un de ceux qui ont développé ces <strong>for</strong>mations. SaroshGhandy était le directeur général d’un des plus grands départementsde Tata et il a envoyé des milliers d’employés suivre les <strong>for</strong>mationsd’Initiatives et Changement auprès <strong>du</strong> centre indien. « L’impact de ces<strong>for</strong>mations est énorme », déclare Sarosh Ghandy. Plus récemment, lecentre a <strong>for</strong>mé 12 000 employés de l’entreprise Bangalore ElectricitySupply Company. « Suite à cette <strong>for</strong>mation, on a assisté à une plusgrande implication des employés dans la prise de décision, à uneamélioration de la sécurité, à une ré<strong>du</strong>ction de l’absentéisme et à uneamélioration des relations clients » déclare-t-il. « Une entreprise nepeut pas se contenter de suivre des règles, insiste-t-il, chacun doit sesentir valorisé. Nous devons mener un travail sur les valeurs. »Dans les pays développés comme dans les pays en développement, la lutte contre la corruption est une étape primordiale pour la création d’une société équitable.• L’intégrité est un principe fondateur pour l’attitude morale des employés, la satisfaction des clients et le profit de l’entreprise.


Dialogue interculturelComment créer un espace de dialogue qui améliore la compréhension etle respect entre différentes cultures ?À la découverte de l'autreL'égoïsme national n'est pas la réponse adéquate aux défis d'un monde en constante globalisation. Notre interdépendance est de plus en plusreconnue et entraîne, avec elle, l'acceptation de nouvelles responsabilités. Promouvoir le dialogue au sein des communautés et entre celles-ci estessentiel pour s'attaquer aux causes profondes de l'insécurité. Il est désormais temps de mettre cette théorie en pratique. Le Forum s'est penchésur cette question et a enten<strong>du</strong> de nombreux exemples de compréhension interculturelle qui a évolué vers un dialogue. En voici quelques-uns :Nathalie ChavanneRatu Meli VesikulaNathalie Chavanne de France a évoqué Initiative Dialogue quirassemble des Français et Françaises et des immigrés nord-africains à Paris.« Si nous ne sommes pas assez en relation entre nous, si des décisions sontprises unilatéralement, si des frustrations non exprimées s’accumulent, notretravail devient technique et froid, nous perdons la joie de travailler ensemblemais aussi la dynamique, la créativité et une intelligence partagée desbesoins de notre société. »Ratu Meli Vesikula des Fidji était à la tête d'un mouvementqui incitait à la violence raciale après un coup d'état en 1987. « Ensuite, j’aicompris qu'alors que les autres essayaient de faire avancer le pays, nous nousef<strong>for</strong>cions à le mettre en morceaux. » Ses excuses publiques firent les grostitres nationaux. Depuis lors, il consacre ses ef<strong>for</strong>ts à combler le fossé entre les60 communautés ethniques des Fidji grâce au National Council <strong>for</strong> Building aBetter Fiji (Conseil national pour la construction d'un avenir meilleur aux Fidji)dont le but est d'établir une gouvernance sur des principes non-raciaux.Athalia Zwartz est directrice exécutive de Sport sans frontières,une initiative européenne qui promeut le dialogue et la compréhension entreles différentes cultures et origines ethniques grâce à un programme sportifcomprenant des équipes multi-ethniques. « Les adolescents avec qui noustravaillons sont en colère, indifférents, beaucoup ont le sentiment qu'ils nesont pas à leur place, mais ils ne parlent pas de ces choses-là. Lors d'un match,ces sentiments émergent souvent, ce qui nous permet d'en discuter, de sedemander quel est le rapport avec la vie en dehors <strong>du</strong> terrain. »Conclusions• Si le dialogue n'aborde pas les blessures de l'histoire, il est superficiel.Harambee Africa est un programme de leadership, lancé en 2003et qui a <strong>for</strong>mé plusieurs centaines de jeunes Africains à agir avecintégrité et altruisme et à créer un réseau d'agents <strong>du</strong> changementefficaces. Chaque session réunit des Africains d'un grand nombre depays et cultures, expliquent les directeurs <strong>du</strong> programmeNombulelo Khanyile d'Afrique <strong>du</strong> Sud,Amina Dikedi-Ajakaiye <strong>du</strong> Nigeria etMbindyo Kimanthi <strong>du</strong> Kenya. Un participant ougandaisdéclare, « Grâce à Harambee, j'ai appris que nos différencesreligieuses, raciales et nationales sont source de joie et non de conflit.Lorsque que nous renions les autres à cause de telles différences, nousrenions Dieu et nous perdons l'essence véritable de l'humanité. »L’Indonésie a 240 millions d’habitants dont 85% sont musulmans.Une des associations musulmanes, NahdalalUlama (NU), compte30 millions de membres.Agus Mulyana commissaire aux droits de l’homme auprèsdes Nations unies, a parlé de l’approche qui a permis de créer uneharmonie entre musulmans, chrétiens, hindous et bouddhistesen Indonésie. Après l’attentat de 2001 sur le World Trade Center àNew York, les Nations Unies ont créé la Conférence internationaldes intellectuels islamiques qui travaille pour la « compréhensionmutuelle entre les peuples de bonne volonté de toutes lesconfessions, de toutes les cultures et de toutes les nations. »• Un projet de communauté pratique peut rassembler les personnes et permettre d’entamer le dialogue.Athalia ZwartzYahaya Ahmed Directeur de DevelopmentAssociation <strong>for</strong> Renewable Energies (association dedéveloppement des énergies renouvelables, DARE)Le Nigeria est une société extrêmement multiculturelle.DARE a pour but de combler le fossé entre les personnesd'appartenance ethnique, de religion et d'âge différents grâce àdes projets environnementaux. Nous distribuons des cuisinièreséconomiques qui ré<strong>du</strong>isent l'utilisation de bois et la déperditionde chaleur dans le processus de cuisson. Nous réutilisonségalement les déchets plastiques. Les bouteilles en plastiqueusées sont collectées, remplies de sable et utilisées commebriques. Ces bouteilles en plastique permettent de construiredes bancs, pavillons et citernes à eau. Nous essayons de touchertout particulièrement les jeunes hommes ayant peu de soutienfamilial et qui pourraient être la cible de recrutement des milices.Africa Today a évoqué ce travail (septembre 2012) :« Dans certaines parties <strong>du</strong> Nigeria <strong>du</strong> Nord, 'Wonderbox', un fourde cuisson à faible technologie, se révèle être un outil miracle. En plusde lutter contre la désertification et de rassembler les communautésmusulmanes et chrétiennes, il permet de sauver des vies. »7


Bonne gouvernanceComment améliorer la gouvernance dans des sociétés subissant des changements radicaux ?Les composants de la bonne gouvernance peuvent-ils être transmis d'une culture à l'autre ?Steve Killelea Mustafa Bharghouthi L’intégrité <strong>du</strong> leadership ren<strong>for</strong>cé par l’action citoyenne.8Bogdan KlichSusanna Hla Hla Soe directrice exécutive, KarenWomen's Action Group (Groupe d'action pour lesfemmes Karen), Birmanie/Myanmar« J'ai été intimement impliquée dans les négociations de paixentre le gouvernement et la Karen National Union (Unionnationale karen). Les parties concernées m'ont contactée,m'offrant des terres et de l'argent. Mais nous devonsêtre <strong>for</strong>ts et respecter nos convictions. La gouvernancepersonnelle est essentielle pour le changement et labonne gouvernance. À mes yeux, cela passe par de simplesdécisions, comme renoncer aux mensonges. En tant quefemmes, nous jouons un rôle décisif pour le changement.Seul 4% des sièges parlementaires sont occupés par des femmes.Aujourd'hui, notre réseau d'organisations de femmes œuvre pour changercette situation. Aung San Suu