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LIENS17 fin art P M Diop - Fastef - Université Cheikh Anta Diop

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La place de la compétence scripturale dans ladidactique des langues étrangères au SénégalPapa Mamour <strong>Diop</strong>Assistant FASTEF Université <strong>Cheikh</strong> <strong>Anta</strong> <strong>Diop</strong> de DakarRésuméLa présente étude, inscrite dans le cadre d’une rechercheaction,est une contribution à la réforme des curricula delangues étrangères en cours dans l’enseignement moyen etsecondaire au Sénégal. Elle fait un état des lieux de ladidactique de l’écrit à travers les représentations, conceptions,pratiques des enseignants et les productions d’apprenants. Ellepropose par la suite un dispositif didactique pour envisagerautrement et plus efficacement l’enseignement/apprentissagede l’écrit à travers une modélisation sociocognitive,pragmalinguistique et didactique de l’ordre du scriptural quitienne compte des récentes recherches en Linguistiquetextuelle, en Psychologie cognitive et en Didactique deslangues-cultures.Mots-clés: ordre du scriptural; didactique de l’écrit; séquencesdidactiques; processus d’écriture ; compétence scripturaleAbstractThe present study, registered within the framework of aresearch-action, is a contribution to the reform of the curriculaof foreign languages in the average and secondary education inSenegal. It makes a current situation of the didactics of writingthrough the representations, the conceptions and the practicesof the teachers and the productions of learners. It proposesafterward a didactic device (plan) to envisage differently andbetter the teaching/learning of writing through a modelingsociocognitive, pragmalinguistic and didactic of the order of thescriptural which takes into account recent researches in textualLinguistics, in cognitive Psychology and in Didactics of thelanguages and cultures.Keywords: order of the scriptural; didactics of writing; didacticsequences; process of writing; scriptural competence.INTRODUCTIONLa tradition scolaire présente l’écriture comme unesynthèse « magique » des autres enseignements,essentiellement des sous-systèmes de la langue:Liens 17 Décembre 2013 Page 143


orthographe, syntaxe, vocabulaire, conjugaison et onattend des élèves qu’ils sachent les intégrer à leurpropre compte pour réussir une telle habileté (IvesReuter, 1996).Como sabemos, el pretender conocer y explicar lacomplejidad del proceso de escritura ha dado origena diferentes modelos o teorías (Hayes y Flower,1980; De Beaugrande, 1984; Bereiter yScardamalia, 1987; Hayes, 1996; Grabe y Kaplan,1996; Candlin y Hyland, 1999 y Grupo Didactext,Universidad Complutense de Madrid, 2003, entreotros). Todas ellas destacan en mayor o menormedida alguno de los cambios de acercamiento alfenómeno de la producción de textos como son: laetnografía de la escritura (marco cultural ysocioinstitucional), los procesos cognitivos de laproducción de textos, las peculiaridades lingüísticas ytextuales correspondientes a cada género y elenfoque didáctico (Grupo Didactext 1 , 2005).1. Position du problèmeLes deux épigraphes ci-dessus mentionnés se démarquenttous d’une pratique instructionnelle de l’écriture fondéesur une conception de l’apprentissage linéaire, purementnormative et imitative. Bien au contraire, conformémentaux recherches en Sciences du langage, en Psychologiecognitive et en Didactique des langues-cultures, ilss’inscrivent dans la perspective d’une conceptiondéglobalisée (Dabène, 1991), pluridimensionnelle (Mas,1991) et processuelle de la production d’écrits.Aujourd’hui, l’on sait (et le Cadre Européen Commun deRéférence pour les Langues -CECRL, 2001- l’a montré àsuffisance à travers la perspective actionnelle) qu’une telleconceptualisation de l’écriture repose sur une approche1 Grupo Didactext est un groupe de recherche en Didactique deslangues-cultures et plus p<strong>art</strong>iculièrement en didactique de l’écrit. Il est<strong>fin</strong>ancé par la Communauté Autonome de Madrid et mène sesrecherches à l’Université Complutense de Madrid ; il est composé dedouze chercheurs de la dite Université.Liens 17 Décembre 2013 Page 144


curriculaire et intégrée puisque la production écrite seprésente comme l’activité terminale consacrantl’installation de la compétence linguistique etcommunicative. Dans cette optique, dans le cadre de larefondation des programmes de langues au Sénégal 1 , il aété institué une révision profonde de la didactique del’écrit eu égard à sa complexité, sa place transversaledans la qualité des enseignements/apprentissages desautres disciplines, l’ampleur et la diversité des lacunes desapprenants des lycées et collèges. 2 La problématique de ladidactique de la production écrite se situe dès lors aucœur de la réforme curriculaire en cours; des séminairesde formation et de recapacitation des enseignants ont étéinitiés dans ce sens et il convient, à présent, d’en fairel’évaluation en posant les questions suivantes: 1) quellesconceptions les professeurs ont-ils de la productiond’écrits ? 2) cette didactique de l’écriture est-elle orientéeproduit ou processus au Sénégal ? 3) les pratiquesenseignantes en matière d’enseignement/apprentissagede l’écriture concourent-elles à installer ou consolider lacompétence scripturale des apprenants ? Par conséquent,la présente étude se situe dans une perspective deremédiation-recyclage et poursuit les objectifs suivants:faire un état des lieux de la didactique de la productiond’écrits dans l’enseignement moyen et secondaire auSénégal, externaliser les conceptions, représentations etpratiques des enseignants en la matière, promouvoir unenouvelle vision du scriptural et vulgariser les fondementsthéoriques et méthodologiques d’un guide théorisé deconduites didactiques au gré des avancées en Linguistiquetextuelle, en Psychologie cognitive et en Didactique deslangues-cultures.1 A l’heure actuelle, seuls les programmes de français s’inscrivent dansune orientation curriculaire; les autres langues enseignées sont enphase de gestation et de construction active de leurs curricula pour leparachèvement desquels cette étude pourrait être une contribution.2 Au Sénégal, le débat sur la qualité des productions écrites desapprenants est une question de haute portée didactique et l’on imputeles performances lacunaires des élèves à l’école tantôt auxconceptualisations contradictoires des spécialistes, tantôt auxstratégies didactiques inefficaces des enseignants ou au faibleengagement psycho-cognitif des apprenants.Liens 17 Décembre 2013 Page 145


