Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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LA DOULEUR 299ciseau et peu à peu, à coups violents, ou bien sous le lent et persistanttravail du burin, la statue vivante se dessine en ses contours souples etmerveilleux ; sous le quartz brisé, l'émeraude étincelle !Oui, pour que la forme se dégage dans ses lignes pures et délicates,que l'esprit triomphe de la substance, que la pensée jaillisse en élanssublimes et que le poète trouve ses accents immortels, le musicien sessuaves accords, il faut dans nos coeurs l'aiguillon de la destinée, lesdeuils et les pleurs, l'ingratitude, les trahisons de l'amitié et de l'amour,les angoisses et les déchirements ; il faut les cercueils chéris quidescendent sous la terre, la jeunesse qui s'enfuit, la vieillesse glacée quimonte, les déceptions, les tristesses amères qui se succèdent. Il faut àl'homme des souffrances comme au fruit de la vigne le pressoir qui enextrait la liqueur exquise !** *Considérons encore le problème de la douleur au point de vue dessanctions pénales.On a reproché à Allan Kardec d'avoir trop insisté dans ses oeuvres surl'idée du châtiment et d'expiation. Celle-ci a soulevé de nombreusescritiques. Elle donne, nous dit-on, une fausse notion de l'action divine ;elle entraîne un luxe de punitions incompatibles avec la suprême Bonté.Ce jugement résulte d'un examen trop superficiel des ouvrages dugrand initiateur. L'idée, l'expression de châtiment, excessive peut-être sion s'attache à certains passages isolés, mal interprétés dans beaucoup decas, s'atténue et s'efface lorsqu'on étudie l'oeuvre entière.C'est surtout dans la conscience, nous le savons, qu'est la sanction dubien et du mal. Elle enregistre minutieusement tous nos actes et, tôt outard, devient un juge sévère pour le coupable, qui, par suite de sonévolution, finit toujours par entendre sa voix et subir ses arrêts. Pourl'esprit, les souvenirs du passé s'unissent au présent dans l'espace etforment un tout inséparable. Il vit en dehors de la durée, au-dedeslimites du temps et souffre aussi vivement des fautes lointaines que desplus récentes. Aussi demande-t-il souvent une réincarnation rapide etdouloureuse, qui rachètera le passé, tout en faisant trêve à ses souvenirsobsédants.Avec la différence de plan, la souffrance changera d'aspect. Sur terre,elle deviendra à la fois physique et morale et constituera un mode de

300 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEréparation. Elle plongera le coupable dans sa flamme pour le purifier ;elle reforgera dans le laminoir de l'épreuve l'âme déformée par le mal.Ainsi, chacun de nous a pu ou pourra effacer son passé, les tristes pagesdu début de son histoire, les fautes graves, commises lorsqu'il n'étaitqu'un esprit ignorant ou fougueux. Par la souffrance nous apprendronsl'humilité, en même temps que l'indulgence et la compassion pour tousceux qui succombent autour de nous sous la poussée des instinctsinférieurs, comme cela nous est arrivé à nous-mêmes, tant de fois, jadis.Ce n'est donc pas par vengeance que la loi nous frappe, mais parcequ'il est bon et profitable de souffrir, puisque la souffrance nous libèreen donnant satisfaction à la conscience, dont elle exécute le verdict.Tout se rachète et se répare par la douleur. Nous l'avons vu, il y a unart profond dans les procédés qu'elle met en oeuvre pour façonner l'âmehumaine et, lorsqu'elle est égarée, la ramener dans l'ordre sublime deschoses.On a souvent parlé d'une loi du talion. En réalité, la réparation ne seprésente pas toujours sous la même forme que la faute commise. Lesconditions sociales, l'évolution historique s'y opposent. En même tempsque les supplices du moyen âge, bien des fléaux ont disparu. Cependantla somme des souffrances humaines, sous leurs formes variées,innombrables, se représente toujours proportionnée à la cause qui lesproduit. En vain des progrès se réalisent, la civilisation s'étend, l'hygièneet le bien être se développent. Des maladies nouvelles apparaissent etl'homme est impuissant à les guérir. Il faut reconnaître en cela lamanifestation de cette loi supérieure d'équilibre dont nous avons parlé.La douleur sera nécessaire tant que l'homme n'aura pas mis sa pensée etses actes en harmonie avec les lois éternelles ; elle cessera de se fairesentir dès que l'accord sera établi. Tous nos maux viennent de ce quenous agissons dans un sens opposé au courant de la vie divine ; si nousrentrons dans ce courant, la douleur disparaît avec les causes qui l'ontfait naître.Longtemps encore, l'humanité terrestre, ignorante des lois supérieures,inconsciente du devenir et du devoir, aura besoin de la douleur, pour lastimuler dans sa voie, pour transformer ce qui prédomine en elle, lesinstincts primitifs et grossiers, en sentiments purs et généreux.Longtemps l'homme devra passer par l'initiation amère pour arriver à laconnaissance de lui-même et de son but. Il ne songe présentement qu'à