Kyi, notre dirigeante, fut assignée à résidencependant plus de 20 ans. Elle est une inspiration, elle a beaucoup à nous apprendre surla liberté et la peur. L'armée a tenté de la tuer mais elle pardonne. Nous pouvons aussipardonner pour ce qui nous est arrivé, ce qui est arrivé à notre groupe ethnique, à notrepays. Aujourd'hui, nous œuvrons pour la réconciliation, pour un dialogue avec le régimeet les différents groupes ethniques. »Steve Killelea membre fondateur de Global Peace Index (indiceglobal de paix), convient qu'il s'agit d'une question clé. « Jour après jour,nous voyons des hommes politiques se présenter avant les électionset faire toutes sortes de promesses. Une fois élus au gouvernement, ilsn'en tiennent aucune. » Son institut étudie les conséquences possiblesde l'élection de candidats spécifiques en se basant sur leurs actionspassées et leur profil psychologique. Il considère l'augmentation de laparticipation des citoyens au processus politique comme une évolutionporteuse d'espoir. Il souligne que l'Afrique subsaharienne subit unchangement majeur et rapide, doublé d'une expansion de la classemoyenne et de progrès impressionnants dans l'égalité des genres. Laparticipation des citoyens au processus politique est en hausse et, dansde nombreuses régions, elle est désormais supérieure à la participationeuropéenne. L'expérience a montré que cette évolution va améliorerla situation dans les régions où les résultats sont faibles etparticulièrement le fonctionnement des gouvernements.Mustafa Barghouthi secrétaire général de PalestinianNational Initiative (Initiative nationale palestinienne) attire l'attentionsur l'évolution des médias sociaux qui, selon lui, « ont libéré lespeuples <strong>du</strong> monopole des médias officiels qui souvent les empêchaientd'exprimer leurs opinions.... Dans un monde en perpétuelle mutation,nous devons être conscients <strong>du</strong> pouvoir qu'exerce une idée lorsqu'elleest adoptée par le peuple. »Bogdan Klich sénateur polonais, partage cet avis.Après la Seconde Guerre mondiale, souligne-t-il, Caux émitune idée puissante : la réconciliation des Français avec lesAllemands. « Cette initiative contribua à poser les jalons del'Union Européenne d'aujourd'hui, » indique-t-il. « En 1965,les dirigeants de l'Église polonaise écrivirent aux dirigeants del'Église allemande “Nous pardonnons et demandons pardon”pour les crimes de la Seconde Guerre mondiale. Cette lettre futun fondement moral pour la réconciliation entre la Pologne etl'Allemagne, poursuit-il, qui permet aujourd'hui à ces deux paysde coopérer au sein de l'UE. Il ne peut y avoir de changementpolitique et social profond sans changement dans les cœurs etles esprits, » finit-il par conclure.Viktoriya Bryndza directrice de pro.mova, une entreprisespécialisée dans la stratégie, la recherche et le développement <strong>du</strong>rable.Durant les dernières années, la démocratie a per<strong>du</strong> <strong>du</strong> terrain enUkraine. La corruption existe à tous les niveaux, <strong>du</strong> jardin d’enfantsau Parlement. Nos différences culturelles sont vues comme unproblème plutôt que comme une richesse et une ouverture. Certainsd’entre nous ont lancé la création de Nestor Group, un groupeà travers lequel nous réfléchissons à des façons de rétablir desrelations de confiance dans notre pays. Nous analysons la société,pour définir les valeurs communes à partir desquelles travailler.Nous développons un programme civique, qui pourra, selon nous,être largement accepté. Dans une ville où il n’existait qu’une simpleapproche de développement, les artistes civiques et les intellectuelsont créé une nouvelle vision qui a pu être mise en œuvre. Avant, nouspensions que nous étions un peu fous, mais ici, à Caux, envisager lechangement semble normal, en commençant par nous-mêmes, pourfaçonner notre vision de la société.


