JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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1716 ASSEMBLEE NATIONALE — 3* SEANCE DU 22 "MARS 1949Fatalement, toutes ces mesures ne peu- !vent se traduire que par des licenciementsmassifs. C'est ainsi qu'était j révue la fermeturede rétablissement de Villeneuve-Saint-Georges, effective maintenant, etcelle de l'usine de Suresnes : B. On se demandes'il sera possible de maintenirl'usine de Saint-Nazaire, ainsi que cellesde Bouguenais et de Courbevoie. Celle deBacalan doit fermer en 1950; celle de Caudebecest menacée de fermeture immédiate.Des réductions d'activité sont prévoiesà Méault, Marignane, Toulouse, etc.;pour l'usine de la Courneuve, on prévoitégalement 700. licenciements. Nous assistonsdonc à une véritable liquidation del'industrie aéronautique.Dans le même temps, on procède à d'importantsachats de matériel à l'étranger et,pour les justifier, oh met en cause la qualitédu matériel français.Parler ainsi, c'est faire insulte à nos technicienset à nos . ouvriers qui, si on leuren donnait les moyens, feraient, nousén avons la certitude, aussi bien, sinonmieux, que les étrangers.D'ailleurs, ce matériel étranger tantvanté que certains, notamment M. Livry-Lëvel, louaient encore tout à l'heure àcette tribune, et que l'on trouve si excellentqu'on désiré en acheter les licences !pour pouvoir le construire chez nous, }evais vops dire ce que d'aucuns en pensent.Voin encore un extrait du procès-verbalde la chambre patronale, concernant le: Vàmpire, cet appareil dont on a peut-êtredéjà — on veut à tout le moins le faire —aciioté la licence pour le fabriquer en'France.« Malheureusement, le Vampire, avecreacteur Nene. n'est pas complètement dé- ('fini. Mais puisqu'on l'a choisi, il ne fautpas revenir en arrière, mais trouver unesolution qui puisse résister pleinement auxcritiques. »Quand des gens qualifiés présentent detelles observations, on a bien le droit dese demander pourquoi notre matériel estSi attaqué!Quand il s'agit des réalisations de l'étranger,on s'efforce d'éviter les critiques. Onse fait moins de souci quand il s'agit de-fabrications françaises, comme le Languedoc161, le S. 0. 30, le S. E. 201C ou leLatf 631., M. Livry-Level sait peut-être que leS. 0. 30 — comme d'ailleurs les autres.avions sortant de nos ateliers — a besoind'être expérimenté.En effet, un appareil, avant d'êtreexploité, ne doit pas seulement satisfaireaux essais. Après ce stade, et à conditiontoutefois que l'on n'intervienne pas àchaque instant pour exiger des modificalionsau type Initial, modifications qui nefort que 'retarder la sortie et finissent?aeiquefois par transformer complètementappareil si elles ne le rendent pratiquementinutilisable cet avion doit encoreêtre pris en charge par des compagniesqui lui feront parcourir le nombre de kilomètresnécessaires pour qu'il pui^e êtremis en serviceOr, il semble qu'Air-France ne fasse pasmontre de grand enthousiasme pour accepterle S. 0. 30. Elle a accepté d'expérimenter le Languedoc, mais elle ne semble pasdisposée à faire de même pour le S. 0. 30.Le fera-t-elle pour le S. E 2010 ? Ce n'estpas sûr.On a parlé, par ailleurs, de l'accidentdu La té 631. Bien qu'on en ait trouvé uneexplication satisfaisante, il semble qu'onsoit résolu à arrêter toute construction etqu'on ne veuille plus se servir de l'appa' reil. Ya-t-on le mettre à la ferraille et sacrifierpar. conséquent tout ce qui a étédepensé pour sa conception et pour lesinstallations. qui ont servi à sa fabrication?Voilà une série de faits qui nous incitentà penser qu'on pourrait pratiquer uneautre politique et aider davantage notreindustrie aéronautique pour lui permettred'avoir un matériel aussi bon sinon meilleurque celui des étrangers. Il ne fauttout de même pas oublier que, dans lepassé, les Français ôn-t fait leurs preuvesdans ce domaine et nous n'avons pas tellementà nous inspirer du génie des autres.Nous possédons heureusement suffisammentde savants et d'ingénieurs pourpouvoir affirmer le