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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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M travail souligne l'augmentation importantedu chômage dans notre pays. Lenombre <strong>de</strong>s chômeurs totaux inscrits dépasse30.000o Le nombre <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s¡d'emploi non satisfaites dépasse 110,000» etces <strong>de</strong>ux chiffres ne traduisent qu'imparfaitementencore cette aggravation.Il faut tenir compte, en effet, du retouren Allemagne <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 400.000 prisonmers<strong>de</strong> guerre allemands qui travail<strong>la</strong>ientchez nous, et du fait que les effectif" <strong>de</strong>l'armée française së sont accrus.<strong>de</strong> près <strong>de</strong>200.000 unités <strong>de</strong> 1947 à 1948, payant <strong>de</strong>580.000 à 757.000.Malgré cette situation très sérieuse. 1«'Gouvernement poursuit son effort d immigration,notamment <strong>de</strong> personnes dép<strong>la</strong>cées,dans le but évi<strong>de</strong>nt d'augmenter lenombre <strong>de</strong>s chômeurs pour peser sur lessa<strong>la</strong>ires et amener leur réduction, alorsque <strong>la</strong> mévente qui se mañifeste a sonorigine dans le faible pouvoir d'achat <strong>de</strong><strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse ouvrière.Cette situation du marché du travail,conséquence <strong>de</strong> l'aibandon <strong>de</strong> notre indétendancenationale et <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation àÍa guerre, explique les mesures que le Gouvernementprend contre <strong>la</strong> formation professionnelleaccélérée. Il considère, <strong>de</strong>toute évi<strong>de</strong>nce, qu'il n'est pas besoin <strong>de</strong>main-d'œuvre française qualifiée au momentoù, volontairement, il renforce l'armée<strong>de</strong>s sans-travail.Les <strong>de</strong>rniers textes du ministère du travailont comme conséquence, d'abord <strong>de</strong>supprimer les associations paritaires gestionnaireset <strong>de</strong> substituer à l'action fécon<strong>de</strong><strong>de</strong> <strong>la</strong> profession et à l'impulsionqu'elle donne à <strong>la</strong> formation professionnelleaccélérée, grâce aux représentantsouvriers et patronaux, l'intervention sclérosante<strong>de</strong> l'Etat; ensuite, <strong>de</strong> supprimer,à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong>s stages en cours, tous les centres<strong>de</strong> formation professionnelle accélérée<strong>de</strong> l'habillement, du textile, <strong>de</strong>s cuirs etpeaux, <strong>de</strong>s employés; <strong>de</strong> supprimer égale- 1ment plusieurs centres <strong>de</strong>s industries considéréescomme prioritaires <strong>de</strong>s métaux etdu bâtiment, dont on ne <strong>la</strong>isse plus subsisterque 125; enfin, par <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong>scrédits d'aménagement, <strong>de</strong> rendre impossibletoute amélioration, toute transformation,tout dép<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> centre.J'ai déjà eu l'occasion <strong>de</strong> souligner que©ette mesure aura, dans certains cas, <strong>de</strong>sconséquences désastreuses. Par exemple,<strong>la</strong> municipalité <strong>de</strong> Saint-Etienne avant manifestél'intention <strong>de</strong> reprendre <strong>la</strong> jouissancedu terrain sur lequel est bâti lecentre <strong>de</strong> formation professionnelle accéléréedu bâtiment, le détruit par là mêmepuisque, dans le cas où d'autres locaux seraientmis à sa disposition, il n'y a pas <strong>de</strong>crédits qui puissent être affectés au déménagementet à <strong>la</strong> nouvelle instal<strong>la</strong>tion.D'autre part, un arrêté du 27 décembre1948 portant création d'une commission <strong>de</strong>contrôle <strong>de</strong> l'enseignement donné dans cescentres a suscité une très vive émotionparmi le personnel. En effet, ce texte superposeaux nombreuses coadmissions <strong>de</strong>contrôle existant déjà une super commissioncomprenant uniquement <strong>de</strong>s membresdésignés par le ministre du travail.Aucun membre <strong>de</strong>s centres ne siègef<strong>la</strong>ns <strong>la</strong> commission chargée <strong>de</strong> statuer sur<strong>la</strong> valeur du dit personnel. Aussi celui-ciest-il fondé à penser que l'arrêté du 27 décembre1948 n'a pas d'autre ibut que <strong>de</strong>dissimuler l'arbitraire et <strong>de</strong> faciliter <strong>de</strong>slicenciements pour <strong>de</strong>s raisons n'ayantqu'un rapport très lointain avec <strong>la</strong> formationprofessionnelle accélérée.. Quant au décret du 11 janvier 1949, ilélimine pratiquement les organismes professionnels<strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s centres. Ilest hors <strong>de</strong> doute