- la prés<strong>en</strong>ce, le charisme- l’humour, l’imagination, la place au ludisme et à la créativité- l’implication- la passion et la transmission de celle-ci- l’explicitation de la finalité de l’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et le caractère concret de celui-ci- le développem<strong>en</strong>t de la curiosité et de l’autonomie face à l’appr<strong>en</strong>tissage- <strong>un</strong>e évaluation personnelle, formatrice et non sommative, <strong>un</strong> <strong><strong>en</strong>seignant</strong> guide et non <strong>un</strong> jugeCes critères sont bi<strong>en</strong> sûr subjectifs, et c’est avec sa personnalité propre que l’appr<strong>en</strong>ant perçoit cellede l’<strong><strong>en</strong>seignant</strong>. Une grande part d’affectif <strong>en</strong>tre <strong>en</strong> jeu. En ce qui me concerne, j’imagine que mes yeuxd’<strong>en</strong>fants auront déformé ma vision de certains professeurs, et que si je me suis s<strong>en</strong>tie blessée parquelques-<strong>un</strong>s d’<strong>en</strong>tre eux, <strong>un</strong>e certaine susceptibilité n’est pas à négliger… Quand Ludmilla a <strong>un</strong>e visionplutôt négative de sa scolarité et emploie <strong>des</strong> mots forts comme « gavage », on peut imaginer de son côté<strong>des</strong> difficultés extérieures au système d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, <strong>un</strong>e forme de rejet… Le malaise à l’oral est aussiinhér<strong>en</strong>t à la personnalité de l’appr<strong>en</strong>ant, et au sein d’<strong>un</strong>e même classe, suivie par le même <strong><strong>en</strong>seignant</strong>,les réactions seront toutes différ<strong>en</strong>tes d’<strong>un</strong> appr<strong>en</strong>ant à <strong>un</strong> autre. C’est là où la psychologie <strong>du</strong> professeur<strong>en</strong>tre <strong>en</strong> jeu, à lui de déceler les vrais timi<strong>des</strong> de ceux qui ne demand<strong>en</strong>t qu’à être sollicités, et derétablir l’équilibre (c’est ce que fait Armelle dans sa classe <strong>en</strong> faisant respecter les tours de parole dechac<strong>un</strong>). Un désir d’autorité ou de souplesse marqué peut aussi faire partie <strong>des</strong> représ<strong>en</strong>tations diversesde l’appr<strong>en</strong>tissage, ou d’habitu<strong>des</strong> familiales que l’on souhaite conserver ou fuir… De façon générale,apprécier l’humour de quelqu’<strong>un</strong> est quelque chose de complètem<strong>en</strong>t subjectif égalem<strong>en</strong>t. Tout commel’appréciation d’<strong>un</strong> timbre de voix, d’<strong>un</strong>e façon de parler, d’<strong>un</strong> regard… Il m’est déjà arrivé d’admirer<strong>des</strong> <strong><strong>en</strong>seignant</strong>s qui étai<strong>en</strong>t le cauchemar de certains de mes camara<strong>des</strong>…La liste serait trop longue de tous les facteurs subjectifs qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t interférer dans la vision <strong>des</strong>personnes interrogées sur leurs divers <strong><strong>en</strong>seignant</strong>s, et il est de toute façon évid<strong>en</strong>t que l’appréciation dela personnalité d’<strong>un</strong> indivi<strong>du</strong> est éminemm<strong>en</strong>t subjective. « Il ne s’agit pas de savoir si nous percevons leréel tel qu’il est, puisque précisém<strong>en</strong>t le réel est ce que nous percevons » (Lyotard, La phénoménologie).Quant à mes observations faîtes <strong>du</strong>rant ma période de stage, si j’ai fait de mon mieux pour rester le plusobjective possible, là <strong>en</strong>core <strong>un</strong>e part de subjectivité ne peut être niée.Je ne prét<strong>en</strong>ds donc établir auc<strong>un</strong>e vérité ni généralité d’après les informations que j’ai recueillies,mais simplem<strong>en</strong>t me servir <strong>des</strong> récurr<strong>en</strong>ces, <strong>des</strong> points comm<strong>un</strong>s relevés dans les propos <strong>des</strong> personnesinterrogées et mes propres observations, comme de pistes pour <strong>un</strong>e réflexion vers la préparation aumétier d’<strong><strong>en</strong>seignant</strong>…19
