Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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OBJECTIONS ET CRITIQUES 195Nous l'avons vu : la théorie des peines éternelles n'est, dans la penséemême de l'Église 1 , qu'un épouvantail destiné à effrayer les méchants.Mais la menace de l'enfer, la crainte des supplices, efficace aux temps defoi aveugle, ne retient plus personne aujourd'hui. Elle est, au fond, uneimpiété envers Dieu, dont elle fait un Etre cruel, punissant sans nécessitéet sans but d'amélioration.A sa place, la doctrine des réincarnations nous montre la véritable loide nos destinées et, avec elle, la réalisation du progrès et de la justicedans l'Univers. En nous faisant connaître les causes antérieures de nosmaux, elle met fin à cette conception inique du péché originel, d'aprèslaquelle toute la descendance d'Adam, c'est-à-dire l'humanité entière,porterait la peine des défaillances du premier homme. C'est pourquoi soninfluence morale sera plus profonde que celle des fables enfantines del'enfer et du paradis. Elle opposera un frein aux passions, en nousmontrant les conséquences de nos actes rejaillissant sur notre vieprésente et sur nos vies futures, y semant des germes de douleur ou defélicité. En nous apprenant que l'âme est d'autant plus malheureusequ'elle est plus imparfaite et plus coupable, elle stimulera nos effortsvers le bien. Il est vrai que cette doctrine est inflexible, mais du moinselle sait proportionner le châtiment à la faute, et, après la réparation, ellenous parle de relèvement et d'espérance. Tandis que le croyantorthodoxe, imbu de l'idée que la confession et l'absolution effacent sespéchés, se berce d'un vain espoir et se prépare des déceptions dans l'Audelà,l'homme éclairé des clartés nouvelles apprend à rectifier saconduite, à se tenir sur ses gardes, à préparer soigneusement l'avenir.Une autre objection consiste à dire : Si nous sommes convaincus quenos maux sont mérités, qu'ils sont une conséquence de la loi de justice,une telle croyance aura pour effet d'éteindre en nous toute pitié, toutecompassion pour les souffrances d'autrui ; nous nous sentirons moinsportés à secourir, à consoler nos semblables ; nous laisserons un librecours à leurs épreuves, puisqu'elles doivent être pour eux une expiationnécessaire et un moyen d'avancement. Cette objection n'est quespécieuse ; elle émane d'une source intéressée.Considérons d'abord la question au point de vue social ; nousl'envisagerons ensuite dans le sens individuel. Le spiritualisme modernenous enseigne que les hommes sont solidaires les uns des autres, unis par1 Voir Christianisme et Spiritisme, passim.

196 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEun sort commun. Les imperfections sociales dont nous souffrons tous,plus ou moins, sont le résultat de nos errements collectifs dans le passé.Chacun de nous porte sa part de responsabilité et a le devoir de travaillerà l'amélioration du sort général. L'éducation des âmes humaines lesoblige à tour de rôle à occuper des situations diverses. Toutes doiventalternativement subir l'épreuve de la richesse et celle de la pauvreté, del'infortune, de la maladie, de la douleur.Devant les misères de ce monde qui ne l'atteignent pas, l'égoïste sedésintéresse et dit : Après moi le déluge ! Il croit échapper par la mort àl'action des lois terrestres et aux convulsions des sociétés. Avec laréincarnation, le point de vue change. Il faudra revenir encore et subir lesmaux que nous comptions léguer aux autres. Toutes les passions, toutesles iniquités que nous aurons tolérées, encouragées, entretenues, soit parfaiblesse, soit par intérêt, se redresseront contre nous. Ce milieu social,pour l'amélioration duquel nous n'aurons rien fait, nous ressaisira detoute la force de son étreinte. Qui a écrasé, exploité les autres, seraexploité, écrasé à son tour. Qui a semé la division, la haine, en subira leseffets. L'orgueilleux sera méprisé et le spoliateur dépouillé. Celui qui afait souffrir souffrira. Si vous voulez assurer votre propre avenir,travaillez donc dès maintenant à perfectionner, à rendre meilleur lemilieu où vous devez renaître ; songez à vous améliorer vous-mêmes.Voilà pour les misères collectives qui doivent être vaincues par l'effortde tous. Celui qui, pouvant aider ses semblables, néglige de le faire,manque à la loi de solidarité.Quant aux maux individuels, nous dirons, en nous plaçant à un autrepoint de vue : Nous ne sommes pas juges de la mesure précise oùcommence et où finit l'expiation. Savons-nous même dans quels cas il ya expiation ? Beaucoup d'âmes, sans être coupables, mais avides deprogresser, demandent une vie d'épreuves pour évoluer plus rapidement.L'aide que nous devons à ces âmes peut être une des conditions de leurdestinée comme de la nôtre, et il est possible que nous soyons placés àdessein sur leur chemin, pour les soulager, les éclairer, les réconforter.Tout bien, tout mal accompli revenant vers sa source avec ses effets,c'est toujours un mauvais calcul de notre part que de négliger la moindreoccasion de nous rendre utiles et serviables.«Hors la charité point de salut», a dit Allan Kardec. C'est là le préceptepar excellence de la morale spirite. Partout où la souffrance s'éveille, elle