nôtre. (Très bien!bien! au centre.)trèsM. Philippe Livry-Level. Voulez-vous mepermettre de vous interrompre, monsieurBenoist ?M. Charles Benoist. Volontiers!M. Philippe Livry-Level. Vous avez faitallusion à deux reprises à mon interventionà cette tribune. Je ne voudrais pasqu'il puisse y avoir le moindre malentendu.Alitant que vous, je désire voir fabriquerdes avions français. J ai dit simplementque les avions français, à l'exceptiondu Languedoc qui fonctionne quotidiennement,n'étaient pas encore suffisammentau point pour qu'il soit possible deles exploiter effectivement.Quand vous dites que vous aimeriez voirles compagnies expérimenter et acheverla mise au point des avions françaiscomme îe S. 0. 30, je m'associe, entièrementà vous et je suis persuadé que leGouvernement fera de même dans un instantJ'ai dit simplement que le S. E. 2010 nesera pas au point avant longtemps. Quantau Laté 631, il n'est nullement questionde le mettre à la ferraille; il s'agit, ce quiest normal, de parachever sa mise aupoint, ce qui est tout à fait différent.Personne, et moi le dernier, n'auraitl'idée de mettre en doute la valeur de nosingénieurs, de notre personnel ouvrier etde notre personnel de maîtrise dont nousconnaissons tous les grandes qualités.J'ai simplement déploré qu'au lendemainde la guerre nous n'avons pas achetédes licences d'avions modernes, et quenous nous soyons contentés d'user deprocédés de fabrication d'avions ex-ennemis,des Junkers en particulier.Enfin, en ce qui concerne le Vampire,j'indique qu'il n'y a pas de doute sur lavaleur du Vampire Gosht ; quant au VampireNène, c'est un nouvel avion. Maisc'est un monomoteur monoplace, appareilmilitaire qui n'a rien à voir avec l'aviationcivile. Une période d'adaptation çjd'essai est d'ailleurs à prévoir, mais cen'est pas le cas du Vampire Gosht qui adéjà des milliers d'heures de vol à sonactif.M. Charles Benoist. Si j'ai fait allusionau Vampire, c'est parce que c'est un matérielétranger; peu m'importe qu'ils'agisse d'aviation civile ou d'aviation militaire.Je constate que, lorsqu'il s'agit d'avionsétrangers, on fait tout le possible pour lesfaire accepter par nos compagnies, maisque l'on se garde bien de prodiguer lesmêmes efforts en faveur du matériel français.Certes, nous savons que des avionsétrangers sont au point. Mais c'est parceque l'on a aidé à cette mise au point.C'est ainsi qu'Air-France a acheté, ou doitacheter, un grand nombre d'avions « Con-, vair ». Mais, pendant ce temps-lfi, nosavions restent en souffrance.On nous dira qu'il le faut (bien, que nousavons besoin immédiatement d'appareils.Mais, sous prétexte que nous aurons desConvair à notre disposition, comme nousavons des D. C. 4, des D. C. 6, des Constellation,voire des D. C. 3, on nous dit: pourquoiessayer le S. 0. 30 ? Le S. 0. 30 restedonc dans les hangars, on n'en parle plus;il est supprimé, comme tous les autres.Ainsi, comme on n'aura pas aidé nostechniciens à mettre au point leurs créations,il est clair que notre industrie aéronautiquene se développera pas.Il me reste à présenter une observationen ce qui concerne l'aviation légère.Il est exact, ainsi que le disait M. Couston,que la politique actuelle est mortellepour les aérocJubs. Pourtant, de nombreuxjeunes Français ne demandent pas mieuxque de s'entraîner pour devenir, à leurtour, des pilotes de qualité et prendre laplace de leurs aînés. Seulement, l'heure devol revient à environ 3.000 francs et peude jeunes gens peuvent faire face à unatelle dépense.Nous avons déposé une proposition derésolution tendant à obtenir du Gouvernementune détaxe de l'essence pour les aéroclubs.M. le ministre nous a déjà répond«en-commission, qu'il lui serait difficile, sitoutefois il était lui-même favorable à cettemanière de faire, de convaincre le ministredes finances. Si toute l'Assemblée le voulaitpourtant — et je ne saurais trop l'exorterà faire cet effort commun — elle pourraitobtenir cette détaxe de l'essence.Une mesure semblable a été adoptée enfaveur ies yachts de plaisance. Ce que l'ona