Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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PREUVES HISTORIQUES 215Où est aujourd'hui ce vaste empire sur lequel le soleil ne se couchaitjamais ?Voyez les Habsbourg, héritiers du Saint-Empire et, peut-être,réincarnations des bourreaux des Hussites ! La maison d'Autriche a étéfrappée dans tous ses membres : Maximilien est fusillé, Rodolphe tombeau milieu d'une orgie ; l'impératrice Elisabeth est assassinée ; puis vientle tour de François-Ferdinand. Le vieil empereur, à la tête chenue, resteseul au milieu des débris de sa famille, et, finalement avec la guerre, c'estla défaite, la ruine et la dislocation complète de ses Etats.Où sont, aujourd'hui, tous ces empires fondés par le fer et par le sang,celui des Califes, celui des Mongols, celui des Carlovingiens, celui deCharles-Quint ? Napoléon l'a dit : tout se paye ! Et lui-même a payé. LaFrance a payé avec lui. L'empire de Napoléon a passé comme unmétéore !Arrêtons-nous un instant sur cette prodigieuse destinée, qui, aprèsavoir jeté, dans sa trajectoire à travers le monde, un fulgurant éclat, vas'éteindre misérablement sur un rocher de l'Atlantique. Elle est bienconnue de tous, cette vie, et par conséquent, mieux que toute autre, elledoit servir d'exemple. Ainsi que le dit Maeterlinck, on peut y constaterune chose : ce sont les trois plus grandes iniquités commises parNapoléon qui ont été les trois causes principales de sa chute :«Ce fut d'abord l'assassinat du duc d'Enghien, condamné par ordre, sansjugement et sans preuves, et exécuté dans les fossés de Vincennes : assassinat quisema autour du dictateur des haines désormais implacables, et un désir devengeance qui ne désarma plus. Ce fut ensuite l'odieux guet-apens de Bayonne, oùil attira par de basses intrigues, pour les dépouiller de leur couronne héréditaire,les débonnaires et trop confiants Bourbons d'Espagne, l'horrible guerre quis'ensuivit, ou s'engloutirent trois cent mille hommes, toute l'énergie, toute lamoralité, la plus grande partie du prestige, presque toutes les certitudes, presquetous les dévouements et toutes les destinées heureuses de l'Empire. Ce fut enfinl'effroyable et inexcusable campagne de Russie, qui aboutit au désastre définitif desa fortune, dans les glaces de la Bérézina et les neiges de la Pologne 16 .»L'histoire diplomatique de l'Europe, depuis cinquante ans, n'échappepas à ces règles. Les fautes contre l'équité ont été frappées dans leursauteurs, comme par une invisible main.La Russie, après le déchirement de la Pologne, prêta son appui moral àla Prusse pour l'invasion des duchés danois, «un des plus grands crimes16 Maeterlink, le Temple enseveli, page 35.

216 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEde piraterie, dit un historien, qui ait été commis dans les tempsmodernes». Elle en fut punie, d'abord par la Prusse elle-même, qui, en1877, au Congrès de Berlin, la dépossédait de tous les avantagesremportés sur la Turquie ; puis, plus cruellement encore, par les reversde la guerre de Mandchourie et leur répercussion prolongée dans toutl'empire des tzars qui aboutit en dernier lieu à la révolution sanglante etau chaos bolcheviste.Au cours des derniers siècles, l'Angleterre a souvent poursuivi unepolitique froide et égoïste. Après la guerre du Transvaal, elle s'estretrouvée affaiblie, touchant peut-être à ces temps prédits, en termessaisissants, par sir Robert : «L'habileté de nos hommes d'Etat lesimmortalisera s'ils adoucissent pour nous cette descente, de manière àl'empêcher de devenir une chute ; s'ils la conduisent de manière à la faireressembler à la Hollande, plutôt qu'à Carthage et à Venise.»Le détachement de l'Irlande, de l'Egypte, la révolte des Indes sontvenus, depuis lors, confirmer ces prévisions.Tel sera le sort de toutes les nations qui furent grandes par leursphilosophes et leurs penseurs et qui ont eu la faiblesse de remettre leurdestinée aux mains de politiciens trop avides.N'insistons pas sur ces faits. N'avons-nous pas vu se dérouler sous nosyeux, de 1914 à 1918, le drame immense, le drame vengeur, qui a laissél'Allemagne vaincue, punie de son orgueil et de ses crimes ?En même temps, il faut reconnaître que la France recevait une leçonterrible, due peut-être à la légèreté, à l'imprévoyance, au sensualismed'un grand nombre de ses enfants ; mais, avec la victoire, elle retrouvaitson prestige dans le monde. Ainsi s'affirmait une fois de plus la hautemission, le rôle providentiel qui lui semblent dévolus et qui consistent àproclamer et à défendre, par toutes les formes du verbe et par l'épée, ledroit, la vérité, la justice !L'Allemagne et l'Autriche, rivées dans un pacte et une complicitéfarouches, avaient rêvé l'hégémonie de l'Europe et la domination dumonde : l'une sur l'Orient, l'autre sur l'Occident. Dans la poursuite deleur but, elles ont foulé aux pieds les engagements les plus solennels, parexemple envers la Belgique ; elles n'ont pas reculé devant les forfaits lesplus odieux. Quel a été le résultat ? Après quatre ans d'une lutteacharnée, les empires centraux ont roulé dans l'abîme. L'Autriche n'est

