Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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LA DOULEUR 301appliquer ses facultés et son énergie à combattre la souffrance sur le planphysique, à augmenter le bien-être et la richesse, à rendre plus agréablesles conditions de la vie matérielle. Mais ce sera en vain. Les souffrancespourront varier, se déplacer, changer d'aspect, la douleur n'en persisterapas moins, tant que l'égoïsme et l'intérêt régiront les sociétés terrestres,tant que la pensée se détournera des choses profondes, tant que la fleurde l'âme ne sera pas épanouie.Toutes les doctrines économiques et sociales seront impuissantes àréformer le monde, à pallier les maux de l'Humanité, parce que leur baseest trop étroite et qu'elles placent dans l'unique vie présente la raisond'être, le but de cette vie et de tous nos efforts. Pour éteindre le malsocial, il faut élever l'âme humaine à la conscience de son rôle, lui fairecomprendre que son sort dépend d'elle seule, et que sa félicité seratoujours proportionnelle à l'étendue de ses triomphes sur elle-même et deson dévouement pour les autres.Alors la question sociale sera résolue par la substitution de l'altruismeau personnalisme exclusif et étroit. Les hommes se sentiront frères,frères et égaux devant la loi divine qui répartit à chacun les biens et lesmaux nécessaires à son évolution, les moyens de se vaincre et de hâterson ascension. Dès ce jour, seulement, la douleur verra diminuer sonempire. Fruit de l'ignorance et de l'infériorité, fruit de la haine, del'envie, de l'égoïsme, de toutes les passions animales qui s'agitent encoreau fond de l'être humain, elle s'évanouira avec les causes qui laproduisent, grâce à une éducation plus haute, à la réalisation en nous dela beauté morale, de la justice et de l'amour.Le mal moral est dans l'âme seule, dans ses dissonances avecl'harmonie divine. Mais, à mesure qu'elle monte vers une clarté plusvive, vers une vérité plus large, vers une sagesse plus parfaite, les causesde souffrances s'atténuent, en même temps que se dissipent ses vainesambitions, ses désirs matériels. Et d'étapes en étapes, de vies en vies, ellepénètre dans la grande lumière et la grande paix, où le mal est inconnu,où le bien, seul, règne !** *Bien souvent, j'ai entendu dire par certaines personnes dont l'existencefut pénible et semée d'épreuves : «Je ne voudrais pas renaître en une vienouvelle ; je ne veux pas revenir sur la terre.» Quand on a beaucoup

302 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEsouffert, que l'on a été violemment secoué par les orages de ce monde, ilest très légitime d'aspirer au repos. Je comprends qu'une âme accabléerecule à la pensée de recommencer cette bataille de la vie, où elle a revudes blessures qui saignent encore. Mais la loi est inexorable. Pourmonter plus haut dans la hiérarchie des mondes, il faut avoir laissé icibastout l'encombrant bagage des goûts, des appétits qui nous attache à laterre. Ces liens, nous les emportons trop souvent avec nous dans l'Audeet ce sont eux qui nous retiennent dans les basses régions. Parfois,nous nous croyons capables et dignes de gagner les altitudes et, à notreinsu, mille chaînes nous rivent encore à cette planète inférieure. Nous necomprenons ni l'amour dans sa sublime essence, ni le sacrifice tel qu'onle pratique dans ces humanités épurées où l'on ne vit plus pour soi oupour quelques-uns, mais pour tous. Or, ceux qui sont mûrs pour une tellevie peuvent seuls la posséder. Pour s'en rendre dignes, il faudra doncredescendre encore dans le creuset, dans la fournaise où fondront commecire les duretés de notre coeur. Et lorsque les scories de notre âme aurontété rejetées, éliminées, quand notre essence sera devenue exempted'alliage, alors Dieu nous appellera à une vie plus haute, à une tâche plusbelle.Par-dessus tout, il faut mesurer à leur juste valeur les soucis, lestristesses de ce monde. Pour nous, ce sont choses bien cruelles ; maiscomme tout cela se rapetisse et s'efface si on le considère à distance, sil'esprit, s'élevant au-dessus des détails de l'existence, embrasse d'un largeregard les perspectives de sa destinée. Celui-là seul saura peser, mesurerces choses, dont la pensée sonde sans trouble les deux océans de l'espaceet du temps : l'immensité et l'éternité !O vous tous qui vous plaignez amèrement des déceptions, des petitesmisères, des tribulations dont toute existence est semée et qui voussentez envahis par la lassitude et le découragement, si vous voulezretrouver la résolution, le courage perdus, si vous voulez apprendre àbraver allègrement la mauvaise fortune, à supporter, résignés, le sort quivous échoit, jetez un regard attentif autour de vous. Considérez lesdouleurs trop ignorées des petits, des déshérités, les souffrances demilliers d'êtres qui sont hommes comme vous ; considérez ces afflictionssans nombre : aveugles privés du rayon qui guide et réjouit, paralytiques,impotents, corps que l'existence a tordus, ankylosés, brisés, qui pâtissentde maux héréditaires ! Et ceux qui manquent du nécessaire, sur qui