fait pour des yachts de plaisance, nepeut-on vraiment pas le faire pour une activitéqui est sans doute plus utile, notammentdu point de vue de l'intérêt national?Notre proposition de résolution pourraitréunir l'unanimité de l'Assemblée. Peutêtrepourrions-nous alors espérer voir leGouvernement en tenir compte. Je saisbien que, le plus souvent, les propositionsde résolution que nous lui transmettonsrestent lettre morte; peut-être qu'en insistant,il consentira pour une fois, à accueillircelle-ci et à lui donner une suitefavorable, ce qui servirait à la fois notreaviation et la France. (Applaudissements àVextrême gauche.)M. le président. La parole est à M. Bourel.M. Henri Bouret. Mes chers collègues, jeme limiterai à deux brèves observations:la première concerne le matériel, la seconde, l'infrastructure.Plusieurs des orateurs qui m'ont précédéont souligné le désir qu'ils avaientde voir les lignes aériennes françaiseséquipées de matériel français. Je vois (bienque la tâche va être aisée, tout à l'heureà M. le ministre des travaux publics et destransports de répondre que cela n'est passon affaire, que c'est plutôt celle de soncollègue M. le secrétaire d'Etat à .l'air,et plus spécialement de la direction techniqueindustrielle de l'air.Cependant, monsieur le ministre — etje m excuse de répéter des choses sur lesquellesj'ai déjà eu l'occasion d'insisterau cours d'autres débats — je serais heureuxque vous veuillez bien préciser devantl'Assemblée quels sont les moyensde contact réguliers et organiques dontvous disposez pour définir, avec M. le secrétaired'Etat à l'air, une politique deconstruction du matériel aéronaut'^ue destinéà l'aviation civile. C'est une chose àlaquelle j'ai réfléchi assez souvent et surlaquelle je ne suis pas encore arrivé àavoir les éclaircissements satisfaisants.

Au cours de l'été dernier, lors du débatBUT la S.N.E.C.M.A., j'avais eu l'occasionde poser cette question à M. le secrétaire'd'Etat à l'air et j'avais eu l'impression'que, dans sa réponse, il renvoyait la; balle au ministre des travaùx publics que"vous étiez déjà à cette époque.- Nous savons bien,que le directeur techniqueindustriel, c'est-à-dire M. le ministredes forces armées, â la responsabilitédes constructions aéronautiques aussibien pour l'armée que pour les compagniesde transport aérien. Mais nous aimerionssavoir dans quelle mesure lé secrétariatgénéral à l'aviation civile et commerciale,c'est-à-dire vous-même, monsieurlé ministre, a une influence sur ladéfinition du programme, de constructions-ftéronaùti'ques.Il y a quelques semaines, certains demes collègues de la commission de la défensenationale et moi-même avons eul'occasion d'assister à une présentation de-matériel aérien. Nous avons eu l'occasionde voir voler le fameux S.O. 30 P dont ona parlé tout à l'heure et dont les servicesdu centre d'essai en vol nbus ont préciséqu'il était prêt, que ses essais techniques-étaient terminés et que l'on n'attendaitplus que les commandés pour le mettreen service.Monsieur le ministre, je suis persuadé•que me^ collègues serbnt heureux commeHioi-même de Connaître les possibilités,-exactes de cet appareil ou plutôt la conceptionque- vous avez de ses. possibilités,-afin que cet appareil ou bien vienne enservice tout de Suite, ou bien que nous- sachions s'il convient de ne plus y engagerde crédits, soit parce qu'il est périmé,soit" parce que ses essais n'ont pasdonné satisfaction.Je ne parte pas du S.E. 2010 dans lequelj'ai espoir mais sur lequel, bien entendu,il serait prématuré de porter unjugement. Toutefois, en ce qui concerne leS.O. 30 P., nous aimerions avoir des éclaircissements.Au déibut dé 1947, on nous annonçait quele S.O. 30 P. serait en service dans lecourant de l'été, et qu'il commenceraiteffectivement ses premiers essais sur, les'lignes. Nous sommes au printemps 1949et il est toujours question de cet appareilsans lui trouver une utilisation. Nous aimerionssavoir si c'est le fait de la directiontechnique d'Air-France ou si, au contmre,d'autres raisons