2. Etat des lieux de la didactique de l’écrit auSénégalLa méthodologique utilisée pour recueillir le corpus dedonnées sur l’enseignement/apprentissage de la« scription » 1 , dans le contexte scolaire spécifique duSénégal, repose sur une approche convergented’observations de situations pédagogiques,d’administration d’un questionnaire aux enseignants etd’analyse de documents pédagogiques, en l’occurrence,les programmes de langues étrangères, les guides, lesmanuels de classe et surtout les productionsd’apprenants.L’observation diachronique de situations 2 d’enseignementde l’écrit fait état d’un certain nombre dedysfonctionnements au regard des tendances émergentesde la didactique en la matière, présentant l’écrire commeun savoir-faire complexe englobant une composantelinguistique, une composante textuelle et une composantepragmatique (Miled, 1998). Ce constat résulte d’unenseignement de l’écrit inscrit dans la pédagogietraditionnelle et conçu comme une pratique <strong>art</strong>ificielleproposée dans un cadre scolaire formel. Les exemplessuivants illustrent bien cette situation :El director de la escuela llama a tu padre parahablarle de ti. Imaginar su conversación (BFEM,2012);¿Por qué es importante practicar un deporte?(BFEM, 2011);Comment on the following saying:“If you educate a boy, you educate a person.But if you educate a girl, you educate a nation”.(Baccalauréat, 2012).1 Terme emprunté à Dabène (1998).2 Situations pédagogiques observées au cours de notre parcours deprofesseur de langues, d’inspecteur de l’enseignement et de formateurde maîtres du primaire et de professeurs du secondaire en initial etcontinu.Liens 17 Décembre 2013 Page 146


En l’absence de situation de communication explicite,motivante et réelle, le produit abstrait et <strong>art</strong>ificiel qui endécoule est un texte décontextualisé et non socialisé. Celale rend inutile aux yeux des élèves qui lui confèrent nonune dimension communicationnelle mais plutôt unevocation purement docimologique et certificative,pragmatiquement et sémiotiquement mutilée dans lamesure où il n’est pas intégré dans un ensemble textuelqui lui donne cohésion et cohérence (Petitjean, 1989).Cette conception traditionnelle de l’écrit concède à sadidactique une place marginale 1 et réduit l’apprentissagescriptural à sa portion congrue d’activité terminaled’intégration et de synthèse des enseignements acquisdans les disciplines-outils à savoir la grammaire,l’orthographe, la conjugaison et le vocabulaire ; or,comme signale Miled (1998), les pratiques innovantes del’écrit attestent que les savoirs sur les normes et principesde fonctionnement de la langue ou même « les savoirsmanipulatoires localisés » développés, chez lesapprenants, ne sont pas toujours facilement ouimmédiatement réinvestis dans les pratiques scripturales.Ainsi, l’enseignement/apprentissage de l’écrit repose surla seule maîtrise des codes linguistique et sémantique.Consécutivement, les pratiques évaluativescorrespondantes sont fondées sur des critèresexclusivement formels et traduisent ce que Haltédénomme « un malentendu communicationnel » dû à undéphasage entre une consigne privilégiant un contenuthématique et une correction des productions plus ancréesur la forme.Cet état de fait nous amène à déduire que la didactiquede l’écrit au Sénégal s’oriente vers une perspectiveprescriptive et répétitive avec des procédures d’écriturecanoniques systématisées. Cependant cette activitémimétique d’un texte ou d’un auteur, à prédominance1 Aucune plage horaire ne lui est accordée de façon explicite dans lesemplois de temps des classes de langues étrangères des lycées etcollèges.Liens 17 Décembre 2013 Page 147


linguistique, est une gageure et risque d’enfermerl’apprenti-scripteur dans un « moule d’écriture » alors quel’acte de produire un texte est authentique et spontané,impliquant des « possibles scripturaux ». (Miled, 1998, p.20).L’analyse de l’état des lieux a aussi consisté à administrerun questionnaire à orientation didactique, élaboré selonles principes de l’échelle psychométrique de Rensis Likert,à des professeurs de langues étrangères 1 de notreéchantillon. Les dix questions qui le constituentpermettent de faire un tour d’horizon exhaustif de laproblématique de l’écriture: fréquence d’activitésd’écriture dans les classes, fréquence de l’évaluationscripturale, visée pédagogique et situation didactique duscriptural (stratégies d’enseignement/apprentissage),lacunes récurrentes des apprenants, besoins et pistes deremédiation des enseignants.Tout d’abord, l’analyse descriptive 2 des résultats issus duquestionnaire offre une distribution statistique desréponses autour des 10 questions qui le composent.Concernant la première question, « fréquence deproposition d’une activité de communication écrite enévaluation », 18 professeurs (33,9%) disent prévoirtoujours un essai dans leurs épreuves de languesétrangères et 26 (49,05%) affirment le faire souvent. Parailleurs, 40 (75,47%) des professeurs enquêtés assignentà l’essai la double fonction d’activité d’évaluation etd’objet d’enseignement/apprentissage. Cette dé<strong>fin</strong>ition,largement p<strong>art</strong>agée auprès des enseignants, se confirmeavec la visée pédagogique d’installation de la compétence1 Il s’agit de 53 professeurs de langues étrangères en service dans lesInspections d’Education et de Formation (IEF) de Thiès-Ville et Thiès-Dép<strong>art</strong>ement, rattachées à l’Académie de Thiès, rép<strong>art</strong>is comme suit :l’anglais (31 professeurs), l’espagnol (11 professeurs), le portugais (3professeurs), l’allemand (5 professeurs) et l’arabe (3 professeurs).2 La démarche utilisée est essentiellement descriptive, par conséquentsans intention d’inférer les causes, raisons et conséquences quieffleurent dans l’analyse.Liens 17 Décembre 2013 Page 148