Un atelier sur « le développement au sein <strong>du</strong> conflit» mené par Peter Rundell, ancien directeur <strong>du</strong>département pour le développement internationalen Libye, Wolfgang Jamann, Robert GlasserQu'en est-il de la Responsabilité de Protéger ?Action citoyenneL'action citoyenne est de plus en plus déterminante en tant que<strong>for</strong>ce de changement dans de nombreuses régions <strong>du</strong> monde.Timon Wallis PDG de Nonviolent Peace<strong>for</strong>ce (Force de paixnon-violente) affirma que l'accent mis sur la sécurité humaineces dernières années a permis aux citoyens d'ouvrir les yeux surles nouveaux rôles de la société civile, tels que la préventionet la limitation des conflits dans les situations ten<strong>du</strong>es. Parconséquent, la Peace<strong>for</strong>ce a incité plusieurs milliers de personnesà agir pour compléter le travail des casques bleus. D'autresexemples d'action non gouvernementale nous sont donnéspar Robert Glasser PDG de CARE international etWolfgang Jamman PDG de Welthungerhilfe (aide contrela faim dans le monde), des organisations qui apportent de l'aidehumanitaire et contribuent au développement dans de nombreux pays.La Responsabilité de Protéger (R2P) est un engagement mondial pour protéger la population des atrocités de masse.Elle fut approuvée à l'unanimité lors <strong>du</strong> Sommet mondial des Nations unies de 2005. La R2P remet en questionles raisonnements traditionnels en faisant de la souveraineté une responsabilité et non un droit dont on pourraitabuser. Elle est l'oeuvre de l'esprit visionnaire des membres de la Commission internationale de l'intervention et lasouveraineté des États, qui en 2000 ont intro<strong>du</strong>it la R2P et oeuvré pour une sortie <strong>du</strong> statu quo. Les principes furentétablis par une Commission coprésidée par Mohamed Sahnoun . La raison d'une telle initiative, explique-t-illors d'une session <strong>du</strong> Forum, était la suivante : « Nous ne pouvons tolérer un autre Rwanda, une autre Bosnie».Cornelio Sommaruga , ancien président <strong>du</strong> Comité international de la Croix-Rouge, a travaillé avec lui. « Nousétions convaincus que la communauté internationale ne resterait pas les bras croisés face au massacre de populationsciviles,» indique-t-il.Mais des atrocités continuent d'être commises, comme le prouvent les tragédies en Syrie et dans la Républiquedémocratique <strong>du</strong> Congo. Rama Mani ,, conseillère <strong>du</strong> World Future Council (Conseil pour l'avenir <strong>du</strong> monde) etexperte R2P nous a invités à concentrer nos ef<strong>for</strong>ts sur le côté préventif de la R2P. « Nous devons instaurer la paix endémarrant à la base et en incluant les approches culturelles, spirituelles et morales, » ajouta-elle.Monica Serrano , ancienne directrice <strong>du</strong> Centre mondial pour la Responsabilité de Protéger, était <strong>du</strong> même avis.« Nous ne pouvons pas attendre que la crise éclate pour entamer le dialogue », indique-t-elle. Elle ajoute que la R2Pdoit étendre son champ d'action au-delà des cas les plus graves et doit insister sur le fait que « la souveraineté estconditionnée à la promotion des droits humains ».Conclusions• Si nous ne travaillons pas sur les causes profondes <strong>du</strong> conflit, nous ne pourrons pas mettre un terme aux atrocités.