s'opposent à lamise en œuvre de ce matériel.La seconde observation a pour moi plusd'importance. Elle concerne l'infrastructure.Faire un effort budgétaire pour la constructionde matériel aéronautique, c'estbien. Mais il m'apparaît que, dans un payscxtraordinairément privilégié comme l'estla France par sa situation géographique,il serait mieux encore de faire un effortbudgétaire important pour l'équipement denos bases aériennes, en d'autres termespour la mise en place d'une infrastructuresuffisante.L'expérience du pont aérien à Berlin amontré tout l'intérêt qu'il y avait à disposerd'une forte infrastructure, et lesexemples qiue nous donnent les pays européensavoisinants montrent que lesgrandes nations aéronàutiques de demainseront non seulement celles qui disposerontd'une industrie de construction aéronautique,mais surtout celles qui disposerontd'une infrastructure puissante.Or, je suis obligé de constater, d'après lebudgefLgpti nous est présenté, que la directionoe la navigation aérienne, dont lerôle est de mettre en œuvre une telle infrastructure,n'aura à sa disposition quedes crédits extrêmement faibles*vASSEMBLEE NATIONALE — 3« SEANCE DU 22 MARS 1949 1717Puisque l'Assemblée n'a pas l'initiativedes dépenses, c'est un peu, monsieur leministre, à titré préventif que je vous demandede nous saisir, dans le prochainprojet de budget, qui nous sera sans doutesoumis cette aunée en temps utile,,..M. le rapporteur général. Nous l'espéronsbien!M. Henri Bouret. ... de demandes de créditssubstantiels.La politique qui consiste à construire desavions sans avoir d'infrastructure est unpeu celle d'un chef de famille qui achèteraitdes meubles sans avoir de logement.Nous vous faisons donc confiance, monsieurle ministre, pour promouvoir cette.politique par les demandes de crédits quevous nous présenterez pour le prochainexercice budgétaire.Nous sommes heureux, d'autre part, deprendre acte de l'effort que vous avez faitpour améliorer le traitement du personneltechnique d'aérodrome. Il y a là unpersonnel dont la responsabilité est écrasante; vous savez en effet, mes cherscollègues, qu'un commandant d'aérodrome,ou même,. quelauefois, un simpleagent dé la circulation aérienne, est responsablede tous les mouvements de nuit,par mauvais temps, sur une piste de première-importance.Il est donc inquiétantde penser que,.parce que îe traitement deces agents est insuffisant, il faut se contenterd'un personnel de moindre qualité,les éléments d'élite, déçus par les appointementsqu'on leur sert, étant partis servirsous d'autres cieux ou s'étant orientésvers d'autres branches d'activité.Vous avez fait un effort, monsieur leministre, et vous avez pratiqué là uneexcellente politique, mais je pense qu'ilfaudra encore l'accentuer, car la politiqued'infrastructure que je me permets depréconiser sera fonction de la qualité dupersonnel.En ce qui concerne le matériel d'infrastructure,je crois que nous avons eu, si jepuis m'exprimer ainsi, une excellente politiquedu béton.Nous avons des pistes qui paraissentsuffire à l'ensemble du trafic, mais oui meparaissent malheureusement encore trèsmal équipées en ce qui concerne l'aide àla navigation.Nous avons eu la satisfaction d'apprendrepar la presse aéronautique — certainsd'entre nous, même, ont eu l'occasion devisiter les installations nouvelles — quenous construisons d'excellents enginsd'aide à la navigation et, en particulier,que nous sommes dès maintenant en mesurede produire Le fameux « GroundControl Approach », le G. G. A., qui doitnous permettre, dans les années qui viennent,le vol par tous les temps, et quinous permettra de faire atterrir tous lesavions par plafond nul.Ainsi donc, monsieur le ministre, puisquenous avons la possibilité de construireces engins chez nous, il me semble quevotre intervention, votre action votreimpulsion peuvent être déterminantes.En terminant, je me permets de vousrenouveler, au sujet de l'infrastructure,l'observation que je vous fais en ce quiconcerne la politique du matériel.Là encore, j'ai