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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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1716 ASSEMBLEE NATIONALE — 3* SEANCE DU 22 "MARS 1949Fatalement, toutes ces mesures ne peu- !vent se traduire que par <strong>de</strong>s licenciementsmassifs. C'est ainsi qu'était j révue <strong>la</strong> fermeture<strong>de</strong> rétablissement <strong>de</strong> Villeneuve-Saint-Georges, effective maintenant, etcelle <strong>de</strong> l'usine <strong>de</strong> Suresnes : B. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s'il sera possible <strong>de</strong> maintenirl'usine <strong>de</strong> Saint-Nazaire, ainsi que celles<strong>de</strong> Bouguenais et <strong>de</strong> Courbevoie. Celle <strong>de</strong>Baca<strong>la</strong>n doit fermer en 1950; celle <strong>de</strong> Cau<strong>de</strong>becest menacée <strong>de</strong> fermeture immédiate.Des réductions d'activité sont prévoiesà Méault, Marignane, Toulouse, etc.;pour l'usine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Courneuve, on prévoitégalement 700. licenciements. Nous assistonsdonc à une véritable liquidation <strong>de</strong>l'industrie aéronautique.Dans le même temps, on procè<strong>de</strong> à d'importantsachats <strong>de</strong> matériel à l'étranger et,pour les justifier, oh met en cause <strong>la</strong> qualitédu matériel français.Parler ainsi, c'est faire insulte à nos technicienset à nos . ouvriers qui, si on leuren donnait les moyens, feraient, nousén avons <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong>, aussi bien, sinonmieux, que les étrangers.D'ailleurs, ce matériel étranger tantvanté que certains, notamment M. Livry-Lëvel, louaient encore tout à l'heure àcette tribune, et que l'on trouve si excellentqu'on désiré en acheter les licences !pour pouvoir le construire chez nous, }evais vops dire ce que d'aucuns en pensent.Voin encore un extrait du procès-verbal<strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre patronale, concernant le: Vàmpire, cet appareil dont on a peut-êtredéjà — on veut à tout le moins le faire —aciioté <strong>la</strong> licence pour le fabriquer en'France.« Malheureusement, le Vampire, avecreacteur Nene. n'est pas complètement dé- ('fini. Mais puisqu'on l'a choisi, il ne fautpas revenir en arrière, mais trouver unesolution qui puisse résister pleinement auxcritiques. »Quand <strong>de</strong>s gens qualifiés présentent <strong>de</strong>telles observations, on a bien le droit <strong>de</strong>se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi notre matériel estSi attaqué!Quand il s'agit <strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> l'étranger,on s'efforce d'éviter les critiques. Onse fait moins <strong>de</strong> souci quand il s'agit <strong>de</strong>-fabrications françaises, comme le Languedoc161, le S. 0. 30, le S. E. 201C ou leLatf 631., M. Livry-Level sait peut-être que leS. 0. 30 — comme d'ailleurs les autres.avions sortant <strong>de</strong> nos ateliers — a besoind'être expérimenté.En effet, un appareil, avant d'êtreexploité, ne doit pas seulement satisfaireaux essais. Après ce sta<strong>de</strong>, et à conditiontoutefois que l'on n'intervienne pas àchaque instant pour exiger <strong>de</strong>s modificalionsau type Initial, modifications qui nefort que 'retar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> sortie et finissent?aeiquefois par transformer complètementappareil si elles ne le ren<strong>de</strong>nt pratiquementinutilisable cet avion doit encoreêtre pris en charge par <strong>de</strong>s compagniesqui lui feront parcourir le nombre <strong>de</strong> kilomètresnécessaires pour qu'il pui^e êtremis en serviceOr, il semble qu'Air-France ne fasse pasmontre <strong>de</strong> grand enthousiasme pour accepterle S. 0. 30. Elle a accepté d'expérimenter le Languedoc, mais elle ne semble pasdisposée à faire <strong>de</strong> même pour le S. 0. 