qiie son applicationASSEMBLEE NATIONALE — 2® SEANCE Dû 22 MARS 1949 1699aura <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nces lâcheuses sur les métho<strong>de</strong>set le fonctionnement technique <strong>de</strong>scentres.D'autre part, alors que <strong>de</strong> nombreuxcentres collectifs ont été créés sous l'impulsiond'organisations ouvrières ou patronalesqui en ont conservé <strong>la</strong> gestion,<strong>la</strong> création d'une association gestionnaireunique découragera les initiatives privées.Ce ne sont pas seulement les organisationsouvrières qui formulent ces griefs.Voici quelques extraits <strong>de</strong> <strong>la</strong> note remiseà <strong>la</strong> prési<strong>de</strong>nce du conseil par le bureau<strong>de</strong> l'association pour <strong>la</strong> formation professionnelle<strong>de</strong>s ouvriers <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie,et signée <strong>de</strong> M. Henri Beliouard, directeuradjoint à <strong>la</strong> direction générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> sociétéAlsthom à Paris, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong>commission d'apprentissage <strong>de</strong> l'uniondos industries métallurgiques et minières,<strong>de</strong> M. Lucien Lemuhot, ingénieur d'étu<strong>de</strong>s<strong>de</strong>s établissements Marcel Bloch, secrétairedu syndicat national <strong>de</strong>s cadres efingénieurs, <strong>de</strong> M. Daniel Waeles, ingénieur,prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission d'apprentissagedu syndicat général <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>urs<strong>de</strong> France.Cette note dit entre autre :« Il est rapi<strong>de</strong>ment apparu qu'il étaitimpossible d'associer dans une même administration<strong>de</strong>s établissements aussi différentspar leur nature, leur fonctionnementet Teurs attaches économiques quele sont les centres <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie, <strong>de</strong>sbâtiments et <strong>de</strong>s travaux publics, <strong>de</strong>scuirs et peaux, <strong>de</strong> l'habillement, <strong>de</strong>s emplois<strong>de</strong> bureau, etc., ainsi que l'institutnational <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s cadres professionnelset les centres <strong>de</strong> sélection.« C'est <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> faillite totale <strong>de</strong> cetteconception que l'administration décida <strong>de</strong>créer l'association pour <strong>la</strong> formation professionnelle<strong>de</strong>s ouvriers <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgieà <strong>la</strong>quelle, par un arrêté du 10 mai1947, M. le ministre du travail et <strong>de</strong> <strong>la</strong>sécurité sociale confia le soin <strong>de</strong> gérer etd'administrer les centres appartenant auxactivités <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie.« Il n'est pas douteux que les raisonsÎ[ui dictèrent cette décision restentours va<strong>la</strong>bles, même en tenant comptetou-<strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong>s centres aux seules industriesprioritaires, métaux et bâtiments,et que le retour à une formule rejetée parl'expérience ne manquerait pas d'avoirpour conséquence le renouvellement d'erreursaussi bien coûteuses pour les <strong>de</strong>niers<strong>de</strong> l'Etat que nuisibles pour les intérêts<strong>de</strong> nos professions du point <strong>de</strong> vue<strong>de</strong> <strong>la</strong> formation d'ouvriers aptes à l'emploi.»Et plus loin: « L'expérience démontreen effet qu'il est absolument impossible<strong>de</strong> séparer les problèmes administratifs etfinanciers <strong>de</strong>s problèmes techniques sanscourir, à un échec certain. Seul un organismepossédant <strong>la</strong> compétence techniquedans le domaine professionnel, ayant uneliaison constante avec les milieux industrielset possédant l'autorité voulue aupoint <strong>de</strong> vue administratif et financier,peut opérer <strong>la</strong> synthèse nécessaire en mettantau service d'une technique sans cesseaméliorée les moyens dont il dispose.« Il appartient, certes, à l'Etat d'assurerun contrôle permanent et rigoureux <strong>de</strong>s<strong>de</strong>niers publics. Mais nous pouvons direque ce n'est que par l'application <strong>de</strong> <strong>la</strong>formule ci-<strong>de</strong>ssus que <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> l'associationpour <strong>la</strong> formation professionnelle<strong>de</strong>s ouvriers <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie a obtenu<strong>de</strong>puis dix-huit mois <strong>de</strong>s économiesplus que substantielles, que nous évoqueronsci-après,« C'est en comparant cette gestion aveccelle antérieure que l'on comprendramieux l'intérêt <strong>de</strong> ne pas multiplier lesorganismes et <strong>de</strong> ne ¡pas enfermer dians unrôle <strong>de</strong> consultation plus ou moins mis àcontribution les représentants <strong>de</strong>s professions,alors que ceux-ci, parce qu'ils sontmieux informés, sont mieux à même d*prendre rapi<strong>de</strong>ment les décisions les plusavantageuses pour les <strong>de</strong>niers publics.a En résumé, le chiffre <strong>de</strong>s économiescontrô<strong>la</strong>bles réalisées par l'associationpour <strong>la</strong> formation professionnelle <strong>de</strong>s ouvriers<strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgie entre le 1 er juinet le 31 décembre 1948 s'élève à 18 millions67.108 francs. Pour <strong>la</strong> même pério<strong>de</strong>,les dépenses administratives <strong>de</strong> l'associationse sont élevées à <strong>la</strong> somme <strong>de</strong> 7 millions198.400 francs.« L'excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s économies realisées parnoire activité sur nos dépenses réelles ressortà 10.868.708 francs.« La gestion <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgieipar l'association pour <strong>la</strong> formation professionnelle<strong>de</strong>s- ouvriers <strong>de</strong> <strong>la</strong> métallurgierevient actuellement à 1,33 p. 100 du montant<strong>de</strong>s subventions versées aux centres.cî II ressort <strong>de</strong> cet exposé que les économiesréalisées dépassent <strong>de</strong> loin les fraisd'administration <strong>de</strong> cet organisme et quele but recherché par le décret du il janvierrisque fort <strong>de</strong> n'être pas atteint.« Par contre, l'application <strong>de</strong> ce texteaura pour conséquence inévitable <strong>de</strong> réduireà néant toutes les étudies et initiativesactuellement en cours qui doivent permettreune nouvelle réduction du coût <strong>de</strong>formation dans les centres.a Les opérations <strong>de</strong> liquidation, <strong>de</strong> regroupement,<strong>de</strong> réorganisation vont, aucontraire, engendrer, en plus d'une confusioncertaine, dies dépenses extrêmementélevées qui ne pourront être amorties. »Voi<strong>la</strong> donc <strong>de</strong>s personnalités hautementqualifiées qui formulent <strong>de</strong>s critiques sévèreset absolument justifiées sur ce décretet qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt, ce qui est <strong>la</strong> sagessemême, qu'il soit rapporté.D'autre part, fermer les centres <strong>de</strong> formationprofessionnelle accélérée au momentoù s'étend le chômage est un mauvaiscalcul. Ne pênsez-vous pas qu'il seraitplus rentable pour <strong>la</strong> France <strong>de</strong> donner auxjeunes <strong>la</strong> possibilité d'apprendre un métier,plutôt que <strong>de</strong> 1 s inscrire au fonds<strong>de</strong> chômage ?C'est ce que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en particulier,l'union syndicale C.G.T. <strong>de</strong>s travailleurs<strong>de</strong>s cuirs et peaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> région parisienne,qui s'exprime ainsi :« Une multitu<strong>de</strong> die jeunes <strong>de</strong> notre corporationsont sans qualification et mêmesans emploi. Dans cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> chômage,il serait utile <strong>de</strong> former une maind'œuvrequalifiée qui viendrait portêr remè<strong>de</strong>à <strong>la</strong> pénurie qui se fait sentir malgréle très important ralentissement dutravail, »Les travailleurs <strong>de</strong>s cuirs et peaux traduisentle sentiment général <strong>de</strong>s travailleurs<strong>de</strong> France.Les ruines <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre ne sont pas re-,levées, et les statistiques officielles du ministèredu travail sont contraintes d'avouerque dans le secteur commercial, parexemple, on enregistre plus <strong>de</strong> 4.400 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>sd'emploi pour *J0 offres d'emploi;dans les travaux <strong>de</strong> manutention, 2.000 <strong>de</strong>man<strong>de</strong>spour 100 offres ; dans le travail, d»esétoffes, 750 <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour 100 offres ; dansle bâtiment, i <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s pour 100 offres; dans les métaux, 190 pour 100; dansl'industrie du bois, 150 pour 100.J'ai reçu <strong>de</strong> très nombieuses pétitions<strong>de</strong>s comités <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> formationprofessionnelle accélérée. Elles sont couvertes<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> signatures qui ontrésumé dans les mots d'ordre suivants lesens <strong>de</strong> <strong>la</strong> protestation <strong>de</strong> leurs auteurs :« Contre le chômage et <strong>la</strong> misère; pourque chaque Français ait un métier ; dansl'intérêt du pays ; pour sauvegar<strong>de</strong>r son

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