de production textuelle dont l’item reçoit une valeur defréquence de 34 (64,15%).Nonobstant, cette conception, en phase avec lesnouveaux paradigmes de didactique de l’écrit, semblequelque peu atténuée par les sujets impliqués dans larecherche qui présentent une conceptualisationpropositionnelle, linéaire et logique de l’acte d’écrituresoumis à des règles strictes en le considérant comme « unsimple moyen de vérifier la maîtrise des outilslinguistiques » relevant de la grammaire, de laconjugaison, de l’orthographe ou du vocabulaire. A ceniveau, il est révélateur de noter la congruence entre laconception sur la production d’écrits et la visée didactiquequi lui est assignée.Cependant, il faut signaler que les stratégiesd’enseignement/apprentissage de l’écriture ne corroborentpas cette vision parce que l’item « présentation d’unprojet d’écriture » avec des phases de « préécriture, essaiet remédiation » se voit affecté d’une valeur de fréquenceminimale de 11 (20,75%). Cette tendance est étayée parles stratégies didactiques privilégiées par la populationcibleà savoir la proposition de petits exercices deréflexion et d’écriture (54,71% des professeurs), la liaisonlecture-écriture (28,30%), l’augmentation des travauxd’écriture (24,52%) ou encore la présentation de modèleset patrons à imiter (22,64%) qui s’arrogent des valeurs defréquence prédominante.Un autre contraste est à relever : parmi les professeurs,48 (90,56%) enseignent l’écriture alors que, selon cesderniers, la majorité des apprenants produisent des texteslacunaires ; pour 37 (68,18%) d’entre eux, lesinsuffisances les plus régulières portent sur lesdéfaillances linguistiques (68,03%), la mobilisationdéfectueuse des connecteurs et mots de liaison (37,73%),l’absence d’imagination et d’inspiration (28,30%) et laproduction de textes incohérents et non cohésifs(28,30%). Aussi, ces résultats mitigés amènent-ils àcroire, qu’au-delà de la régularité de l’enseignement deLiens 17 Décembre 2013 Page 149


l’écrit, le contexte didactique de cette activité s’avéreraitlaborieuse et inefficace.En conséquence, la qualité des interventions s’en trouveobérée au point que la nécessité de renforcer les capacitésdes enseignants est devenue impérieuse. Ce besoinprofessionnel et pédagogique est affirmé avec instancepar 50 (64,33%) des professeurs enquêtés dans l’espacediscursif accordé à la question 9, contre seulement 2réponses négatives (3,77%) et une réponse neutreexprimée à travers une indétermination ou une expressionambivalente « ni oui ni non ».En<strong>fin</strong> il convient de préciser que, dans une perspective derecherche-action et de formation continue, l’expressiondes besoins de renforcement-consolidation en didactiquede l’écrit s’oriente prioritairement vers l’item« instruments linguistiques indispensables à la productiond’écrits » doté d’une fréquence maximale 28 (52,83%), laplanification de l’acte (processus) d’écriture en séquencesdidactiques, la conduite d’une unité didactique sur letravail de l’écrit, la typologie et l’identification descaractéristiques des textes à produire ou encore unemodélisation de l’évaluation en didactique des textesécrits qui oscillent entre des valeurs de fréquencerespectives de 25 (47,16%), 18 (33,96%), 13 (24,52%)et 10 (18,86%).Cette analyse permet d’inférer deux constats : lasurvivance, chez les professeurs, de reliques deconception traditionnelle et restrictive de l’écriture à sasimple expression et correction linguistiques-formelles etle décalage perceptible entre les conceptualisationsthéoriques et la mise en œuvre opératoire et pratique.De même, dans la troisième étape de l’étude empirique,notre attention s’est cristallisée, sur les productionsécrites d’apprenants 1 , autour de l’indice d’occurrence des1 La troisième phase de l’étude empirique consiste à analyser les essais(textes écrits) produits par des élèves d’espagnol du premier cycle ducollège Sainte Ursule de l’enseignement privé catholique 1 . Le choixLiens 17 Décembre 2013 Page 150


catégories thématiques suivantes: a) niveau linguistiquelacunaire; b) absence d’imagination et d’inspiration; c)juxtaposition pêle-mêle de phrases (textes-listes outextes-tas); d) mobilisation défectueuse des connecteurset mots de liaison; e) traduction littérale d’un textepréalablement rédigé en français; f) texte incohérent etnon cohésif ; g) non maîtrise des caractéristiques du texteà produire; h) non prise en compte du contexte d’écriture;9) travail de cadrage, farfouillage et tamisage(compréhension du sujet et recherche des idées)inefficaces. Ainsi 18 essais d’élèves choisis au hasard etportant les codes E1, E2 jusqu’à E18 ont été analysés enfonction de la catégorisation thématique susmentionnée etl’interprétation des résultats contrastée avec les réponsesdes professeurs au sujet des erreurs les plus récurrentesrelevées des productions des apprenants.Cependant, il faut signaler que la catégorie thématique« niveau linguistique lacunaire » s’émiette en cinq souscatégoriesen fonction des types de maladresses formellesles plus fréquents : erreur grammaticale, erreurorthographique, erreur lexicale, erreur phonologique,erreur sémantique. L’analyse de ce dispositif de rechercheà p<strong>art</strong>ir des copies d’élèves a permis de corroborer lespropositions évaluatives des enseignants au sujet de lapertinence de leurs productions: les défaillanceslinguistiques sont réelles et affectent toutes les souscatégoriesprécitées 1 . Par contre, le niveau d’imaginationporté sur cet établissement n’est pas du tout fortuit: la réputationcommunément p<strong>art</strong>agée du bon niveau des élèves et la soi-disantqualité des enseignements/apprentissages à forte prédominancelinguistique constituent les raisons qui ont présidé au choix de cetétablissement comme champ d’expérimentation.1 Conformément à la catégorisation établie, les erreurs sont d’ordregrammatical (exemple: cada años ; perden ; malo factor ; imitan loscompañeros ; fumar es no bueno ; no me parece bueno de fumar ; noes buen fumar; tengo a aconsejar; bueno educación; es necesario queno fumar; no aceptan que los niños fuman; ellos que compran (en vezde los que compran); d’ordre orthographique (dilinquencia;provoqua; personnas, necessario; consequencias, substancia;corrazon; phenomeno; desarollo; d’ordre lexical sous forme deLiens 17 Décembre 2013 Page 151