OBJECTIONS ET CRITIQUES 195Nous l'avons vu : <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong>s peines éternelles n'est, dans <strong>la</strong> penséemême <strong>de</strong> l'Église 1 , qu'un épouvantail <strong>de</strong>stiné à effrayer les méchants.Mais <strong>la</strong> menace <strong>de</strong> l'enfer, <strong>la</strong> crainte <strong>de</strong>s supplices, efficace aux temps <strong>de</strong>foi aveugle, ne r<strong>et</strong>ient plus personne aujourd'hui. Elle est, au fond, uneimpiété envers Dieu, dont elle fait un Etre cruel, punissant sans nécessité<strong>et</strong> sans but d'amélioration.A sa p<strong>la</strong>ce, <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong>s réincarnations nous montre <strong>la</strong> véritable loi<strong>de</strong> nos <strong>de</strong>stinées <strong>et</strong>, avec elle, <strong>la</strong> réalisation du progrès <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> justicedans l'Univers. En nous faisant connaître les causes antérieures <strong>de</strong> nosmaux, elle m<strong>et</strong> fin à c<strong>et</strong>te conception inique du péché originel, d'après<strong>la</strong>quelle toute <strong>la</strong> <strong>de</strong>scendance d'Adam, c'est-à-dire l'humanité entière,porterait <strong>la</strong> peine <strong>de</strong>s défail<strong>la</strong>nces du premier homme. C'est pourquoi soninfluence morale sera plus profon<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong>s fables enfantines <strong>de</strong>l'enfer <strong>et</strong> du paradis. Elle opposera un frein aux passions, en nousmontrant les conséquences <strong>de</strong> nos actes rejaillissant <strong>sur</strong> notre vieprésente <strong>et</strong> <strong>sur</strong> nos vies futures, y semant <strong>de</strong>s germes <strong>de</strong> douleur ou <strong>de</strong>félicité. En nous apprenant que l'âme est d'autant plus malheureusequ'elle est plus imparfaite <strong>et</strong> plus coupable, elle stimulera nos effortsvers le bien. Il est vrai que c<strong>et</strong>te doctrine est inflexible, mais du moinselle sait proportionner le châtiment à <strong>la</strong> faute, <strong>et</strong>, après <strong>la</strong> réparation, ellenous parle <strong>de</strong> relèvement <strong>et</strong> d'espérance. Tandis que le croyantorthodoxe, imbu <strong>de</strong> l'idée que <strong>la</strong> confession <strong>et</strong> l'absolution effacent sespéchés, se berce d'un vain espoir <strong>et</strong> se prépare <strong>de</strong>s déceptions dans l'Au<strong>de</strong>là,l'homme éc<strong>la</strong>iré <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>rtés nouvelles apprend à rectifier saconduite, à se tenir <strong>sur</strong> ses gar<strong>de</strong>s, à préparer soigneusement l'avenir.Une autre objection consiste à dire : Si nous sommes convaincus quenos maux sont mérités, qu'ils sont une conséquence <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> justice,une telle croyance aura pour eff<strong>et</strong> d'éteindre en nous toute pitié, toutecompassion pour les souffrances d'autrui ; nous nous sentirons moinsportés à secourir, à consoler nos semb<strong>la</strong>bles ; nous <strong>la</strong>isserons un librecours à leurs épreuves, puisqu'elles doivent être pour eux une expiationnécessaire <strong>et</strong> un moyen d'avancement. C<strong>et</strong>te objection n'est quespécieuse ; elle émane d'une source intéressée.Considérons d'abord <strong>la</strong> question au point <strong>de</strong> vue social ; nousl'envisagerons ensuite dans le sens individuel. <strong>Le</strong> spiritualisme mo<strong>de</strong>rnenous enseigne que les hommes sont solidaires les uns <strong>de</strong>s autres, unis par1 Voir Christianisme <strong>et</strong> Spiritisme, passim.

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