Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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PREUVES HISTORIQUES 207ses organes, l'autre s'élance dans le pays des rêves. Toutefois, cette séparation n'estpas complète ; elle ne le sera qu'à la mort, ou plutôt c'est cette séparation complètequi sera la mort même. Plus tard, ce double actif pourra venir vivifier un autrecorps terrestre et accomplir ainsi une nouvelle existence semblable.»En Grèce, on retrouve la doctrine des vies successives dans les poèmesorphiques. C'était la croyance de Pythagore, de Socrate, de Platon,d'Apollonius et d'Empédocle. Sous le nom de métempsycose 4 , ils enparlent souvent, dans leurs oeuvres, en termes voilés, car ils étaient liés,pour la plupart, par le serment initiatique. Cependant, l'affirmation en estprécise dans le dernier livre de la République, dans Phèdre, le Timée etle Phédon :«Il est certain que les vivants naissent des morts, que les âmes des mortsrenaissent encore.» (Phèdre.)«L'âme est plus vieille que le corps. Les âmes renaissent sans cesse du Hadès,pour revenir à la vie actuelle.» (Phédon.)La réincarnation était célébrée en Egypte dans les mystères d'Isis, et enGrèce, dans ceux d'Eleusis, sous le nom de mystère de Perséphone. Lesinitiés seuls participaient aux cérémonies.Le mythe de Perséphone était la représentation dramatique desrenaissances, l'histoire de l'âme humaine, passée, présente et future, sadescente dans la matière, sa captivité en des corps d'emprunt, sa réascensionpar étapes successives. Les fêtes éleusiniennes duraient troisjours et traduisaient, dans une émouvante trilogie, les alternances de ladouble vie, terrestre et céleste. Au terme de ces initiations solennelles,les adeptes étaient sacrés 5 .Presque tous les grands hommes de la Grèce furent des initiés, desfervents de la grande déesse. C'est dans ses enseignements secrets qu'ilspuisèrent l'inspiration du génie, les formes sublimes de l'art et lespréceptes de la divine sagesse. Quant au peuple, on ne lui présentait que4 Le vulgaire ne peut voir aujourd'hui dans la métempsycose que le passage de l'âme humainedans le corps d'êtres inférieurs. Dans l'Inde, en Egypte et en Grèce, elle était considérée d'unefaçon plus générale, comme la transmigration des âmes en d'autres corps humains. Noussommes portés à croire que la descente de l'âme dans un corps inférieur à l'humanité n'était,comme l'idée de l'enfer dans le catholicisme, qu'un épouvantail destiné, dans la pensée desanciens, à effrayer les méchants. Toute rétrogradation de cette sorte serait contraire à lajustice, à la logique, à la vérité. Elle est, d'ailleurs, rendue impossible par le fait que ledéveloppement de l'organisme fluidique ou périsprit ne permettrait plus à l'être humain des'adapter aux conditions de la vie animale.5 Voir Ed. Schuré, Sanctuaires d'Orient, pages 254 et suivantes.

208 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEdes symboles. Mais, sous la transparence des mythes, la vérité initiatiqueapparaissait, comme à travers l'écorce de l'arbre transsude la sève de vie.La grande doctrine était connue du monde romain. Ovide, Virgile,Cicéron, dans leurs oeuvres impérissables, y font de fréquentesallusions. Virgile, dans l'Enéide 6 , assure que l'âme, en plongeant dans leLéthé, perd le souvenir de ses existences passées.L'école d'Alexandrie lui donna un vif éclat, par les oeuvres de Philon,Plotin, Ammonius Sacchas, Porphyre, Jamblique, etc.. Plotin dit, enparlant des dieux : «Ils assurent à chacun le corps qui lui convient et quiest en harmonie avec ses antécédents, selon ses existences successives.»Les livres sacrés des Hébreux : le Zohar, la Kabbale, le Talmud,affirment également la préexistence et, sous le nom desurrection, laréincarnation. C'était la croyance des Pharisiens et des Esséniens 7 .L'Ancien et le Nouveau Testament, au milieu de textes obscurs oualtérés, en portent encore des traces nombreuses ; par exemple, danscertains passages de Jérémie et de Job, puis dans le cas de Jean-Baptiste,qui fut Elie, dans celui de l'aveugle-né et dans l'entretien secret de Jésusavec Nicodème.On lit dans Matthieu 8 : «Je vous le dis en vérité, entre les enfants des femmes, iln'y en a point de plus grand que Jean-Baptiste. Et si vous voulez entendre, il estlui-même Elie qui doit venir. Que celui l'entende, qui a des oreilles pour entendre.»Un autre jour, les disciples du Christ l'interrogèrent disant 9 : Pourquoi donc lesScribes disent-ils «qu'il faut d'abord qu'Elie revienne ?» Jésus leur répondit : «Ilest vrai qu'Elie doit venir d'abord et rétablir toutes choses ; mais je vous dis qu'Elieest déjà venu, mais ils ne l'ont point reconnu et lui ont fait ce qu'ils ont voulu.»Alors les disciples comprirent que c'était de Jean-Baptiste qu'il avait parlé.Un jour, Jésus demande à ses disciples ce que l'on dit de lui dans le peuple.Ceux-ci répondent 10 : «Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; d'autres, Elie ;d'autres, Jérémie, ou quelqu'un des anciens prophètes revenu au monde.» Jésus,loin de les dissuader, comme s'ils eussent débité des choses imaginaires, secontente d'ajouter : «Et vous, qui croyez-vous que je suis ?» Quand il rencontre6 Enéide, VI, 713 et suivantes.7 On lit dans le Zohar, II, fol. 99 : «Toutes les âmes sont sujettes à la révolution (métempsycose,aleen b'gilgulah), mais les hommes ne connaissent pas les voies de Dieu, ce qui est heureux.»Josèphe (Antiq. XVIII, I, paragraphe 3) dit que le vertueux aura le pouvoir de ressusciter et devivre à nouveau.8 Matthieu, XI, 9, 14, 15.9 Matthieu, XVII, 10 à 15.10 Id., XVI, 13, 14 ; Marc, VIII, 28.

