24tous sportw w w. m o ntre u i l .f r© GILLES DELBOSLa belle moisson <strong>de</strong>s jeunes tireurs du CA <strong>Montreuil</strong> escrime.ÇA FLEURE BON AU FLEURETwww.montreuil.frhttp://montreuil-escrime.over-blog.comLes jeunes du CA <strong>Montreuil</strong> renouent avec le succès en dominant les championnatsd'escrime <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis, catégorie fleuret. Revue d'armes.EscrimeClub formateur labellisé« prestige » par laFédération françaised'escrime, le CA <strong>Montreuil</strong> a faithonneur à son rang lors <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnierschampionnats départementaux<strong>de</strong> fleuret <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis, qui sont se tenus du 17 au20 mai <strong>de</strong>rnier à Livry-Gargan. Encompétition par équipes, les représentants<strong>de</strong> Gagny ou d'Épinayn'ont pas toujours fait le poidsface aux équipes <strong>de</strong> <strong>Montreuil</strong>chez les benjamins : carton pleinet triplé sur le podium pour lesgarçons, première et <strong>de</strong>uxièmeplace pour les filles. I<strong>de</strong>m chez lespoussins, où le CA <strong>Montreuil</strong>emporte les premières places encatégories masculine et féminine.Des résultats qu'on retrouve logiquementen compétitions individuelles: Sébastien Emiry s'estrattrapé <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>uxième place paréquipes en emportant la premièreplace chez les benjamins, <strong>de</strong>vantses copains <strong>de</strong> club Mattéo Traziéet Floréal Dervin, tout commeDiane Martin chez les benjamines.La liste serait trop longueà établir, puisque le club montreuillois,le plus important <strong>de</strong> laSeine-Saint-Denis en termes <strong>de</strong>licenciés (165), a réalisé une vingtaine<strong>de</strong> podiums et raflé septtitres, <strong>de</strong>s poussins aux benjamins,dont quatre par équipe ettrois en individuel.Génération doréeDe quoi combler le prési<strong>de</strong>nt duclub, Alain Alliez, qui salue « cesrésultats exceptionnels permettantd'abor<strong>de</strong>r le futur avec optimisme,après quatre ans en <strong>de</strong>mi-teinte ».Sous la direction <strong>de</strong> leurs maîtresd'armes, Martine Hess et LaurentAlliez – le fils du prési<strong>de</strong>nt etancien champion <strong>de</strong> France paréquipes en niveau ca<strong>de</strong>t – cettegénération dorée <strong>de</strong> l'escrimemontreuilloise peut ainsi espérerrenouer prochainement avec <strong>de</strong>squalifications en championnats<strong>de</strong> France, ce qui n'était pas le cascette année.Voilà qui pourra en tout cas susciter<strong>de</strong>s vocations chez les plusjeunes, le club proposant l'éveilau fleuret dès l’âge <strong>de</strong> 5 ans etengageant ses escrimeurs dansles compétitions à partir <strong>de</strong> 7 ans.Seule ombre au tableau : la guerrecivile au Mali empêche cetteannée le CA <strong>Montreuil</strong> d'honorerson partenariat avec la fédérationd'escrime locale. Pour la premièrefois <strong>de</strong>puis trois ans, les formateursdu club ne pourront doncse rendre à Bamako initier lesjeunes Maliens au maniement <strong>de</strong>la taille et <strong>de</strong> l'estoc... • T. B.h SAVOIR PLUS : Séances d'inscriptionpour l'année prochaine : samedi 23 juin<strong>de</strong> 10 heures à 16 heures, lundi 25 juin<strong>de</strong> 18 heures à 20 heures et mercredi27 juin <strong>de</strong> 15 h 30 à 19 h 30, salleColette-Besson, 2, rue du Colonel-Raynal.Renseignements tél. : 01 43 88 07 76.