l'impression qu'il existeun véritable hiatus entre le domaine militaireet le domaine civil. Je ne sais pasvers quelle politique nous nous orienteronsà l'avenir. Certains pays ont réalisél'unité de leur infrastructure an profit del'aéronautique civile. Vous savez, monsieurle ministre, que c'est le cas desEtats-Unis d'Amérique. D'autres ont fait*l'unité de leur infrastructure au profit dfleur armée de l'air.Je ne sais .pas s'il faut maintenir la divisionqui existe actuellement chez nousentre l'infrastructure civile et rinirastruo*ture militaire En tout cas, je vous demande,monsieur le ministre, de vouloirbien prévoir des contacts permanents etune politique d'ensemble avec votre collèguede l'air.C'est sous le bénéfice de ces observationsque je voterai l'ensemble des créditsqui nous sont demandés, en regrettanttoutefois qu'il ne soit pas possible de lesaugmenter aujourd'hui, mais avec l'espérancede les voir améliorer pour le pro-»chain exercice. (Applaudissements au centre.)M. le président. La parole est à M. Livry-Level.M. Philippe Livry-Level. Je voudraisajouter un seul mot pour préciser que nepas réaliser l'infrastructure ou la différercoûte beaucoup plus cher que l'exécutionmême de cette infrastructure.En effet, un retard d'un quart d'heur®à l'atterrissage d'un gros avion du typeConstellation représente une dépense supplémentairede 30.000 francs.L'économie la plus élémentaire consisteà équiper d'abord l'infrastructure. C'e*tune question de sécurité, et cela empôchdde coûteux retards à l'atterrissage.M. le président. La parole est à M. 1«ministre des travaux publics, des transportset du tourisme.M. Christian Pineau, ministre des travauxpublics, des transports et du tourisme.Mes chers collègues, je voudraisrépondre à toutes les questions qui viennentde m'être adressées de différents côtésde l'Assemblée.Le (problème qui s'est posé à moi, lorsquej ai été amené à appliquer les réduction^ globales de crédits décidées, a étécelui de leur répartition -entre les différentschapitres du budget de l'aviation civile.Il y avait là un choix à faire, qui n'étaitpas facile. Je ne pouvais pas réduire lescrédits de personnel, je ne voulais pasréduire les crédits afférents aux basesaériennes, pas plus d'ailleurs que les créditsipôur l'aviation légère et sportive.Si j'ai accepté de faire porter la majoritéde la réduction qui m'était imposée surle chapitre du matériel de la météorologie,c'est parce qu'en réalité nos demandes decrédits pour ce matériel correspondaient àdes demandes d'augmentation de personnel,pour laquelle je n'avais pu obtenirla majoration de crédits nécessaire etqu'ainsi la réduction proposée sur les créditsde matériel maintenait en fait lestatu quo.Dès lors, je n'ai rien diminué par rapportà 1948, mais je n'ai pas non plusréalisé un certain nombre de progrès quieussent été, je le reconnais très volontiers,parfaitement utiles.Là encore, le ministre technique setrouve pladevant deux devoirs contradictoires,d'une part celui de défendre sescrédits devant le ministre des finances,d'autre part celui de membre d'un gou*vernement solidaire, soucieux dans sonensemble de défendre les finances del'Etat et d'opérer les réductions de créditsnécessaires s'il veut respecter la décisiondu Parlement que constitue la loi desinaximaLe problème n'est pas facile. C'est unproblème de choix entre des obligationscontradictoires, et les coupures que ]'ai été64

Au cours <strong>de</strong> l'été <strong>de</strong>rnier, lors du débatBUT <strong>la</strong> S.N.E.C.M.A., j'avais eu l'occasion<strong>de</strong> poser cette question à M. le secrétaire'd'Etat à l'air et j'avais eu l'impression'que, dans sa réponse, il renvoyait <strong>la</strong>; balle au ministre <strong>de</strong>s travaùx publics que"vous étiez déjà à cette époque.