Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...
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LA DISCIPLINE DE LA PENSEE 279Il faut le choc des épreuves, les heures tristes et désolées, pour lui fairecomprendre la fragilité des choses extérieures et le conduire vers larecherche de soi-même, vers la découverte de ses véritables richessesspirituelles.C'est pourquoi les grandes âmes deviennent d'autant plus nobles etplus belles que leurs douleurs sont plus vives. A chaque nouveaumalheur qui les frappe, elles ont la sensation de s'être rapprochées unpeu plus de la vérité et de la perfection, et, à cette pensée, elleséprouvent comme une volupté amère. Une étoile nouvelle s'est levéedans le ciel de leur destinée, une étoile dont les rayons tremblantspénètrent au sanctuaire de leur conscience, en éclairent les replis cachés.Chez les intelligences de haute culture, le malheur sème : chaquedouleur est un sillon où lève une moisson de vertu et de beauté.A certaines heures de notre vie, à la mort de notre mère, àl'écroulement d'une espérance ardemment caressée, à la perte d'unefemme, d'un enfant aimés, chaque fois que se brise un des liens qui nousattachaient à ce monde, une voix mystérieuse s'élève dans lesprofondeurs de notre âme, voix solennelle qui nous parle de mille loisplus augustes, plus vénérables que celles de la terre, et tout un mondeidéal s'entrouvre. Mais les bruits du dehors l'ont bientôt étouffée, et l'êtrehumain retombe presque toujours dans ses doutes, ses hésitations, dansla plate vulgarité de son existence.** *Il n'est pas de progrès possible sans une observation attentive de soimême.Il faut surveiller tous nos actes impulsifs, afin d'arriver à savoirdans quel sens nous devons porter nos efforts pour nous améliorer.D'abord, régler la vie physique, réduire les besoins matériels aunécessaire afin d'assurer la santé du corps, cet instrument indispensablede notre rôle terrestre. Puis, discipliner ses impressions, ses émotions ;s'exercer à les dominer, à les utiliser comme des agents de notreperfectionnement moral. Apprendre surtout à s'oublier, à faire lesacrifice du moi, à nous dégager de tout sentiment d'égoïsme. On n'estvraiment heureux en ce monde que dans la mesure où l'on sait s'oublier.Il ne suffit pas de croire et de savoir, il faut vivre sa croyance, c'est-àdirefaire pénétrer dans la pratique quotidienne de la vie les principessupérieurs que nous avons adoptés. Il faut s'habituer à communier par la
280 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEpensée et par le coeur avec les Esprits éminents qui en ont été lesrévélateurs, avec toutes les âmes d'élite qui ont servi de guides àl'humanité, vivre avec eux dans une intimité de chaque jour, nousinspirer de leurs vues et ressentir leur influence par cette perceptionintime que développent nos rapports avec le monde invisible.Parmi ces grandes âmes, il est bon d'en choisir une comme exemple, laplus digne de notre admiration, et dans toutes les circonstances difficiles,dans tous les cas où notre conscience oscille entre deux partis à prendre,nous demander ce qu'elle aurait résolu et agir dans le même sens.Ainsi, nous nous construirons peu à peu, d'après ce modèle, un idéalmoral qui se reflétera dans tous nos actes. Tout homme, dans l'humbleréalité de chaque jour, peut se modeler une conscience sublime. L'oeuvreest lente et difficile, mais les siècles nous sont donnés pour l'accomplir.Concentrons donc souvent nos pensées, pour les ramener, par lavolonté, vers l'idéal rêvé. Méditons sur lui chaque jour, à une heurechoisie, le matin de préférence, lorsque tout est calme et repose encoreautour de nous, à ce moment que le poète appelle «l'heure divine»,quand la nature, fraîche et reposée, s'éveille aux clartés de l'aube. Auxheures matinales, l'âme, par la prière et la méditation, s'élève d'un plusfacile élan jusqu'à ces hauteurs d'où l'on voit et comprend que tout - lavie, les actes, les pensées - tout est lié à quelque chose de grand etd'éternel et que nous habitons un monde où des puissances invisiblesvivent et travaillent avec nous. Dans la vie la plus simple, dans la tâchela plus modeste, dans l'existence la plus effacée, se montrent alors descôtés profonds, une réserve d'idéal, des sources possibles de beauté.Chaque âme peut se faire, par ses pensées, une atmosphère spirituelleaussi belle, aussi resplendissante que dans les paysages les plusenchanteurs ; et dans la demeure la plus chétive, dans le logis le plusmisérable, il y a des ouvertures vers Dieu et vers l'infini !** *Dans toutes nos relations sociales, dans nos rapports avec nossemblables, il faut constamment se rappeler ceci : les hommes sont desvoyageurs en marche, occupant des points divers sur l'échelled'évolution que nous gravissons tous. Par conséquent, nous ne devonsrien exiger, rien attendre d'eux qui ne soit en rapport avec leur degréd'avancement.