À LA PENTECÔTE,LA GRÂCE TOUCHE L’ESDMFootballune très belleréussite pour une«C’estéquipe <strong>de</strong> belle qualité! » Alain Pra<strong>de</strong>nc, bénévole <strong>de</strong>l’Élan sportif <strong>de</strong> <strong>Montreuil</strong>(ESDM), est aux anges. Non seulementle tournoi <strong>de</strong> Pentecôte,qu’il supervise, a été une réussite,mais c’est l’équipe <strong>de</strong> l’ESDM quil’a emporté, « pour la première fois<strong>de</strong>puis les trente-neuf ans que cetournoi existe ! » L’ESDM estvenue à bout <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> Stainsen finale, après avoir battu l’autreéquipe montreuilloise, leRSCM, en <strong>de</strong>mi-finales (qui terminefinalement 4 e ).Animations par les petits du club,ambiance en musique, bénévoles(<strong>de</strong>s dirigeants, <strong>de</strong>s vétérans…)<strong>de</strong>s plus efficaces, douze équipesont foulé l’herbe du sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>sGrands-Pêchers en ce week-end<strong>de</strong> Pentecôte. Parmi lesquellesune équipe du club algérien OCOran, qui a pu faire le voyagegrâce au soutien <strong>de</strong> la <strong>Ville</strong> <strong>de</strong><strong>Montreuil</strong> et que tous, joueurscomme organisateurs, étaientravis d’accueillir. • A. C.© D.R.L’équipe <strong>de</strong> l’ESDM a remporté le tournoi <strong>de</strong> Pentecôte.
TOUS MONTREUIL / N O 78 / DU 12 AU 25 JUIN 2012michto*! 25*« bien » en montreuillois.Mémoires d’AlgériensÀ l’occasion du 50 e anniversaire <strong>de</strong> l’indépendance <strong>de</strong> l’Algérie, Tous <strong>Montreuil</strong> a recueilli les souvenirs<strong>de</strong>s Algériens <strong>de</strong> <strong>Montreuil</strong>. Un feuilleton en <strong>de</strong>ux épiso<strong>de</strong>s : les Trente Glorieuses et la vie montreuilloise,puis la guerre d’Algérie.© D.R.Amar BoukirÉpiso<strong>de</strong> 1© D.R.8 ans,je me souviens<strong>de</strong>s affiches qui«J’avaispromettaient dutravail en France. En ce temps-là,il n’y avait pas besoin <strong>de</strong> passeport.Tu venais en France comme tuvoulais. C’était le même territoire.Je l’ai vécu, je suis arrivé commeça à 11 ans », se souvient AmarBoukir, 73 ans. Ce professeur <strong>de</strong>maths à la retraite a fait une partie<strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s à <strong>Montreuil</strong>.Marié à une Française, il revientrégulièrement voir ses enfants etpetits-enfants qui vivent enFrance.Après la fin <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerremondiale et jusqu’en 1962, date<strong>de</strong> l’indépendance <strong>de</strong> l’Algérie,plus <strong>de</strong> 300 000 hommes ontcomme lui traversé la Méditerranéepour rejoindre la métropole.Il fallait reconstruire laFrance ! Beaucoup ont atterri à<strong>Montreuil</strong>, attirés par la multitu<strong>de</strong>d’entreprises qui y étaient installées.« C’était la seule immigrationqui n’en était pas vraiment une,puisqu’on était français, poursuitil.Les Algériens avaient commencéà venir au moment <strong>de</strong> la constructiondu métro en 1890. Mais lavague principale arrive en 1948,après la guerre, pour la reconstruction<strong>de</strong> l’industrie française. »La France a besoin d’eux. Celatombe bien : eux doivent nourrirleurs familles et cherchent à fuirla misère <strong>de</strong> leurs villages. Mêmes’ils savent à l’avance – malgré la« réclame » qui les y invite – quece ne sera pas pour l’eldorado. Àleur arrivée en métropole, beaucoupse retrouvent parqués dans<strong>de</strong>s taudis. « J’habitais au 145,rue <strong>de</strong>s Néfliers. C’étaient <strong>de</strong>sbaraques en bois. On se chauffaitau charbon », raconte El HocineBrahimi, 70 ans, ouvrier du bâtiment,aujourd’hui pensionnairedu foyer <strong>de</strong>s Ruffins. Il est un peupressé, dit-il, car <strong>de</strong>main, commetous les ans, il part au bled et sesvalises ne sont pas encore faites.Hôtels meublésD’autres s’installent dans l’un <strong>de</strong>ces hôtels meublés qui étaientnombreux à <strong>Montreuil</strong>, commepresque partout ailleurs, et souventinsalubres. Avec l’incontournablebistrot au rez-<strong>de</strong>chaussée<strong>de</strong> l’immeuble. Le soir,c’est là que les hommes seretrouvent pour échanger lesnouvelles, taper le carton oujouer aux dominos, tout en écoutantles chansons du pays quisortent du juke-box. MomentsMouloud Aourtilane<strong>de</strong> détente après <strong>de</strong>s journéesharassantes <strong>de</strong> travail.