300 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEréparation. Elle plongera le coupable dans sa f<strong>la</strong>mme pour le purifier ;elle reforgera dans le <strong>la</strong>minoir <strong>de</strong> l'épreuve l'âme déformée par le mal.Ainsi, chacun <strong>de</strong> nous a pu ou pourra effacer son passé, les tristes pagesdu début <strong>de</strong> son histoire, les fautes graves, commises lorsqu'il n'étaitqu'un esprit ignorant ou fougueux. Par <strong>la</strong> souffrance nous apprendronsl'humilité, en même temps que l'indulgence <strong>et</strong> <strong>la</strong> compassion pour tousceux qui succombent autour <strong>de</strong> nous sous <strong>la</strong> poussée <strong>de</strong>s instinctsinférieurs, comme ce<strong>la</strong> nous est arrivé à nous-mêmes, tant <strong>de</strong> fois, jadis.Ce n'est donc pas par vengeance que <strong>la</strong> loi nous frappe, mais parcequ'il est bon <strong>et</strong> profitable <strong>de</strong> souffrir, puisque <strong>la</strong> souffrance nous libèreen donnant satisfaction à <strong>la</strong> conscience, dont elle exécute le verdict.Tout se rachète <strong>et</strong> se répare par <strong>la</strong> douleur. Nous l'avons vu, il y a unart profond dans les procédés qu'elle m<strong>et</strong> en oeuvre pour façonner l'âmehumaine <strong>et</strong>, lorsqu'elle est égarée, <strong>la</strong> ramener dans l'ordre sublime <strong>de</strong>schoses.On a souvent parlé d'une loi du talion. En réalité, <strong>la</strong> réparation ne seprésente pas toujours sous <strong>la</strong> même forme que <strong>la</strong> faute commise. <strong>Le</strong>sconditions sociales, l'évolution historique s'y opposent. En même tempsque les supplices du moyen âge, bien <strong>de</strong>s fléaux ont disparu. Cependant<strong>la</strong> somme <strong>de</strong>s souffrances humaines, sous leurs formes variées,innombrables, se représente toujours proportionnée à <strong>la</strong> cause qui lesproduit. En vain <strong>de</strong>s progrès se réalisent, <strong>la</strong> civilisation s'étend, l'hygiène<strong>et</strong> le bien être se développent. Des ma<strong>la</strong>dies nouvelles apparaissent <strong>et</strong>l'homme est impuissant à les guérir. Il faut reconnaître en ce<strong>la</strong> <strong>la</strong>manifestation <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te loi supérieure d'équilibre dont nous avons parlé.La douleur sera nécessaire tant que l'homme n'aura pas mis sa pensée <strong>et</strong>ses actes en harmonie avec les lois éternelles ; elle cessera <strong>de</strong> se fairesentir dès que l'accord sera établi. Tous nos maux viennent <strong>de</strong> ce quenous agissons dans un sens opposé au courant <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie divine ; si nousrentrons dans ce courant, <strong>la</strong> douleur disparaît avec les causes qui l'ontfait naître.Longtemps encore, l'humanité terrestre, ignorante <strong>de</strong>s lois supérieures,inconsciente du <strong>de</strong>venir <strong>et</strong> du <strong>de</strong>voir, aura besoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> douleur, pour <strong>la</strong>stimuler dans sa voie, pour transformer ce qui prédomine en elle, lesinstincts primitifs <strong>et</strong> grossiers, en sentiments purs <strong>et</strong> généreux.Longtemps l'homme <strong>de</strong>vra passer par l'initiation amère pour arriver à <strong>la</strong>connaissance <strong>de</strong> lui-même <strong>et</strong> <strong>de</strong> son but. Il ne songe présentement qu'à

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