Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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JUSTICE ET RESPONSABILITE 229représenteront qu'une minorité dans l'ensemble des populations duglobe.Mais quand la grande doctrine sera devenue la base de l'éducationhumaine et le partage de tous, quand la preuve des vies successivesapparaîtra à tous les yeux, alors, les plus instruits, les plus réfléchis,développant en eux les intuitions du passé, comprendront qu'ils ont vécudans tous les milieux sociaux, et ils en éprouveront plus de tolérance etde bienveillance envers les petits. Ils sentiront qu'il y a moins deméchanceté et d'aigreur que de souffrance révoltée dans l'âme desdéshérités, et quel parti admirable ils peuvent tirer de leur propreexpérience, en répandant autour d'eux la lumière, l'espérance, laconsolation.Alors l'intérêt, le bien personnel deviendra le bien de tous. Chacun sesentira porté à coopérer plus activement à l'amélioration de cette société,au sein de laquelle il faudra renaître pour progresser avec elle et avancervers l'avenir.** *L'heure présente est encore une heure de luttes : lutte des nations pourla conquête du globe, lutte de classes pour la conquête du bien-être et dupouvoir. Autour de nous s'agitent des forces aveugles et profondes,forces qui s'ignoraient hier et qui, aujourd'hui, s'organisent et entrent enaction. Une société agonise ; une autre naît. L'idéal du passé s'effondre.Quel sera celui de demain ?Une période de transition s'est ouverte ; une phase différente del'évolution humaine est commencée, phase obscure, pleine, à la fois, depromesses et de menaces. Dans l'âme des générations qui montent,reposent les germes de floraisons nouvelles : fleurs du mal ou fleurs dubien ?Beaucoup s'alarment ; beaucoup s'épouvantent. Ne doutons pas del'avenir de l'humanité, de son ascension vers la lumière, et répandonsautour de nous, avec un courage et une persévérance inlassables, lesvérités qui assurent les lendemains et font les sociétés fortes etheureuses.Les défectuosités de notre organisation sociale proviennent surtout dececi : nos législateurs, dans leurs conceptions étroites, n'embrassent quel'horizon d'une vie matérielle. Ne comprenant pas le but évolutif de

230 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEl'existence et l'enchaînement de nos vies terrestres, ils ont établi un étatde choses incompatible avec les fins réelles de l'homme et de la société.La conquête du pouvoir par le grand nombre n'est pas faite pourélargir ce point de vue. Le peuple suit l'instinct sourd qui le pousse.Incapable de mesurer le mérite et la valeur de ses représentants, il portetrop souvent au pouvoir ceux qui épousent ses passions et partagent sacécité. L'éducation populaire est à refaire entièrement ; car, seul,l'homme éclairé pourra collaborer avec intelligence, courage etconscience à la rénovation sociale.Dans les revendications actuelles, on spécule beaucoup trop sur lanotion de droit ; on surexcite les appétits, on exalte les esprits. On oublieque le droit est inséparable du devoir et même qu'il n'en est que larésultante. De là, une rupture d'équilibre, une interversion des rapports,de cause à effet, c'est-à-dire du devoir au droit dans la répartition desavantages sociaux, ce qui constitue une cause permanente de division etde haine entre les hommes. L'individu qui envisage seulement son intérêtpropre et son droit personnel est encore placé bien bas sur l'échelled'évolution.Ainsi que l'a dit Godin, le fondateur du familistère de Guise : «Le droitest fait avec du devoir accompli». Les services rendus à l'humanité étantla cause, le droit devient l'effet. Dans une société bien organisée, chaquecitoyen se classera d'après sa valeur personnelle, son degré d'évolution etdans la mesure de son apport social.L'individu ne doit occuper qu'une situation méritée. Son droit est enproportion égale avec sa capacité pour le bien. Telle est la règle, telle estla base de l'ordre universel, et aussi longtemps que l'ordre social n'ensera pas le décalque, l'image fidèle, il sera précaire et instable.En vertu de cette règle, chaque membre d'une collectivité, au lieu derevendiquer des droits fictifs, doit s'efforcer de s'en rendre digne enaccroissant sa valeur propre et sa participation à l'oeuvre commune.L'idéal social se transforme, le sens de l'harmonie se développe, lechamp de l'altruisme s'élargit.Mais, dans l'état actuel des choses, au sein d'une société où fermententtant de passions, où s'agitent tant de forces brutales, au milieu d'unecivilisation faite d'égoïsme et de convoitise, d'incohérence et de mauvaisvouloir, de sensualité et de souffrance, bien des convulsions sont àcraindre.

