<strong>un</strong>e classe et pas dans la suivante, « la sauce ne pr<strong>en</strong>d pas ». Apparemm<strong>en</strong>t, cela peut être dû à la fatigued’Armelle, et à celle <strong>des</strong> élèves (cours plus tardifs de 19h à 21h).Elle donne beaucoup d’énergie <strong>du</strong>rant ses cours. Elle ramène souv<strong>en</strong>t quelque chose de sesséjours <strong>en</strong> France, à l’occasion <strong>des</strong> fêtes ou pour l’anniversaire <strong>des</strong> élèves. Elle est att<strong>en</strong>tive à chac<strong>un</strong>d’eux - ils sont <strong>un</strong>e quinzaine <strong>en</strong>viron par classe - et connaît les prénoms de chac<strong>un</strong> par cœur depuis lepremier jour (elle me confie qu’elle fait cela depuis <strong>des</strong> années, que cela « bluffe » les élèves et instaure<strong>un</strong> rapport de confiance plus rapidem<strong>en</strong>t). Les tours de parole lors <strong>des</strong> débats ou participations diversessont équitables. Elle fait beaucoup d’humour, semble connaître leurs personnalités et les taquine. Ilsréagiss<strong>en</strong>t avec le sourire. Elle les infantilise <strong>un</strong> peu, avec <strong>un</strong>e façon de parler très douce et <strong>en</strong>employant par mom<strong>en</strong>t la troisième personne <strong>du</strong> singulier pour s’adresser à l’<strong>un</strong> d’eux. Comme lesélèves ont <strong>des</strong> âges très variés (de 16 à 70 ans), cela paraît parfois étrange, mais je n’ai perçu auc<strong>un</strong>eréaction négative. Les élèves d’Armelle m’ont paru la plupart <strong>du</strong> temps <strong>en</strong>thousiastes, motivés, etappliqués dans leur travail…Lola est la directrice <strong>du</strong> départem<strong>en</strong>t de français, et l’<strong><strong>en</strong>seignant</strong>e la plus anci<strong>en</strong>ne de l’école.Elle pratique égalem<strong>en</strong>t l’humour avec ses élèves, avec lesquels on la s<strong>en</strong>t proche. Elle demande queceux-ci la tutoi<strong>en</strong>t même <strong>en</strong> français (<strong>en</strong> espagnol on se tutoie très facilem<strong>en</strong>t, à tous niveaux d’<strong>un</strong>ehiérarchie sociale), contrairem<strong>en</strong>t à Armelle qui p<strong>en</strong>se que ce serait leur donner de mauvaises habitu<strong>des</strong>langagières quant aux normes socioculturelles <strong>du</strong> pays dont ils appr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t la langue…Elle est moins énergique qu’Armelle et le rythme de ses cours est moins sout<strong>en</strong>u. Pour autantses élèves ne sembl<strong>en</strong>t pas s’éparpiller : le cours est structuré, même si on peut noter quelques mom<strong>en</strong>tsde flottem<strong>en</strong>t où elle cherche <strong>des</strong> docum<strong>en</strong>ts ou accessoires non préparés à l’avance…Elle aime fairefaire aux élèves <strong>des</strong> jeux pour appr<strong>en</strong>dre la langue (jeux de carte, de devinettes, quiz par équipes …).L’atmosphère de la classe est dét<strong>en</strong><strong>du</strong>e, chac<strong>un</strong> participe, le dialogue est ouvert. Lola a <strong>un</strong>e voixtrès douce, rassurante. Elle a l’air fatiguée et m’a confiée quelques problèmes personnels, mais son étatn’avait pas l’air de perturber la classe. On la s<strong>en</strong>t appréciée de ses élèves.Juan a <strong>un</strong>e approche différ<strong>en</strong>te de celle d’Armelle et de Lola, plus traditionnelle. Il a <strong>un</strong>eattitude plus scolaire, plus prescriptive et ses élèves sembl<strong>en</strong>t plus timi<strong>des</strong>. Dans l’<strong>en</strong>semble ilss’exprim<strong>en</strong>t moins bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> français que les élèves de Lola et d’Armelle, à <strong>un</strong> niveau de classe pourtantégal.S’ils ne trouv<strong>en</strong>t pas facilem<strong>en</strong>t les réponses att<strong>en</strong><strong>du</strong>es il a t<strong>en</strong>dance à leur donner sans lesaiguiller. Il ne leur propose quasim<strong>en</strong>t pas d’activités ludiques et laisse peu de place à l’oral. En retourles élèves ont l’air moins à l’aise que dans les classes d’Armelle et de Lola.11
