Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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LA CONSCIENCE, LE SENS INTIME 261La rapidité avec laquelle Walter Scott, le barde d'Aven, écrivait sesromans était un sujet d'étonnement pour ses contemporains. Voicil'explication qu'il en donne lui-même :Vingt fois je me suis mis à l'ouvrage, ayant composé le cadre, et jamais de la vieje ne l'ai suivi. - Mes doigts travaillent indépendants de ma pensée ; - c'est ainsiqu'après avoir écrit le second volume de Woodstock, je n'avais pas la moindre idéeque l'histoire se déroulerait en une catastrophe dans le troisième volume.Parlant de l'Antiquaire, il dit encore :J'ai un plan général ; mais, aussitôt que je prendrai la plume, elle courra assezvite sur le papier, à tel point que souvent je suis tenté de la laisser aller toute seule,pour voir si elle n'écrira pas aussi bien qu'avec l'assistance de ma pensée.Novalis, dont les Fragments et les Disciples de Saïs demeurerontparmi les plus puissants efforts de l'esprit humain, écrivait :Il semble à l'homme qu'il soit engagé dans une conversation et que quelque êtreinconnu et spirituel le détermine d'une manière merveilleuse à développer lespensées les plus évidentes. Cet être doit être supérieur et homogène, parce qu'il setient en rapport avec l'homme d'une façon qui n'est pas possible à un être soumisaux phénomènes.Rappelons aussi la célèbre inspiration de Jean-Jacques Rousseau,décrite par lui-même :J'allais voir Diderot, alors prisonnier à Vincennes ; j'avais dans ma poche unMercure de France, que je me mis à feuilleter le long du chemin. Je tombe sur laquestion de l'Académie de Dijon qui a donné lieu à mon premier écrit. Si jamaisquelque chose a ressemblé à une inspiration subite, c'est le mouvement qui se fiten moi à cette lecture : tout à coup, je me sens l'esprit ébloui de mille lumières ;des foules d'idées vives se présentent à la fois, avec une force et une confiance quime jettent dans un trouble inexprimable. Je sens ma tête prise par unétourdissement semblable à l'ivresse. Une violente palpitation m'oppresse, soulèvema poitrine ; ne pouvant plus respirer en marchant, je me laisse tomber sous undes arbres de l'avenue, et j'y passe une demi-heure dans une telle agitation qu'enme relevant j'aperçois tout le devant de ma veste mouillé de mes larmes, sans avoirsenti que j'en répandais. Oh ! si j'avais jamais pu écrire le quart de ce que j'ai vu etéprouvé sous cet arbre, avec quelle clarté j'aurais fait voir toutes les contradictionsdu système social ; avec quelle force j'aurais exposé tous les abus de nosinstitutions ; avec quelle simplicité j'aurais démontré que l'homme est bonnaturellement... Tout ce que j'ai pu retenir de ces foules de grandes vérités qui,dans un quart d'heure, m'illuminèrent, a été facilement épars dans mes troisprincipaux écrits : savoir, ce premier discours, celui de l'Inégalité et le Traité del'éducation... Tout le reste a été perdu.Le cas d'inspiration médiumnique le plus extraordinaire, peut-être, destemps modernes est celui d'Andrews Jackson Davis, appelé aussi le

262 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEE«voyant de Poughkeepsie». Ce personnage apparaît à l'aurore du néospiritualismeaméricain comme une sorte d'apôtre d'un relief puissant.Grâce à une faculté restée sans rivale, il a pu exercer une influenceirrésistible sur son époque et sur son pays.Nous empruntons les détails suivants à l'ouvrage de Mme EmmaHardinge, intitulé : Spiritualisme moderne américain :A l'âge de 15 ans, le jeune Davis devint d'abord célèbre à New-York et dans leConnecticut pour son habileté à diagnostiquer les maladies et à prescrire desremèdes, grâce à une étonnante faculté de clairvoyance. Le jeune guérisseurpossédait un degré de culture intuitive qui compensait son absence totaled'éducation, et une aisance mondaine qu'on n'aurait pu attendre de sa très humbleorigine, car il était le fils et l'apprenti d'un pauvre cordonnier du pays.L'humble rang, les moyens limités de ses parents avaient privé le jeune Davis detoute chance de culture, sauf pendant cinq mois, où il avait fréquenté l'école duvillage et les rudes paysans des districts arriérés. Davis avait 18 ans quand ilannonça qu'il allait être l'instrument d'une phase nouvelle et étonnante de pouvoirspirituel, commençant par une série de conférences appelées à produire un effetconsidérable sur le monde scientifique et sur les opinions religieuses del'humanité.En exécution de cette prophétie, M. Davis commença le cours de sesconférences, auxquelles assistaient des personnes de haute situation ou deconnaissances étendues en littérature et en science. C'est ainsi que fut produit levaste entassement de connaissances littéraires, scientifiques, philosophiques ethistoriques, intitulé : Divines Révélations de la Nature. Le caractère merveilleuxde cette oeuvre, émanant d'une personne si complètement incapable de la produiredans les circonstances ordinaires, excita le plus profond étonnement dans toutesles classes de la société.Les Révélations furent bientôt suivies de la Grande Harmonie, de l'Age présentet de la Vie intérieure. D'autres volumineuses productions encore, jointes auxconférences de Davis, à ses travaux d'éditeur, aux associations qu'il groupa et à salarge influence personnelle, ont réalisé une révolution complète aux Etats-Unisdans les esprits d'une classe nombreuse de penseurs appelés les avocats de laphilosophie harmonique ; et cette révolution doit incontestablement son origine aupauvre garçon cordonnier.Des milliers de personnes, qui l'ont vu dans ses examens médicaux ou dans sesexposés scientifiques, témoignent de l'étonnante élévation d'esprit possédée par M.Davis dans son état anormal. Ses manuscrits furent souvent soumis àl'investigation des plus hautes intelligences du pays, qui s'assurèrent, de la façon laplus approfondie, de l'impossibilité qu'il ait jamais pu acquérir les connaissancesdont il faisait preuve dans son état médiumnique. Le résultat le plus clair de la viede ce personnage phénoménal fut la révélation que l'âme de l'homme pouvaitcommuniquer spirituellement avec les Esprits de l'autre monde, comme avec ceux