• Grâce aux médias sociaux, les citoyens participent beaucoup plus qu’auparavant à l’évolution de leurs sociétés.Ian Ralby, Conseilleren sécurité auprès <strong>du</strong>gouvernement bosnien« Open Space »Rama ManiMonica SerranoMichelle Bachelet directrice généraled’ONU Femmes et ancienne présidente <strong>du</strong> Chilia adressé un message vidéo au Forum de Caux :« Si nous voulons réellement faire avancerla sécurité humaine, nous devons créer unmonde plus équilibré. Il nous faut un nouveaumodèle de gouvernement plus centré sur lesindivi<strong>du</strong>s et plus <strong>du</strong>rable. Nous ne pouvonstout simplement pas continuer sur cettepente d’inégalités croissantes, d’économiesinstables et de déclin environnemental.Comment y arriver ? Premièrement, il nousfaut construire un leadership éthique,deuxièmement, une protection sociale et lacréation d’emplois. Troisièmement, nous devonsmettre l’accent sur les femmes et les jeunes. Répondreà leurs besoins n’est plus seulement une possibilité, c’estdevenu une obligation. »99


Jackie Huggins et Xolani Dlwathi, Afrique <strong>du</strong> SudDaryle RigneyGuérir les blessures de l’histoireComment affronter et guérir les blessures de l'histoire, commentreconstruire la confiance entre les peuples et les communautés ?Chaque pays a des blessures ouvertes. Si elles ne sont pas soignées, ces blessures sont une source de ressentimentet de tension. Dans les pays sortant d'un conflit, elles peuvent relancer le conflit. Le Forum a eu vent d'initiativesde guérison en Europe de l'Est, Afrique et Australie, quelques-unes sont résumées ci-dessous :10Doaa Gaafar, EgyptePhoto de la représentationde‘Speak Truth to Power’(dire la vérité aux puissants)par Ariel Dorfman« Open Space »Une lecture mise en scènede la pièce d'Ariel DorfmanSpeak Truth to Power:Voices from Beyondthe Dark (les voix de lapénombre), une compilationpoignante d'histoires de défenseursdes droits de l'homme à travers lemonde : « La violence crût lorsqu'ils s'exprimèrentà voix haute et ils subirent souvent ce que d'autres avaient subiavant eux. Mais lorsqu'ils en croisèrent d'autres sur leur chemin, ilsapprirent à vaincre cette peur au lieu de la laisser prendre le contrôle. »Australie – le pouvoir des excusesLe 13 février 2008 fut un jour historique pour l'Australie. Le premier ministrealors récemment élu, Kevin Rudd , et tous les membres <strong>du</strong> Parlementaustralien présentèrent leurs excuses pour les politiques cruelles et malaviséescontre les Aborigènes australiens. M. Rudd évoqua ces excuses lors <strong>du</strong> Forum. Pourêtre efficaces, annonça-t-il, les excuses doivent être authentiques, basées surdes faits, documentées, suivies de mesures concrètes et maintenues sur le longterme. « Si elles sont sincères et reçues de bon cœur, » annonça-t-il, « des excusesont la capacité incroyable de trans<strong>for</strong>mer la façon dont les gens se sententvis-à-vis d'eux-mêmes et de ceux avec qui ils étaient en conflit. » Il y a encorebeaucoup de choses à améliorer en Australie, souligna-t-il, « mais nous avonsfranchi un cap ».Deux porte-parole aborigènes se sont exprimés aux côtés de M. Rudd.Jackie Huggins fut coprésidente de Réconciliation Australie.« Pendant bien trop longtemps, le pays a souffert d'une plaie purulente »,déclare-t-elle. « Les excuses publiques furent l'un des actes les plus importantsde la guérison » mais il y a encore beaucoup à faire, poursuivit-elle, lesAborigènes ont une espérance de vie de 11 ans inférieure à celle des autresAustraliens, le racisme persiste et les perspectives d'emploi sont inégales.Daryle Rigney , Doyen de la stratégie et de l'engagement indigèneà l'Université Flinders, déclare qu'il n'aurait jamais pensé être touché parces excuses, ce fut pourtant le cas. « Au fur et à mesure qu'il présentait sesexcuses, je me suis mis à pleurer. Une société qui s'excuse c'est une sociétéqui a agi en dehors des limites de sa propre morale et qui s'engage à ne pasrecommencer. » Nous devons maintenant continuer à avancer et à régler lesproblèmes persistants: la souveraineté et l'auto-détermination, la protectionde l'identité culturelle et l'utilisation des ressources naturelles.La Radio nationale suisse francophone, RTS La 1ère, a diffusé un