- Nous savons bien,que le directeur techniqueindustriel, c'est-à-dire M. le ministre<strong>de</strong>s forces armées, â <strong>la</strong> responsabilité<strong>de</strong>s constructions aéronautiques aussibien pour l'armée que pour les compagnies<strong>de</strong> transport aérien. Mais nous aimerionssavoir dans quelle mesure lé secrétariatgénéral à l'aviation civile et commerciale,c'est-à-dire vous-même, monsieurlé ministre, a une influence sur <strong>la</strong>définition du programme, <strong>de</strong> constructions-ftéronaùti'ques.Il y a quelques semaines, certains <strong>de</strong>mes collègues <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission <strong>de</strong> <strong>la</strong> défensenationale et moi-même avons eul'occasion d'assister à une présentation <strong>de</strong>-matériel aérien. Nous avons eu l'occasion<strong>de</strong> voir voler le fameux S.O. 30 P dont ona parlé tout à l'heure et dont les servicesdu centre d'essai en vol nbus ont préciséqu'il était prêt, que ses essais techniques-étaient terminés et que l'on n'attendaitplus que les commandés pour le mettreen service.Monsieur le ministre, je suis persuadé•que me^ collègues serbnt heureux commeHioi-même <strong>de</strong> Connaître les possibilités,-exactes <strong>de</strong> cet appareil ou plutôt <strong>la</strong> conceptionque- vous avez <strong>de</strong> ses. possibilités,-afin que cet appareil ou bien vienne enservice tout <strong>de</strong> Suite, ou bien que nous- sachions s'il convient <strong>de</strong> ne plus y engager<strong>de</strong> crédits, soit parce qu'il est périmé,soit" parce que ses essais n'ont pasdonné satisfaction.Je ne parte pas du S.E. 2010 dans lequelj'ai espoir mais sur lequel, bien entendu,il serait prématuré <strong>de</strong> porter unjugement. Toutefois, en ce qui concerne leS.O. 30 P., nous aimerions avoir <strong>de</strong>s éc<strong>la</strong>ircissements.Au déibut dé 1947, on nous annonçait quele S.O. 30 P. serait en service dans lecourant <strong>de</strong> l'été, et qu'il commenceraiteffectivement ses premiers essais sur, les'lignes. Nous sommes au printemps 1949et il est toujours question <strong>de</strong> cet appareilsans lui trouver une utilisation. Nous aimerionssavoir si c'est le fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> directiontechnique d'Air-France ou si, au contmre,d'autres raisons s'opposent à <strong>la</strong>mise en œuvre <strong>de</strong> ce matériel.La secon<strong>de</strong> observation a pour moi plusd'importance. Elle concerne l'infrastructure.Faire un effort budgétaire pour <strong>la</strong> construction<strong>de</strong> matériel aéronautique, c'estbien. Mais il m'apparaît que, dans un payscxtraordinairément privilégié comme l'est<strong>la</strong> France par sa situation géographique,il serait mieux encore <strong>de</strong> faire un effortbudgétaire important pour l'équipement <strong>de</strong>nos bases aériennes, en d'autres termespour <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d'une infrastructuresuffisante.L'expérience du pont aérien à Berlin amontré tout l'intérêt qu'il y avait à disposerd'une forte infrastructure, et lesexemples qiue nous donnent les pays européensavoisinants montrent que lesgran<strong>de</strong>s nations aéronàutiques <strong>de</strong> <strong>de</strong>mainseront non seulement celles qui disposerontd'une industrie <strong>de</strong> construction aéronautique,mais surtout celles qui disposerontd'une infrastructure puissante.Or, je suis obligé <strong>de</strong> constater, d'après lebudgefLgpti nous est présenté, que <strong>la</strong> directionoe <strong>la</strong> navigation aérienne, dont lerôle est <strong>de</strong> mettre en œuvre une telle infrastructure,n'aura à sa disposition que<strong>de</strong>s crédits extrêmement faibles*vASSEMBLEE NATIONALE — 3« SEANCE DU 22 MARS 1949 1717Puisque l'Assemblée n'a pas l'initiative<strong>de</strong>s dépenses, c'est un peu, monsieur leministre, à titré préventif que je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong><strong>de</strong> nous saisir, dans le prochainprojet <strong>de</strong> budget, qui nous sera sans doutesoumis cette aunée en temps utile,,..M. le