302 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEsouffert, que l'on a été violemment secoué par les orages <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, ilest très légitime d'aspirer au repos. Je comprends qu'une âme accabléerecule à <strong>la</strong> pensée <strong>de</strong> recommencer c<strong>et</strong>te bataille <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, où elle a revu<strong>de</strong>s bles<strong>sur</strong>es qui saignent encore. Mais <strong>la</strong> loi est inexorable. Pourmonter plus haut dans <strong>la</strong> hiérarchie <strong>de</strong>s mon<strong>de</strong>s, il faut avoir <strong>la</strong>issé icibastout l'encombrant bagage <strong>de</strong>s goûts, <strong>de</strong>s appétits qui nous attache à <strong>la</strong>terre. Ces liens, nous les emportons trop souvent avec nous dans l'Au<strong>de</strong>là<strong>et</strong> ce sont eux qui nous r<strong>et</strong>iennent dans les basses régions. Parfois,nous nous croyons capables <strong>et</strong> dignes <strong>de</strong> gagner les altitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong>, à notreinsu, mille chaînes nous rivent encore à c<strong>et</strong>te p<strong>la</strong>nète inférieure. Nous necomprenons ni l'amour dans sa sublime essence, ni le sacrifice tel qu'onle pratique dans ces humanités épurées où l'on ne vit plus pour soi oupour quelques-uns, mais pour tous. Or, ceux qui sont mûrs pour une tellevie peuvent seuls <strong>la</strong> possé<strong>de</strong>r. Pour s'en rendre dignes, il faudra doncre<strong>de</strong>scendre encore dans le creus<strong>et</strong>, dans <strong>la</strong> fournaise où fondront commecire les dur<strong>et</strong>és <strong>de</strong> notre coeur. Et lorsque les scories <strong>de</strong> notre âme aurontété rej<strong>et</strong>ées, éliminées, quand notre essence sera <strong>de</strong>venue exempted'alliage, alors Dieu nous appellera à une vie plus haute, à une tâche plusbelle.Par-<strong>de</strong>ssus tout, il faut me<strong>sur</strong>er à leur juste valeur les soucis, lestristesses <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Pour nous, ce sont choses bien cruelles ; maiscomme tout ce<strong>la</strong> se rap<strong>et</strong>isse <strong>et</strong> s'efface si on le considère à distance, sil'esprit, s'élevant au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> l'existence, embrasse d'un <strong>la</strong>rgeregard les perspectives <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>stinée. Celui-là seul saura peser, me<strong>sur</strong>erces choses, dont <strong>la</strong> pensée son<strong>de</strong> sans trouble les <strong>de</strong>ux océans <strong>de</strong> l'espace<strong>et</strong> du temps : l'immensité <strong>et</strong> l'éternité !O vous tous qui vous p<strong>la</strong>ignez amèrement <strong>de</strong>s déceptions, <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>itesmisères, <strong>de</strong>s tribu<strong>la</strong>tions dont toute existence est semée <strong>et</strong> qui voussentez envahis par <strong>la</strong> <strong>la</strong>ssitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> le découragement, si vous voulezr<strong>et</strong>rouver <strong>la</strong> résolution, le courage perdus, si vous voulez apprendre àbraver allègrement <strong>la</strong> mauvaise fortune, à supporter, résignés, le sort quivous échoit, j<strong>et</strong>ez un regard attentif autour <strong>de</strong> vous. Considérez lesdouleurs trop ignorées <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its, <strong>de</strong>s déshérités, les souffrances <strong>de</strong>milliers d'êtres qui sont hommes comme vous ; considérez ces afflictionssans nombre : aveugles privés du rayon qui gui<strong>de</strong> <strong>et</strong> réjouit, paralytiques,impotents, corps que l'existence a tordus, ankylosés, brisés, qui pâtissent<strong>de</strong> maux héréditaires ! Et ceux qui manquent du nécessaire, <strong>sur</strong> qui

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