216 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEE<strong>de</strong> piraterie, dit un historien, qui ait été commis dans les tempsmo<strong>de</strong>rnes». Elle en fut punie, d'abord par <strong>la</strong> Prusse elle-même, qui, en1877, au Congrès <strong>de</strong> Berlin, <strong>la</strong> dépossédait <strong>de</strong> tous les avantagesremportés <strong>sur</strong> <strong>la</strong> Turquie ; puis, plus cruellement encore, par les revers<strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre <strong>de</strong> Mandchourie <strong>et</strong> leur répercussion prolongée dans toutl'empire <strong>de</strong>s tzars qui aboutit en <strong>de</strong>rnier lieu à <strong>la</strong> révolution sang<strong>la</strong>nte <strong>et</strong>au chaos bolcheviste.Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers siècles, l'Angl<strong>et</strong>erre a souvent poursuivi unepolitique froi<strong>de</strong> <strong>et</strong> égoïste. Après <strong>la</strong> guerre du Transvaal, elle s'estr<strong>et</strong>rouvée affaiblie, touchant peut-être à ces temps prédits, en termessaisissants, par sir Robert : «L'habil<strong>et</strong>é <strong>de</strong> nos hommes d'Etat lesimmortalisera s'ils adoucissent pour nous c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>scente, <strong>de</strong> manière àl'empêcher <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une chute ; s'ils <strong>la</strong> conduisent <strong>de</strong> manière à <strong>la</strong> faireressembler à <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, plutôt qu'à Carthage <strong>et</strong> à Venise.»<strong>Le</strong> détachement <strong>de</strong> l'Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l'Egypte, <strong>la</strong> révolte <strong>de</strong>s In<strong>de</strong>s sontvenus, <strong>de</strong>puis lors, confirmer ces prévisions.Tel sera le sort <strong>de</strong> toutes les nations qui furent gran<strong>de</strong>s par leursphilosophes <strong>et</strong> leurs penseurs <strong>et</strong> qui ont eu <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> rem<strong>et</strong>tre leur<strong>de</strong>stinée aux mains <strong>de</strong> politiciens trop avi<strong>de</strong>s.N'insistons pas <strong>sur</strong> ces faits. N'avons-nous pas vu se dérouler sous nosyeux, <strong>de</strong> 1914 à 1918, le drame immense, le drame vengeur, qui a <strong>la</strong>issél'Allemagne vaincue, punie <strong>de</strong> son orgueil <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses crimes ?En même temps, il faut reconnaître que <strong>la</strong> France recevait une leçonterrible, due peut-être à <strong>la</strong> légèr<strong>et</strong>é, à l'imprévoyance, au sensualismed'un grand nombre <strong>de</strong> ses enfants ; mais, avec <strong>la</strong> victoire, elle r<strong>et</strong>rouvaitson prestige dans le mon<strong>de</strong>. Ainsi s'affirmait une fois <strong>de</strong> plus <strong>la</strong> hautemission, le rôle provi<strong>de</strong>ntiel qui lui semblent dévolus <strong>et</strong> qui consistent àproc<strong>la</strong>mer <strong>et</strong> à défendre, par toutes les formes du verbe <strong>et</strong> par l'épée, ledroit, <strong>la</strong> vérité, <strong>la</strong> justice !L'Allemagne <strong>et</strong> l'Autriche, rivées dans un pacte <strong>et</strong> une complicitéfarouches, avaient rêvé l'hégémonie <strong>de</strong> l'Europe <strong>et</strong> <strong>la</strong> domination dumon<strong>de</strong> : l'une <strong>sur</strong> l'Orient, l'autre <strong>sur</strong> l'Occi<strong>de</strong>nt. Dans <strong>la</strong> poursuite <strong>de</strong>leur but, elles ont foulé aux pieds les engagements les plus solennels, parexemple envers <strong>la</strong> Belgique ; elles n'ont pas reculé <strong>de</strong>vant les forfaits lesplus odieux. Quel a été le résultat ? Après quatre ans d'une lutteacharnée, les empires centraux ont roulé dans l'abîme. L'Autriche n'est

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