rapporteur général. Nous l'espéronsbien!M. Henri Bouret. ... <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> créditssubstantiels.La politique qui consiste à construire <strong>de</strong>savions sans avoir d'infrastructure est unpeu celle d'un chef <strong>de</strong> famille qui achèterait<strong>de</strong>s meubles sans avoir <strong>de</strong> logement.Nous vous faisons donc confiance, monsieurle ministre, pour promouvoir cette.politique par les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> crédits quevous nous présenterez pour le prochainexercice budgétaire.Nous sommes heureux, d'autre part, <strong>de</strong>prendre acte <strong>de</strong> l'effort que vous avez faitpour améliorer le traitement du personneltechnique d'aérodrome. Il y a là unpersonnel dont <strong>la</strong> responsabilité est écrasante; vous savez en effet, mes cherscollègues, qu'un commandant d'aérodrome,ou même,. que<strong>la</strong>uefois, un simpleagent dé <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion aérienne, est responsable<strong>de</strong> tous les mouvements <strong>de</strong> nuit,par mauvais temps, sur une piste <strong>de</strong> première-importance.Il est donc inquiétant<strong>de</strong> penser que,.parce que îe traitement <strong>de</strong>ces agents est insuffisant, il faut se contenterd'un personnel <strong>de</strong> moindre qualité,les éléments d'élite, déçus par les appointementsqu'on leur sert, étant partis servirsous d'autres cieux ou s'étant orientésvers d'autres branches d'activité.Vous avez fait un effort, monsieur leministre, et vous avez pratiqué là uneexcellente politique, mais je pense qu'ilfaudra encore l'accentuer, car <strong>la</strong> politiqued'infrastructure que je me permets <strong>de</strong>préconiser sera fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité dupersonnel.En ce qui concerne le matériel d'infrastructure,je crois que nous avons eu, si jepuis m'exprimer ainsi, une excellente politiquedu béton.Nous avons <strong>de</strong>s pistes qui paraissentsuffire à l'ensemble du trafic, mais oui meparaissent malheureusement encore trèsmal équipées en ce qui concerne l'ai<strong>de</strong> à<strong>la</strong> navigation.Nous avons eu <strong>la</strong> satisfaction d'apprendrepar <strong>la</strong> presse aéronautique — certainsd'entre nous, même, ont eu l'occasion <strong>de</strong>visiter les instal<strong>la</strong>tions nouvelles — quenous construisons d'excellents enginsd'ai<strong>de</strong> à <strong>la</strong> navigation et, en particulier,que nous sommes dès maintenant en mesure<strong>de</strong> produire Le fameux « GroundControl Approach », le G. G. A., qui doitnous permettre, dans les années qui viennent,le vol par tous les temps, et quinous permettra <strong>de</strong> faire atterrir tous lesavions par p<strong>la</strong>fond nul.Ainsi donc, monsieur le ministre, puisquenous avons <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> construireces engins chez nous, il me semble quevotre intervention, votre action votreimpulsion peuvent être déterminantes.En terminant, je me permets <strong>de</strong> vousrenouveler, au sujet <strong>de</strong> l'infrastructure,l'observation que je vous fais en ce quiconcerne <strong>la</strong> politique du matériel.Là encore, j'ai l'impression qu'il existeun véritable hiatus entre le domaine militaireet le domaine civil. Je ne sais pasvers quelle politique nous nous orienteronsà l'avenir. Certains pays ont réalisél'unité <strong>de</strong> leur infrastructure an profit <strong>de</strong>l'aéronautique civile. Vous savez, monsieurle ministre, que c'est le cas <strong>de</strong>sEtats-Unis d'Amérique. D'autres ont fait*l'unité <strong>de</strong> leur infrastructure au profit dfleur armée <strong>de</strong> l'air.Je ne sais .pas s'il faut maintenir <strong>la</strong> divisionqui existe actuellement chez nousentre l'infrastructure civile et rinirastruo*ture militaire En tout cas, je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>,monsieur le ministre, <strong>de</strong> vouloirbien prévoir <strong>de</strong>s contacts permanents etune politique d'ensemble avec votre collègue<strong>de</strong> l'air.C'est sous le bénéfice <strong>de</strong> ces observationsque je voterai l'ensemble <strong>de</strong>s créditsqui nous sont <strong>de</strong>mandés, en regrettanttoutefois qu'il ne soit pas possible <strong>de</strong> lesaugmenter aujourd'hui, mais avec l'espérance<strong>de</strong> les voir améliorer pour le pro-»chain exercice. (App<strong>la</strong>udissements au centre.