Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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NATURE DE L'ETRE 43Les preuves de l'existence de l'âme sont de deux sortes : morales etexpérimentales. Voyons d'abord les preuves morales et celles d'ordrelogique, qui, pour avoir été souvent utilisées, n'en gardent pas moinstoute leur force et leur valeur.D'après les écoles matérialistes et moniste, l'âme n'est que la résultantedes fonctions cérébrales. «Les cellules du cerveau, a dit Haeckel, sont lesvéritables organes de l'âme. Celle-ci est liée à leur intégrité. Elle croît,régresse et s'évanouit avec elles. Le germe matériel contient l'être toutentier, physique et mental.»Nous répondrons en substance : La matière ne peut générer desqualités qu'elle n'a pas. Des atomes, qu'ils soient triangulaires, circulairesou crochus, ne sauraient représenter la raison, le génie, le pur amour, lasublime charité. Le cerveau, dit-on, crée la fonction ; mais est-ilcompréhensible qu'une fonction puisse se connaître, posséder laconscience et la sensibilité ? Comment expliquer la conscienceautrement que par l'esprit ? Vient-elle de la matière ? Elle la combatfréquemment ! Vient-elle de l'intérêt et de l'instinct de conservation ?Elle se révolte contre eux et nous commande jusqu'au sacrifice !L'organisme matériel n'est pas le principe de la vie et des facultés ; ilen est, au contraire, la limite. Le cerveau n'est qu'un instrument, à l'aideduquel l'esprit enregistre les sensations ; on pourrait le comparer à unclavier dont chaque touche représenterait un genre spécial de sensations.Lorsque l'instrument est en parfait accord, ces touches, sous l'action de lavolonté, rendent le son qui leur est propre, et l'harmonie règne dans nosidées et dans nos actes. Mais si ces mêmes touches se trouventdérangées, si plusieurs sont détruites, le son rendu sera faux, l'harmonieincomplète : il en résultera un désaccord, malgré les efforts del'intelligence de l'artiste, qui ne peut plus obtenir de cet instrumentdéfectueux un ensemble de manifestations régulières. Ainsi s'expliquentles maladies mentales, les névroses, l'idiotisme, la perte temporaire de laparole ou de la mémoire, la folie, etc., sans que l'existence de l'âme ensoit atteinte pour cela. Dans tous ces cas, l'esprit subsiste, mais sesmanifestations sont contrariées et parfois même annihilées par suite d'unmanque de corrélation avec son organisme.Sans doute, d'une façon générale, le développement du cerveau dénotede hautes facultés. A une âme délicate et puissante, il faut un instrumentplus parfait qui se prête à toutes les manifestations d'une pensée élevée

44 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEet féconde. Les dimensions et les circonvolutions du cerveau sontsouvent en rapport direct avec le degré d'évolution de l'esprit 3 . Il n'enfaudrait pas déduire que la mémoire n'est qu'un simple jeu des cellulescérébrales. Celles-ci se modifient et se renouvellent sans cesse, dit lascience, à tel point que le cerveau et le corps humain tout entier sontrenouvelés en peu d'années 4 . Dans ces conditions, comment expliquerque nous puissions nous rappeler des faits remontant à dix, vingt, trenteannées ? Comment les vieillards se remémorent-ils avec une facilitésurprenante les moindres détails de leur enfance ? Comment la mémoire,la personnalité, le moi peuvent-ils persister et se maintenir au milieu descontinuelles destructions et reconstructions organiques ? Autant deproblèmes insolubles pour le matérialisme !Rien ne parvient à l'âme, disent les psychologues contemporains, quepar le moyen des sens, et la suspension des uns entraîne la disparition del'autre. Remarquons cependant que l'état d'anesthésie, c'est-à-dire lasuppression momentanée de la sensibilité, ne supprime nullementl'action de l'intelligence ; celle-ci s'active, au contraire, dans des cas où,d'après les doctrines matérialistes, elle devrait être annihilée.Buisson écrivait : «S'il existe quelque chose qui puisse démontrerl'indépendance du moi, c'est assurément la preuve que nous fournissentles patients soumis à l'action de l'éther et chez qui les facultésintellectuelles résistent dans cet état aux agents anesthésiques.»Velpeau, traitant du même sujet, disait : «Quelle mine féconde pour laphysiologie et la psychologie que des faits comme ceux-ci, qui séparentl'esprit de la matière, l'intelligence du corps !»Nous verrons aussi de quelle façon, dans le sommeil ordinaire ouprovoqué, dans le somnambulisme et l'extériorisation, l'âme peut vivre,percevoir, agir sans le secours des sens.** *3 La règle n'est pas absolue. Le cerveau de Gambetta, par exemple, ne pesait que 1.246grammes, alors que la moyenne humaine est de 1.500 à 1.800 grammes. Ajoutons, d'ailleurs,que la théorie des localisations cérébrales qui prédominait dans la physiologie a été mise ensérieux échec par des «cas fameux et fréquents de lésions étendues dans les régionsessentielles, ne s'accompagnant d'aucun trouble psychique grave, ni d'aucune restriction de lapersonnalité». Voir le cas célèbre publié par le docteur Guépin en mars 1917 et les faitsnombreux de blessures de guerre spécialement étudiés par le docteur Troude (Revuemétapsychique, n° 1, 1921-1922).4 Claude Bernard, la Science expérimentale ; Phénomènes de la vie.

