Le problème de l'être et de la destinée : études expérimentales sur ...

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LES ENFANTS PRODIGES ET L'HEREDITE 183vivait que du lait de sa nourrice ; on voulut le sevrer, il dépérit ets'éteignit à Lübeck le 27 juin 1725, dans le cours de sa cinquième année,en affirmant ses espérances en l'autre vie. «Il était, disent les Mémoiresde Trévoux, délicat, infirme, souvent malade.» Ce jeune phénomène eutla pleine conscience de sa fin prochaine. Il en parlait avec une sérénitéau moins aussi admirable que sa science prématurée, et il voulutconsoler ses parents en leur adressant des encouragements tirés de leurscommunes croyances.L'histoire des derniers siècles signale un grand nombre de ces enfantsprodiges.Le jeune Van de Kerkhove, de Bruges, mourut à 10 ans et 11 mois, le12 août 1873, en laissant 350 petits tableaux de maître, dont quelquesuns,dit Adolphe Siret, membre de l'Académie royale des sciences,lettres et beaux arts de Belgique, «auraient pu être signés des noms deDiaz, Salvator Rosa, Corot, Van Goyen, etc.».Un autre enfant, William Hamilton, étudiait l'hébreu à 3 ans, et, à 7ans, il possédait des connaissances plus étendues que la plupart descandidats à l'agrégation. «Je le vois encore, disait un de ses parents,répondre à une question de mathématique ardue, puis s'éloigner entrottinant, traînant après lui sa petite charrette.» A 13 ans, il connaissaitdouze langues. A 18 ans, il étonnait tous les gens de son entourage, aupoint qu'un astronome irlandais disait de lui : «Je ne dis pas qu'il sera,mais qu'il est déjà le premier mathématicien de son temps.»En ce moment, l'Italie s'honore de posséder un linguiste phénoménal,M. Trombetti, qui surpasse de beaucoup ses anciens compatriotes, lecélèbre Pic de la Mirandole et le prodigieux Mezzofanti, ce cardinal quidiscourait en soixante-dix langues.Trombetti est né d'une famille de Bolonais pauvres et complètementignorants. Il apprit, tout seul, à l'école primaire, le français et l'allemandet, au bout de deux mois, il lisait Voltaire et Goethe. Il apprit l'arabe rienqu'en lisant une vie d'Abd-el-Kader dans cette langue. Un Persan, depassage à Bologne, lui enseigna sa langue en quelques semaines. A 12ans, il apprit seul et simultanément le latin, le grec et l'hébreu. Depuis ila étudié presque toutes les langues vivantes ou mortes ; ses amis assurentqu'il connaît aujourd'hui environ trois cents dialectes orientaux. Le roid'Italie l'a nommé professeur de philologie à l'Université de Bologne.

184 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEAu Congrès international de psychologie de Paris, en 1900, M. Ch.Richet, de l'Académie dedecine, présenta en assemblée générale,toutes sections réunies, un enfant espagnol de 3 ans et demi, nomméPepito Arriola, qui jouait et improvisait sur le piano des airs variés, trèsriches comme sonorité. Nous reproduisons la communication faite parM. Ch. Richet aux congressistes, à la séance du 21 août 1900, au sujet decet enfant, avant l'audition musicale 2 :Voici ce que raconte sa mère sur la manière dont, pour la première fois, elles'aperçut des dons musicaux extraordinaires du jeune Pepito. - «L'enfant avait àpeu près deux ans et demi lorsque je découvris pour la première fois, et par hasard,ses aptitudes musicales. A cette époque, un musicien de mes amis m'adressa unesienne composition, et je me mis à la jouer au piano assez fréquemment ; il estprobable que l'enfant y faisait attention ; mais je ne m'en aperçus pas. Or, unmatin, j'entends jouer dans une chambre voisine ce même air, mais avec tantd'autorité et de justesse, que je voulus savoir qui se permettait de jouer ainsi dupiano chez moi. J'entrai dans le salon, et je vis mon petit garçon qui était seul etjouait cet air. Il était assis sur un siège élevé, où il s'était mis tout seul, et, en mevoyant, il se mit à rire et me dit : «Coco, mama.» Je crus qu'il y avait là un miraclevéritable.» - A partir de ce moment, le petit Pepito se mit à jouer, sans que sa mèrelui donnât de leçons, tantôt les airs qu'elle jouait elle-même devant lui au piano,tantôt des airs qu'il inventait.Bientôt il fut assez habile pour pouvoir, le 4 décembre 1899, c'est-à-dire n'ayantpas encore 3 ans, jouer devant un assez nombreux auditoire de critiques et demusiciens ; le 26 décembre, c'est-à-dire âgé de 3 ans et 12 jours, il joua au PalaisRoyal de Madrid, devant le roi et la reine-mère, six compositions musicales de soninvention, qui ont été notées.Il ne sait pas lire, qu'il s'agisse de musique ou d'alphabet. Il n'a pas de talentspécial pour le dessin ; mais il s'amuse parfois à écrire des airs musicaux. Bienentendu, cette écriture n'a aucun sens. Mais il est assez amusant de le voir prendreun petit papier, faire en tête du papier un griffonnage (qui signifie, paraît-il, lanature du morceau, sonate, ou habanera, ou valse, etc.), puis, au-dessous, figurerdes lignes noires qui, assure-t-il, sont des notes. Il regarde ce papier avecsatisfaction, le met sur le piano, et dit : «Je vais jouer cela» et en effet, ayantdevant les yeux ce papier informe, il improvise d'une manière étonnante.A vrai dire, ce qu'il y a en lui de plus stupéfiant, ce n'est ni le doigté, nil'harmonie, ni l'agilité, mais l'expression. Il a une richesse d'expression étonnante.Qu'il s'agisse d'un morceau triste, ou gai, ou martial, ou énergique, l'expression estsaisissante. Souvent même cette expression est si forte, si tragique, dans certainsairs mélancoliques ou funèbres, qu'on a la sensation que Pepito ne peut pas, avec2 Voir Revue scientifique du 6 octobre 1900, page 432, et Compte-rendu officiel du Congrès dePsychologie, 1900, F. Alcan, page 93.