LA CONSCIENCE, LE SENS INTIME 261La rapidité avec <strong>la</strong>quelle Walter Scott, le bar<strong>de</strong> d'Aven, écrivait sesromans était un suj<strong>et</strong> d'étonnement pour ses contemporains. Voicil'explication qu'il en donne lui-même :Vingt fois je me suis mis à l'ouvrage, ayant composé le cadre, <strong>et</strong> jamais <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieje ne l'ai suivi. - Mes doigts travaillent indépendants <strong>de</strong> ma pensée ; - c'est ainsiqu'après avoir écrit le second volume <strong>de</strong> Woodstock, je n'avais pas <strong>la</strong> moindre idéeque l'histoire se déroulerait en une catastrophe dans le troisième volume.Par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l'Antiquaire, il dit encore :J'ai un p<strong>la</strong>n général ; mais, aussitôt que je prendrai <strong>la</strong> plume, elle courra assezvite <strong>sur</strong> le papier, à tel point que souvent je suis tenté <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser aller toute seule,pour voir si elle n'écrira pas aussi bien qu'avec l'assistance <strong>de</strong> ma pensée.Novalis, dont les Fragments <strong>et</strong> les Disciples <strong>de</strong> Saïs <strong>de</strong>meurerontparmi les plus puissants efforts <strong>de</strong> l'esprit humain, écrivait :Il semble à l'homme qu'il soit engagé dans une conversation <strong>et</strong> que quelque êtreinconnu <strong>et</strong> spirituel le détermine d'une manière merveilleuse à développer lespensées les plus évi<strong>de</strong>ntes. C<strong>et</strong> être doit être supérieur <strong>et</strong> homogène, parce qu'il s<strong>et</strong>ient en rapport avec l'homme d'une façon qui n'est pas possible à un être soumisaux phénomènes.Rappelons aussi <strong>la</strong> célèbre inspiration <strong>de</strong> Jean-Jacques Rousseau,décrite par lui-même :J'al<strong>la</strong>is voir Di<strong>de</strong>rot, alors prisonnier à Vincennes ; j'avais dans ma poche unMercure <strong>de</strong> France, que je me mis à feuill<strong>et</strong>er le long du chemin. Je tombe <strong>sur</strong> <strong>la</strong>question <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong> Dijon qui a donné lieu à mon premier écrit. Si jamaisquelque chose a ressemblé à une inspiration subite, c'est le mouvement qui se fiten moi à c<strong>et</strong>te lecture : tout à coup, je me sens l'esprit ébloui <strong>de</strong> mille lumières ;<strong>de</strong>s foules d'idées vives se présentent à <strong>la</strong> fois, avec une force <strong>et</strong> une confiance quime j<strong>et</strong>tent dans un trouble inexprimable. Je sens ma tête prise par unétourdissement semb<strong>la</strong>ble à l'ivresse. Une violente palpitation m'oppresse, soulèvema poitrine ; ne pouvant plus respirer en marchant, je me <strong>la</strong>isse tomber sous un<strong>de</strong>s arbres <strong>de</strong> l'avenue, <strong>et</strong> j'y passe une <strong>de</strong>mi-heure dans une telle agitation qu'enme relevant j'aperçois tout le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> ma veste mouillé <strong>de</strong> mes <strong>la</strong>rmes, sans avoirsenti que j'en répandais. Oh ! si j'avais jamais pu écrire le quart <strong>de</strong> ce que j'ai vu <strong>et</strong>éprouvé sous c<strong>et</strong> arbre, avec quelle c<strong>la</strong>rté j'aurais fait voir toutes les contradictionsdu système social ; avec quelle force j'aurais exposé tous les abus <strong>de</strong> nosinstitutions ; avec quelle simplicité j'aurais démontré que l'homme est bonnaturellement... Tout ce que j'ai pu r<strong>et</strong>enir <strong>de</strong> ces foules <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s vérités qui,dans un quart d'heure, m'illuminèrent, a été facilement épars dans mes troisprincipaux écrits : savoir, ce premier discours, celui <strong>de</strong> l'Inégalité <strong>et</strong> le Traité <strong>de</strong>l'éducation... Tout le reste a été perdu.<strong>Le</strong> cas d'inspiration médiumnique le plus extraordinaire, peut-être, <strong>de</strong>stemps mo<strong>de</strong>rnes est celui d'Andrews Jackson Davis, appelé aussi le

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