reportaged’une demi-heure cette sessionLes Ukrainiens cherchent un aveniren communVidpushchennia (lâcher prise) est le titre de la dernière publicationd'une équipe de jeunes Ukrainiens voués à guérir les blessures deleur pays, plaies toujours à vif depuis les souffrances insoutenablesde la majeure partie <strong>du</strong> siècle dernier. L'ouvrage rassemble desentretiens avec 29 personnes de 13 régions d'Ukraine. « Il s'agitd'un petit échantillon des millions d'Ukrainiens dont l'expériencedoit être partagée, » écrivent les auteurs. « Nous ne pouvons pasoublier notre passé mais nous pouvons nous écouter les uns lesautres et essayer de comprendre, de pardonner et de demanderpardon, et de laisser le fardeau <strong>du</strong> passé derrière nous pourconstruire un avenir ensemble. Nous espérons que cet ouvragedonnera l'élan nécessaire à un tel processus. »Viktoriya Bryndza,Ukraine


Créateurs de paixChristine Garin Al-Azhari présidente deCréateurs de paix, raconte son travail au sein des Cercles depaix, un programme actif dans 30 pays. Ce programme réunitun large éventail de femmes sous la <strong>for</strong>me de petites réunionsdont le but est d'améliorer leur compréhension mutuelle etleurs capacités à instaurer la paix. « Le Cercle de paix est le lieu,l’occasion pour chacune des femmes qui y participent de racontersa propre histoire, l’histoire qui conditionne la personne qu’elle estaujourd’hui. Quelle histoire allons-nous transmettre à nos enfants,aux futures générations. Nous nous posons consciemment laquestion : allons-nous transmettre les préjugés, les haines etles amertumes qui nous habitent, ou trouver à travers l’écouteprofonde et le pardon les bases d’une histoire différente,nouvelle, d’une histoire qui nous mène à une paix <strong>du</strong>rable parceque, grâce à ce processus, nous reconstruisons nos propres vieset nos manières d’agir et de penser. Et ces Cercles de paix ontcommencé à essaimer dans le monde entier. De nombreusesfemmes souhaitent construire cette paix <strong>du</strong>rable, qui satisfassevraiment à toutes nos aspirations, et ce sont elles qui deviennentles meilleurs artisans de paix. »À la recherche d'une réconciliation dans la région des Grands Lacs africainsAu cours des 20 dernières années, Initiatives et Changement et la division suisse de la sécurité humaine ont coopéré pourdes initiatives visant à maintenir la paix au Burundi. Les conférences de Caux ont réuni des dirigeants de factions burundais,la dernière réunion ayant eu lieu en juin 2012. L'International Crisis Groupe qualifie ces réunions de « fenêtre d'opportunités» pour prévenir la violence.Le Forum a contribué à cet ef<strong>for</strong>t à travers des sessions menées par Angelo Barampama , suisse et burundais,chargé de cours à l'université de Genève, auteur de « Dépasser la haine, construire la paix ». Ce livre raconte l'histoire denombreux acteurs de paix qui se sont battus pour la réconciliation et la guérison dans la région.Son épouse, Daphrose Ntarataze , a dû fuir le Burundi après avoir dénoncé les atrocités de masse. En Suisse, ellea pu devenir « une vraie citoyenne <strong>du</strong> monde, une vraie Africaine Burundaise qui se met en route. » Plus tard, elle revintau Burundi pour présenter les Cercles de paix et se rendit compte qu'ils lui permettaient réellement de guérir ses propresblessures. « Dans les Cercles de paix, la communauté redevient un lieu sûr, » raconte-t-elle. « Nous surmontons les peursqui nous paralysaient. Les hommes peuvent pleurer, les victimes de viol partager leur douleurs, les meurtriers avouer leurcrime. Hutus et Tutsis se réunissent, musulmans et chrétiens, des personnes de partis politiques opposés. Nous redevenonsdes êtres humains. Et la guérison indivi<strong>du</strong>elle peut devenir une guérison collective car nous nous