230 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEl'existence <strong>et</strong> l'enchaînement <strong>de</strong> nos vies terrestres, ils ont établi un état<strong>de</strong> choses incompatible avec les fins réelles <strong>de</strong> l'homme <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> société.La conquête du pouvoir par le grand nombre n'est pas faite pouré<strong>la</strong>rgir ce point <strong>de</strong> vue. <strong>Le</strong> peuple suit l'instinct sourd qui le pousse.Incapable <strong>de</strong> me<strong>sur</strong>er le mérite <strong>et</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> ses représentants, il port<strong>et</strong>rop souvent au pouvoir ceux qui épousent ses passions <strong>et</strong> partagent sacécité. L'éducation popu<strong>la</strong>ire est à refaire entièrement ; car, seul,l'homme éc<strong>la</strong>iré pourra col<strong>la</strong>borer avec intelligence, courage <strong>et</strong>conscience à <strong>la</strong> rénovation sociale.Dans les revendications actuelles, on spécule beaucoup trop <strong>sur</strong> <strong>la</strong>notion <strong>de</strong> droit ; on <strong>sur</strong>excite les appétits, on exalte les esprits. On oublieque le droit est inséparable du <strong>de</strong>voir <strong>et</strong> même qu'il n'en est que <strong>la</strong>résultante. De là, une rupture d'équilibre, une interversion <strong>de</strong>s rapports,<strong>de</strong> cause à eff<strong>et</strong>, c'est-à-dire du <strong>de</strong>voir au droit dans <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong>savantages sociaux, ce qui constitue une cause permanente <strong>de</strong> division <strong>et</strong><strong>de</strong> haine entre les hommes. L'individu qui envisage seulement son intérêtpropre <strong>et</strong> son droit personnel est encore p<strong>la</strong>cé bien bas <strong>sur</strong> l'échelled'évolution.Ainsi que l'a dit Godin, le fondateur du familistère <strong>de</strong> Guise : «<strong>Le</strong> droitest fait avec du <strong>de</strong>voir accompli». <strong>Le</strong>s services rendus à l'humanité étant<strong>la</strong> cause, le droit <strong>de</strong>vient l'eff<strong>et</strong>. Dans une société bien organisée, chaquecitoyen se c<strong>la</strong>ssera d'après sa valeur personnelle, son <strong>de</strong>gré d'évolution <strong>et</strong>dans <strong>la</strong> me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> son apport social.L'individu ne doit occuper qu'une situation méritée. Son droit est enproportion égale avec sa capacité pour le bien. Telle est <strong>la</strong> règle, telle est<strong>la</strong> base <strong>de</strong> l'ordre universel, <strong>et</strong> aussi longtemps que l'ordre social n'ensera pas le décalque, l'image fidèle, il sera précaire <strong>et</strong> instable.En vertu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te règle, chaque membre d'une collectivité, au lieu <strong>de</strong>revendiquer <strong>de</strong>s droits fictifs, doit s'efforcer <strong>de</strong> s'en rendre digne enaccroissant sa valeur propre <strong>et</strong> sa participation à l'oeuvre commune.L'idéal social se transforme, le sens <strong>de</strong> l'harmonie se développe, lechamp <strong>de</strong> l'altruisme s'é<strong>la</strong>rgit.Mais, dans l'état actuel <strong>de</strong>s choses, au sein d'une société où fermententtant <strong>de</strong> passions, où s'agitent tant <strong>de</strong> forces brutales, au milieu d'unecivilisation faite d'égoïsme <strong>et</strong> <strong>de</strong> convoitise, d'incohérence <strong>et</strong> <strong>de</strong> mauvaisvouloir, <strong>de</strong> sensualité <strong>et</strong> <strong>de</strong> souffrance, bien <strong>de</strong>s convulsions sont àcraindre.

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