12.07.2015 Views

TM78.pdf - Ville de Montreuil

TM78.pdf - Ville de Montreuil

TM78.pdf - Ville de Montreuil

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

8ma villew w w. m o ntre u i l .f r© PIERRE LETULZOLes avocat-e-s en grève <strong>de</strong>vant la Cour nationale du droit d’asile..Pas d’asile sur ordonnanceCour nationale du droit d’asile Du 14 mai au 8 juin <strong>de</strong>rnier, les avocats plaidant<strong>de</strong>vant la Cour nationale du droit d’asile étaient en grève. Cette juridictionqui siège à <strong>Montreuil</strong> (voir TM n° 27 du 2 février 2010, sur www.montreuil.fr)est en effet sous pression, ce qui mettrait en péril les droits <strong>de</strong> la défenseet les dispositions <strong>de</strong> la Convention <strong>de</strong> Genève sur l’asile.L31 mai 2012, lescouloirs <strong>de</strong> la Cournationale du droitd’asile (CNDA)bruissent du mou -vement <strong>de</strong>s robes noires, allant<strong>de</strong> salle en salle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r systématiquementle renvoi <strong>de</strong>saffaires qui doivent être jugées.En grève <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>ux semaines,les avocat-e-s <strong>de</strong> cette courdénoncent « une politique du chiffreconduisant à une dégradationpréoccupante <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> ladéfense, une baisse constante <strong>de</strong>staux d’admission au statut <strong>de</strong>réfugiés et une hausse considérable(57 %) <strong>de</strong>s rejets sans audition du<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur ». Le rôle <strong>de</strong> la CNDAest en effet <strong>de</strong> statuer sur la décisionrendue par l’OFPRA (Officefrançais <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s réfugiéset apatri<strong>de</strong>s) accordant ounon le statut <strong>de</strong> réfugiés à celleset ceux qui en font la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,conformément aux disposition<strong>de</strong> la convention <strong>de</strong> Genève.Devant l’OFPRA, les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ursd’asile ne sont pas assistésd’un avocat. En cas <strong>de</strong> décisionnégative (dans 89 % <strong>de</strong>s cas, la<strong>de</strong>man<strong>de</strong> est rejetée), les requérantsse tournent donc vers laCNDA, qui traite 35 000 dossierschaque année.Un quart d’heure par dossier« Imaginez la scène, expliquel’avocat Thierry Jacqmin : <strong>de</strong>8h30 à la fin <strong>de</strong> l’audience dumatin, on traite treize à quatorzedossiers. On a donc un juge, <strong>de</strong>uxassesseurs, un rapporteur quiprésente le dossier. Ensuite, le<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur est entendu, et l’avocatplai<strong>de</strong>. En moyenne, les audiencesdurent un quart d’heure, jamaisplus d’une <strong>de</strong>mi-heure. Quandon sait que l’on a besoin d’un-einterprète, car les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs nemaîtrisent pas le français, c’estvraiment une justice au pas <strong>de</strong>course. »De l’aveu même <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nte<strong>de</strong> la CNDA, Martine Denis-Linton, le nombre <strong>de</strong> décisionsrendues par la Cour a augmenté<strong>de</strong> 45 % en 2011, entraînant <strong>de</strong>stensions « inévitables ». Alors quela Cour affiche un pourcentage<strong>de</strong> 19,3 % <strong>de</strong> décisions favorablesaux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’asile (soit<strong>de</strong>ux fois plus que l’OFPRA),les avocats s’inquiètent cependant<strong>de</strong> la hausse considérable(+57 %) <strong>de</strong>s rejets sans auditiondu <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur. Ils <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ntun moratoire <strong>de</strong> ces jugementssans audience, appelés ordonnances,et qui ne sont pas motivésoù ni la défense ni le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urn’ont la parole.Sur le chemin <strong>de</strong> l’exilAutre motif d’inquiétu<strong>de</strong> : l’ai<strong>de</strong>juridictionnelle. La questionn’est pas tant la rémunérationque le temps et les moyensaccordés aux avocats pour préparerla défense. « Pour les cas <strong>de</strong>droit commun, il y a <strong>de</strong>ux moispour préparer un dossier, à laCNDA, un mois, dénonce GillesPiquois, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’associa-tion <strong>de</strong>s avocats Elena France(association d’avocats liés auConseil européen pour les réfugiéset les exilés). Et sur le chemin<strong>de</strong> l’exil, nos clients n’ont pas forcémenteu le temps d’apprendre lefrançais ! » Or, actuellement, lesavocats préparent les dossiersavec leurs clients sans interprètes,à qui la Cour donne laconsigne <strong>de</strong> ne pas assister les<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> lasalle d’audience. « Un procès estdéjà un dispositif difficile à comprendrepour un francophone,explique l’avocate MarianneLagrue, alors pour un étranger enfuite, en exil, parfois encore en état<strong>de</strong> choc, c’est encore pire. Lesassister dans ces conditions est difficile,surtout quand on a le dossierau <strong>de</strong>rnier moment. » C’est une<strong>de</strong>s revendications <strong>de</strong>s avocats,qui n’ont parfois que quelquesjours pour préparer une au -dience, prendre connaissance ducontexte géopolitique souventcomplexe, <strong>de</strong>s pièces, <strong>de</strong>s témoignages,afin <strong>de</strong> pouvoir plai<strong>de</strong>r.Rester <strong>de</strong>boutPour bien faire, il faudrait que les<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs puissent être assistésd’un avocat dès la présentation<strong>de</strong> leur dossier à l’OFPRA.Reçus à la chancellerie le 1 er juin<strong>de</strong>rnier, ces <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ntd’ailleurs à être associés au processuslégislatif <strong>de</strong> réforme <strong>de</strong>l’asile actuellement en cours.Dans l’attente d’un ren<strong>de</strong>z-vousavec le Conseil d’État, tutelle <strong>de</strong>la Cour nationale du droit d’asile,qui <strong>de</strong>vait avoir lieu vendredi8 juin, ils ont suspendu leurmouvement, et les audiences ontrepris. Mais la soif <strong>de</strong> revendication<strong>de</strong>meure : « Ils pourraientquand même installer <strong>de</strong>s bancs<strong>de</strong>vant la Cour ! » clame GillesPiquois en sortant rue Rol-Tanguy. En retrait, une interprèteexplique sa diatribe à un <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urd’asile, qui répond : « Moi,quoi qu’il arrive, je préfère rester<strong>de</strong>bout. » • E. T.www.montreuil.frwww.cnda.fr

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!