entraidons. »Laurien Ntezimana , un Hutu rwandais qui fut emprisonné à maintes reprises pour avoir protégé les Tutsis pendantle génocide de 1994, a également pris la parole. « Je suis tombé dans un contexte de guerre. Il nous faut sortir de notre" englobante " qui nous protège mais où nous sommes aussi en prison. Quitter son histoire, sa culture, sa religion pouraccueillir celui qui est différent de soi. » Au lieu de laisser la mort de ses amis le remplir d'amertume, il créa une associationen leur honneur pour instaurer la confiance entre les deux camps. Il raconta ses découvertes. En 1998, il reçut le Prix de lapaix de Pax Christi International.Angelo BarampamaConclusions• Les excuses peuvent être à l'origine <strong>du</strong> processus de guérison, mais ne constituent qu'un début.• La guérison des mémoires blessées nécessite une reconnaissance des erreurs <strong>du</strong> passé et la fin des injusticesque ces erreurs ont causées.• Nombreux sont ceux qui sont parvenus à guérir en aidant les autres à guérir.11 9


Réponses au Nous avons tous un rôle à jouer, quel est le mien ?« Le Forum de Caux nous a rappelé qu’il fallait continuer sur la route de la réflexion,<strong>du</strong> pardon et des excuses quand un mal a été commis. Ensemble, nous avons réenvisagé les liens entre les initiatives citoyennes de construction de la paix et lesinstitutions gouvernementales. » Rebecca Ukwachi Vice-Ministre del’é<strong>du</strong>cation et de l’instruction <strong>du</strong> Soudan <strong>du</strong> Sud« La communauté de Caux est convaincue que l’on peut construire la confiance et laréconciliation en commençant par servir les autres. C’est cette idée que nous voulonsramener chez nous. » Délégation <strong>du</strong> Myanmar/Birmanie« Je n’aimais pas les Tchadiens. Ils ont causé beaucoup de tort à mon pays, le Togo,dans les années 1990, mais les Tchadiens que j’ai rencontrés ici m’ont fait changer d’avis.Ce sont des hommes et des femmes de paix. Quand je rentrerai chez moi, je dirai auxautres que des gens comme cela existent au Tchad. » Avocat togolais« Nous n’avons pas parlé que de la course aux armements, de la surpopulation oudes pénuries alimentaires. Ces problèmes étaient analysés à la lumière de défis plusprofonds, tels que la promotion <strong>du</strong> respect entre les indivi<strong>du</strong>s, la reconnaissance deserreurs, le respect de l’égalité entre tous les peuples et le besoin de coopération. Lasécurité humaine ne peut être atteinte qu’à travers la lutte contre les catalyseurs deconflits que sont la convoitise et l’orgueil. » Bohdan Pankevych Ukraine« Les rencontres que j’ai faites à Caux m’ont montré que le dialogue entre les Russes,les Ukrainiens et les Polonais était possible. Nous ferons tout ce que nous pouvonspour que nos espoirs se concrétisent. » Viacheslav Igrunov Directeurde l’institut international d’études humanitaires et politiques, Moscou, initiateur dedialogue entre la Russie et le Nord <strong>du</strong> CaucaseLe Forum de Caux se tient dans le pittoresque village suisse de Caux. Il est organisé par Initiativeset Changement International (www.iofc.org) qui est aussi responsable de l’accueil des participantsen partenariat avec <strong>CAUX</strong>-Initiatives et Changement. Nous remercions le Département fédéral desAffaires étrangères suisse, les organes nationaux d’ Initiatives et Changement et de très nombreusespersonnes pour leur généreux soutien. Par ailleurs, le Forum de Caux ne serait pas possible sansl’aide de nombreux bénévoles que nous tenons à remercier.Secrétariat Forum de Caux c /o Initiatives et Changement InternationalRue de Varembé 1, CH 1202 Genève Adresse postale : Boîte postale 3, CH-1211 Genève 20, SuisseTéléphone +41(0)22 749 16 20 Fax +41 (0)22 733 02 67 Email humansecurity@caux<strong>for</strong>um.netwww.caux<strong>for</strong>um.netJoseph