30.Le fera-t-elle pour le S. E 2010 ? Ce n'estpas sûr.On a parlé, par ailleurs, <strong>de</strong> l'acci<strong>de</strong>ntdu La té 631. Bien qu'on en ait trouvé uneexplication satisfaisante, il semble qu'onsoit résolu à arrêter toute construction etqu'on ne veuille plus se servir <strong>de</strong> l'appa' reil. Ya-t-on le mettre à <strong>la</strong> ferraille et sacrifierpar. conséquent tout ce qui a été<strong>de</strong>pensé pour sa conception et pour lesinstal<strong>la</strong>tions. qui ont servi à sa fabrication?Voilà une série <strong>de</strong> faits qui nous incitentà penser qu'on pourrait pratiquer uneautre politique et ai<strong>de</strong>r davantage notreindustrie aéronautique pour lui permettred'avoir un matériel aussi bon sinon meilleurque celui <strong>de</strong>s étrangers. Il ne fauttout <strong>de</strong> même pas oublier que, dans lepassé, les Français ôn-t fait leurs preuvesdans ce domaine et nous n'avons pas tellementà nous inspirer du génie <strong>de</strong>s autres.Nous possédons heureusement suffisamment<strong>de</strong> savants et d'ingénieurs pourpouvoir affirmer le nôtre. (Très bien!bien! au centre.)trèsM. Philippe Livry-Level. Voulez-vous mepermettre <strong>de</strong> vous interrompre, monsieurBenoist ?M. Charles Benoist. Volontiers!M. Philippe Livry-Level. Vous avez faitallusion à <strong>de</strong>ux reprises à mon interventionà cette tribune. Je ne voudrais pasqu'il puisse y avoir le moindre malentendu.Alitant que vous, je désire voir fabriquer<strong>de</strong>s avions français. J ai dit simplementque les avions français, à l'exceptiondu Languedoc qui fonctionne quotidiennement,n'étaient pas encore suffisammentau point pour qu'il soit possible <strong>de</strong>les exploiter effectivement.Quand vous dites que vous aimeriez voirles compagnies expérimenter et achever<strong>la</strong> mise au point <strong>de</strong>s avions françaiscomme îe S. 0. 30, je m'associe, entièrementà vous et je suis persuadé que leGouvernement fera <strong>de</strong> même dans un instantJ'ai dit simplement que le S. E. 2010 nesera pas au point avant longtemps. Quantau Laté 631, il n'est nullement question<strong>de</strong> le mettre à <strong>la</strong> ferraille; il s'agit, ce quiest normal, <strong>de</strong> parachever sa mise aupoint, ce qui est tout à fait différent.Personne, et moi le <strong>de</strong>rnier, n'auraitl'idée <strong>de</strong> mettre en doute <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> nosingénieurs, <strong>de</strong> notre personnel ouvrier et<strong>de</strong> notre personnel <strong>de</strong> maîtrise dont nousconnaissons tous les gran<strong>de</strong>s qualités.J'ai simplement déploré qu'au len<strong>de</strong>main<strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre nous n'avons pas acheté<strong>de</strong>s licences d'avions mo<strong>de</strong>rnes, et quenous nous soyons contentés d'user <strong>de</strong>procédés <strong>de</strong> fabrication d'avions ex-ennemis,<strong>de</strong>s Junkers en particulier.Enfin, en ce qui concerne le Vampire,j'indique qu'il n'y a pas <strong>de</strong> doute sur <strong>la</strong>valeur du Vampire Gosht ; quant au VampireNène, c'est un nouvel avion. Maisc'est un monomoteur monop<strong>la</strong>ce, appareilmilitaire qui n'a rien à voir avec l'aviationcivile. Une pério<strong>de</strong> d'adaptation çjd'essai est d'ailleurs à prévoir, mais cen'est pas le cas du Vampire Gosht qui adéjà <strong>de</strong>s milliers d'heures <strong>de</strong> vol à sonactif.M. Charles Benoist. Si j'ai fait allusionau Vampire, c'est parce que c'est un matérielétranger; peu m'importe qu'ils'agisse d'aviation civile ou d'aviation militaire.Je constate que, lorsqu'il s'agit d'avionsétrangers, on fait tout le possible pour lesfaire accepter par nos compagnies, maisque l'on se gar<strong>de</strong> bien <strong>de</strong> prodiguer lesmêmes efforts en faveur du matériel français.Certes, nous savons que <strong>de</strong>s avionsétrangers sont au point. Mais c'est parceque l'on a aidé à cette mise au point.C'est ainsi qu'Air-France a acheté, ou doitacheter, un grand nombre d'avions « Con-, vair ». Mais, pendant ce temps-lfi, nosavions restent en souffrance.On nous dira qu'il le faut (bien, que nousavons besoin immédiatement d'appareils.Mais, sous prétexte que nous aurons <strong>de</strong>sConvair à notre disposition, comme nousavons <strong>de</strong>s D. C. 4, <strong>de</strong>s D. C. 6, <strong>de</strong>s Constel<strong>la</strong>tion,voire <strong>de</strong>s D. C. 3, on nous dit: pourquoiessayer le S. 0. 