et d’inspiration est satisfaisante au regard de lamultiplicité d’arguments proposés, de causes mentionnées(crise d’originalité juvénile, désir de faire de l’épate,imitation des grandes personnes etc.) et conséquencespossibles (soucis sanitaires, désagréments causés aux nonfumeurs, pollution environnementale, pauvreté…) pourdissuader le lecteur, potentiel fumeur.Par conséquent, les textes produits sont de typeargumentatif et à orientation analytique même s’il fautsignaler la totale absence d’<strong>art</strong>iculateurs exprimant lacontinuité logique (primero, luego, además, por unap<strong>art</strong>e, por un lado, por otra p<strong>art</strong>e, por otro lado etc.) ou ladivergence logique (sin embargo, no obstante, en cambio,pero …). En guise d’exemple, analysons le texte (E10)suivant, reproduit sans aucune altération du contenu et dela forme:Para mí, fumar es no bueno, no por un chico,una chica, por una gran persona.Ello parece que se transforma nos “coeurs”.Tú prefieres que te regales una cajetilla detabaco.Cigarillo es una plantada que destrucción.Cigarillo es no bueno para nuestro organisma.Cigarillo es un poison que destructura.barbarismes ( développement; poison; propose, usines, arrêter) ou deconfusions lexicales (satisfecho pour satisfactorio; las grandespersonas pour los mayores; de nuestras días pour hoy (en) día;adelencia pour adolescencia; carazon pour corazón organisma pourorganismo; malarios pour enfermedades; discutar pour discutir;entrende pour acarrea; pulmonares pour pulmones etc); d’ordresémantique ( llega/ocasiona o acarrea; infectos/infecciones; cierto(muchos fuman ciertos los jóvenes) pour sobre todo; porqué/porqueetc.) d’ordre phonologique (razón por la quel; pelegroso; provoqua;p<strong>art</strong>iculiarmente; educator; contribue; dimunicion; consequencias). Cetéchantillon n’est pas exhaustif mais il reflète les erreurs linguistiquesles plus significatives relevées des productions écrites des apprenants.Liens 17 Décembre 2013 Page 152


Outre des insuffisances linguistiques notoires, nousconstatons que le corps de texte est constitué de cinqphrases juxtaposées, sans aucune connexité logique entreelles. Ce dysfonctionnement propre au manque decohérence et cohésion du texte est cependant récurrentdans les productions écrites, y compris dans cellesrédigées avec un niveau linguistique satisfaisant,comparées au seuil de performance du groupe-classe :Según yo, no me parece bueno fumar porquepersonas que fuman no tienen respeto a losmayores.Cigarillo tiene efectos negativos para la salud.Su abuso es peligroso.Hay también el cáncer de los pulmones quellega la muerte. Vemos que ellos que compranmás y más cigarrillos no ganan mucho dinero.A modo de conclusión podemos decir que fumares una mala cosa.E17 présente un meilleur niveau linguistique et uncontenu mieux structuré mais le corps du texte comporteles mêmes défaillances antérieurement observées.Manifestement, ces deux textes posent la nécessité depasser d’une grammaire normative et structurale à unegrammaire du texte parce que celui-ci, en tant quesituation de communication-interaction langagière, n’estpas une suite de mots, phrases, propositions ou actesd’énonciation mais « un produit connexe, cohésif etcohérent » (Adam, 1998, p. 25). En revanche, l’on note,dans la quasi totalité des productions, une forteoccurrence de mots de liaison conclusifs (para concluir,para terminar, a modo de conclusión) ou assertifs (paramí, yo digo que, yo pienso que, en mi opinión, según yo,me parece, no me parece).En dé<strong>fin</strong>itive, de l’observation-analyse des copiesd’apprenants, on peut induire des pratiquesinstructionnelles explicites et assez efficaces concernant lasegmentation (disposition typographique en blocs), lasuperstructure et le contenu du texte argumentatif ; elleLiens 17 Décembre 2013 Page 153


permet, par la même occasion, de déceler les principaleslacunes des productions écrites d’élèves qu’un travailrégulier des connaissances (méta)scripturales,(méta)cognitives et pragmalinguistiques peut concourir àbonifier en posant la question des contraintes textuelles etdiscursives.De toute évidence, le croisement de données issues destrois phases de l’étude de terrain permet d’insérer ladidactique de l’écrit, dans les lycées et collèges auSénégal, dans une posture issue de rhétoriquetraditionnelle. Il est donc nécessaire de contribuer aurenouvellement de l’enseignement/apprentissage del’écrire en tant que savoir-faire complexe suscitant desopérations et compétences langagières intégrées autourde la combinaison de trois approches complémentairesdans la production-réception des textes écrits : lacompétence discursive des sujets, leur compétencetextuelle générale et leur compétence textuelle spécifiquerelative à la maîtrise de la typologie des textes.3. Pour une rénovation de l’enseignement/apprentissage de l’écrit au SénégalNos propositions de rénovation portent sur les deuxniveaux de l’itinéraire de pensée et d’action suivi,conduisant à la construction d’un dispositif didactique : leniveau de conceptualisation théorique et conceptuel et leniveau méthodologique préparant son application etutilisation effective. A l’instar de l’itinéraire de pensée etd’action proposée par Guillén Diaz (2007), en tant querésultat, notre dispositif se présente comme :- un ensemble intellectuel avec des fondements etconstruits théoriques provenant de la rechercheinterdisciplinaire ;- un ensemble méthodologique comportant les opérations,démarche et procédures pour la réalisation de sonapplication pratique.Liens 17 Décembre 2013 Page 154