KaranjaMosese WaqaL’avenir <strong>du</strong> ForumDans les mois à venir, les participants <strong>du</strong> Forum seront engagés dansde nouvelles initiatives, notamment des programmes de soutien auprocessus de réconciliation national, de construction de la paix et degouvernance juste au Soudan <strong>du</strong> Sud ; des programmes de <strong>for</strong>mationéthique pratique en Inde où la demande pour ces <strong>for</strong>mationsauprès des cadres <strong>du</strong> gouvernement et de l’in<strong>du</strong>strie est croissante; des programmes dans les régions arides <strong>du</strong> monde où des actionsurgentes sont nécessaires pour résoudre les conflits et restaurer laconfiance nécessaire à la lutte contre la dégradation des terres.Au Kenya, l’avocat Joseph Karanja de Nairobi a annoncé qu’ilsuspendait son activité pour lancer l’initiative Campagne électoraletransparente avant les élections nationales de 2013. Joseph Karanja avaitdéjà lancé ce type d’initiative avant les élections de 1997. Les églises,les mosquées et les ONGs ont relayé cette initiative dans tout le pays etdes centaines de milliers d’électeurs se sont engagés par écrit à refuser lacorruption et à choisir des candidats intègres. Pour 2013, ses collègues et luimêmevont relancer cette initiative. « Cela encourage les Kényans à prendreleurs responsabilités pour notre pays », ajoute-t-il. « Personne n’en tireraaucun profit financier ou politique, il s’agit de développer un processus deréconciliation après les tragédies qui ont suivi les élections de 2008. »La participation active et croissante de ceux qui contribuent au travail <strong>du</strong>Forum a montré que chacun des thèmes – bonne gouvernance, économieintégrante, mode de vie <strong>du</strong>rable, guérison des blessures de l’histoire etdialogue interculturel – demanderait qu’on y consacre plus d’une journée.Nous allons donc consacrer plus de temps à chaque sujet.En 2013, nous organiserons cinq rencontres aux dates suivantes :29 juin – 3 juillet3 – 7 juillet7 – 11 juillet13 – 19 juillet1 – 6 aoûtL’objectif de cette initiative est d’aller de l’avant et non depointer <strong>du</strong> doigt les coupables. Ce sont les indivi<strong>du</strong>s qui primentet tout particulièrement les plus vulnérables, comme l’a expriméMosese Waqa qui coordonne le travail autour dela sécurité humaine auprès d’Initiatives et Changement enAustralie et dans le Pacifique. Nous avons quitté les Fidji pournous installer à Melbourne. Nos enfants avaient peur <strong>du</strong> nouvelenvironnement. En tant qu'intellectuel et militant, je n'étaispas conscient de leurs besoins. Mais lorsque j'ai discuté <strong>du</strong>problème avec mon épouse, nous avons décidé de placer leursécurité émotionnelle avant leur sécurité financière. Nous avonsdonc décidé que celui d'entre nous qui trouverait un emploi enpremier l'accepterait et l'autre resterait à la maison. Ma femmefut la première à recevoir une offre d'emploi. J'en reçus une lejour suivant ! Les Fidji sont une société dominée par les hommes,changer d’attitude m’a demandé de gros ef<strong>for</strong>ts. J'ai compris quechaque personne compte, chaque personne a un rôle à jouer. J'aiappris que pour mobiliser davantage de personnes et être plusefficace, il vaut mieux lutter pour une bonne cause plutôt qued'attaquer les malfaiteurs.Gouvernance équitablePour retrouver les discours, lespodcasts, les vidéos et plus encore,rendez-vous sur: www.caux<strong>for</strong>um.netGuérir les blessures de l’histoire : lutter contre le racismepour l’équité et pour la construction d’une communautéDialogue de Caux sur la terre et la sécuritéConfiance et intégrité dans une économie mondialiséeApprendre à vivre dans un monde multiculturel

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