208 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEE<strong>de</strong>s symboles. Mais, sous <strong>la</strong> transparence <strong>de</strong>s mythes, <strong>la</strong> vérité initiatiqueapparaissait, comme à travers l'écorce <strong>de</strong> l'arbre transsu<strong>de</strong> <strong>la</strong> sève <strong>de</strong> vie.La gran<strong>de</strong> doctrine était connue du mon<strong>de</strong> romain. Ovi<strong>de</strong>, Virgile,Cicéron, dans leurs oeuvres impérissables, y font <strong>de</strong> fréquentesallusions. Virgile, dans l'Enéi<strong>de</strong> 6 , as<strong>sur</strong>e que l'âme, en plongeant dans leLéthé, perd le souvenir <strong>de</strong> ses existences passées.L'école d'Alexandrie lui donna un vif éc<strong>la</strong>t, par les oeuvres <strong>de</strong> Philon,Plotin, Ammonius Sacchas, Porphyre, Jamblique, <strong>et</strong>c.. Plotin dit, enpar<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s dieux : «Ils as<strong>sur</strong>ent à chacun le corps qui lui convient <strong>et</strong> quiest en harmonie avec ses antécé<strong>de</strong>nts, selon ses existences successives.»<strong>Le</strong>s livres sacrés <strong>de</strong>s Hébreux : le Zohar, <strong>la</strong> Kabbale, le Talmud,affirment également <strong>la</strong> préexistence <strong>et</strong>, sous le nom <strong>de</strong> ré<strong>sur</strong>rection, <strong>la</strong>réincarnation. C'était <strong>la</strong> croyance <strong>de</strong>s Pharisiens <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Esséniens 7 .L'Ancien <strong>et</strong> le Nouveau Testament, au milieu <strong>de</strong> textes obscurs oualtérés, en portent encore <strong>de</strong>s traces nombreuses ; par exemple, danscertains passages <strong>de</strong> Jérémie <strong>et</strong> <strong>de</strong> Job, puis dans le cas <strong>de</strong> Jean-Baptiste,qui fut Elie, dans celui <strong>de</strong> l'aveugle-né <strong>et</strong> dans l'entr<strong>et</strong>ien secr<strong>et</strong> <strong>de</strong> Jésusavec Nicodème.On lit dans Matthieu 8 : «Je vous le dis en vérité, entre les enfants <strong>de</strong>s femmes, iln'y en a point <strong>de</strong> plus grand que Jean-Baptiste. Et si vous voulez entendre, il estlui-même Elie qui doit venir. Que celui l'enten<strong>de</strong>, qui a <strong>de</strong>s oreilles pour entendre.»Un autre jour, les disciples du Christ l'interrogèrent disant 9 : Pourquoi donc lesScribes disent-ils «qu'il faut d'abord qu'Elie revienne ?» Jésus leur répondit : «Ilest vrai qu'Elie doit venir d'abord <strong>et</strong> rétablir toutes choses ; mais je vous dis qu'Elieest déjà venu, mais ils ne l'ont point reconnu <strong>et</strong> lui ont fait ce qu'ils ont voulu.»Alors les disciples comprirent que c'était <strong>de</strong> Jean-Baptiste qu'il avait parlé.Un jour, Jésus <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à ses disciples ce que l'on dit <strong>de</strong> lui dans le peuple.Ceux-ci répon<strong>de</strong>nt 10 : «<strong>Le</strong>s uns disent que tu es Jean-Baptiste ; d'autres, Elie ;d'autres, Jérémie, ou quelqu'un <strong>de</strong>s anciens prophètes revenu au mon<strong>de</strong>.» Jésus,loin <strong>de</strong> les dissua<strong>de</strong>r, comme s'ils eussent débité <strong>de</strong>s choses imaginaires, secontente d'ajouter : «Et vous, qui croyez-vous que je suis ?» Quand il rencontre6 Enéi<strong>de</strong>, VI, 713 <strong>et</strong> suivantes.7 On lit dans le Zohar, II, fol. 99 : «Toutes les âmes sont suj<strong>et</strong>tes à <strong>la</strong> révolution (métempsycose,aleen b'gilgu<strong>la</strong>h), mais les hommes ne connaissent pas les voies <strong>de</strong> Dieu, ce qui est heureux.»Josèphe (Antiq. XVIII, I, paragraphe 3) dit que le vertueux aura le pouvoir <strong>de</strong> ressusciter <strong>et</strong> <strong>de</strong>vivre à nouveau.8 Matthieu, XI, 9, 14, 15.9 Matthieu, XVII, 10 à 15.10 Id., XVI, 13, 14 ; Marc, VIII, 28.

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