3.1. Cadre théorique et conceptuel3.1.1. Fondements épistémologiques de l’ordre duscripturalL’expression « ordre du scriptural » a été forgée parDabène (1991) pour souligner :qu’il ne s’agit pas d’un code ni seulement d’un canal,mais d’un espace de réalisation langagière à p<strong>art</strong>irdes spécificités de laquelle on peut tenter de dé<strong>fin</strong>irun modèle didactique de compétences quipermettent à l’apprenant de maîtriser les savoirs,savoir-faire et représentations nécessaires àl’exercice de cette activité langagière p<strong>art</strong>iculière(Dabène, 1991, p. 10).Une telle dé<strong>fin</strong>ition, relevant d’une apagogie, fait échoauprès de la quasi totalité des spécialistes (Adam, 1998;Bronck<strong>art</strong>, 2008, 2010) ; Cassany, 1995, 2004; Dabène,1991, 1998) ; Diarra, 2009; Didactext, 2005, 2008; Dolzet Schneuwly 2001 ; Ménard, 1995; Miled (1998; ProjetAPILE 1 , 2009 ; Rastier, 2001; Reuter, 1996) ; elle reposesur une conception du savoir écrire en tant que pratiquesociale, extra-académique donc activité socioculturellecomplexe ; elle est fondée sur une perspective(socio)constructiviste, requérant l’activation et ledéveloppement de processus métacognitifs et lacentration sur l’apprenant comme sujet d’apprentissage.La <strong>fin</strong>alité de cette nouvelle conception del’enseignement/apprentissage de l’écrit est de permettre,1 Le projet APILE (Aprendizaje Inicial de la Lengua Escrita, en françaisApprentissage Initial de la Langue Ecrite) est un projet de recherche<strong>fin</strong>ancé par le Ministère de L’Education et de la Science d’Espagne(SE2006-05292). C’est une équipe de vingt-et-un chercheurs enDidactique des Langues rép<strong>art</strong>is dans 10 Universités dont lacoordonnatrice est Liliane Tolchinsky (Université de Barcelone). Cegroupe de recherche étudie et caractérise les types de pratiques misesen œuvre par les enseignants, pour ce qui concerne l’enseignementprécoce de la lecture et de l’écriture. Il les classe en trois types ; typeinstructionnel, type multidimensionnel et type situationnel.Liens 17 Décembre 2013 Page 155


à terme, l’installation de la compétence scripturale qui,selon Dabène (1998) :se construit sur une composante essentiellementtextuelle. Mais cette composante textuelle estindissociable des autres éléments constitutifs de lacompétence scripturale, notamment les composantessémiotiques, sociologiques et pragmatiques dont lamise en place est le résultat d’une véritableacculturation progressive qui mène l’êtrecommuniquant du stade de l’oralité au stade de lascripturalité et qui, toujours par hypothèse, luipermet d’acquérir la maîtrise des processusrédactionnels. (Dabène, 1998, p. 14).L’émergence de l’ordre du scriptural se situe à la croiséedes propositions de la Didactique et de ses disciplinescontributoires. La conceptualisation de la didactique destextes sous-jacente est en rapport avec la théorie del’interactionnisme sociodiscursif théorisé par Bronck<strong>art</strong>(2008, 2010), inscrit dans le paradigme historico-socialaxé sur une approche praxéologique et empirique dulangage.Le substrat commun à toutes ces théories renferme unenouvelle conception des textes que Bronck<strong>art</strong> (2008)conçoit comme des « produits de la mise en œuvre demécanismes structurants, divers, hétérogènes et souventfacultatifs, qui se décomposent en opérations elles-mêmesdiverses, facultatives et/ou en concurrence » (Bronck<strong>art</strong>,2008, p. 28). Ainsi toute production de texte implique dèslors des choix relatifs à la sélection et à la combinaison deces mécanismes structurants, des opérations cognitives etleurs modalités linguistiques de réalisation.Au Sénégal, face à l’insécurité scripturale perceptible àtravers les discours contradictoires sur l’écrit, auxpratiques laborieuses des enseignants et aux productionslacunaires des apprenants (Diarra, 2009), la réformecurriculaire en cours s’oriente résolument vers unenseignement de l’écriture comme un processus et uneLiens 17 Décembre 2013 Page 156


construction, reposant sur un projet et une progression enspirale. Cette dynamique processuelle prend le contrepiedde l’approche produit et d’une mécanique del’écriture rationnelle et spontanée ; pour Dolz etSchneuwly (2001), elle s’éc<strong>art</strong>e d’une approche« naturaliste » selon laquelle il suffit de « faire » pourprovoquer l’émergence d’une capacité nouvelle, évite une« approche impressionniste par petites touches, s’inscritdans une perspective constructiviste, interactionniste etsociale qui suppose la mise en place d’activitésintentionnelles, structurées et intensives qui doivents’adapter aux besoins p<strong>art</strong>iculiers des groupesd’apprenants » (Dolz et Schneuwly, 2001, p. 11).En<strong>fin</strong> la didactique de l’ordre du scriptural ci-dessusthéorisée est consubstantielle à une approche modulaire,systémique et différenciée dont les contradictions avec laconception de l’écrit dans la pédagogie traditionnelle sontprésentées dans le Tableau 1 ci-après.Liens 17 Décembre 2013 Page 157