D’<strong>un</strong>e manière générale, on peut s<strong>en</strong>tir Juan peu épanoui dans son travail. Il regarde souv<strong>en</strong>t samontre, et son cours n’a pas toujours l’air préparé : il cherche parfois au fur et à mesure de son coursquelles activités faire faire aux élèves, et p<strong>en</strong>dant ce temps leur donne <strong>des</strong> docum<strong>en</strong>ts à lire. Cela se faits<strong>en</strong>tir dans la classe. Les élèves sont <strong>un</strong> peu distraits, dissipés, et regard<strong>en</strong>t aussi leurs montres…Juan ne manque cep<strong>en</strong>dant pas d’humour. Il est <strong>un</strong> peu cynique et taquine égalem<strong>en</strong>t ses élèves,qui eux-mêmes le taquin<strong>en</strong>t. On s<strong>en</strong>t pourtant <strong>un</strong>e légère pointe d’acidité dans les réparties échangées,<strong>un</strong> regard critique de la part de l’<strong><strong>en</strong>seignant</strong> sur ses élèves et vice-versa…Celia est <strong>un</strong>e <strong><strong>en</strong>seignant</strong>e de français extérieure à l’école, elle est v<strong>en</strong>ue remplacer <strong>un</strong>e<strong><strong>en</strong>seignant</strong>e souffrante. Sa façon d’<strong>en</strong>seigner contraste énormém<strong>en</strong>t avec celle <strong>des</strong> trois <strong><strong>en</strong>seignant</strong>sprécédemm<strong>en</strong>t cités. D’abord, elle disp<strong>en</strong>se sa classe <strong>en</strong> majorité dans la langue maternelle <strong>des</strong>appr<strong>en</strong>ants. Elle parle très vite et les élèves sont souv<strong>en</strong>t obligés de lui demander de répéter. Elle n’avisiblem<strong>en</strong>t pas été informée <strong>du</strong> cont<strong>en</strong>u <strong>des</strong> leçons précédemm<strong>en</strong>t vues par les élèves et ceux-ci s’<strong>en</strong>plaign<strong>en</strong>t. Elle est brouillon. Elle saute d’<strong>un</strong> point à <strong>un</strong> autre, met <strong>en</strong> route <strong>des</strong> exercices audio sans lesexpliquer au préalable, est hésitante dans sa démarche… Elle parle beaucoup (toujours <strong>en</strong> espagnol,langue maternelle <strong>des</strong> appr<strong>en</strong>ants) de sujets sans rapport avec le cours… Les élèves se dissip<strong>en</strong>t, parl<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre eux, demand<strong>en</strong>t les consignes à leurs voisins. Elle continue d’agir de la même manière. Elle utiliseénormém<strong>en</strong>t de métalangage et les élèves (de première année) sont per<strong>du</strong>s. Ses explications sontimprovisées et peu claires. Elle ne note ri<strong>en</strong> au tableau. Elle parle <strong>des</strong> fois pour elle même, sans regarderles élèves et sans articuler… P<strong>en</strong>dant que les élèves lis<strong>en</strong>t <strong>un</strong> texte à tour de rôle à voix haute elle range<strong>des</strong> affaires dans <strong>un</strong> placard, ne semble pas les écouter att<strong>en</strong>tivem<strong>en</strong>t… On peut s<strong>en</strong>tir la conc<strong>en</strong>tration<strong>des</strong> élèves décroître au fil <strong>des</strong> minutes.12