NATURE DE L'ETRE 43<strong>Le</strong>s preuves <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong> l'âme sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sortes : morales <strong>et</strong>expérimentales. Voyons d'abord les preuves morales <strong>et</strong> celles d'ordrelogique, qui, pour avoir été souvent utilisées, n'en gar<strong>de</strong>nt pas moinstoute leur force <strong>et</strong> leur valeur.D'après les écoles matérialistes <strong>et</strong> moniste, l'âme n'est que <strong>la</strong> résultante<strong>de</strong>s fonctions cérébrales. «<strong>Le</strong>s cellules du cerveau, a dit Haeckel, sont lesvéritables organes <strong>de</strong> l'âme. Celle-ci est liée à leur intégrité. Elle croît,régresse <strong>et</strong> s'évanouit avec elles. <strong>Le</strong> germe matériel contient l'être toutentier, physique <strong>et</strong> mental.»Nous répondrons en substance : La matière ne peut générer <strong>de</strong>squalités qu'elle n'a pas. Des atomes, qu'ils soient triangu<strong>la</strong>ires, circu<strong>la</strong>iresou crochus, ne sauraient représenter <strong>la</strong> raison, le génie, le pur amour, <strong>la</strong>sublime charité. <strong>Le</strong> cerveau, dit-on, crée <strong>la</strong> fonction ; mais est-ilcompréhensible qu'une fonction puisse se connaître, possé<strong>de</strong>r <strong>la</strong>conscience <strong>et</strong> <strong>la</strong> sensibilité ? Comment expliquer <strong>la</strong> conscienceautrement que par l'esprit ? Vient-elle <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière ? Elle <strong>la</strong> combatfréquemment ! Vient-elle <strong>de</strong> l'intérêt <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'instinct <strong>de</strong> conservation ?Elle se révolte contre eux <strong>et</strong> nous comman<strong>de</strong> jusqu'au sacrifice !L'organisme matériel n'est pas le principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s facultés ; ilen est, au contraire, <strong>la</strong> limite. <strong>Le</strong> cerveau n'est qu'un instrument, à l'ai<strong>de</strong>duquel l'esprit enregistre les sensations ; on pourrait le comparer à unc<strong>la</strong>vier dont chaque touche représenterait un genre spécial <strong>de</strong> sensations.Lorsque l'instrument est en parfait accord, ces touches, sous l'action <strong>de</strong> <strong>la</strong>volonté, ren<strong>de</strong>nt le son qui leur est propre, <strong>et</strong> l'harmonie règne dans nosidées <strong>et</strong> dans nos actes. Mais si ces mêmes touches se trouventdérangées, si plusieurs sont détruites, le son rendu sera faux, l'harmonieincomplète : il en résultera un désaccord, malgré les efforts <strong>de</strong>l'intelligence <strong>de</strong> l'artiste, qui ne peut plus obtenir <strong>de</strong> c<strong>et</strong> instrumentdéfectueux un ensemble <strong>de</strong> manifestations régulières. Ainsi s'expliquentles ma<strong>la</strong>dies mentales, les névroses, l'idiotisme, <strong>la</strong> perte temporaire <strong>de</strong> <strong>la</strong>parole ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> mémoire, <strong>la</strong> folie, <strong>et</strong>c., sans que l'existence <strong>de</strong> l'âme ensoit atteinte pour ce<strong>la</strong>. Dans tous ces cas, l'esprit subsiste, mais sesmanifestations sont contrariées <strong>et</strong> parfois même annihilées par suite d'unmanque <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion avec son organisme.Sans doute, d'une façon générale, le développement du cerveau dénote<strong>de</strong> hautes facultés. A une âme délicate <strong>et</strong> puissante, il faut un instrumentplus parfait qui se prête à toutes les manifestations d'une pensée élevée

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