APPROCHE AXEE SUR LE PRODUIT L’écriture est un produit àévaluer L’écriture sert plus àl’enseignementqu’àl’apprentissageL’écriture se travaille de lap<strong>art</strong>ie au tout Il n’existe qu’un seulprocessus uniforme del’écriture qui sert à tous et àtout Le processus est linéaire :planification, écriture,révision Le rythme d’écriture estordonné et régulier parce queconscientAPPROCHE AXEE SUR LEPROCESSUS L’écriture est un processus àexpérimenter L’écriture est d’abord activitéqui s’apprend L’écriture se travaille de lap<strong>art</strong>ie au tout et du tout à lap<strong>art</strong>ie Il y a différents processus del’écriture qui varient selon latâche, l’intention, les modesd’expression, les types delecteurs et de scripteurs Le processus est récursif, allantd’une activité à l’autre ; il y aretour continuel sur l’étapeantérieure Le rythme d’écriture estirrégulier, inégal parfois erratiqueet plus lent lorsqu’il sert àl’apprentissage L’écriture est une coécriture etune activité de sociocognition L’écriture est une activitésolitaire et silencieuseTableau 1 : Approche-produit et approche-processus del’écriture: contradictions structurelles. Adapté de Ménard(1995).3.1.2. Quelques repères théoriques et pratiques sur ladidactique de l’écritDe l’analyse menée jusqu’ici, l’on peut inférer quel’écriture ne s’apprend pas de façon mécanique etspontanée. Il convient dès lors de la transformer encontenu et objet d’enseignement/apprentissage parce quel’apprentissage de la composition écrite n’est ni unique, niuniforme, automatique ou homogène pour n’importe queltype de texte. Ainsi, pour intégrer correctement les soussystèmesde la langue (phonique, morphosyntaxique,lexical, sémantique) dans la production de textes, il estnécessaire de réfléchir sur un certain nombre de principesLiens 17 Décembre 2013 Page 158


qui conforment l’appareillage didactique etméthodologique sur lequel se construisent les pratiquesenseignantes multidimensionnelles et situationnellesportant sur la didactique de l’écriture.Miled (1998) précise que dans la mise en œuvre dudispositif didactique correspondant, l’enseignant estappelé à sélectionner les ressources (textes-supports,aides à la recherche des idées), des modalités de travailou démarches (travail individuel, travail collectif, modesd’insertion des exemples et du métalangage), un type deprogression continue et récursive dans les activités etexercices proposés et des moments d’évaluation formativeet sommative.En outre, concernant les phases du dispositif didactiquede l’écrit, les spécialistes proposent des étapes autour destrois opérations canoniques du processus rédactionnel ; àsavoir : planification, mise en texte et révision ; ce qui, dureste, est conforme au modèle du CECRL (2001) quidistingue quatre étapes : planification, exécution,évaluation et réparation. Une telle modélisation estassimilable à la conceptualisation développée parBronck<strong>art</strong> (2008, 2010) qui parle d’architecture textuellecomprenant trois sous-systèmes emboîtés les uns dansles autres qu’il dénomme l’infrastructure, la textualisationet la prise en charge énonciative.Dans le modèle proposé par le didacticien genevois deslangues, l’infrastructure se réfère à deux composantesintrinsèques de la production de textes écrits:l’organisation thématique et l’organisation discursive. Lathéorisation de l’organisation thématique de Bronck<strong>art</strong>(2010) s’inspire de la sémantique textuelle de Rastier(2001) comportant les unités sémantiques ou thèmesconvoqués dans un texte et « déployés en réseauxd’isotopie sémique et la planification ou dispositioneffective de ces éléments sémiques dans la linéarité dutexte » (Bronck<strong>art</strong>, 2010, p. 30). Sa description del’organisation discursive est consubstantielle à la maîtrisede la notion de genre de textes propre aux modesLiens 17 Décembre 2013 Page 159


d’énonciation choisis en relation à l’ordre du raconter, dudécrire, de l’argumenter, etc. Les mécanismes detextualisation impliquent toutes les opérationscomprenant les mécanismes de connexion (marqueurs dela progression thématique), les organisateurs textuels(transitions minimales de mots ou de phrases-idées outransitions développées de paragraphes ou p<strong>art</strong>ies) et lesmécanismes de cohésion nominale servant à introduiredes thèmes, des idées ou des personnages ou à assurerleur reprise ou leur relais dans la suite et la trame globaledu texte. La prise en charge énonciative fait référence,quant à elle, à la distribution des voix, l’instancediscursive communément appelée modalisation.En<strong>fin</strong>, il nous semble important de mettre en exergue lesdimensions conceptuelle et linguistique constitutives del’acte d’écriture (Camps et al, 2004 ; Cassany, 2004 ;M<strong>art</strong>ín Vegas, 2009) que nous élaborons dans leTableau2.PARTIE CONCEPTUELLE PARTIE LINGUISTIQUEAvoir des idéesChercher des mots-clés (thèmes et sousthèmesde textes)Sélectionner les idées Faire des phrases et les mettre en relation(syntaxe, connecteurs discursifs)Développer les idées Elaborer des paragraphes (chaque mot clécorrespond à un paragraphe)Organiser les idées Créer un texte cohérent (avec unestructure thématique et unesuperstructure :introduction,développement, conclusion avec unlexique et un style linguistique cohérent)Tableau 2 : Phases du processus d’écriture3.2. Approche méthodologique et pratique : ladémarche « séquence didactique »Il s’agit, ici, d’adapter la démarche « séquencedidactique » (Dolz et Schneuwly, 2001) testée avecsuccès en contexte scolaire genevois concernantl’enseignement/apprentissage du français. Ces deuxauteurs dé<strong>fin</strong>issent la séquence didactique comme « unensemble d’activités scolaires organisées de manièreLiens 17 Décembre 2013 Page 160


systématique autour d’un genre de texte oral ou écrit »(p. 4). Dans le même ordre d’idées, Dolz, Rosat etSchneuwly (1996) conçoivent la séquence telle une« série <strong>art</strong>iculée d’exercices collectifs et individuelsd’observation, de manipulation et de production de textes.Elle suppose la délimitation des objectifs d’apprentissagelimités et une <strong>art</strong>iculation des éléments enseignés ».La démarche méthodologique préconisée privilégie unedidactique de l’écrit selon une approche par les séquenceset une progression en spirale. Elle s’intègre, par ailleurs,dans un projet cyclique, modulaire, différencié et récursif,englobant les opérations canoniques de gestation,planification, textualisation et révision ainsi que lesactions et activités langagières 1 impliquées tel qu’ilapparaît dans le schéma suivant illustré dans la Figure 1.1 Dans ses travaux, Bronck<strong>art</strong> (2010) établit la distinction nette entreaction langagière et activité langagière. L’interactionnismesociodiscursif dont il est le principal théoricien, à coté de Rastier(2001), met en œuvre un agir langagier qui, saisi au plan collectif desproductions de groupe (dimension socioconstructiviste) est qualifiéd’activité langagière alors que lorsqu’il est saisi au plan des productionsd’un individu (dimension constructiviste), on parle d’action langagière.Liens 17 Décembre 2013 Page 161