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280 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEpensée <strong>et</strong> par le coeur avec les Esprits éminents qui en ont été lesrévé<strong>la</strong>teurs, avec toutes les âmes d'élite qui ont servi <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s àl'humanité, vivre avec eux dans une intimité <strong>de</strong> chaque jour, nousinspirer <strong>de</strong> leurs vues <strong>et</strong> ressentir leur influence par c<strong>et</strong>te perceptionintime que développent nos rapports avec le mon<strong>de</strong> invisible.Parmi ces gran<strong>de</strong>s âmes, il est bon d'en choisir une comme exemple, <strong>la</strong>plus digne <strong>de</strong> notre admiration, <strong>et</strong> dans toutes les circonstances difficiles,dans tous les cas où notre conscience oscille entre <strong>de</strong>ux partis à prendre,nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu'elle aurait résolu <strong>et</strong> agir dans le même sens.Ainsi, nous nous construirons peu à peu, d'après ce modèle, un idéalmoral qui se reflétera dans tous nos actes. Tout homme, dans l'humbleréalité <strong>de</strong> chaque jour, peut se mo<strong>de</strong>ler une conscience sublime. L'oeuvreest lente <strong>et</strong> difficile, mais les siècles nous sont donnés pour l'accomplir.Concentrons donc souvent nos pensées, pour les ramener, par <strong>la</strong>volonté, vers l'idéal rêvé. Méditons <strong>sur</strong> lui chaque jour, à une heurechoisie, le matin <strong>de</strong> préférence, lorsque tout est calme <strong>et</strong> repose encoreautour <strong>de</strong> nous, à ce moment que le poète appelle «l'heure divine»,quand <strong>la</strong> nature, fraîche <strong>et</strong> reposée, s'éveille aux c<strong>la</strong>rtés <strong>de</strong> l'aube. Auxheures matinales, l'âme, par <strong>la</strong> prière <strong>et</strong> <strong>la</strong> méditation, s'élève d'un plusfacile é<strong>la</strong>n jusqu'à ces hauteurs d'où l'on voit <strong>et</strong> comprend que tout - <strong>la</strong>vie, les actes, les pensées - tout est lié à quelque chose <strong>de</strong> grand <strong>et</strong>d'éternel <strong>et</strong> que nous habitons un mon<strong>de</strong> où <strong>de</strong>s puissances invisiblesvivent <strong>et</strong> travaillent avec nous. Dans <strong>la</strong> vie <strong>la</strong> plus simple, dans <strong>la</strong> tâche<strong>la</strong> plus mo<strong>de</strong>ste, dans l'existence <strong>la</strong> plus effacée, se montrent alors <strong>de</strong>scôtés profonds, une réserve d'idéal, <strong>de</strong>s sources possibles <strong>de</strong> beauté.Chaque âme peut se faire, par ses pensées, une atmosphère spirituelleaussi belle, aussi resplendissante que dans les paysages les plusenchanteurs ; <strong>et</strong> dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>meure <strong>la</strong> plus chétive, dans le logis le plusmisérable, il y a <strong>de</strong>s ouvertures vers Dieu <strong>et</strong> vers l'infini !** *Dans toutes nos re<strong>la</strong>tions sociales, dans nos rapports avec nossemb<strong>la</strong>bles, il faut constamment se rappeler ceci : les hommes sont <strong>de</strong>svoyageurs en marche, occupant <strong>de</strong>s points divers <strong>sur</strong> l'échelled'évolution que nous gravissons tous. Par conséquent, nous ne <strong>de</strong>vonsrien exiger, rien attendre d'eux qui ne soit en rapport avec leur <strong>de</strong>gréd'avancement.