184 LE PROBLEME DE L'ETRE ET DE LA DESTINEEAu Congrès international <strong>de</strong> psychologie <strong>de</strong> Paris, en 1900, M. Ch.Rich<strong>et</strong>, <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, présenta en assemblée générale,toutes sections réunies, un enfant espagnol <strong>de</strong> 3 ans <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi, nomméPepito Arrio<strong>la</strong>, qui jouait <strong>et</strong> improvisait <strong>sur</strong> le piano <strong>de</strong>s airs variés, trèsriches comme sonorité. Nous reproduisons <strong>la</strong> communication faite parM. Ch. Rich<strong>et</strong> aux congressistes, à <strong>la</strong> séance du 21 août 1900, au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>c<strong>et</strong> enfant, avant l'audition musicale 2 :Voici ce que raconte sa mère <strong>sur</strong> <strong>la</strong> manière dont, pour <strong>la</strong> première fois, elles'aperçut <strong>de</strong>s dons musicaux extraordinaires du jeune Pepito. - «L'enfant avait àpeu près <strong>de</strong>ux ans <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi lorsque je découvris pour <strong>la</strong> première fois, <strong>et</strong> par hasard,ses aptitu<strong>de</strong>s musicales. A c<strong>et</strong>te époque, un musicien <strong>de</strong> mes amis m'adressa unesienne composition, <strong>et</strong> je me mis à <strong>la</strong> jouer au piano assez fréquemment ; il estprobable que l'enfant y faisait attention ; mais je ne m'en aperçus pas. Or, unmatin, j'entends jouer dans une chambre voisine ce même air, mais avec tantd'autorité <strong>et</strong> <strong>de</strong> justesse, que je voulus savoir qui se perm<strong>et</strong>tait <strong>de</strong> jouer ainsi dupiano chez moi. J'entrai dans le salon, <strong>et</strong> je vis mon p<strong>et</strong>it garçon qui était seul <strong>et</strong>jouait c<strong>et</strong> air. Il était assis <strong>sur</strong> un siège élevé, où il s'était mis tout seul, <strong>et</strong>, en mevoyant, il se mit à rire <strong>et</strong> me dit : «Coco, mama.» Je crus qu'il y avait là un miraclevéritable.» - A partir <strong>de</strong> ce moment, le p<strong>et</strong>it Pepito se mit à jouer, sans que sa mèrelui donnât <strong>de</strong> leçons, tantôt les airs qu'elle jouait elle-même <strong>de</strong>vant lui au piano,tantôt <strong>de</strong>s airs qu'il inventait.Bientôt il fut assez habile pour pouvoir, le 4 décembre 1899, c'est-à-dire n'ayantpas encore 3 ans, jouer <strong>de</strong>vant un assez nombreux auditoire <strong>de</strong> critiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>musiciens ; le 26 décembre, c'est-à-dire âgé <strong>de</strong> 3 ans <strong>et</strong> 12 jours, il joua au Pa<strong>la</strong>isRoyal <strong>de</strong> Madrid, <strong>de</strong>vant le roi <strong>et</strong> <strong>la</strong> reine-mère, six compositions musicales <strong>de</strong> soninvention, qui ont été notées.Il ne sait pas lire, qu'il s'agisse <strong>de</strong> musique ou d'alphab<strong>et</strong>. Il n'a pas <strong>de</strong> talentspécial pour le <strong>de</strong>ssin ; mais il s'amuse parfois à écrire <strong>de</strong>s airs musicaux. Bienentendu, c<strong>et</strong>te écriture n'a aucun sens. Mais il est assez amusant <strong>de</strong> le voir prendreun p<strong>et</strong>it papier, faire en tête du papier un griffonnage (qui signifie, paraît-il, <strong>la</strong>nature du morceau, sonate, ou habanera, ou valse, <strong>et</strong>c.), puis, au-<strong>de</strong>ssous, figurer<strong>de</strong>s lignes noires qui, as<strong>sur</strong>e-t-il, sont <strong>de</strong>s notes. Il regar<strong>de</strong> ce papier avecsatisfaction, le m<strong>et</strong> <strong>sur</strong> le piano, <strong>et</strong> dit : «Je vais jouer ce<strong>la</strong>» <strong>et</strong> en eff<strong>et</strong>, ayant<strong>de</strong>vant les yeux ce papier informe, il improvise d'une manière étonnante.A vrai dire, ce qu'il y a en lui <strong>de</strong> plus stupéfiant, ce n'est ni le doigté, nil'harmonie, ni l'agilité, mais l'expression. Il a une richesse d'expression étonnante.Qu'il s'agisse d'un morceau triste, ou gai, ou martial, ou énergique, l'expression estsaisissante. Souvent même c<strong>et</strong>te expression est si forte, si tragique, dans certainsairs mé<strong>la</strong>ncoliques ou funèbres, qu'on a <strong>la</strong> sensation que Pepito ne peut pas, avec2 Voir Revue scientifique du 6 octobre 1900, page 432, <strong>et</strong> Compte-rendu officiel du Congrès <strong>de</strong>Psychologie, 1900, F. Alcan, page 93.

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