1)Conception duprojet d’écriture8) Stabilisation etcapitalisation de laproduction <strong>fin</strong>ale7) Evaluationformative dudeuxième jetRemédiation2) Mise ensituationcontextualisation4) Productioninitiale ou rédactiondu premier jet6) Elaboration/rédaction dudeuxième jet(réécriture)3) Planificationde la mise entexte :mobilisation desinstrumentslinguistiques5) Evaluationformative dupremier jetRemédiationFigure 1: Schéma de la séquence didactique de l’acte (processus)d’écritureComment mettre en œuvre concrètement ce modèledidactique ?La première étape de notre modélisation didactiqueintitulée « conception du projet d’écriture » insèrel’écriture dans une perspective fonctionnelle et sociale etnon plus <strong>art</strong>ificielle; elle fait l’objet d’une « négociation »avec les apprenants pour susciter en eux l’envie etl’intérêt d’écrire en rapport avec le vécu. Ex: Su institutocelebra el día mundial contra el tabaco; aprovechas laocasión para discutir con tu amigo Salif para convencerleque deje de fumar. Reproduce el diálogo.La mise en situation ou contextualisation confère àl’écriture sa dimension communicationnelle. Elle précise lecontexte d’écriture ou cadre physique ou matériel del’action (émetteur, récepteur, intention de communication,lieu social de production, adéquation au projet d’écriture,rapport hiérarchique ou symétrique avec le destinataire) àtravers les questions suivantes : qui écrit ? A qui écrit-il ?Pourquoi lui-écrit-il ? Que lui communique-t-il ? Par quelsmoyens ? (canal de communication) Quels obstacles ouLiens 17 Décembre 2013 Page 162


locages doit-il surmonter (normes de courtoisie, marquessocio-culturelles, registres de langue etc.) ? Cette phasedu processus prépare aussi le contenu du texte à produireavec l’élaboration d’une fiche de critères de réussite ouaide-mémoire servant de carnet de bord et de feuille deroute aux apprenants en fonction du type de texteconcerné. Par exemple, pour le sujet de productiond’écrits proposé aux élèves impliqués dans notre étude :¿Es bueno fumar? ¿Por qué?, le professeur peut aider sesélèves à construire la fiche suivante à p<strong>art</strong>ir descaractéristiques du texte argumentatif.• J’ai bien identifié l’intention de communication : persuader,convaincre.• J’ai bien identifié le destinataire : un ami (lien de familiarité,tutoiement).• J’ai présenté des arguments convaincants et dissuasifs : coûtélevé de la cigarette, paupérisation des fumeurs, dangers surle plan sanitaire, environnemental, etc.• J’ai employé des mots de liaison pour exprimer la successiondes arguments.• J’ai utilisé des mots pour exprimer les liens de continuitélogique et de divergence logique : primero, luego, por otrap<strong>art</strong>e, en cambio, sin embargo, no obstante…• J’ai construit des subordonnées de cause et de conséquence.• J’ai employé le présent de l’indicatif à valeur d’explication ou lefutur proche pour rendre compte des conséquences de latoxicomanie• J’ai réalisé une disposition typographique en trois blocs :introduction, développement et conclusion• J’ai employé les signes de ponctuation suivants : le point, lavirgule, le point virgule, le point d’exclamation.• J’ai évité les erreurs de syntaxe et d’orthographe.• J’ai évité les ratures, surcharges et autres gribouillis.Consécutivement, la première production est le point dedép<strong>art</strong> de l’activité scripturale proprement dite. Elle peutse réaliser de façon individuelle et/ou collective enfonction de la fiche de critères de réussite.Postérieurement, les évaluations formatives permettentde repérer les difficultés des apprenants dans le premierjet d’écriture et de proposer des remédiationsindividuelles, collectives et différenciées. Par exemple, lesproblèmes identifiés peuvent porter sur : a) l’élucidationLiens 17 Décembre 2013 Page 163


du cadre énonciatif ou situation de communication, b) lasélection des contenus thématiques et linguistiques dutexte (planification du texte), c) la mise en texte(intégration de tous ces éléments de contenu en un toutcohérent et cohésif), d) la présentation des faits,arguments ou exemples, e) l’emploi des marqueurstextuels etc.Ce travail de réécriture repose sur quatre typesd’activités:1) Activités d’observation-analyse de textes : lire untexte et faire ressortir la situation decommunication ; relever les arguments et contreargumentsdans un texte ; identifier lesorganisateurs textuels, les liens logiques exprimés,la typographie du texte etc.2) Activités d’analyse critique et d’évaluation detextes-modèles ou de productions intermédiairesd’élèves, réalisées en groupes : confrontation desproductions à la fiche de critères ; comparaison desproductions des apprenants ou des premiersbrouillons en favorisant l’autoévaluation etl’interévaluation ou co-évaluation et le feed-backformatif des pairs.3) Activités simplifiées de production : introduire lemot de liaison idoine ; restructurer un texte endésordre ; rétablir le fil conducteur d’un texte ;introduire un argument ; rétablir la dispositiontypographique d’un texte ; favoriser le freewriting1 , insérer une p<strong>art</strong>ie manquante dans untexte.4) Activités terminales de capitalisation des acquis :révision orthographique de la production <strong>fin</strong>ale ;stabilisation des caractéristiques du type de texteconcerné et des difficultés inhérentes à sonitinéraire de production ; aide-mémoire sur lesdysfonctionnements les plus récurrents à éviter enfonction du type de texte ; construction d’un1 Le free-writing consiste à écrire, au minimum cinq à dix minutes, toutce qui nous vient à l’esprit, sans se préoccuper du fond ou de la forme.C’est une écriture pour soi (Ménard, 1995, p. 269).Liens 17 Décembre 2013 Page 164