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Livry-Level.M. Philippe Livry-Level. Je voudraisajouter un seul mot pour préciser que nepas réaliser l'infrastructure ou <strong>la</strong> différercoûte beaucoup plus cher que l'exécutionmême <strong>de</strong> cette infrastructure.En effet, un retard d'un quart d'heur®à l'atterrissage d'un gros avion du typeConstel<strong>la</strong>tion représente une dépense supplémentaire<strong>de</strong> 30.000 francs.L'économie <strong>la</strong> plus élémentaire consisteà équiper d'abord l'infrastructure. C'e*tune question <strong>de</strong> sécurité, et ce<strong>la</strong> empôchd<strong>de</strong> coûteux retards à l'atterrissage.M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. 1«ministre <strong>de</strong>s travaux publics, <strong>de</strong>s transportset du tourisme.M. Christian Pineau, ministre <strong>de</strong>s travauxpublics, <strong>de</strong>s transports et du tourisme.Mes chers collègues, je voudraisrépondre à toutes les questions qui viennent<strong>de</strong> m'être adressées <strong>de</strong> différents côtés<strong>de</strong> l'Assemblée.Le (problème qui s'est posé à moi, lorsquej ai été amené à appliquer les réduction^ globales <strong>de</strong> crédits décidées, a étécelui <strong>de</strong> leur répartition -entre les différentschapitres du budget <strong>de</strong> l'aviation civile.Il y avait là un choix à faire, qui n'étaitpas facile. Je ne pouvais pas réduire lescrédits <strong>de</strong> personnel, je ne vou<strong>la</strong>is pasréduire les crédits afférents aux basesaériennes, pas plus d'ailleurs que les créditsipôur l'aviation légère et sportive.Si j'ai accepté <strong>de</strong> faire porter <strong>la</strong> majorité<strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction qui m'était imposée surle chapitre du matériel <strong>de</strong> <strong>la</strong> météorologie,c'est parce qu'en réalité nos <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>crédits pour ce matériel correspondaient à<strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'augmentation <strong>de</strong> personnel,pour <strong>la</strong>quelle je n'avais pu obtenir<strong>la</strong> majoration <strong>de</strong> crédits nécessaire etqu'ainsi <strong>la</strong> réduction proposée sur les crédits<strong>de</strong> matériel maintenait en fait lestatu quo.Dès lors, je n'ai rien diminué par rapportà 1948, mais je n'ai pas non plusréalisé un certain nombre <strong>de</strong> progrès quieussent été, je le reconnais très volontiers,parfaitement utiles.Là encore, le ministre technique setrouve p<strong>la</strong>cé <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>voirs contradictoires,d'une part celui <strong>de</strong> défendre sescrédits <strong>de</strong>vant le ministre <strong>de</strong>s finances,d'autre part celui <strong>de</strong> membre d'un gou*vernement solidaire, soucieux dans sonensemble <strong>de</strong> défendre les finances <strong>de</strong>l'Etat et d'opérer les réductions <strong>de</strong> créditsnécessaires s'il veut respecter <strong>la</strong> décisiondu Parlement que constitue <strong>la</strong> loi <strong>de</strong>sinaximaLe problème n'est pas facile. C'est unproblème <strong>de</strong> choix entre <strong>de</strong>s obligationscontradictoires, et les coupures que ]'ai été64

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