III. Malaise d’<strong><strong>en</strong>seignant</strong>s <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir(Recueil et analyse <strong>des</strong> propos de je<strong>un</strong>es <strong><strong>en</strong>seignant</strong>s français et britanniques)<strong>Etre</strong> <strong>un</strong> <strong><strong>en</strong>seignant</strong> <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir paraît bi<strong>en</strong> être <strong>un</strong>e situation délicate. Elle suppose <strong>un</strong>r<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> places : on était appr<strong>en</strong>ant, on devi<strong>en</strong>t <strong><strong>en</strong>seignant</strong>. La transition est plutôt brutalepour certains, parfois inexistante, et l’on se retrouve catapulté, <strong>en</strong> quelque sorte, <strong>du</strong> gradin à l’estrade.Dans cette troisième partie je propose tout d’abord de r<strong>en</strong>dre compte <strong>du</strong> malaise de certainsprofesseurs débutants ou <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>ir, à travers les propos recueillis par moi, d’Emilie (25 ans), professeur<strong>des</strong> écoles débutante <strong>en</strong> Seine-maritime, de Magali (27 ans), professeur d’espagnol débutante égalem<strong>en</strong>tdans <strong>un</strong> collège <strong>du</strong> Nord Pas de Calais, et d’Armelle (37 ans), professeur de français expérim<strong>en</strong>tée àl’école de San Blas, ainsi qu’à travers les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s d’<strong><strong>en</strong>seignant</strong>s débutants français et britanniques,analysés par R. Malet dans son livre L’id<strong>en</strong>tité <strong>en</strong> formation, Phénoménologie <strong>du</strong> dev<strong>en</strong>ir <strong><strong>en</strong>seignant</strong>.Suiv<strong>en</strong>t <strong>un</strong>e partie <strong>du</strong> questionnaire que j’ai soumis à Emilie, Magali et Armelle, ainsi que leursréponses (les questions 2, 5 et 6 n’apparaiss<strong>en</strong>t pas ici et seront traitées dans les points suivants) :Qu’est-ce qui a pu vous gêner dans vos débuts, étiez-vous timi<strong>des</strong>, impressionnés, ou pas <strong>du</strong> tout ? (1)En êtes-vous passé par <strong>un</strong>e remise <strong>en</strong> question difficile ? (3)Considérez-vous avoir été bi<strong>en</strong> ou mal formé, bi<strong>en</strong> ou mal informé sur votre futur métier quand vousétiez <strong>en</strong>core étudiant ou <strong>en</strong> formation ?(4)• Emilie :1-« Ce qui m'a gênée le plus au début c'est l'inconnu ( élèves, niveau de classe, rapport avec les par<strong>en</strong>ts...). Mais je n'étais ni timide ni impressionnée ».3- « Evidemm<strong>en</strong>t, après les premières prises de classe, c'est tellem<strong>en</strong>t fatiguant (car on gère mal sesdép<strong>en</strong>ses d'énergie au début) qu'on se dit que ce n'est pas pour nous, puis on pr<strong>en</strong>d ses marques et ontrouve son rythme de travail ».4-« La formation pour les professeurs <strong>des</strong> écoles est très insuffisante, on appr<strong>en</strong>d réellem<strong>en</strong>t sur le tas, etsouv<strong>en</strong>t dans les premières années de prise de poste on se retrouve <strong>en</strong> AIS , CLIS ou SEGPA qui sont <strong>des</strong>classes spécialisées ( Handicap m<strong>en</strong>tal , élèves autistes ......) pour lesquelles on n’a eu auc<strong>un</strong>e formation ».20