vocabulaire technique commun relatif au genre detexte impliqué ; vulgarisation des meilleuresproductions par affichage mural en classe,publication dans le journal de la classe, du collègeou lycée.ConclusionDans cette étude, au regard de l’organisation et l’analysedes réponses des enseignants et des productionsd’apprenants, nous avons montré que les conceptions etpratiques des professeurs des collèges et lycées endidactique de l’écrit reposent sur la mise en œuvred’activités instructionnelles explicites et une forteprédominance de l’apprentissage orienté produit. Cetteinsécurité scripturale découlerait d’une conceptiontraditionnelle, mécanique et linéaire de l’écriture,occultant sa dimension praxéologique et l’environnementdidactique qui la sous-tend, eu égard à sa fonctionproductive, son rôle d’encodage d’informations, de modelangagier actif et de symbolisation de second niveau en cequ’elle oblige à interpréter la signification d’unereprésentation. Dans cette optique, nous avons aussimontré la nécessité et l’importance de concevoir l’écriturecomme une tâche et une habileté complexes, unprocessus constructif, linguistico-communicatif, itératif,stratégique et socio-collaboratif requérant unenseignement/apprentissage systématique, explicite et<strong>fin</strong>alisé dans nos classes. Pour ce faire, il appert que lerenforcement des capacités des enseignants en didactiquede la production écrite est la condition sine qua non pourdévelopper la compétence scripturale des apprenants,entendue comme un ensemble de savoirs, savoir-faire etdes représentations concernant la spécificité de l’ordre duscriptural et permettant l’exercice d’une activitélangagière (extra) ordinaire. Dans cette perspective, ladémarche « Séquence didactique » fait découvrir un largeéventail d’opérations langagières et textuelles, la diversitéde systèmes d’activités et l’entrée par les genresdiscursifs en tant que constructions dynamiquesconstituant elles-mêmes des systèmes d’activité verbaleLiens 17 Décembre 2013 Page 165


et/ou textuelle. Toutefois, l’on ne saurait se contenterd’un guidage théorisé d’une didactique pluridimensionnelleet fonctionnelle de l’écriture: il convient, en situation declasse, d’en faire l’application pratique pour en mesurerl’impact. En<strong>fin</strong>, un autre chantier didactique porterait surl’étude des facteurs extrinsèques à la textualité, enl’occurrence les contraintes du social, les contraintes desopérations psycho-cognitives et les contraintesproprement linguistiques qui font obstacle à la dynamiquede production écrite des apprenants.BibliographieAdam, Jean-Michel (1998). Linguistique textuelle : typologie(s) et séquentialité. In Jean- Louis Chiss, Jean-Paul Laurent,Jean-Claude Meyer, Hélène Romian et Bernard Schneuwly (dir.),Apprendre/enseigner à produire des textes écrits. (pp. 23-33).Bruxelles: De Boeck-Université.Brandao Carvalho, José Antonio et al (2008). La escritura,elaboración y expresión del conocimiento: la escritura comoinstrumento de aprendizaje. In José Lino Barrio (coord.), Elproceso de enseñar lenguas. Investigaciones en Didáctica de lalengua. (pp. 57-88) Madrid: Editorial La Muralla S.A.Bronck<strong>art</strong>, Jean-Paul (2008). Genres de textes, types dediscours et «degrés » de langue. Hommage à François Rastier.Texto ! (XIII), 1: 1-96.Bronck<strong>art</strong>, Jean-Paul (2010). La vie des signes en questions :des textes aux langues, et retour. Textos seleccionados. XXVEncontro Nacional da Associaçao Portuguesa de Linguistica. (pp.11-40) Porto: APL,.Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues.Apprendre, enseigner, évaluer (2001). Strasbourg : Conseil del’Europe/Les Editions Didier.Camps, Anna et al (2004). La composición escrita (de 3 a 16años). Barcelona: Editorial Grao.Cassany, Daniel (1995). La cocina de la escritura. Barcelona:Anagrama.Liens 17 Décembre 2013 Page 166


Cassany, Daniel (2004). Reparar la escritura. Didáctica de lacorrección de lo escrito. Barcelona: Editorial Grao.Dabène, Michel (1991). Un modèle didactique de lacompétence scripturale. Repères, 4 : 9-22.Dabène, Michel (1998). L’adulte et l’écriture. In Jean- LouisChiss, Jean-Paul Laurent, Jean-Claude Meyer, Hélène Romian etBernard Schneuwly (dir.), Apprendre/enseigner à produire destextes écrits. (pp. 13-22). Bruxelles : De Boeck-Université.Diarra, Bakary (2009). L’enseignement de la lecture et del’écriture du texte argumentatif dans le contexte de françaislangue seconde dans l’enseignement secondaire au Sénégal:l’exemple du résumé suivi de discussion. Thèse de DoctoratUnique. Faculté des Sciences et Technologies de l’Education etla Formation. Université <strong>Cheikh</strong> <strong>Anta</strong> <strong>Diop</strong> de Dakar.Dolz Joaquim, Marie-Claude Rosat et Bernard Schneuwly(1996) Apprendre à écrire ou comment étudier la constructionde capacités langagières, Etudes de Linguistique Appliquée,101 : 153-170.Dolz, Joaquim, Michèle Noverraz et Bernard Schneuwly(2001). S’exprimer en français. Séquences didactiques pourl’oral et pour l’écrit 7 e /8 e /9 e . Volume IV Bruxelles: De Boeck.González Landa, María Carmen et al (2008). Concepciones yprácticas del profesorado de secundaria respecto a la enseñanzade la escritura en las aulas. In José Lino Barrio (coord.), Elproceso de enseñar lenguas. Investigaciones en didáctica de lalengua. (pp. 329-356) Madrid: Editorial La Muralla S.A.,Grupo Didactext (2003). “Modelo sociocognitivo,pragmalingüístico y didáctico para la producción de textosescritos”. In Didáctica (Lengua y Literatura), n°15, Madrid:Editorial Complutense, pp. 75-102.Grupo Didactext (2005). Los procesos de escritura y el textoexpositivo en la mejora de la competencia escrita de losescolares de sexto de Educación. Primaria. Madrid: EdirorialComplutense.Liens 17 Décembre 2013 Page 167


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