30 ? Le S. 0. 30 restedonc dans les hangars, on n'en parle plus;il est supprimé, comme tous les autres.Ainsi, comme on n'aura pas aidé nostechniciens à mettre au point leurs créations,il est c<strong>la</strong>ir que notre industrie aéronautiquene se développera pas.Il me reste à présenter une observationen ce qui concerne l'aviation légère.Il est exact, ainsi que le disait M. Couston,que <strong>la</strong> politique actuelle est mortellepour les aérocJubs. Pourtant, <strong>de</strong> nombreuxjeunes Français ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pas mieuxque <strong>de</strong> s'entraîner pour <strong>de</strong>venir, à leurtour, <strong>de</strong>s pilotes <strong>de</strong> qualité et prendre <strong>la</strong>p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> leurs aînés. Seulement, l'heure <strong>de</strong>vol revient à environ 3.000 francs et peu<strong>de</strong> jeunes gens peuvent faire face à unatelle dépense.Nous avons déposé une proposition <strong>de</strong>résolution tendant à obtenir du Gouvernementune détaxe <strong>de</strong> l'essence pour les aéroclubs.M. le ministre nous a déjà répond«en-commission, qu'il lui serait difficile, sitoutefois il était lui-même favorable à cettemanière <strong>de</strong> faire, <strong>de</strong> convaincre le ministre<strong>de</strong>s finances. Si toute l'Assemblée le vou<strong>la</strong>itpourtant — et je ne saurais trop l'exorterà faire cet effort commun — elle pourraitobtenir cette détaxe <strong>de</strong> l'essence.Une mesure semb<strong>la</strong>ble a été adoptée enfaveur ies yachts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isance. Ce que l'ona fait pour <strong>de</strong>s yachts <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isance, nepeut-on vraiment pas le faire pour une activitéqui est sans doute plus utile, notammentdu point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'intérêt national?Notre proposition <strong>de</strong> résolution pourraitréunir l'unanimité <strong>de</strong> l'Assemblée. Peutêtrepourrions-nous alors espérer voir leGouvernement en tenir compte. Je saisbien que, le plus souvent, les propositions<strong>de</strong> résolution que nous lui transmettonsrestent lettre morte; peut-être qu'en insistant,il consentira pour une fois, à accueillircelle-ci et à lui donner une suitefavorable, ce qui servirait à <strong>la</strong> fois notreaviation et <strong>la</strong> France. (App<strong>la</strong>udissements àVextrême gauche.)M. le prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Bourel.M. Henri Bouret. Mes chers collègues, jeme limiterai à <strong>de</strong>ux brèves observations:<strong>la</strong> première concerne le matériel, <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, l'infrastructure.Plusieurs <strong>de</strong>s orateurs qui m'ont précédéont souligné le désir qu'ils avaient<strong>de</strong> voir les lignes aériennes françaiseséquipées <strong>de</strong> matériel français. Je vois (bienque <strong>la</strong> tâche va être aisée, tout à l'heureà M. le ministre <strong>de</strong>s travaux publics et <strong>de</strong>stransports <strong>de</strong> répondre que ce<strong>la</strong> n'est passon affaire, que c'est plutôt celle <strong>de</strong> soncollègue M. le secrétaire d'Etat à .l'air,et plus spécialement <strong>de</strong> <strong>la</strong> direction techniqueindustrielle <strong>de</strong> l'air.Cependant, monsieur le ministre — etje m excuse <strong>de</strong> répéter <strong>de</strong>s choses sur lesquellesj'ai déjà eu l'occasion d'insisterau cours d'autres débats — je serais heureuxque vous veuillez bien préciser <strong>de</strong>vantl'Assemblée quels sont les moyens<strong>de</strong> contact réguliers et organiques dontvous disposez pour définir, avec M. le secrétaired'Etat à l'air, une politique <strong>de</strong>construction du matériel aéronaut'^ue <strong>de</strong>stinéà l'aviation civile. C'est une chose à<strong>la</strong>quelle j'ai réfléchi assez souvent et sur<strong>la</strong>quelle je ne suis pas encore arrivé àavoir les éc<strong>la</strong>ircissements satisfaisants.

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