« Je suis arrivé à <strong>Montreuil</strong> en1949, j’avais 24 ans. J’habitaisau 209, rue Étienne-Marcel. Lepropriétaire <strong>de</strong> l’hôtel était unAlsacien. Si tu étais propre, il tegardait, sinon, c’était la porte »,explique Mouloud Aourtilane.Droit comme un i à 88 ans,visage <strong>de</strong> vieux lion que rien nesemble pouvoir abattre, il reçoitsans façons dans sa chambre dufoyer Rapatel. « Je suis resté troismois sans travailler, puis unpatron est arrivé dans le café pourembaucher. Dans le bâtiment.J’étais venu pour un an ou <strong>de</strong>ux.Soixante ans après, je suis toujoursà <strong>Montreuil</strong> ! »« Je connaissais déjàtout le mon<strong>de</strong> »Beaucoup d’entre eux n’atterrissentpas à <strong>Montreuil</strong> par hasard.Le nom <strong>de</strong> la ville a fait le tour<strong>de</strong> nombreux villages, notammenten Kabylie. Chacun yconnaît un parent, un ami, unancien voisin. « Je suis venu à<strong>Montreuil</strong> parce qu’il y avait <strong>de</strong>sgens <strong>de</strong> chez moi. Je connaissaisdéjà tout le mon<strong>de</strong> », dit MouloudAourtilane.Jusqu’au milieu <strong>de</strong>s années1950, une vie presque normales’installe pour ces hommesvenus <strong>de</strong> loin. Tout le mon<strong>de</strong> ytrouve son compte. Du travail etles moyens d’envoyer <strong>de</strong>s mandatsau pays, pour les exilés. Unemain-d’œuvre bon marché à disposition,pour les entreprises.« Ils ne gênent pas. Ils sont entreeux. Ils vont à l’usine avec leurgamelle. Ils reviennent le soir. Ils© D.R.El Hocine Brahimijouent un peu aux cartes. Ils secouchent et repartent au boulot lelen<strong>de</strong>main. C’étaient <strong>de</strong>s gensnécessaires pour l’économie, et ilsétaient français », affirme AmarBoukir, une pointe d’ironie dansla voix.Sur les chantiersD’ailleurs, peu à peu, ils ne secontentent plus <strong>de</strong> rester entreeux. Ils se rapprochent <strong>de</strong> leurscollègues <strong>de</strong> travail, font <strong>de</strong>sconnaissances, se lient d’amitié.El Hocine Brahimi est formel :« Les <strong>Montreuil</strong>lois, ils étaientbien. Malgré les événements qui semultipliaient <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés <strong>de</strong> laMéditerranée, il n’y avait presquejamais <strong>de</strong> problème entre Françaiset Algériens. Sur les chantiers, il yavait une camara<strong>de</strong>rie, une ententeformidable. Le midi, on mangeaittous ensemble. »Le bal <strong>de</strong> la salle <strong>de</strong>s fêtesÀ <strong>Montreuil</strong>, Algériens etFrançais partagent aussi lesmêmes loisirs : cinémas, bals,clubs sportifs. « J’avais 20 ans.J’allais au bal à la salle <strong>de</strong>s fêtes<strong>de</strong> la mairie. Il y avait toujours lesmêmes copains. Tous <strong>de</strong>s Français.J’avais même une copine françaiseque je raccompagnais tous lesjours. Il n’y avait pas <strong>de</strong> racisme.Ni dans les colonies <strong>de</strong> vacancesoù j’ai été moniteur pendant troisans, ni au club du Red Star où j’aijoué au handball au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong>sGrands-Pêchers », tient à préciserAmar Boukir.Les merguez <strong>de</strong> Saint-PaulLa mention « Français d’originemusulmane » était inscrite surleur carte d’i<strong>de</strong>ntité. Seule différenceavec celle d’un métropolitain.Même si la religion musulmaneétait presque absente <strong>de</strong>leur vie quotidienne. Aucun lieu<strong>de</strong> culte. Pas <strong>de</strong> nourriture hallal.Pas <strong>de</strong> célébrations religieuses.« On était jeunes et on ne priaitpas. Il n’y avait que les anciens quile faisaient. On respectait la religionparce qu’on était musulmans.Je ne mangeais pas <strong>de</strong> cochon. Je nebuvais pas trop d’alcool. Je faisaisle ramadan chaque année. Maisd’autres ne le faisaient pas. Parfois,on allait acheter <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> chezles juifs dans le quartier Saint-Paulà Paris. Leurs merguez étaientexcellentes », se souvient ElHocine Brahimi.Mais, déjà, la guerre plane. LesAlgériens <strong>de</strong> <strong>Montreuil</strong> vont <strong>de</strong>venir« les ennemis <strong>de</strong> l’intérieur ».À lire dans le prochain Tous<strong>Montreuil</strong>. • Patrice Noïa